ma belle-fille : chapitre 3

Ecrit par Djiffa

AUTEUR : DJIFA BLESSINGS

Qu’est-ce que mon fils peut bien m’expliquer ? Je m’adresse à nouveau à lui :

- Que se passe t-il Rudy ?

- Rien de grave maman ;

- Rien de grave ? Pourquoi tu rentres alors seul sans ta femme ?

- Elle va bien, ne t’inquiète pas.

- Et où est -elle ?

Mon fils soupire un instant.

- Parle vite Rudy, tu me montes la tension.

- Ok, maman, Mirabelle se trouve à l’hôtel.

- A l’hôtel ! Et pourquoi ?

- Nous allons y séjourner en attendant de te trouver un appartement.

Il semble que je ne comprends pas ; ma tête est embrouillée. Il faut que Rudy répète ce qu’il vient de dire.

- Peux-tu répéter ce que tu viens de dire Rudy ?

- Maman, ce n’est pas une bonne idée que tu vives avec nous ici ; nous allons te louer un appartement en attendant de te construire une autre maison.

- Dis-moi que tu plaisantes Rudy.

- Maman, ce n’est pas conseillé que belle-mère et belle-fille vivent ensemble. Il vaut mieux prévenir les problèmes avant qu’ils n’arrivent.

- Soit ! C’est pour cette raison que Mirabelle, après dix jours de voyage ne peut pas venir ici me saluer tout au moins ? Et pourquoi c’est maintenant que vous me faites part de cette décision ? J’ai toujours habité ici depuis des années et si Mirabelle ne veut pas vivre avec moi, c’est à vous d’aller prendre un appartement, pas moi.

- Calme -toi maman ;

- Me calmer ? Non, je ne peux me calmer.
En effet, j’étais furieuse et en colère. J’ai toujours vécu avec mon fils. Même si le couple décide de vivre seul, j’estime avoir droit à un peu d’égards. La moindre des choses est que Rudy et sa femme reviennent ici, honorent mon repas avant de me porter cette information.
Et que dire de Mirabelle ? Elle me déçoit énormément ; non seulement, elle ne veut pas vivre avec moi, mais elle ne prend même pas la peine de venir me saluer après dix jours d’absence ; pendant ce temps, moi je passais mes journées à décorer leur chambre et à préparer leur arrivée.

Serait-il possible que je me sois trompée sur le compte de Mirabelle ? Elle a toujours été gentille, polie et courtoise. D’où lui vient cette impertinence subite ?

Je me retourne vers mon fils et je m’adresse à lui :

- Tu me déçois Rudy ! A peine mariée, tu me sors de ta vie ?

- Non, maman, c’est juste que Mirabelle et moi voulons vivre seuls. Et cela, tu dois t'y faire.

- Vous voulez vivre seuls au point où vous préférez séjourner à l’hôtel en attendant que je dégage d’ici ? Regarde la table dressée, j’ai préparé vos mets préférés moi-même ; j’ai décoré votre chambre en tenant compte de vos goûts ; même si vous ne voulez plus que je vive avec vous, ce n’est pas ainsi que vous devez procéder. Appelle Mirabelle et passe-moi le téléphone. Je veux lui parler.

- Elle est très fatiguée maman, elle doit être en train de se reposer.

Qu’est-ce qui arrive à mon fils ? Est-il normal ?

Je prends mon propre téléphone et je compose le numéro de Mirabelle. Cela sonne un moment mais elle ne décroche pas. J’attends quelques minutes puis je rappelle avec le téléphone de Rudy. Elle décroche.

- Allô chéri ?

- Mirabelle, c’est moi, maman Rudy.

Dès qu’elle entend ma voix, elle raccroche le téléphone.

Honnêtement, je ne comprends rien ; je me tourne à nouveau vers mon fils.

-êtes-vous normaux tous les deux ? Ta femme me raccroche au nez ?

- maman, il se fait tard, nous discuterons de tout ceci demain, passe une bonne nuit.

Mon fils me laisse et repart malgré mes protestations. Je me crois dans un rêve. Je ne réalise pas ce qui vient de se passer. Mirabelle me raccroche au nez et Rudy mon fils ne s’en préoccupe pas. Je ne me rends même pas compte du moment exact où de grosses larmes dégoulinent de mes yeux. Je suis sûre que je suis dans un rêve et que je vais bientôt me réveiller.

Mes yeux se posent sur la table à diner, bien dressée. Je me suis échinée moi-même à cuisiner leurs repas préférés. Moi, qui était si contente de les revoir. Oh mon Dieu ! Quelle souffrance !

Ma souffrance était morale. Je souffre au plus profond de mon être, j'ai même subitement des crampes d'estomac, je pleure, je sanglote, j'ai envie de hurler, de taper, c'est quoi ça ?

Je rappelle Mirabelle qui ne décroche pas ; j’appelle mon fils qui me dit qu’elle se repose.

