ma belle-fille : chapitre 4
Ecrit par Djiffa
AUTEUR : DJIFA BLESSINGS
J’arrive pas à croire ce que je viens d’entendre. Qui sait si ce n’est
pas la mère de Mirabelle qui lui donne de mauvais conseils ?
Cette nuit-là, j’avais de la peine à dormir. Etant croyante, j’ai prié
Dieu de toutes mes forces car j’ai bien compris que j’aurai besoin de
son intervention.
Le lendemain, j’eus l’idée d’aller voir un
homme de Dieu pour m’aider à prier pour cette situation hors du commun
et inattendue.
Malgré tout ceci, la situation s’est empirée car
deux semaines plus tard, mon fils vient un jour chez moi en m’ordonnant
presque de sortir de la maison.
- Maman, j’ai équipé l’appartement et tout est prêt ; il faut que tu ailles y vivre ; j’en ai marre de vivre à l’hôtel.
- Cela ne va pas chez toi Rudy ; tu construis une grande maison et tu
vas vivre à l’hôtel juste parce que ta femme ne veut pas me côtoyer ? Tu
as fait un choix ; si l’appartement est prêt, allez l’occuper, en
attendant de construire votre nouvelle maison. C’est quelle affaire !
Parce que vous voulez vivre seuls, Mirabelle me raccroche au nez et
m’évite depuis son arrivée ? Je ne bouge pas d’ici.
Après ces propos, j’ai méconnu mon propre fils ; il s’est mis dans une grande colère, me menaçant à la limite.
- Ceci est ma maison et celle de ma femme ; tu dois partir ; vous ne
pouvez pas vivre ensemble ; évidemment, tu n’as jamais été mariée, c’est
pour cela que tu ne comprends pas.
Où est passé mon fils, celui-là pour qui je me suis sacrifiée au point de demeurer femme célibataire ? Je lui réponds.
- Je n’ai jamais été mariée parce que tu ne voulais pas et j’ai
préféré te faire plaisir pour que tu sois à ton aise ; Rudy, as-tu
oublié que tu parles à ta mère ? Il a fallu juste que tu te maries pour
oublier toutes les souffrances que j’ai consenties pour toi ? Tu me
menaces ?
- Je n’ai pas demandé à naître maman ; alors c’était
ton devoir de t’occuper de moi et je n’ai pas à être redevable pour tes
efforts.
A ces mots, je n’ai pas pu supporté cette insolence.
Je lui assène une gifle car après tout je suis sa mère. Quel ne fut pas
mon étonnement quand mon fils me rendit ma gifle à deux reprises ! Puis
il partit.
Je me laisse écrouler dans un fauteuil. J’ai versé
tellement de larmes cette nuit-là ! Je fus surprise moi-même de la
quantité de larmes versées car j'ignorais que le corps humain possédait
autant d'eau...
Trois jours plus tard, deux policiers viennent chez moi et me sortent de force de la maison de mon fils.
Comme le jour où mon père m’avait renvoyé de chez lui parce que j’étais
enceinte de Rudy, je me retrouve à nouveau errante, cette fois-ci jetée
dehors par mon propre fils.
Qu’ai-je fait de mal dans ma vie
pour mériter une si grande souffrance ? J’avais envie de le maudire mais
je me retiens. C’est mon fils et je l’aime. Il ne sait certainement pas
ce qu’il fait. Il n’est pas dans son état normal ; j’en suis certaine.
Chez quel féticheur Mirabelle est allée ensorcelée mon fils pour qu’il
me fasse vivre toutes ces misères ? Je fais peut-être une conclusion
hâtive mais que pourrais-je déduire d’autre dans ces conditions ?
Qu’ai-je fait de mal à Mirabelle ? Je l’ai accepté comme ma propre fille
; Rudy voulait même pas l’épouser cette année mais je l’ai convaincu de
le faire. Alors, pourquoi me traite t-elle ainsi ?
Je ne sais
pas où aller ; heureusement pour moi, j’avais de l’argent dans mon
compte bancaire. Quand j’ai compris que les policiers allaient me faire
sortir de force, j’ai pris quelques affaires ainsi que mes pièces
d’identité et autres actes.
En parlant d’eux, je me demande ce que
les gens sont capable de faire pour de l’argent. Un fils vous demande de
sortir sa mère, et vous le faites juste sans interroger cette dernière ;
à cause de l’argent, le droit est bafoué et les sentiments humains se
dégradent. Ils m’ont obligé à sortir sous peine de me tirer dessus.
Oh Rudy ! Ai-je eu tort de t’avoir gardé et élevé ?
Je me rends dans un hôtel pour y passer la première nuit. Je n’ai pas
pu fermer les yeux. Le lendemain, je me rends chez une de mes amies qui
accepte volontiers de m’héberger en attendant que je ne loue mon propre
appartement. Jusque-là, exception faite de l’homme de Dieu et de la
mère de Mirabelle, je n’ai raconté ce problème à personne.
Mon
amie s’appelait Edwige. Elle avait du mal à croire l’histoire que je lui
ai raconté. Edwige connait bien Rudy et Mirabelle. Elle me propose de
les rencontrer une fois qu’ils seront installés dans la maison.
J’attends une semaine, espérant qu’ils auraient intégré la maison. Je
voulais aller les voir, je voulais voir Mirabelle de mes propres yeux.
Je voulais savoir pourquoi elle agit ainsi ; serait-elle contente si
demain elle avait un fils qui lui faisait la même chose ?
