Martine

Ecrit par Les Chroniques de Naty

Chapitre 1

 

Je regarde une énième fois l’horloge murale. Il est bientôt 20heures mais depuis rien !

À quelle heure va-t-il donc rentrer ? Vraiment la vie de femme mariée n’est pas toujours une partie de plaisir. Je ne sais pas où donner de la tête. Et Comme si cela ne suffisait pas, j’entends les pleurs de mon fils depuis la cuisine. J’essuie mes mains sur mon pagne et cours rapidement le prendre.

—Oh le joli bébé de maman ! Qui t’a frappé ? Hein ?

Comme s’il comprenait quelque chose à ce que je disais, il me montre un point imaginaire avec ses minuscules doigts. Je m’assois dans le divan et lui donne vite la tétée afin de retourner à mes fourneaux. J’ai vraiment besoin d’aide plus que jamais. Et heureusement que dès demain Fatou viendra avec ma nouvelle nounou ! Je n’en peux plus de me taper tout ce boulot. En plus je reprends le service lundi, alors j’aurai le week-end pour montrer à la nouvelle le fonctionnement de ma maison avant la reprise. Je prie pour que tout se passe bien, car la dernière en  date m’a lâchée le lendemain de la naissance de mon fils.

Ces filles-là peuvent rendre folles. Cette fille je l’ai nourri, blanchie, je lui ai appris à bien se comporter en société et pour me remercier elle me lâche à un moment où j’ai le plus besoin d’elle. Au moins si je savais ses intentions, je me serais préparé en conséquence. Mais j’ai été désolée de la voir ramasser ses bagages dès ma sortie de clinique. Je l’ai suppliée d’attendre que je trouve une remplaçante, mais rien n’y faire, elle était décidée à me laisser.

J’ai vraiment eu mal au cœur face à tant d’ingratitude. Et depuis son départ, je trime à trouver quelqu’un. Heureusement que ma belle-sœur Nouria était là pour m’aider. Sinon il n’était pas évident que je m’en sorte. Dommage que cette dernière reprenne les cours à l’université, alors elle a dû retourner en cité. Elle passe me voir de temps à autre, mais ce n’est pas évident. J’essaie de me débrouiller entre le bébé et les tâches ménagère. Ce n’est seulement que la semaine dernière que mon amie Fatou m’a dit avoir trouver une fille. J’ai failli m’évanouir de joie, car les nounous sont devenues une denrée très rare. Et celle-ci doit venir demain pour que nous discutions.

Dès que je dépose Orphée dans son berceau au salon, j’entends sonner à la porte. Qui ça peut être à cette heure car mon mari a ses clés.

—Mais pourquoi sonnes-tu ? Demandais-je surprise quand je l’aperçois sur le perron.

—J’ai perdu mes clés.

—Ah.

Sans plus un mot pour lui je retourne dans la cuisine. Je suis en colère contre lui ; et ce n’est pas parce qu’il a perdu ses clés que mon état d’âme va changer.

—Mais tu ne m’embrasse même pas Martine.

Je reviens sur mes pas et lui fais la bise.

—C’est tout ?

Ah tu me veux quoi ?

—Je suis occupée.

—D’accord.

Il s’en va prendre son fils avec qui il joue pendant un bon moment avant de prendre sa douche. Je ne comprends pas mon mari, il rentre tard ces derniers temps. Il est devenu distant et ne fait plus attention à moi. Je sais que depuis que j’ai accouchée je n’ai plus trop de temps à lui accorder, mais il peut me comprendre non.

Bientôt cinq ans que nous sommes mariés et ce n’est que cette année que Dieu m’a fait la grâce d’être mère ; je commençais à désespérer et voici que je tombe enceinte contre toute attente. J’ai pu faire taire ma belle-famille et surtout ma belle-mère qui me lançaient des piques à chacune de nos rencontres. Alors mon mari doit comprendre que je veuille passer du temps avec mon bébé. Mais non monsieur fait sa jalousie sans raison. C’est vrai que notre intimité a pris un coup, mais tout ça est dû à l’accouchement, avec le temps tout redeviendra comme avant.

Je dresse vite la table et part l’appeler. Je le trouve au téléphone.

