Mon homme
Ecrit par Les Chroniques de Naty
Chapitre 28
A l’instant présent, je voulais juste que le temps s’arrête ;
que la vie s’arrête, que ma vie s’arrête. Je voulais juste disparaitre six
pieds sous terre. J’étais envahi par plusieurs émotions à la fois, la colère,
la peur, la honte, et plus que tout je voulais pleurer. Mais comme à mon
habitude aucune larme. Les mots que j’entendais meurtrissais et mon cœur et mon esprit. J’écoutais la voix
fluide de Léon, sa douce voix gracieuse et aimante qui autrefois me faisait
perdre la tête. Je me rappelle que lorsque j’entendais sa voix, je souriais
immédiatement ; même si jetais fâchée, je me mettais à sourire, comme si
sa voix était un élixir pour moi. Une sorte de panacée qui me guérissait. Sauf
que dans cette situation, sa voix autrefois salvatrice, résonnait comme la fin
de tout, de mon mariage, de ma tranquillité. Il est le glaive qui vient
fracasser le semblant de bonheur que j’avais acquis. J’écoute, j’essaie de
comprendre, j’analyse et tout ce qui se dit ici ne me fais pas me sentir mieux,
au contraire je suis encore plus mal que je ne le suis déjà. Toujours est-il qu’il
parlait, parlait et continuait de parler.
« … mon amour je suis tellement désolé pour tout ce qui
a bien pu t’arriver par ma faute, je sais très bien que tu n’as jamais voulu de
ce mariage et que ton père t’y a contraint. Pardonne moi de ne pas avoir été à
la hauteur de tes attentes, tu mérites bien plus qu’un homme comme moi Ayana.
Je n’ai jamais rencontrée une femme comme toi ! Mais l’amour seul ne
suffit pas pour bâtir une vie. Il faut malheureusement plus et c’est ce plus
que je suis venu chercher aux Etats-Unis. Je voulais par ailleurs t’informer
que je me suis marié, mais cela ne change rien à ce que je ressens pour toi. Et
sache que je n’oublierai jamais tout ce que tu as fait pour moi, que ce soit le
fait que tu ais tenue tête à tes parents pour moi, ou encore les trois millions
que tu m’as remis pour que je puisse finaliser mon voyage. Et la chose la plus précieuse
et merveilleuse que tu m’ais donnée est ton innocente, ta candeur. Je sais bien
que je suis un lâche et je ne mérite pas que tu me pardonne, seulement ma chérie
je te connais et je sais que tu ne m’en tiendras pas rigueur longtemps. Tu as
un bon cœur Ayana, quoi qu’on dise, quoi qu’on pense de toi Ayana moi Léon je
te connais et je sais que tu es quelqu’un de bien.
C’est peut être tard pour te le dire, mais je t’aime Ayana,
je t’aimerai toujours et comme je te l’ai promis, je ne t’oublierai
jamais… »
Si je croyais être dans un mauvais rêve, je pense que là je
viens de toucher le fond. Le silence se fit, mais contre toute attente Aly
remit l’écoute en marche encore. Ce petit manège dura je ne sais combien de
temps. Dans tous les cas, il ne faisait qu’écouter, peut-être qu’il essayait de
comprendre, de cherchais même au-delà de tout ce que Léon a dit, un non-dit. Je
ne sais pas exactement ce qu’Aly pensait. Lorsque je pus enfin lever un regard
vers lui, il avait la tête baissée.
Que ne donnerais je pas pour ne pas que ce qui est en train
de se passer se passe ?
Il régnait un silence de marbre dans la chambre. Personne ne
parlait. Mes larmes coulaient silencieusement, je pleurais silencieusement. Je
n’osais hausser la voix, je ne voulais pas qu’il m’entende pleurer. Quand je pu
enfin voir son visage, il était impassible, aucune émotion. Rien ! Il me
regardait, ou du moins son regard me transperçais, il voulait lire dans mon âme
obscur et mon cœur endoloris.
—Aly…
—Ne dis rien s’il te plait ! Ne dis rien je t’en
conjure.
