Mon calvaire: partie 4

Ecrit par Ibtissem

Mon calvaire: partie 4


Peine perdue pour moi . Arriva alors la quatrième semaine, toujours pas de faux pas de la part de Cheick. Il restait 3 jours avant la fin du mois complet et il me trouva dans ma chambre entrain d'étudier. Il se pencha sur moi et m'embrassa sur la joue.

Je le repoussais , ahurie par ce geste :

moi: arrête ! Je n'aime pas ces manières franchement !

Cheick: oh ! Il ne reste que 3 jours pour mon pari, tu seras avec moi , donc autant commencer des maintenant

moi : commencer quoi ?

cheick: à s'enlacer , voyons! Tu ne penses tout de même pas que je vais te regarder pendant qu'on sort ensemble

moi : ah oui ? Tu voudras aussi me porter au dos ?

cheick: haha..tu es drôle , non tu vas juste me porter sur toi, je vais te faire l'amour sans m'en lasser Hayat

moi : non mais, on est où là ? Sortir avec toi ne veut pas dire que j'irai juste là , ça ne va pas non ?

cheick: eh oh , bonjour !! Réveille toi poupée, on est à Lomé, vos conneries du Niger là où on sort et on se touche pas là, nous on ne connait pas ça ici

Il m'arracha le cahier que je tenais dans les mains d'où une photo glissa. Il se courba pour la ramasser et demanda qui c'était.

Je ne répondis pas ; il tourna la photo et vit écrit : JTM .. Ton Karim

Cheick: c'est qui Karim ? Ton fiancé du Niger ? On dirait un zozo; hahah

moi : donne moi ma photo et fous moi la paix , il la lui lanca et sortit de la chambre. Avant de s'éclipser, il lança: 3 jours seulement !!!!

J'étais énervée, me voila prise au piège par mon propre défi maintenant . Je regardais la photo de Karim et fondit en larmes. J' avais fait sa connaissance durant mon séjour chez mes parents .

Il m' avait couru après comme un fou, mais j' avait refusé de le suivre car il était un don juan avéré. Les filles pleuraient pour lui.

Il était très bel homme et son père était une de ses richissimes personnalités de la campagne.

Tous ses amis ne comprenaient pas ce qu'il me trouvait de spécial alors qu'il s'amusait avec les filles à tour de bras.

Ses parents eurent envie de faire ma connaissance, car d'après eux, leur fils n'avait que mon nom dans sa bouche. J'avais un an de plus que lui.

Il m'envoyait tout le temps des petits messages par son petit frère et me promit le mariage à la fin de mes études.la dernière fois qu'on s'était vu, il était venu à la maison et m'avait remis sa photo ,c'était elle que cheick avait vue .

Les 3 jours arrivèrent à leur fin, j'angoissais et prit mes distances avec cheick, belle erreur de ma part . Il commençait à me harceler , me retrouvait à l'école, me suivait chez la coiffeuse, partout où j'allais même dans la maison.

Le seul moment où je pouvais être seule était quand je prenais ma douche. Là aussi je le trouvais assis dans ma chambre entrain de m'attendre .

Un jour justement , je sortais de la douche avec la serviette nouée à la poitrine quand il me prit par surprise, manquant de me faire faire une attaque, il était caché derrière la porte de ma chambre que je voulais refermer.

Ses sœurs étaient toutes à l'école et Rissalat était partie faire une marche dans le quartier. Il me saisit par la taille et me colla voulant m'embrasser de force .

Comme je refusais , il me poussa sur le lit et voulut me prendre de force. Je me débattais quand le bruit d'une porte se refermant le fit fuir de ma chambre.

Je reprenais mon souffle et m'habillais rapidement . C'était Rissalat qui revenait de sa promenade. Je ne savais plus quoi faire , pour la deuxième fois dans ma vie , un homme voulait me prendre .J'étais sans défense et j'avais aussi peur de causer un scandale dans la famille.

Cheick ayant compris que je n'allais pas céder, reprit ses mauvaises habitudes. Il reprit la dope et commençait à jouer au mauvais garçon au grand désespoir de son père.

Ce dernier me convoqua pour savoir ce qui n'allait pas:

M. Diaw: ma fille , je sais que cheick t'écoute, stp essaie de le ramener sur terre, je ne comprends vraiment pas son comportement

moi: tonton, je ne sais vraiment pas quoi dire , parlez lui vous

M. Diaw: j'ai tout essayé, je ne sais pas ce que j'ai raté dans son éducation

Je ne pouvais pas lui dire ce que son fils me faisait vivre , tout ce que je voulais c'était finir l'année scolaire en paix.

