Méli mélo de maux

Ecrit par Farida IB


Cassidy….


C’est tard dans la nuit du jeudi au vendredi qu’on se rend sur les lieux. En dehors d’Armel et Bilal, il y a son frère qui a voulu être de la partie. Du coup, c’est avec sa fourgonnette que nous avons fait le déplacement. Armel gare derrière un buisson à quelques mètres de la vaste cour traditionnelle avant de couper le moteur.


Moi : c’est là ? 


Bilal : oui.


Armel se tournant vers lui : et maintenant ?


Brad (c’est comme ça qu’ils l’appellent) : on attend.


Bilal : weh on suit le plan.


Je regarde partout autour de moi, une boule d’angoisse dans le ventre. Il faut dire que nous sommes au milieu d’une brousse franchement flippante. Il y a des rafales de vents et c’est la seule  maison dans cette zone du quartier. Maison serait trop dire, c’est une construction en terre sous la forme d’une taverne qui plus est  supplantée par d’immenses arbres. Et pour couronner le tout, l'extérieur est plongée dans l’obscurité totale. Au moindre bruit, je sursaute et m’enfonce dans mon siège.


Armel à un moment donné : tu as peur ?


Moi (ne cherchant pas à nier) : oui, très. C’est qu’il y a des bruits bizarres tout autour.


Armel : ce sont les cigales et les vautours, je peux allumer l’ampoule si tu veux.


Moi : non ça va aller.


Bilal : la chérie de quoi as-tu peur ? Tu as trois mecs costauds pour te protéger au cas où ça tourne au vinaigre.


Brad : oublie l’affaire de mec costaud ici man, tu as vu le coin ? La prochaine maison est à des dizaines de mètres. Tu cries au secours, même pas un riverain pour te lorgner. 


Bilal s’adressant à lui : bro rassure-moi tu ne vas pas chier dans ton froc hein ? Je n’ai pas compris la façon dont le ton a viré en aigu vers la fin.


Nous : mdrr.


Brad lui donnant une tape : baltringue, dégages d’ici !


Bilal riant : Tina doit commencer à se faire du souci, c’est clair qu’elle a épousé un trouillard.


Brad : trouillard toi-même, on a tous vu comment tu fuis Nahia comme une peste. T’es pas capable de l’affronter.


Bilal se calmant net : c’est bon, c’est bon temps mort.


Brad se moquant de lui : tu sais que j’ai raison, mauviette de première.


Bilal à nous : vous deux comment vous vous connaissez ? Armel a zappé sur les présentations.


Brad : c’est ça fuit la discussion !


Bilal sans le calculer : petit, c’est ta nouvelle madame ? 


On parle tous les deux en même temps.


Moi : bien sûr que non !


Armel : c’est une amie.


Bilal : mais la chérie pourquoi tu as crié comme si on t’attaquait, mon petit ne te plaît pas ? 


Moi : euhhh


Armel : rhoo grando arrête, tu vas la mettre mal à l’aise. 


Bilal : il faut bien qu’on discute si on veut faire passer le temps et oublier que nous sommes dans un lieu effrayant.


Brad : weh il a raison.


Bilal ton impatient : alors ?


Moi lancée : bon, je dirai que notre rencontre, nos rencontres pour être plus précise étaient classiques. Nous avons eu trois ou quatre rencontres fortuites du coup nous avons décidé de sympathiser. En outre, c’est la disparition de ma copine qui nous a le plus rapproché.  


Bilal : les choses des films, vous finirez donc ensemble. C’est un signe du destin.


Un drôle de numéro celui-là.


Moi : lol.


Armel : pas moyen !


Brad riant : pourquoi ce refus tout sec frérot ? 


Armel : d’une, j’ai quelqu’un dans ma vie et de deux, elle ne vous a jamais dit qu’elle est libre.


Moi au tac : bah si, je suis libre comme l’air.


J’ai fini de parler avant de me rendre compte de ma bêtise. Mais bon d’une certaine façon, je le suis ou bien ?


Bilal : bingo ! La demoiselle a tranché (tapotant Armel sur l’épaule) petit si tu es intéressé, le champ est libre.


Brad : laisse-moi le frère typo, il vient de dire qu’il a quelqu’un dans sa vie. Tu peux respecter ça ?


Bilal : ouais, c’est ça ouais ! Il veut juste faire son sérieux devant la demoiselle. N’est-ce pas Armel ?


Armel soufflant : on peut parler d’autres choses s’il vous plaît ? 


Brad : weh de sa Nahiaphobie par exemple.


Silence.


Brad : krkrkr tu ne parles plus ?


Armel (leur jetant un coup d’œil) : ça saute aux yeux qu’il en pince toujours pour elle.


Brad charriant Bilal : ce n’est pas lui qui dira le contraire.


Armel : pourquoi tu l’as laissé déjà ? 


Bilal soupire et se passe la main sur le visage avant de répondre.