Le lendemain, jusqu’à la tombée de la nuit, aucun d’eux ne me fait signe : ni mon fils, ni sa femme. J’avais envie d’appeler mon fils mais je me retiens : après tout, je suis sa mère. Après un tel affront, c’est à lui de me contacter.

J’ignorais que mon calvaire venait de commencer.

Quatre jours sont passés et toujours pas de nouvelles. N’en pouvant plus, je ravale mon orgueil et j’appelle Rudy. Que voulez-vous ? C’est ainsi. Une mère fait l’impossible quand il s’agit de son enfant ; il est vrai qu’il y a des exceptions mais la règle générale est celle-là. L’amour d’une mère pour son enfant est inconditionnel. La tendresse d'une mère pour son enfant commence à l'instant même où ce dernier voit le jour. Mais à mesure que l'enfant grandit, la mère s'attache à lui par tous les liens qui peuvent unir une âme à une autre ; elle l'aime pour le bonheur qu'il lui donne, pour les soins et pour les peines qu'il lui a coûtés et supporte ses défauts et caprices.

Rudy décroche à la troisième sonnerie.

- Allo

- Rudy, tu vas bien ?

- Oui maman,

- Tu n’as pas des nouvelles de ta mère depuis quatre jours et cela ne te dit rien ?

- Tu es une adulte maman, tu peux prendre soin de toi-même.

Je n’en reviens pas que Rudy me parle ainsi. Néanmoins, je me calme et je continue la conversation.

- Je veux que tu viennes me voir aujourd’hui.

- Désolé, maman, j’ai un autre programme ; par contre, je pourrai passer te voir en fin de semaine.

Je ne dis plus rien et je raccroche. J’ai beau cherché des explications, je n’arrive pas à m’y faire. Jusqu’à présent, Mirabelle n’a même pas pris la peine de me rappeler. Si seulement, je connaissais le nom de l’hôtel où ils habitaient, j’irai leur rendre visite pour lui demander de vive voix ce qui se passait.

Comme promis, en fin de semaine, Rudy vient me voir.

- Bonsoir maman ;

- Rudy, j’ai besoin que tu m’expliques ce qui se passe.

- Comme quoi maman ?

- Devrais-je te rafraîchir la mémoire ?

- Tu dramatises tout maman, il n’y a aucun problème. Mirabelle veut que nous vivions seuls ; est-ce un problème ça ?

- Et pourquoi c’est après le mariage que je suis informée ? Pourquoi depuis votre retour n’est-elle pas passée me saluer ? Pourquoi ne décroche -t-elle pas mes appels ? Et pourquoi toi aussi, tu as cessé de m’appeler ?

- Maman, c’est trop de questions à la fois ; oublie tout cela ; va t’apprêter ; je t’emmène visiter l’appartement que j’ai trouvé pour toi.

- Tu dois être malade Rudy. Je ne bouge pas d’ici ; si ta femme et toi ne voulez pas vivre ici, c’est à vous d’aller dans cet appartement.

- Je regrette maman, cette maison m’appartient et donc désormais à ma femme. C’est à toi de sortir.

Je regarde mon fils et j’ai l’impression d’avoir un étranger devant moi. Je pense que cette situation me dépasse. Je refuse de visiter l’appartement. Mon fils s’énerve et part. J’eus l’idée d’aller parler de ce problème à la mère de Mirabelle. Je la connais ; elle est très gentille aussi ; enfin, comme sa fille l’était avant le mariage. Son père ne vivait plus.

-toc toc toc

- qui est-ce ?

- maman Rudy

- Ah ! Sois la bienvenue maman Rudy.

- merci maman Mirabelle.

Comme il est de coutume chez nous, elle m’offre de l’eau qu’elle goûte d’abord avant moi ; je bois une petite gorgée et je dépose le verre.

- Alors, quel bon vent t’emmène ?

Je lui narre la situation depuis le retour de Rudy et de Mirabelle.

- Je ne te comprends pas, maman Rudy ; ma fille est-elle obligée de vivre ensemble avec toi ?

Je tombe des nues face à cette réaction. Je lui réponds :

- Maman Mira, ne me dis pas que tu approuves ces comportements des enfants. Trouves-tu normal que ta fille me raccroche au nez ? Trouves-tu normal que depuis son retour, elle ne soit pas venue me saluer ? Trouves-tu normal que mon fils me demande de sortir de la maison et d’aller vivre dans un appartement ?

- Ecoute maman Rudy, ne te mêle pas de leur vie de couple. Je ne veux pas m’en mêler aussi ; ils sont assez grands pour savoir ce qu’ils font. C’est tout ce que je peux te dire.

J’arrive pas à croire ce que je viens d’entendre. Qui sait si ce n’est pas la mère de Mirabelle qui lui donne de mauvais conseils ?

Cette nuit-là, j’avais de la peine à dormir. Etant croyante, j’ai prié Dieu de toutes mes forces. Car je sentais bien que j'aurai besoin de son intervention.

A suivre

MA BELLE- FILLE