Le Harcèlement continuait et je gardais cela pour moi ,douleur dans l'âme.Je maigrissais à vue d'œil, j'avais tout le temps des douleurs à l'estomac causées par le stress.

La maison de Diaw était contiguë à une petite société de publicité , l'assistante du DG, une blanche , était sympa et chaque fois qu'elle me voyait au dehors assise dans le tournant pour essayer d'être au calme, elle venait s'asseoir à coté de moi.

Elle avait la trentaine et aimait bien ma compagnie, elle savait bien que quelque chose n'allait pas et me demanda si elle pouvait m'aider.

Je lui demandais alors si je pouvais recevoir des appels de son bureau, car il m'arrivait de pas avoir assez d'argent pour appeler ma mère.

Au moins je pouvais lui communiquer un numéro où elle pouvait me joindre et où je pouvais parler en paix sans être dérangée par les enfants de Diaw.

C'est ainsi que je remis le numéro à ma mère et mes ami(es)pour qu'ils m'appellent en cas d'urgence.Karim me joignait de temps en temps à travers ce numéro.

A chaque fois que j'avais un appel, le gardien de la société venait m'appeler à la maison, généralement les mercredis soirs . Sa voix me réconfortait , c'était le seul garçon qui réussit à m'amadouer quand j'étais inquiète ou angoissée.

Ma mère n'avait jamais su que je vivais un calvaire, je lui faisais toujours croire que tout allait bien. Si à cette époque il y'avais le whatsup, je n'aurai certainement pas pu le lui cacher.

Un jour , je reçus l'appel de Dourfaye, il avait pris le numéro de la société avec Dramane,mon amoureux déchu, celui que hafsat voulait pour moi. 
Malgré que je ne sois pas au pays , il partait chez Hafsat de temps en temps et offrait des cadeaux à ses enfants.

J'étais vraiment surprise d'entendre Dourfaye au bout du fil; Hafsat ne m'avait jamais appelée. Il me promit de venir à Lomé pour ses affaires et pour me voir aussi dans un mois .

Dramane était un homme bon, très généreux mais je ne ressentais rien pour lui, il m'appelait tout le temps . Il était venu une fois à Lomé me voir.Il m'avait donné de l'argent et m'avait fait le plein de ravitaillement .

Il ne m'avait jamais rien demandé en retour, ni m'adressé des paroles déplacées comme le faisait la majorité des garçons. Mais voilà , je ne voulais que de son amitié, on était si différent et l'écart d'âge avait fait qu'on avait pas les mêmes hobbies.

Je savais que ma mère ne pouvait pas m'envoyer de l'argent régulièrement car maintenant plus que jamais , elle avait plus de charges depuis la mort de mon père; Donc elle m'envoyait ce qu'elle pouvait par trimestre.

Le mois passait, Dourfaye n'arrivait pas et je n'avais plus de nouvelles de lui. Il restait encore 3 mois avant la fin de l'année scolaire. J'avais tellement dépéri que j'en tombais malade, je fus diagnostiquée d'anémie, de manque de calcium et de gastrite.

M. Diaw était conscient que je n'étais pas heureuse,il organisa un pique-nique familial à la plage pour la famille, afin que tous soient réunis. Il laissa ses affaires de côté ce jour et décida de passer du temps avec nous .

J'aimais bien être à la plage, mais jamais dans l'eau , j'observais les vagues de loin, elles me faisaient terriblement peur. Venant du sahel ,j'avais la phobie de voir une eau aussi turbulente.

Les enfants de Diaw pataugeaient dans les vagues, pendant que Diaw et Rissalat étaient sous un cocotier , amourachés. 
Je marchais sur le sable fin et blanc sans chaussures, une sensation de bien être m'envahissait .

Je savourais ma tranquillité quand les enfants de Diaw se précipitèrent sur moi , Cheick me souleva et me jeta dans les vagues.

Les vagues salées que je reçus dans le visage me piquèrent les yeux, je ne voyais plus rien.Les enfants en riaient eux , cheick se foutait de moi:

Cheick: alors la sahélienne? Elle est bonne ? Je parie que tu n'as jamais vu de plage de toute ta misérable vie

Je marchais à quatre pattes pour sortir , yeux fermés à la recherche du bord.

Quand enfin je me pus me tenir debout , dos à la mer, une gigantesque vague vint me prendre au dépourvu et m'engloutit.

Je me mis à hurler de toutes mes forces.