Bilal : je n’en sais plus trop rien. Tout ce que je sais, c’est que je n’ai pas fini d’en baver. Sali a été ma plus belle erreur.


Brad : tu ne diras pas que je ne t’ai pas prévenu ?


Armel : je n’ai rien contre ta Sali, mais grand honnêtement votre couple ce n’est pas le rêve. Tu as laissé ta vraie femme derrière toi. D’ailleurs, pourquoi tu n’essaies pas de la récupérer ?


Bilal : elle me déteste !


Armel : manifestement, elle a encore des sentiments pour toi.


Bilal le fixant intéressé : tu crois ?


Armel hoche la tête.


Brad : je ne pense pas non. Ce n’est pas pour te décourager Bilal, mais son Manaar là la vraiment piqué.


Bilal : pff qu’est ce que tu en sais ?


Brad : beaucoup, tu as peut-être oublié que sa meilleure copine, c’est ma femme ?


Armel : on voit bien et à propos vous deux, vous devez vraiment arrêter de faire de la vie des autres vos conversations d’oreillers.


Bilal : laisse les un couple de luinguè (cancanier).


Tout le monde rit, j’en ai ris aux éclats.


Bilal : au moins nous avons réussi à distraire la chérie (s’adressant à moi) c’est quoi son prénom déjà ?


Armel : Cannelle,


Moi en même temps : Cassidy.


Brad : qui a raison ?


Armel : moi, je l’appelle Cannelle.


Brad : je préfère, enfin c’est facile à garder. 


Bilal : Armel, tu en es à lui attribuer des surnoms pour dire après que…


Brad l’interrompant : silence tout le monde (chuchotant) j’ai entendu comme un bruit dans la cour.


Sa présomption se confirme lorsqu’on entrevoit un vieux sortir de la case à l’envers muni de gourdes et d’autres objets que je n’arrive pas à déceler de loin. On s’abaisse lorsqu’il arrive à notre hauteur et attend qu’il soit assez loin pour foncer. 


Bilal : allez-y, nous on reste ici. Et faites vite, notre temps est compté.


On acquiesce et ils se cantonnent pour assurer la garde. Une odeur pestilentielle nous accueille à l’entrée. L’intérieur est éclairé par des lampions posé sur un débris de piédestal. Il nous faut  quelques minutes pour distinguer les contours, nous avançons à tâtons, courbés en deux éclairée par la torche du téléphone d’Armel. L’habitacle est rempli de bidons d’huile de 25 l, de plantes médicinales, de pots en terre cuite, de peaux de bœuf, de nattes et d’autres tas d’objets encombrants. De petites pièces se suivent, nous les sillonnons l’une après l’autre jusqu’à déboucher sur des marches qu’il a fallu grimper à quatre pattes. C’est là qu’on la trouve, gisant sur une sorte d’autel les jambes ligotées. 


Moi : oh mon Dieu Saliha !


Je me rue sur elle et me penche au-dessus de son visage. Je l’entends marmonner quelque chose d’incompréhensible. J’approche encore plus mon visage tout en la secouant.


Moi : Saliha, Sali, c’est Cassie. Réveille-toi, il faut qu’on parte d’ici vite.


Saliha souriant bêtement : Fofana ! Mon cœur, c’est toi ? (ouvrant les yeux) Tu n’es pas Fofana ? Où est mon Fofana ? 


Moi (la bousculant brutalement) : hey arrête de délirer, c’est Cassie. (lui donnant des claques) Regarde-moi, c’est Cassie ta sister d’une autre mère.


Saliha hurlant : hooo toi laisse-moi tranquille ! Je veux mon Fofana.


Elle s’est mise à gesticuler dans tous les sens en appelant le nom de son vieux prétendant. Je perds le contrôle et l’abats d’une main, une gifle d’une telle violence qu’elle tombe raide et reste un moment sans réaction. 


Moi prise de panique : je crois que je l’ai tué.


Je descends pour qu’Armel puisse l’examiner. 


Armel : elle respire.


Saliha reprenant : Fofana, Fofana, Fo… Fa…Na. Fo…


Moi entre mes dents : est-ce qu’il y a un moyen qu’elle arrête de dire le nom de ce vieux à la con ? Merde alors !!!


Armel : calme-toi, je pense qu’elle est en train de planer.


Je soupire bruyamment.


Voix de Brad : qu’est-ce qui se passe ? Dépêchez-vous, le temps passe.


Armel criant pour se faire entendre : nous l’avons retrouvé, mais elle n’a pas toutes ses facultés en place.


Brad : je viens.


Il arrive en suivant nos voix et l’observe à son tour.


Brad : on s’en occupera plus tard. Le plus urgent, c’est qu’on la sorte d’ici avant que le vieux revienne.


Armel hochant la tête : aide-moi.