Je me tus ; je voulais qu’il soit en colère, car c’est
une émotion bien plus facile à gérer contrairement à ce silence glacial, ce
regard glacial. Il se leva et se mit à arpenter la chambre tel un félin en
cage, je ne le reconnaissais pas ; C’est peut être une impression ou le
coup de la peur qui me faisait défaut. Son port altier est plus droit, les épaules
plus carrées, ses biceps encore plus tendu sous la fine étoffe de sa chemise.
Il avait les poings serrés comme s’il s’apprêtait à combattre un ennemi
invisible, ses jambes légèrement arquées semblent l’être plus que d’habitude.
L’ourlet de ses lèvres encore plus sensuelles, sauf que le
sourire moqueur auquel je suis habituée à laisser place à un rictus que je ne
lui connaissais pas. Et ses yeux, ses yeux qui exprime tous ses sentiments
avant même qu’il n’ouvre la bouche, sont devenus plus noir qu’à l’accoutumée.
Et pour je ne sais quelle raison, la seule chose dont j’ai envie est qu’il me
prenne dans ses bras, qu’il m’embrasse à en perdre haleine. Qu’il me fasse
sienne. Oui dans cette situation des plus cocasses, la seule idée qui me
traverse la tête est de faire l’amour avec mon mari.
Mon mari ? Après tout ce qui vient de se passer espérais-je
encore être la femme de ce merveilleux homme ? Espérais-je vivre encore
sous le même toit que lui ? Profiter de sa présence, de sa tendresse, de
son amour inconditionnel ? Ne rêve pas trop Ayana, ne demande pas
l’impossible. Mon cœur se serra à l’idée de ne plus me réveiller à ses côtés,
ne plus partager sa vie, ne plus le regarder dormir, ne plus le regarder
s’habiller les matins et se déshabiller les soirs comme j’en ai pris l’habitude
ces derniers temps. C’est devenu comme une sorte de rituel. Le regarder faire me
met du baume au cœur ; et sans même m’en rendre compte tous ces éléments,
ces petits moments peut être sans importance au début font partie intégrante de
ma vie. Pourrais-je me passer de tout ça ? Pourquoi mes larmes se mette à
couler encore plus quand je pense que je ne pourrais plus peut être prise dans
ses bras, qu’il ne m’embrassera peut être plus ; qu’il ne me chuchotera
peut être plus les mots doux dont lui seul à le secret.
Pourquoi a-t-il fallu que je me rende compte maintenant de
la place que cet homme occupe dans ma vie ? Pourquoi ai-je laissée un
message vocal m’ouvrir les yeux sur ce que je ressens réellement pour cet
homme ? Pour lui, pour Aly, pour mon mari, mon homme. Oui c’est mon homme,
mon drapeau et ma boussole qui me guide ; mon homme, celui qu’il me faut. Mon
homme, mon abri, mon toit pour que je puisse m’abriter ; mon lit, mon
repos sur lequel je peux tranquillement m’assoupir et faire de beaux rêves;
mon feu qui me réchauffe ; mon héros qui me sauve et me protège envers et
contre tout ; mon opium qui m’enivre. Mon ami qui pardonne, celui qu’on
choisit, sur qui on peut compter quand plus rien ne va. Mon chemin sur lequel
je ne me perdrai jamais.
C’est mon amour, oui mon amour. Comme d’habitude je le sais
un peu tard, il a fallu tout ça pour m’ouvrir les yeux sur la perle, ce diamant
brut qui est mien et que j’aurais pu polir à ma guise ; sur l’oseille que
je tiens entre les mains. Oui j’aime Aly, JE L’AIME. Cette prise de conscience
soudaine, me fit chanceler. Tout ce que à quoi je tenais le plus vient de s’évaporer,
tous ces préjugés viennent de disparaitre. Comme si le voile que j’avais en
travers des yeux vient de se déchirer pour me permettre de voir clair en moi,
en mes sentiments. Pour que je puisse lire au tréfonds de moi-même !
Je voulais lui parler, lui dire que je l’aime et lui
demander pardon. Je veux qu’il sache que je suis vraiment désolée pour toute
cette peine que j’ai eu à lui infliger depuis le début de notre mariage ;
je veux qu’il sache à quel point je l’aime et que sans lui ma vie n’aurait plus
de sens. Je m’y suis prise un peu tard, mais s’il consent à me pardonner, je ferai
de lui l’homme le plus heureux de la terre. Je l’aimerai sans demi-mesure, je
l’aimerai sans faux fuyant, sans fausse note, je l’aimerai comme si ma vie en dépendait.