J’arrive chez Rudy et je fus empêchée d’entrer par le gardien.
- Je regrette Madame mais votre fils m’a dit que si je vous laisse
entrer, il va me virer ; vous savez que j’ai femme et enfants à nourrir ;
excusez-moi, je ne peux faire autrement.
- Est-ce que mon fils est là présentement ?
- Oui.
- Et sa femme ?
- Elle est aussi présente.
- Très bien, va leur dire que je suis là.
J’attends un moment ; le gardien revient et me fait savoir qu’ils ne désirent pas me recevoir.
Une fois de retour chez Edwige, je lui fais le point.
- Pourquoi ne vas-tu pas la voir au bureau, Esther ?
- Elle avait pris des congés, je ne sais pas si elle a repris ;
- Attends quelques jours et va là voir au service.
- C’est une bonne idée.
Pendant que je vivais tout ceci, je priais intensément car j’étais
persuadée que Mirabelle a ensorcelé mon fils. Je ne trouvais pas d’autre
explication. Mais je me demandais pourquoi Dieu permettait tout ceci.
Lui qui connaît toutes les souffrances que j’ai endurées par le passé !
Mais je ne me lasserai pas de le prier. J’ai bien vu sa main dans ma
vie par le passé ; il fera encore des merveilles dans ma vie et il
délivrera mon fils.
Quelques jours plus tard, me voilà sur le
lieu de travail de Mirabelle. Je me fais annoncer sous un faux nom car
je me doutais qu’elle ne me recevrait pas. Je n’avais pas tort.
Dès que j’entre dans son bureau, elle se lève ; le sourire sur son visage s’efface instantanément.
- Bonjour Mirabelle
- Que cherches-tu ici vieille sorcière ?
- Sorcière ? C’est de moi que tu parles en ces termes ?
- Oui, tu es une sorcière. Sors de mon bureau sinon j’appelle l’agent de sécurité pour te faire sortir.
- Mirabelle !!!! toute ta gentillesse, ta politesse, ton amabilité n’étaient donc que farce ?
- C’est plutôt toi l’hypocrite car tu es une grande sorcière qui cache
bien son jeu ; c’est pourquoi je te veux hors de ma vie et de celle de
mon mari.
- Dois-je te rappeler que ce mari est mon fils unique ?
- S’il te manque à ce point, fais-en d’autres ; tu n’es pas si
vieille. Pour ta gouverne, tu ferais mieux d’oublier que tu as un fils.
Maintenant sors d’ici.
Il fallait effectivement que je sorte de là sinon je vais devenir folle.
Toute cette situation invraisemblable m’a pertubé au point où à force
d’y penser, je fais une crise et je me retrouve à l’hôpital. J’y ai
passé deux semaines. Malgré l’information qu’Edwige a porté à mon fils,
il n’a pas daigné venir me voir. Elle l’a rappelé mais il n’a plus
décroché ; peut-être souhaite -t-il ma mort ? Qui sait ? Nul doute que
Rudy ne me voit plus comme sa mère. Il me fait terriblement mal mais je
m’abstiens de proférer des malédictions car je l’aime et je ne veux pas
détruire sa vie. Il est préférable de ne rien dire dans la colère pour
ne pas avoir à le regretter.
Par la suite, toutes les
tentatives de mon amie Edwige et de l’homme de Dieu pour parler à Rudy
sont demeurées vaines. Je commence à me décourager sérieusement.
Constatant un soir que je n’étais pas du tout gaie, le mari de Edwige
m’adresse la parole en ces termes :
- Esther, cesse de te morfondre ; ce n’est qu’une épreuve ; ne la laisse pas t’abattre.
- je ne sais pas pourquoi Dieu ne répond pas à mes prières.
- c’est ce que tu penses mais c’est faux, Esther;
- Je ne comprends plus rien ; est-ce que le fait de vouloir vivre seul
avec son épouse empêche un fils de bien traiter sa mère ? Mirabelle me
traite de sorcière alors que je ne lui ai jamais fait de mal ;j’ai tant
souffert avec Rudy ; j’ai à peine respiré quelques années que la
souffrance me rend encore visite ;
- tu sais Esther, quand il
semble ne plus avoir d’issue, quand la vie ne t’apporte qu’épreuves
après épreuves, refuse de te laisser envahir par le désespoir. Restaure
en toi le calme et dis-toi que pour arriver là où tu veux, il faut te
servir de l’épreuve comme d’un appui pour aller plus de l’avant. Devant
l’adversité, reste forte. Cette Mirabelle veut ta mort, ne la lui
permets pas. C’est maintenant que tu dois trouver la force pour lutter.
Un fils normal ne peut agir ainsi envers sa propre mère. Alors, il y a
forcément quelque chose qui ne va pas ; ton fils a plus que jamais
besoin de toi. Ne te détourne pas de lui sinon cette Mirabelle va
pourrir sa vie.
Ces paroles de réconfort m’apaisent. Je
résolus de me trouver un local où habiter. Je finis par trouver un
appartement à mon goût ; après les visites préliminaires faites et mon
accord donné, il fallait que je rencontre le propriétaire pour les
derniers détails.
Malgré toute l’ingratitude dont mon fils a
fait preuve à mon égard, je n’ai pas cessé de prier pour son bonheur. Je
regrette juste de l’avoir poussé à se marier à Mirabelle.
A suivre