Ils la soulèvent et je leur donne un coup de main pour descendre les marches devant l’autel. Bilal me relaie dehors. Ils l’amènent à la voiture et l’allongent sur la banquette du milieu. Armel et moi, nous installons derrière. Son frère prend sa place au volant et Bilal monte à l’avant. Un silence total sur le trajet de la piste en terre rouge au goudron, à part les délires de Saliha. 


Moi : quand je pense que j’ai remué tout Lomé alors qu’elle était juste à une heure de chez nous.


Armel : l’essentiel, c’est que nous l’ayons retrouvé.


Je fais oui de la tête et la regarde longuement dépassée par les événements, le cœur rempli d’amertume. Sur le pont, nous tombons sur le gourou en plein culte. Brad accélère. Au bout de dix minutes, Bilal nous dit,


Bilal : vous pensez que le gourou là peut nous retrouver grâce à ses pouvoirs ?


Brad : type ce n’est pas le moment.


Bilal : il faut que je sache Brad, je n’ai pas envie qu’on me transforme en crapaud ou que je me retrouve sans mes bijoux de famille. Ces gens sont capables de tout.


Son commentaire me fait éclater de rire.


Brad secouant la tête : tu es vraiment con toi.


Bilal : elle a rit, c’est déjà bien. Maintenant, c’est quoi le plan ?


Armel : on l’amène à l’hôpital ?


Moi : une église serait plus adaptée.


Armel me laçant un regard en biais : elle n’est pas musulmane ? 


Moi : oui, mais je n’ai pas le choix.


Bilal intervenant : je connais un imam exorciste.


Brad : si c’est le genre qu’on vient de quitter là, vaut mieux qu’on l’envoie à l’église.


Bilal à Brad : tu le connais, le même qui nous a aidé pour l’affaire avec la femme de mon père.


Brad : ok ça marche, tu m'indiques la voie.


On se rend chez l’imam en question. On ne sait comment en dix minutes Saliha recouvre ses esprits et encore moins pourquoi elle se met à hurler de douleur dès qu’on réussit à couper les cordes sur ses jambes. L’imam sort la mine grave et appelle Bilal qui est le seul autorisé à rentrer dans la salle de prière. Il en ressort après quelques minutes.


Moi : qu’est-ce qu’il y a ? Saliha va bien ?


Bilal : l’imam recommande qu’on l’envoie à l’hôpital.


Armel : pourquoi ? Elle a quoi ?


Bilal haussant l’épaule : je n’en sais pas grand-chose, il a insisté qu’on l’emmène voir un docteur.


Brad au taquet : on y va !


Ils s’activent et vingt minutes plus tard nous arrivons dans une clinique où elle est immédiatement prise en charge. On reste assis dans un couloir un long moment avant de voir un docteur s’avancer vers nous d’un air abattu. 


Docteur : la famille de Saliha Tchassona ?


On se lève tous en même temps.


Armel : c’est nous qui l’avons amené. 


Docteur : je voudrais voir sa famille.


Moi : je suis sa sœur, elle a quoi Sali ? 


Il me regarde sceptique quelques secondes puis il relève la tête et reprend.


Docteur : ok, suivez-moi dans mon bureau.


Armel : je viens avec toi.


Moi (anticipant sur le regard interrogateur du docteur) : c’est notre cousin.


Docteur : ok, suivez-moi tous les deux.


On le suit dans le bureau où il entame sans transition. 


Docteur : votre sœur a été victime d’une infibulation. 


Moi le fixant : c’est censé vouloir dire quoi ?


Docteur : c’est une forme de mutilation génitale, son sexe a été presqu’entièrement suturé. La plupart du temps, c’est pour atténuer le plaisir sexuel chez la jeune fille ou l’empêcher d’avoir des relations sexuelles avant le mariage.


Moi (médusée, choquée) : seigneur pas ça, non pas ça ! C’est aberrant, c’est… C’est.


J’éclate en sanglots.  


Armel me pressant le bras : qu'est-ce que vous pouvez faire pour y remédier.


Docteur : il lui faut impérativement une chirurgie de réparation car l’opération a  été mal faite en plus. Mais c’est plus le domaine d’intervention d’un chirurgien gynécologue (prenant son bloc mémo) j’en connais un vers lequel je vais vous transférer.


Il note quelque chose sur une page qu’il déchire et le remet à Armel.


Docteur : tenez, c’est le nom et numéro du chirurgien. Il travaille au CHU Campus. Vous lui direz que c’est le Docteur Boris Koudjo qui vous envoie.


Armel et moi répondant tous les deux en même temps : d’accord, merci docteur.


Ensuite, nous rejoignons les gars. Armel me garde dans ses bras pendant que je pleure doucement. C’est Bilal qui a été le premier à nous voir et s’enquiert des nouvelles auprès d’Armel. Il ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Il finit par soupirer.


Brad : frérot parle, qu’est-ce qui se passe ? Vous nous inquiétez là. 


Armel : elle a, on lui a… Enfin, son pays bas est scellé.


