Bienvenu chez moi

Ecrit par Les Chroniques de Naty

Chapitre 2

 

****Martine****

Je me réveille de bonne heure le matin pour faire mon ménage et m’occuper de mon fils avant l’arrivée de Fatou et de la nounou.

Depuis que j’ai accouchée, je fais l’effort de laver mon bébé très tôt le matin. Maman m’a dit que c’est mieux ainsi, car on ne sait jamais qui peut venir rendre visite. Et si jamais l’enfant n’est pas propre, cela ne donne pas une bonne image de la mère. Alors je suis à la lettre ses recommandations. Au plus tard 07heures je fais prendre son bain à Orphée. C’est tout un combat. Il se débat comme un beau diable ; car comme tout enfant, il a horreur qu’on lui gâche le sommeil.

Après l’avoir bien lavée avec de l’eau à la limite bouillante, je l’essuie et lui enduit le corps de beurre de karité brut. Orphée ressemble beaucoup à son père ; il n’a pris de moi que les lèvres.

À la naissance, je ne pouvais pas m’empêcher de remercier Dieu que mon enfant ressemble à son papa ! Ma belle-mère qui n’est jamais satisfaite me rabâchait les oreilles avec cette histoire de ressemblance pendant ma grossesse. Comme quoi ils ont le sang fort dans leur famille et tout. J’ai cru à un moment donné qu’elle aurait mis la paternité de mon fils en doute si jamais ce dernier ne ressemblait pas à Moctar.

Elle me saoule souvent celle-là. Je fais toujours de mon mieux pour être courtoise avec elle, mais j’avoue que ce n’est pas facile. Elle a cette manie de toujours me rabaisser comme si je ne suis pas assez bien pour son seul garçon.

J’habille chaudement mon fils et le retourne dans son berceau. Il suçote goulument ses doigts. C’est un éternel affamé celui-là.

Quand je finis mes taches, je cours prendre un bain en attendant ma visite. Je ne vois pas mon mari dans notre chambre. Je conclus qu’il a découché. Je ne comprends plus rien chez Moctar, il est très bizarre. Il semble qu’il veuille me pousser à bout, mais je ne vais pas me laisser faire. Je suis nourrice et je ne vais pas me prendre la tête avec toutes ses histoires. Il ne faudrait pas que je transmette toute cette négativité au bébé durant la tétée. Les enfants ressentent ce genre de choses. Alors je dois faire attention.

Il est bientôt 9 heures lorsque Fatou sonne à ma porte.

—Ma sœur on dit quoi dit-elle en prenant dans ses bras. La maternité te va bien ; tu brilles de jours en jours. Tu me donnes envie de prendre une autre grossesse.

—Dis plutôt que tu as envie de te reposer. Tu aimes trop congé de maternité.

Nous rions de ma remarque. Je leur donne la place et part leur chercher des rafraîchissements. Nous ne sommes qu’en début de matinée, mais il fait une chaleur d’enfer en ce mois de juin.

—Alors ma sœur comme convenu je suis là avec ta nouvelle nounou. Je vais vous laissez parler.

—Non tu peux rester Fatou ; toi aussi Ya pas de secret entre nous. Et puis tu seras au moins témoin de ce qui va se passer aujourd’hui.

—D’accord si tu le dis. Mais je ne vais pas m’en mêler ; j’ai fait ma part.

—Je sais. Et tu as beaucoup fait même. Bon mademoiselle quel est votre nom ? M’adressais-je à la jeune dame.

—Je m’appelle Akabla ; j’ai 30 ans et je suis originaire du sud de notre pays.

—Akaaaa ma sœur tu ne fais pas ton âge hein ! Dis-je étonnée.

Elle sourit.

Je pensais avoir à faire à une jeune fille, mais je suis en face d’une jeune dame. J’espère que la cohabitation ne sera pas difficile.

—D’accord Akabla. Bienvenue chez moi, je m’appelle Martine. Je suis la maitresse des lieux ; j’ai un petit garçon de quatre mois, il s’appelle Orphée. Monsieur est sorti et il sera là d’un moment à l’autre.

J’essaie de lui faire un bref résumé de ce que sera son travail chez moi. J’insiste beaucoup sur le fait qu’elle doit bien s’occuper de mon petit garçon. Elle fera sa toilette et s’occupera de sa lessive et tout ce qui entre dans son entretien.

—J’espère que jusque-là tout va bien.

—Oui tantie ça va.

—D’accord. Pour ce qui est de la cuisine je vais prendre une autre qui va s’en occuper. Mais contrairement à toi elle ne dormira pas avec nous. Donc ta tache majeur comme je le disais tantôt c’est le bien être de Orphée. Je peux avoir ta prétention salariale ?

C’est vrai que je devais demander ça avant de rentrer dans le vif du sujet, mais je préfère qu’elle juge par elle-même le prix qu’elle peut donner à son travail.

—50.000fcfa dit-elle sans hésitation.

—OOkkk c’est compris.

Elle semble surprise que je ne négocie pas. Je ne suis pas le genre à faire des chichis pour payer mon personnel. Mon seul souci est qu’elle s’occupe bien de mon bébé.