Tout d’un coup ma poitrine se gonfla d’amour et d’affection pour lui. Il faut
que je lui dise. Je dois le lui dire, il faut absolument qu’il le sache…
—Aly écoute moi, je suis vraiment des…
—Je t’ai demandé de la fermer. Aboya-t-il.
Je sursautais de peur. Je ne l’avais jamais vue ainsi.
—Pour l’amour du ciel Ayana tait toi, je ne veux pas
entendre ta voix. Je ne veux rien venant de toi. Je veux juste que tu te taises.
Comme tu peux le constater, j’essaie de me calmer pour ne pas commettre l’irréparable.
Alors rends moi grâce, ou si tu veux rends toi grâce et tais toi.
Je laissais ma phrase en suspens. Mes excuses moururent sur
mes lèvres.
—Je n’arrive toujours pas à y croire. Commença-t-il après un
long moment. Je savais bien que tu ne m’aimais pas, et que tu ne voulais pas de
moi. Mais j’ai pensé… je me suis dit qu’avec le temps et mes efforts tu
finirais par m’aimer autant que moi je t’aimais.
—M’aimais ??? Demandais-je effrayée.
Non il ne peut pas cesser de m’aimer, il ne doit pas cesser
de m’aimer.
—Oui Ayana je t’aimais, je t’adorais. Même après tout ce que
tu as fait je continuais de t’aimer. Parce que je pensais que ton attitude est
due à ton jeune âge. Peut-être que ta jeunesse t’aveugle et que tu ne sais pas
distinguer ce qui doit être fait de ce qui ne doit pas être fait. Alors je
patientais en attendant que tu puisses changer et être celle que j’aime. Je
voulais que les gens, mes parents ou encore les autres voient en toi ce que moi
je vois. Mais je me suis lourdement trompé.
Plus il parlait, plus je me rends compte de tout ce qu’il a
bien pu endurer. Seigneur ! Il a dû tellement souffrir de mes bêtises.
—Et tu sais ce qui me brise encore plus le cœur, c’est que malgré
tout ça mon cœur continue à battre pour toi. Avoua-t-il. Mais c’est mon cœur Ayana, et il m’appartient
alors je peux le faire battre pour qui je veux et quand je veux. Je serai prêt
à tout lâcher pour m’éloigner de toi. Pour t’oublier. Tu m’as humilié, tu m’as
trahi, tu m’as mentis. Tu m’as volé. Et le comble tu as remis cet argent à ton
amant. Et ce même amant que tu as osée envoyer dans ma maison Ayana. MA
MAISON !!! Cria-t-il de toutes ses forces. Tu m’as fait mettre une
innocente à la porte. Je l’ai accusée à tort. Tu as versée des larmes de
crocodiles en jurant sur tous les saints que tu n’étais pas responsable. Mais
nom d’un chien quelle genre de personne es-tu ? Dis-moi Ayana quel genre
de monstre es-tu donc ? Quel genre de poison es-tu ?
Je pleurais de plus en plus. Plus il parlait, plus mon cœur
se serrait et mes espoirs s’envolaient. Il ne me pardonnera jamais, il ne pourra
pas me pardonner toutes ces erreurs commises par naïveté. Ses paroles sont
blessantes, frustrantes, mais avant tout elles sont vrai. Parce qu’en réalité
je suis un monstre ayant fait souffrir tout ce qui l’aimait. Au nom de
quoi ? Au nom de quelle justice ou de quel amour ai-je fais tout ça ?
—Je te croyais capable de tout, j’aurais pu tout imaginer
venant de toi ; mais ça c’est la goutte d’eau qui fait déborder le
vase ! Ça c’est trop même venant de toi. Tu as volé ton mari, celui avec
qui tu vis, avec qui tu partages ta vie au profit de ton amant. Qui lui t’a lâché
par la suite pour se marier. Tout s’explique maintenant ; oui je comprends
mieux ton attitude de ces derniers mois ; cette mélancolie que je lisais
dans tes yeux, cette nostalgie…
Il se tut un moment, peut-être pour reprendre son souffle,
je n’osais le regarder. Je n’avais plus la force, je voulais juste me coucher
et dormir. Sombrer dans un sommeil profond et peut être même ne plus me réveiller.