Bilal plissant le front : comment ça ? (regardant Brad ) Toi, tu as compris quelque chose ?


Armel d’un trait : ils lui ont cousu le vagin.


Brad s’exclamant : dit vrai !!?


Armel hoche simplement la tête.


Bilal regard désemparé : c’est trop pour moi les gars. Je… Je dois rentrer.


Brad le regardant s’en aller : on est maintenant sûre de savoir qui est la mauviette entre nous deux.


Armel lui lance un regard réprobateur qu’il réplique par un regard désolé.


Brad : qu’est-ce qu’ils ont prévu faire ?


Armel : on doit la conduire chez un gynécologue.


Brad : ok je vais vous déposer et rentrer ensuite. Il faut que j’aille travailler.


Armel : c’est vrai, moi aussi j’ai une course à faire avant d’y aller. (me fixant) Tu peux gérer ça toute seule ?


Moi : je vais appeler ma mère.


Armel hochant la tête : ok, faisons ça.


On attend un intervalle de temps quand les infirmières amènent Saliha sur un brancard. On les conduit vers la voiture et elles s’occupent de l’installer. Brad embarque Bilal et le dépose en cours de route. Nous arrivons dans l'hôpital indiqué où ma mère nous attendait déjà. Brad fait demi-tour après le débarquement et Armel, après que nous ayons été reçu par le jeune chirurgien gynécologue.



Debbie….


Je requiers l’approbation de mes sœurs sur la tenue pour laquelle j’ai finalement opté pour mon entretien avec tata Mimi. Je peux les voir qui hoche leurs têtes et me sourient à travers le miroir. Noémie mets le cartable contenant mes documents personnels dans mon sac à main que je lui prends avant d’aller rejoindre Armel dans sa voiture.  


Moi montant : bé il ne fallait vraiment pas te déranger, j’allais me débrouiller toute seule.


Armel : on n’a pas dormi ensemble jeune fille.


Moi : désolée, bonjour mon coco.


Armel : bonjour mi amor, tu as bien dormi ?


Moi : comme un nouveau-né !


Je finis d’attacher la ceinture et me tourne vers lui, c’est là que remarque les poches sous ses yeux.


Moi : on dirait que toi, tu n’as pas dormi du tout.


Armel : c’est le cas, ça a été une longue nuit.


Moi : tu aurais dû rester pour rattraper le tir. Et ton taf alors ? Ce n’est pas bien vu que tu prennes une permission après une semaine dans la structure.


Armel : t’inquiètes pour ça, j’ai donné un argument de taille.


J’arque le sourcil en attendant qu’il précise l’argument.


Armel : la grossesse de ma mère.


Moi secouant la tête amusée : ce n’est pas bien de prendre comme prétexte la grossesse de ta mère.


Armel : il n’y a vu que du feu ! Bon, t’es rassurée là ? Est-ce que je peux enfin démarrer ?


Moi : mouais vas-y. De toute façon, je ne pourrai pas te faire changer d’avis.


Armel mettant le contact : je veux simplement m’assurer qu’elle te donne ce boulot. Le coup du test, je l’ai encore en travers de la gorge.


Moi : mais c’est normal voyons. Même si j’ai été pistonné, il faut que je prouve mes capacités. Sur ce point, tu n’as pas de soucis à te faire, nous avons assuré Djifa et moi et je suis plus que préparée pour cet entretien. (argumentant) J’ai fait des recherches sur le magazine, sur le poste, comment me défendre par rapport à mon CV et la lettre de motivation. Tient j’ai même eu des séances d’essai d’entretiens avec Joël.


Armel fronçant les sourcils : qui Joël ?


Moi : Joël, notre voisin de gauche. Il est dans le domaine des ressources humaines.


Armel : et tranchant aussi, il a fini avec courir derrière les petites filles du quartier. J’espère qu’il n’en a pas profité pour placer ses cartes. Je vais lui arracher ses couilles s’il ose poser ses yeux d’ovni sur toi.


Moi riant : non, il n’a pas fait ça. On a fait que bosser dans l’intervalle d’une heure.


Armel : beaucoup de choses peuvent se passer en une heure !


Moi : rhoo Armel arrête moi ta jalousie matin bonne heure. 


Armel : je suis prudent, c’est tout.


Moi : mmh, on peut partir là ?


Il me lance un coup d’œil et met le contact quand on attend la voix empressée de Noémie depuis la maison.


Noémie : Debbie attend s’il te plaît, ne part pas encore !!


Armel stoppe ses gestes et elle arrive en catastrophe puis s’abaisse à la vitre.


Noémie allègrement : bonjour bonjour !! 


Armel : bonjour Noémie, ça va ?


Noémie : trop bien !


Armel lui souriant : ça se voit.


Moi la fixant : qu’est-ce qu’il y a ?


Noémie : je te rejoins directement à l’hôpital, c’est ça ?