—Avec qui parles-tu à cette heure ? Demandais-je quand il raccroche.

—Avec Yannick.

—Mais tu viens du boulot? Alors pourquoi le rappel tu ?

—Tu pose trop de questions femme. De quoi me suspectes-tu ?

—Ah mais tu t’énerve pourquoi ?

—Je ne suis pas énervée. Mais tu me fatigue avec  toutes ces suspicions.

Et c’est reparti pour un tour. Il se met à parler. Je ne lui réponds plus et sors de la chambre. C’est comme ça maintenant ; pour un oui ou un non c’est la bagarre entre nous. Les éclats de voix ont dû effrayer l’enfant qui se met à hurler.

Oh Seigneur, je suis fatiguée. Je le prends dans mes bras pour une autre tétée. Je suis avec le bébé sur les pieds quand j’entends la porte du salon claquée.

Il ne reviendra que tard dans la nuit. C’est comme ça maintenant ! Monsieur n’a plus mon temps ni celui de son fils. Je ne sais pas ce qui le prend, il a beaucoup changer. Je sais que je ne suis pas la meilleure des épouses, mais il pourrait avoir au moins un peu d’égard pour moi. Je me suis taper tout ce boulot pour lui faire à manger et pour me remercier, il me crie dessus et s’en va.

Quel ingrat !

Je vais faire coucher mon fils lorsqu’il est profondément endormi. Bientôt quatre mois qu’il est entré dans ma vie, et je ne me vois plus vivre sans lui. C’est impressionnant comme un enfant peut nous faire changer.

Je vais débarrasser la table et faire du rangement. Quand je finis, j’éteins toutes les lumières et part me coucher dans la chambre du bébé. Je ne veux surtout pas que ce noctambule vienne me gâcher le sommeil.

 

****Akabla****

Demain je dois aller commencer un nouveau travail. Je ne compte pas durer là-bas. Juste pour moi le temps de rassembler les sous dont j’ai besoin et je m’en vais. Je ne peux pas travailler pour des gens longtemps. Souvent nous tombons sur des personnes détestables qui nous font travailler pendant des heures. Et à la moindre erreur ils nous chassent. Nous n’avons pas d’assurance maladie, ni de congés mensuel. Toujours à travailler pour des gens qui ne vous seront jamais reconnaissant.

Je fais ce travail depuis que j’ai 15 ans. Je me suis promener dans tellement de foyer que finalement j’ai l’impression de tous les connaitre. Si la prochaine essaie de me monter sur la tête, je lui montrerai que je ne suis pas une de ces filles à qui on peut faire du tort sans payer l’erreur.

Ma dernière patronne a eu la chance. Quand j’ai commencée à le service là-bas, je pensais qu’elle était mariée alors j’ai acceptée de travailler pour elle. Mais à ma grande surprise, la dame vivait avec les enfants et les domestiques. C’est la fille que j’ai trouvée là-bas qui m’a informé que fait que le mari de notre patronne est un grand homme d’affaire qui ne fait pas plus de trois mois dans notre pays. Cette situation ne m’arrangeait pas, je préfère quand l’homme est sur place.

Je ne suis donc pas resté là-bas ; car moi aussi je veux avoir la même chance que Sophie ma collègue. Son patron est tombé sous son charme et a donc quitter sa femme pour elle. Le monsieur lui a loué un studio à Angré dans un quartier chic de Cocody. Et il lui a ouvert un magasin de cosmétique. Il a changé sa vie du jour au lendemain.

Depuis lors, ma condition pour travailler pour des gens, c’est qu’ils soient en couple. Ainsi je pourrai moi aussi avoir mon gaou.

Donc quand la dame est venu à l’agence dire qu’elle cherche une fille pour son amie, je me suis proposée nette, lorsqu’elle a dit que c’est pour un couple. C’est vrai que je serai nounou, chose que je déteste le plus. Car je n’aime pas les enfants. Je préfère de loin faire la cuisine et le ménage plutôt que de m’occuper d’un enfant.

Mais bon on ne sait jamais ; peut-être que je trouverai mon bonheur dans cette maison…

La nounou de mon fil...