M Diaw m'entendit et courut vers nous , les enfants eurent tellement peur qu'ils se mirent à pleurer, étant sûrs que les vagues m'avaient emportée. Cheick ne tenant plus sur place et fuya .

Les vagues m'avaient emportée à prêt de 500 mètres du bord et me ramenèrent avec une telle brutalité , me jetant à plat ventre sur le sable.Je sentis une vive douleur au genoux et à la poitrine, j'arrivais à peine à respirer.Le pique nique était gâté.

Je fus transportée en catastrophe à l'hôpital le plus proche où je fus gardée 24 h sous observation.

Verdict: j'étais déshydratée, et j'avais le genoux fissuré, on me plaça un plâtre que je devais garder 2 mois.

Le ciel venait de me tomber sur la tête , j'étais déjà malade et maintenant ca ?? Je fus ramenée à la maison , mes études étaient arrêtées à cause de la bétise des enfants Diaw, tout ce que je voulais c'était rentrer au pays.

Je pleurais matin et soir .Les enfants vinrent s'excuser pour ce qu'ils m'avaient fait mais Cheick s'en moquait éperdument .

J'apprenais à me déplacer avec des béquilles, pied bloqué dans une seule position, me doucher était une torture, sans compter que la nuit je ne dormais pas, l'intérieur du plâtre me grattait tellement !

Je souffrais d'angoisse chronique, éveillée comme un diable chaque nuit pendant que les autres dormaient.

Un jour Rissalat sortit faire ses courses, les enfants étaient à l'école.Je regardais la télé quand Cheick vint encore perturber ma tranquillité. Il arracha la télécommande de ma main et éteignit la télévision:

Cheick: qu'est ce que tu crois princesse! Mon père dépense une fortune pour te soigner , alors qu'il ne l'aurait pas fait pour moi !

Moi: donc c'est ma faute ? Je te signale que je suis blessée par ta faute et que tu n'as même pas daigner t'excuser

Cheick: m'excuser ? Tu mérites ce qui t'arrive, tu n'as rien vu encore !

Moi: que Dieu te pardonne et te lave de ta méchanceté !

A ces mots, Cheick me saisit et me jeta au sol , m'arrachant mon pagne, j'étais à sa merci vêtue de débardeur et d'un slip.

Ses yeux étaient rouges , dû à l'herbe, il voulut me faire mal en abusant de moi , il commençait à se déshabiller et cherchait à détacher sa ceinture.

Je criais ,mais dans cette immense maison, personne ne pouvait m'entendre, les gardiens et autres domestiques étaient de l'autre coté du bâtiment.

Il me gifla à deux reprises pour me calmer, ralluma la télé et augmenta le volume pour couvrir le son de ma voix . J'avais déja abdiqué, que c'était fini et qu'il allait me posséder.

Je ne sais par quel miracle j'ai pu saisir ma béquille et lui fracasser le crâne avec . Il tomba en se tenant la tête, bientôt les taches sanguines se dessinèrent au sol .

Je me levais sur ma jambe et tira celle qui était plâtrée jusqu'à ma chambre où je me ferma à clé dans la salle de bain., attendant impatiemment le retour de Rissalat.

Cette fois ci j'en pouvais plus , j'étais fâchée à un haut niveau , ce pied m’empêchait de vivre et je voulais rentrer. Il y'avait un marteau dans la douche, je le pris et commençais à éclater le plâtre , cela m'avait pris plus d'une demi heure quand mon pied fut enfin libéré.

Il s'était littéralement affiné, on aurait dit qu'il n'y'avait plus de vie qui le parcourait. J'ai essayé de me tenir debout et de marcher, mais je retombais aussitôt, ma jambe ne m'appartenait plus, je ne la sentais plus du tout.J'avais dû passer 2 h au moins dans la salle de bain.

Plus aucun bruit depuis ,alors à quatre pattes, je me déplaçais à travers la chambre, fis mes valises et attendais l'arrivée de M. Diaw et de Rissalat pour leur dire que je m'en allais.

De toute façon, je n'avais étudié que 6 mois dans l'année , c'était déjà foutu, autant rentrer au pays voir ce que j'allais faire de ma vie.

Quand j'entendis enfin la voix de Rissalat, j'ouvris la porte guettant les mouvements de ce fou à lier, rien à l'horizon, je sortis à sa rencontre , dès que je la vis , je fondis en larmes et à pleurer comme une hystérique . Elle ne comprenait rien, j'avais la gorge nouée et ne pouvait rien lui dire .