Moi : c’est ce qui a été prévu, à 10 h. Noémie, j’ai dit 10 h.


Noémie : avec la moto ?


Moi soupire agacée : oui avec la moto.


Noémie : je voulais seulement m’en assurer.


Moi : je vais le regretter sûrement, mais je n’ai pas le choix. Pardon ne fait pas la folle pour aller me casser mon bijou.


Noémie : je prendrai soin de ton bijou (criant euphorique) je vais rouler la moto de ma grande sœur aujourd’hui !


Je secoue la tête débitée, Armel sourit doucement et elle retourne à la maison en répétant sa dernière phrase toute contente.


Armel : quelqu’un est malade ?


Moi : nop une visite chez le gynécologue.


Armel me fixant les yeux plissés : tu es enceinte ?


Moi : mais non, tu le saurais lol. C’est une simple visite de contrôle.


Armel : c’est dommage.


J’arque le sourcil, le regarde, et souris. Il démarre pour le quartier Avenou et gare une heure et demie plus tard devant l’immeuble qui abrite le siège social du magazine Diane. Il coupe le moteur et descend alors que je m’agite sur mon siège un peu tétanisée. Il me regarde avec les sourcils interrogateurs.


Armel : tu ne descends pas ? 


Il parle en faisant le tour pour m’ouvrir la portière, je le regarde sans broncher. Il lève le sourcil et me regarde un moment avant d’acquiescer  d'un sourire.


Armel : je vois, tu me disais toute à l’heure que tu t’étais bien préparée non ?


Moi : quand même, je suis stressée.


Armel : ça va le faire, aller vient. Je serai avec toi.


Il me fait un sourire rassurant qui fait son effet. Nous prenons les escaliers jusqu’au troisième où on reconnaît tout de suite les locaux du magazine de part son logo encastré dans la porte d'entrée. Celle-ci s’ouvre sur un open space à cloison vitré et juste en face, le secrétariat. Nous nous dirigeons donc vers la secrétaire qui nous accueille toute souriante. Nous étions en train de nous annoncer quand tata Mimi sort d’un bureau clos encore plus rayonnante que la dernière fois quand je l'ai croisée. Elle est magnifique cette dame, avec son sourire super chaleureux qui te mets tout de suite à l’aise.


Tata Mimi : miss Deborah, c’est bien que tu sois en avance. Je vais pouvoir m’occuper de toi rapidement et partir. On vient de m’informer d’une réunion imprévue. 


Je fais un petit sourire pendant qu’elle s’approche pour me faire la bise.


Moi : bonjour madame.


Tata Mimi : bonjour, c’est tata Mimi pour tout le monde.


Elle remarque enfin Armel et lui sourit.


Tata Mimi : je vois que monsieur est là aussi.


Armel (pendant qu’ils se font la bise) : bonjour tata Mimi.


Tata Mimi : ça va mon garçon ? 


Armel : oui oui et vous ?


Tata Mimi : je pète la forme comme vous dites, comment vont tes parents ?


Armel : ils vont bien merci.


Tata Mimi : d’accord ok, je vais t’emprunter ta chérie quelques minutes. Nous avons des choses à nous dire entre femmes si tu vois ce que je veux dire.


Armel : sourire*, oui je vois ce que vous voulez dire.


Elle ouvre la marche vers le bureau d’où elle était sortie et me demande de la suivre. Je la suis d’un pas hésitant quand Armel me fait signe que la situation est sous contrôle. Je reprends contenance. Elle patiente que nous soyons toutes les deux à notre aise dans le bureau pour débuter l’entretien. 


Tata Mimi : j’ai lu ton texte brièvement le jour où tu me l’as envoyé, mais c’est hier que j’ai pris le temps de le décortiquer.


Moi le cœur battant : alors qu’est-ce que vous en dites ?


Tata Mimi : dis-moi, tu l’as rédigé toute seule ce texte ? 


Moi : oui, je l’ai rédigé seule. Mis à part la relecture et la correction faite par une amie. 


Tata Mimi : vous avez fait un travail impeccable, je suis très impressionnée. Je dois avouer qu’en te demandant d’écrire ce texte, je ne m’attendais pas à ce que tu t’appliques autant. Tu m’as subjugué. 


Moi : c’est que ma mère me dis très souvent « Deborah si tu veux faire quelque chose, fait le bien, sinon laisse tout simplement ».  


Tata Mimi : rire*, elle a raison ta mère. Et cette jeune fille dont tu parles, si elle pouvait réellement exister, je me serais chargée d’en faire une icône pour notre société. 


Moi : elle existe cette fille, enfin elle est juste assise devant vous.


Elle passe un instant de sidération.


Tata Mimi : c’est réellement de toi dont il s’agit ?