—Bon Fatou, voici un peu la situation, qu’est-ce que tu en dis ?

—C’est bien que vous ayez trouvé une base de cohabitation. Prions Dieu que tout se passe bien.

—Ok, elle a dit son prix et tout ; mais ce que je voudrais ajouter, c’est que c’est moi la patronne et on fera selon comme je le sens. Tu es ici chez toi et si jamais tu as des choses à modifier à mes règles, tu m’en parle au préalable. Par ailleurs, je t’embauche pour une période d’essai de trois mois. Et si au bout de ce temps je ne suis pas satisfaite, je me verrai dans l’obligation de me séparer de toi.

Sommes-nous d’accord ?

Elle acquiesce après m’avoir lancé un regard assez étrange. Mais je ne sais pas pourquoi je me suis senti un peu mal à l’aise. Cette fille m’a l’air bien, mais comme je le sens, c’est juste un air. Comme si elle feint d’être ce qu’elle n’est pas.

Je chasse rapidement cette idée de ma tête et entreprends de lui montrer sa chambre.

—Il y a quatre chambres en tout. Voici la tienne, dis j’en ouvrant la porte. Mais tu dormiras avec le bébé dans la sienne. Vue qu’il est encore petit on ne peut le laisser tout seul, et si tu veux après tu restes dans ta chambre pour que tu fais ton intimité.

—D’accord tantie.

—Appelle moi madame je préfère ça à tantie.

—C’est compris.

Je la laisse s’installer et part discuter avec mon amie.

Après le départ de cette dernière, je me retrouve avec Akabla ; j’entreprends de lui montrer les taches qui seront siennes avant le réveil de l’autre là.

Mon esprit part vers mon mari, où peut-il bien être depuis hier ? Je me fais violence pour ne pas l’appeler car je sais qu’il ne va pas décrocher. Qu’est ce qui ne va pas avec mon couple ? Suis-je une aussi mauvaise épouse à vouloir m’occuper de mon bébé ?

Pourquoi ne peut-il pas me comprendre ? Si au bout de cinq ans de vie commune je n’ai pas eu d’enfant et que j’en ai maintenant, en quoi cela est-il mauvais d’être attentionné envers ce dernier ? À moins qu’il n’y ait autre chose, je trouve sa réaction infondée.

Au fond je le soupçonne d’avoir une maitresse. Mais pour l’instant, j’attends de me rétablit avant de faire quoique ce soit.

 

****Moctar****

Depuis hier je ne suis pas rentrée à la maison, et je sais que ma femme est plus qu’énervée. Mais au fond je m’en moque. Elle m’a relégué au second plan, et je vais en faire de même avec elle. Je ne vais pas la supplier pour avoir ce qui me revient de droit. Elle pense être la seule femme de ce pays à donner naissance. Ma mère a fait plus de cinq enfants, mais cela ne l’a jamais empêché de bien prendre soin de mon père. Alors pourquoi elle ne peut en faire de même ?

Je me suis retranchée dans ma garçonnière. J’ai acquis ce petit bijou à ma deuxième année de mariage avec Martine. J’ai fait une bonne affaire, mais mon épouse ne sait pas que je possède cette maison. Elle se dit surement que je suis entre les cuisses d’une femme ; et à la vérité ce n’est pas l’envie qui me manque. C’est difficile de le croire mais cela remonte à longtemps que je n’ai pas eu de relation intime avec ma femme, et je n’ai pas cherché à satisfaire cette envie charnelle ailleurs. Car en dépit de tout j’aime beaucoup ma femme pour la tromper.

Par ailleurs elle ne mérite pas ça. C’est vrai que nous sommes en froid actuellement, mais cela ne m’empêche pas de lui rester fidèle. Il faut vraiment que nous parlons. Sinon je sens que notre couple va à la dérive.

 

****Akabla****

Ma première journée de travail s’est bien passée. Je n’aime pas beaucoup les enfants, mais il faut avouer que celui-là a un charme fou. Il ne pleure pas beaucoup et passe son temps à rire et faire de petites grimaces de bébé. Il ne ressemble pas beaucoup à sa mère. Je pari que c’est à son père qu’il ressemble. En tout cas, je suppose que ce dernier ne doit pas être vilain à regarder.

Ma patronne est une bonne femme. Il n’y a qu’à voir la façon dont elle me parle ; elle ne se donne pas des airs de boss et semble ouverte. Dans tous les cas, je ne suis pas là pour faire amie avec elle. Je dois juste gagner sa confiance. Ensuite je pourrai voir ce qu’il y a lieu de faire. En plus ils m’ont l’air riche.

Seigneur tu vas enfin exaucer mes prières, me dis-je la joie au cœur. Sophie verra qu’elle n’est pas la seule à pouvoir se faire épouser par un grand type. En plus le sien est vieux et même pas beau. Je sais que le mari de ma patronne est joli, il n’y a qu’à voir son enfant.

Je rêve de ma vie future avec ce dernier quand j’entends sonner à la porte.

Je cours ouvrir en priant pour que ce soit lui. 

La nounou de mon fil...