Mais hélas la voix d’Aly me martelait les oreilles, il ne criait plus, il était
plus calme maintenant. Sa voix était dangereusement calme même je dirai ;
il vient s’assoir près de moi sur le lit et me prit le menton. J’espérais qu’il
me prenne dans ses bras.
—Regarde-moi, regarde ce qui reste de ce que j’ai ressenti
pour toi. Intima-t-il…
Je le fixais, et si je m’attendais à voir de l’émotion, quel
qu’elle soit, j’en serai ravie. Que ce soit de la colère, de la haine, du
ressentiment ou par magie de l’amour ou même de la jalousie, j’aurais tout pris
à bras le corps. Mais non, je ne vis rien dans ses yeux, aucun sentiment. Un
regard glacial et froid comme une nuit d’hiver, un visage dur et austère. En
clair une indifférence à faire fondre, comme s’il avait éteint toute humanité
en lui. Comme s’il s’est interdit de ressentir ne serais ce qu’un atome de
sentiment à mon égard.
—Je me suis plié à tes quatre volontés depuis notre mariage,
j’ai tout fait pour toi, tout accepté de toi. Tout ça par amour pour toi. J’ai
été tendre et doux avec toi et tu as confondu tout ça avec de la faiblesse et
de la peur. J’ai fait passer tes désirs avant les miens ; je t’ai ouvert
mon cœur et mon âme et toi pour me remercier tu m’as trompé ; et tu es
allée jusqu’à venir avec ton amant chez moi, tu as eu ce culot. Tu ne m’as pas
respecté, tu ne m’as jamais respecté. Tu m’as fait commettre une injustice.
Il sera les points et se mis à arpenter la chambre à nouveau.
Je ne reconnaissais plus Aly, cet homme devant moi n’est pas
Aly. Tout lui en a changé. Même sa manière de marcher a changé. Mais il faut
qu’il sache que je ne l’ai pas trompé, j’ai peut-être flirtée avec Léon mais
nous n’avons jamais dépassés ce cap.
—Non je ne t’ai pas trompé, je ne l’ai jamais fait. Me défendis-je.
Il éclata d’un mauvais rire. Un rire à faire froid dans le
dos ; non ce n’est pas Aly. Aly ne m’aurait jamais ris au nez de la sorte.
—Ah bon ? Tu n’as donc pas couchée avec cet
homme ? demanda-t-il en avec un rictus.
—Non je ne l’ai jamais fait, je te le jure que je…
—Je t’interdis de jurer ! Me coupa-t-il. Tu
m’entends ? Je t’interdis de jurer au nom de je ne sais quelle bêtise.
Parce que ta parole ne vaut plus rien à mes yeux, absolument rien. Tu ne vaux
rien à mes yeux. Tu es aussi menteuse que manipulatrice. De surcroît une
voleuse et une infidèle. La liste de tout ce que tu es est loin d’être
exhaustive. Il pointa un doigt accusateur vers moi, toi Ayana tu n’es qu’une
vile personne. Tu n’as peur de rien ni de personne. Tu ne mérites même pas
d’être heureuse. Quand je pense que j’ai culpabilisé tout ce temps, parce que
je pensais t’avoir délaissé au profit de mon travail. Alors j’essayais de me
rattraper en passant le plus de temps possible avec toi. Mais à croire que
j’étais loin du compte. Madame se remettait plutôt de son chagrin que lui avait
causé son amant. Oh mon dieu comme j’ai été bête, comme j’ai été stupide.
S’accusa-t-il en se passant la main sur le visage. Mais tout ça c’est fini
maintenant. Tu m’as compris, c’est fini…
Je pris peur quand il prononça ces derniers mots.
—Qu’est ce qui est fini ? Voulus-je savoir.
Je me levais alors pour m’approcher de lui quand une douleur
fulgurante me traversa le ventre. Je m’écroulais aussitôt. Et la dernière chose
dont je me souviens, c’est Aly essayant de me rattraper ; et ce fut le
trou noir…