Moi la petite voix : oui, j’ai pensé que les défis que je relève au quotidien peuvent servir d’exemple à toutes les jeunes filles qui triment. Que ça peut donner de l’espoir à celles qui sont au plus bas de l’échelle et qui ne trouvent aucune issue. J’ai surtout voulu montrer à mes consœurs togolaises que c’est possible de réussir sans recourir à la facilité. Qu’avec l’aide de la providence, le pétrole peut devenir du kérosène.


Tata Mimi éclatant de rire : j’ai aimé ta phrase choc (regard admiratif) et ce don que tu as de manier les mots avec précision. Toi, je te garde sous mon aile (ajoutant) pour la vie.


Moi sourire béante : d’accord, je veux bien que vous me gardiez sous votre aile pour la vie.


Tata Mimi : conclu (me tendant une main) je suis enchantée de t’annoncer que tu es officiellement mon assistante personnelle. Nous allons accomplir de grandes choses ensemble. 


Moi (la saisissant) : je l’espère vivement, quand est-ce que je commence ?


Tata Mimi : tout de suite ! (sourire énigmatique) Je plaisante miss Deborah bravoure, tu permets que je t’octroie ce petit surnom ?


Moi lui souriant : oui, allez-y.


Tata Mimi : bien, nous allons travailler à distance pour le moment. J’ai un autre voyage de prévu. À mon retour, je t’intégrerai à mon effectif et nous discuterons des avantages.


Moi ravie : d’accord ça marche.


Tata Mimi : est-ce que c’est possible de rencontrer l'amie qui t’a aidé pour la correction ? J’aimerais bien lui confier ce genre de boulots. 


Moi : c’est possible oui, elle vous contactera.


Tata Mimi : ok, c’est parfait. Alors je ne vais plus te retarder. Passe une bonne journée.


Moi : merci à vous pareillement. 


Tata Mimi (en se mettant debout) : à bientôt donc.


Moi faisant pareil : à bientôt tata Mimi.


On se fait une bise pour se dire au revoir. Je sors de là pour retrouver Armel à la place où je l’ai laissé. Je me penche à son oreille et lui chuchote,


Moi : toi, j’ai envie de te faire une gâterie.


Il se redresse et me sourit.


Armel : t’as le job ?


Je hoche la tête en fixant ses lèvres. En déviant mon regard vers la cloison, je vois le personnel qui ne regarde que nous. Je l’entraîne hors du local avant de nous laisser aller dans un baiser pas aussi long que je l’aurais voulu.


Moi (essuyant le gloss sur ses lèvres) : on va fêter ça dignement ce soir.


Armel accent espagnol : je suis très partant, madame.


Il insiste sur le très, ce qui m’arrache un éclat de rire. Il insiste ensuite pour me déposer à mon rendez-vous avec mon médecin. Il me jette un coup d’œil lorsque nous franchissons l’enceinte du Campus.


Armel : c’est ici que tu viens ?


Moi : oui, comme toujours.


Armel : j’étais là ce matin, nous avons envoyé une doyenne ici.


Moi intriguée : une doyenne ?


Armel : bon en fait, c’est une amie à une doyenne. Je te les présenterai dans de meilleures circonstances. Je vais profiter les voir rapidement.


Moi : d’accord. 


Il gare en face du CHU et on descend. Sitôt je repère Noémie qui espère assise sur la moto. Je consulte l’heure sur mon téléphone, il est 9 h 48.  


Moi : pour une fois, elle a respecté l’heure celle-là.


Armel sourire entendu : sans commentaires.


Je souris et prends une mine neutre lorsqu’on arrive au niveau de Noémie.


Noémie : ow ow tu ne l’as pas eu le taf.


Je fais non de la tête, elle lève les yeux vers le ciel.


Noémie : seigneur Jésus, je t’ai pourtant supplié de lui donner ce boulot. Là je vais devoir supporter sa mauvaise humeur toute la journée. 


Moi lui donnant une tape en riant : imbécile ! Je l’ai le boulot !


Elle saute au cou d’Armel.


Noémie : félicitations !!!


Moi : mais c’est moi qui devrais être félicitée ?


Noémie : les honneurs lui reviennent.


Moi : ça, c’est vrai !


Noémie (se jetant dans mes bras) : je suis trop heureuse pour toi.


Moi : merci petite sœur (me détachant) c’est bon, n’attire pas l’attention sur nous.


Noémie balayant l’air de la main : on s’en fout des autres.


Armel (souriant depuis tout ce temps) : je suis bien d’accord. 


Voix criant : wooooooyyyiiiii !!! Je préfère mourir, tuez-moi une bonne fois.


C’est les mugissements de douleur d’une femme qu’on entend dès qu’on débouche sur le service gynécologue, probablement un accouchement difficile. Armel et moi échangeons un regard entendu.


Noémie : tu vois quand je te dis que c’est horrible ici, ils veulent tuer la dame.


Moi la foudroyant du regard : Noémie arrête ça, arrête de faire l’enfant !