Elle essaya de me calmer mais rien n'y fit , je ne pouvais plus parler et ce jusqu'au lendemain. M. Diaw aussi me posait des questions sans que je ne puisse répondre, quand enfin il me demanda si je voulais rentrer chez moi, je secouais la tête avec véhémence en guise d'approbation.

Je regardais autour de moi, cheick n'était plus là et les traces avaient disparu, personne n'en parlait , cela voulait dire qu'ils ne l'avaient pas trouvé. Mon Dieu , je me disais , je l'ai peut être achevé.

Tard dans la nuit , alors que je prenais de l'air au balcon, n'arrivant pas à fermer l'œil de la nuit, cheick me trouva encore, il avait un pansement au front:

Cheick: tu as bien failli me finir Hayat, mais tu sais , je vais te pourrir la vie comme jamais personne ne l'avait fait auparavant

Je ne pouvais toujours pas parler, je le fixais , impuissante , essayant de comprendre pourquoi une telle méchanceté envers moi.Il me montra la photo de karim et lança:

cheick: c'est à cause de lui que tu me rejettes ? J'ai des plans pour lui , tu sais j'appartiens à un gang,en finir avec lui serait un jeu d'enfants pour nous. J'ai ouie dire par Ben, qu'il viendra à lomé pendant les vacances , on va lui régler son compte.Si je ne peux pas t'avoir, personne ne t'aura Hayat

Il déchira la photo de Karim sous mes yeux, la seule que j'avais de lui. Il était sérieux , il pouvait le faire, tout ça parce que j'avais refusé de sortir avec lui.
J'avais l'impression d'être dans un film, dans quoi je m'étais fourrée seigneur ? Il fallait absolument que je m'en aille de cette maison.

Le lendemain , M.Diaw et Rissalat étaient au petits soins avec moi , ce qui énervait bien sûr Cheick.

Le gardien vint m'appeler , j'avais un coup de fil de la part de Dramane. 
Clopinant, je pris mes béquilles et me rendis à la société. Dramane était froid au téléphone, je lui demandais:

moi: qu'est ce qu il y'a ? Pourquoi es tu si froid ?

Dramane: j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer 
moi: dis moi ! Stp!

Dramane: Dourfaye a eu un accident

moi: quoi ? Mais il m'a dit qu'il venait à lomé depuis , est il blessé ? C'est grave ? Ou est il ?

Dramane: il est à l’hôpital

moi: mon Dieu ! Comment va-t-il ? Il est blessé où?

Dramane: je veux que tu t'armes de patience et de courage. Dourfaye nous a quitté….

Cette phrase je ne l'oublierai jamais , ni Dramane qui me l'avait sortie.

Je déposais le combiné sans répondre, les larmes m'envahirent et cette misérable boule à la gorge m'étrangla. Je me rappelais soudainement tout ce qui s'était passé et comment il s'était excusé pour tout ce qu'il m'avait fait.

Je rentrais à la maison frigorifiée , cheveux hirsutes, pagne et béquilles à la main , mon monde s'écroulait . 
D'abord mon père , maintenant Dourfaye, c'était injuste.

Dramane me rappelait tous les jours, disant que la famille ne voulait pas que je vienne et qu'il fallait que je continue mes études.
Je ne voulais rien savoir, et c'est ainsi qu'il sut que je m'étais fais mal au genou, il décida alors de m'envoyer un billet d'avion pour la semaine d'après.

Enfin, j'allais partir , peut être pour ne plus revenir, vue que celui qui me payait les études ne vivait plus .
Rissalat me fit promettre de revenir continuer mes études , elle avait aussi besoin de la stabilité que j'avais pu apporter à son foyer.

Elle pleurait le jour de mon départ, ainsi que les autres enfants. Seul cheick resta de marbre.
Il devait m'amener à l'aéroport avec le chauffeur, Dieu merci , sinon je ne sais pas ce que cela allait être si on était que deux dans la voiture .

Il descendit avec moi et me regarda droit dans les yeux: ce n'est pas fini Hayat, tu seras à moi , je peux venir aussi dans ton pays , c'est à moins de 1500 km d'ici.

Je ne répondis pas et continuais , heureuse de souffler enfin. Quand l'avion décolla , je mis à pleurer de joie et de désespoir , évaluant ma vie et tout ce que je vivais comme tracas à seulement 20 ans .

Je pensais arriver à la capitale , je me disais que hafsat avait changé avec le décès de son mari , hum…. Ce n'était que le début de mes déboires………..



Récit recueilli et transcrite par ibtissem.

Mon calvaire