Armel fait un rictus au coin des lèvres en rejoignant l’aile d’où viennent les cris. Je me présente à la réception ensuite, on nous installe dans la salle d’attente où Armel nous retrouve un moment plus tard l’air bouleversé et nous prévient de son départ pour le port. C’est après une heure d’attente que le docteur déboule au comptoir en habit de bloc pour consulter la réceptionniste. Nous attendons encore une quarantaine de minutes avant qu’ils nous reçoivent. Il me sourit lorsque nous entrons dans le cabinet.


Docteur : tiens ma petite Deborah !  Navré de t’avoir fait attendre. Nous avons eu un cas spécial dont j’ai dû m’occuper rapidement.  


Moi répondant à son sourire : ce n’est pas grave, bonjour docteur.


Docteur : bonjour, c’est ta petite sœur dont tu m’as parlé ? 


Noémie (voix inaudible) : elle m’a même déjà vendu seigneur.


Je lui lance un regard de travers et me tourne vers le docteur l’air de rien.


Moi : oui, c’est elle.


Docteur : les petites sœurs sont toujours plus belles, la science le prouve.


Noémie gloussant : oh merci docteur !


Je la toise, regardez-moi son visage de merci là-bas.


Docteur : c’est une vérité incontestable ma jolie (à moi) et la troisième donc ? Je suis sûre qu’elle doit être une moitié toi, moitié la petite sœur.


Moi : rire* non, c’est d’elle que nous tenons. En fait, c’est notre mère. Elle s’est rétractée à la dernière minute.


Parce que oui, c’était prévu que je vienne avec ma mère aussi. J’ai vraiment insisté pour qu’elle se fasse suivre par un coach en planning familial, mais elle m’a servi un prétexte comme quoi les contraceptifs bouleversent le fonctionnement de l’appareil génital, ça fait grossir et cetera. J’ai battu en retraite quand ma grand-mère s’en est mêlée et s’est rangée de son côté. 


Docteur : elle a sûrement d’autres occupations plus urgentes.


Moi mentant : effectivement.


Docteur se levant : d’accord bon, je vais confier la petite sœur à l'un de mes intérimaires et je reviens m’occuper de toi. J’espère que tu as été sage depuis la dernière visite.


Moi : pas vraiment docteur.


Docteur : on verra ça dès que je reviens.


Il revient vite et procède au frottis, puis à la palpation de l’abdomen et à l’examen des seins. Il poursuit par un examen bactériologique vaginal pour des vérifications de routine, tout ça dans une ambiance bonne enfant. À la fin il me suggère une contraceptive plus durable et autre que la pilule. Je lui promets de revenir là-dessus à la prochaine visite dans l’intention de prendre l’avis d’Armel avant toute décision. Ça fait la deuxième fois en une semaine qu’il fait allusion à la conception. Je ne saurais affirmer s'il s'agit juste d'une lubie ou s'il le veut réellement sans pouvoir me le demander. C’est vrai que je ne me vois pas être maman avant la trentenaire. J’ai toujours voulu construire ma vie et mes projets de vie avant de penser mariage et enfants. Toutefois, je suis prête à faire une concession et réduire l’échéance.


C’est sur cette résolution que je me dirige vers la salle où Noémie se fait consulter. En m’approchant, je perçois un brin de leur échange. J’entends Noémie bégayer, c’est qu’elle doit être vraiment nerveuse. 


L’intérimaire criant son exaspération : comment on peut avoir 17 ans, être en couple depuis 6 mois et être vierge ???  


Je hâte le pas vers eux.


Noémie : je je je … Je vous jurrrre que je suis vierge.


L’intérimaire : je vais prendre la peine de vérifier (martelant) aller couche toi !


J’arrive au seuil de la porte et le vois, qui happe Noémie par le bras et la force à se coucher. 


Moi fonçant sur lui : non mais ça va pas ? Qu’est-ce qui vous prend d’agresser une patiente ainsi ? Qu’elle soit vierge ou pas est-ce votre problème ? C’est vous qui faites que les jeunes filles rechignent à se faire consulter. (indexant Noémie) Regardez-la, elle est complètement terrorisée, au bord de la panique. C’est quoi ces manières ? (faisant volte-face) Je vais de suite me plaindre auprès du médecin-chef, il n’est pas comme ça lui. 


L’intérimaire : mademoiselle attendez s’il te plaît (me rattrapant) je te prie de m’excuser, c’est que je suis un peu nerveux. C’est mon premier jour à l’hôpital et les hurlements de la jeune femme au bloc me rendent complètement dingue.


Moi : et bien allez déverser votre folie sur une autre personne. Noémie, on s’en va !


Elle me suit avec une petite mine jusqu’à la moto sur laquelle nous prenons place toutes les deux.


Moi : je suis désolée biquette, c’est moi qui t’ai mis dans cette situation. D’habitude, ils sont gentils.


Noémie : pas grave, la prochaine fois, je veux que ce soit le docteur lui-même qui m'ausculte. Ce détraqué m’a littéralement défoncé la foufoune. Si c’est comme ça les rapports sexuels, je préfère devenir nonne.


Moi me marrant : tu auras le temps de faire ta propre opinion là-dessus. (sérieuse) Mais tu le sais bien, ton corps est un temple donc ne laisse jamais un homme y entrer s’il ne prend pas le temps de la vénérer.


Noémie complétant : parce que je suis une déesse qui vaut la peine que l’on se sacrifie pour elle.


Moi lui souriant : exactement ! À présent, je peux mourir en paix.


Noémie : kpaaa mouriiirrrr ? Tu blagues ! Je battrai ton cadavre jusqu’à ce qu’il revienne parmi les vivants.


Moi mdr : mon fantôme te poursuivra.


Noémie : grrr, ne parle pas des choses flippantes ! 


Moi hilare : quelle froussarde !


Noémie : j’accepte ! Sinon on est rendu où après ici ? Bon peu importe l’endroit, c’est moi qui conduis.


Moi : d’accord, direction l’école des Caro.


Noémie montant sur la moto : aller go !


Je monte à mon tour en riant. Elle conduit en décrivant le programme de la fête qu’elle prévoit pour célébrer mon nouvel emploi. Par moments, je me penche vers elle pour mieux l’écouter et interviens quand il le faut jusqu’à ce qu’elle s’arrête devant l’entrée de l’école de nos frères. Nous nous rendons directement dans la classe de Caroline. Après les salutations et les présentations avec la maîtresse, elle libère ses élèves. Noémie amène Caroline et Junior avec elle et la maîtresse me conduit à son bureau. Elle m’indique une table-banc et s’assoit sur la chaise derrière la table.


Moi : j’espère que Caroline n’a rien fait de grave.


La Maîtresse : absolument pas, votre sœur est un bon élève. Seulement que depuis le début de ces cours de vacances, j’ai remarqué qu’elle ne réagit pas beaucoup comme à son habitude.


Moi soupirant : c’est pareil à la maison également, et ce, depuis un certain temps comme vous venez de le mentionner. Je suis consciente qu’il y a quelque chose qui ne va pas, j’ai essayé de la cuisiner à mille reprises. Elle ne veut rien me dire.


La Maîtresse : je vois (fouillant la table du regard) donnez-moi deux secondes.


Je hoche la tête, elle se met à fouiller son sac et en sort des copies qu’elle met en évidence.


La maîtresse : elle a écrit tout ce qui la tracasse sur ces copies (me remettant les copies) tu dois le lire. C’est vrai que c’est bourré de fautes, mais la compréhension y est. (me fixant) J’espère que tes parents et toi prendrez les dispositions nécessaires.


Je plisse légèrement les yeux, inquiète. La curiosité prend cependant le dessus.


Copie 1 : je m’appelle Diapena Caroline, j’ai 7 ans. Je passe au CE1, mon école s’appelle école privée laïque Son et Lumière. 


Copie 2 : mon papa s’appelle Diapena Marc, il ne vit pas à la maison. Dada dit qu’il est parti marier une vieille madame, mais c’est elle la première dame. (je souris) Dada ne m’aime pas, mais moi, je l’aime beaucoup. (je fronce la mine) Elle me gronde tout le temps. Dagan Debbie n’aime pas quand elle me gronde. Je l’aime trop trop dagan Debbie (je fais un large sourire) elle m’achète tout ce que je veux, elle me lave et me dis que je suis belle. J’aime aussi mes autres sœurs, Sophie…


La maitresse (interrompant ma lecture) : je vous suggère d’aller directement à la dernière copie. 


Je classe les copies l’une derrière l’autre pour faire apparaître la dernière.


Copie 6 : hier, j’ai dit à Fo Yema que dagan Debbie a dit que s’il nous fait encore du mal, elle va le taper. Il m’a dit imbécile et m’a giflé (mon corps se crispe et ma mâchoire se contracte) il m’a serré le coup et m’a dit que si je le répète encore à dagan il va me tuer et tuer Junior. (j’entends mon cœur pulsé) Et puis il a enlevé mon slip, il m’a dit de sucer son bonbon. Je n’aime pas son bonbon, ce n’est pas doux comme les bonbons que dagan m'achète et ça me fait mal quand il le met dans mon pipi.


Moi m’écriant : seigneur Jésus Marie Joseph !


Texte Caroline : et puis il m’a dit de mettre ma salive sur son bonbon et il l’a mis  dans le popo de Junior. 


Je me lève et lis le reste en marchant à reculons alors que des larmes viennent brouiller ma vue.


Texte Caroline : Junior a pleuré, j’ai pleuré et j’ai crié…


Moi regardant la maîtresse : je… Je dois y aller.


La maîtresse me suivant : attends, il faut que…


Je n’entends plus ce qu’elle dit, je suis sortie en flèche et j’ai démarré ma moto en trombe en plantant mes cadets devant de l’école.




 
Le maître du jeu