Mon voisin
Ecrit par lpbk
Lorsque je rentre, exténuée par cette
journée chargée et fructueuse, je vérifie mes mails. En effet, j’ai reçu
plusieurs notifications dans la journée.
Deux mails d’un traiteur L’Ô à la bouche que j’avais contacté
pour des devis, quelques publicités sans intérêt et un mail de Jacob !
Monsieur Numéro 3 a répondu ! Je
manque de sauter de joie.
Jacob : Chère Mélanie,
J’ai cherché partout mais n’est pas trouvé la clé qui correspond à ta
serrure. Elle a dû se perdre en route ou être utilisé par un autre.
Sache que je ne suis pas du genre à partager et un rendez-vous à
plusieurs n’est pas vraiment ce que j’attendais. Malheureusement, je pense que
mon trousseau magique restera encore dans mes poches et non pas sous ton
paillasson.
Je te souhaite tout de même le bonheur et de trouver ce que tu cherches
en tout cas.
Amicalement.
Nomo Jacob.
J’aurai dû m’en douter et d’ailleurs, je l’avais
bien dit aux filles.
Jacob refuse ce rendez-vous. En sera-t-il
de même pour Alexandre et Franck ?
J’appelle immédiatement mes meilleures
amies pour les prévenir de ce petit contretemps.
— Ça, c’est dommage… affirme Astride.
— Effectivement… confirme Coralie. Je pensais que les
hommes étaient plus joueurs que ça.
— Je vous avais prévenu, ne puis-je m’empêcher de leur
dire.
— J’ai une idée ! s’écrit Coralie.
Un silence se fait sur la ligne, Astride
et moi attendons la suite de cette brillante idée qui ne sera probablement pas.
— Pourquoi n’invites-tu pas ton nouveau voisin ?
continue-t-elle. Nous avons fait sa connaissance avec Astride lorsque nous
sommes venus l’autre soir. Il est tout à fait charmant.
— Et surtout très casse-pieds ! intervient Astride.
— Mais je ne le connais même pas. Il vient à peine d’emménager,
je ne vais pas me jeter sur lui !
— Dis-lui que tu viens de ma part. ou plutôt de celle d’Astride.
Il doit forcément se souvenir d’elle !
— Pourquoi ?
— Faites comme si je n’étais pas là, s’insurge l’intéressée.
— Nous dirons qu’elle a eu une discussion houleuse avec
ce bel adonis en tout cas.
— Mais vous ne m’en avez pas parlé ! m’écriai-je,
frustrée.
— Tu avais des nouvelles plus intéressantes à nous
raconter et après, j’avoue avoir zappé, s’amende Coralie.
Astride ne dit toujours rien.
— Qu’en penses-tu Astride ? lui demandai-je tout de
même.
— Je pense que c’est un emmerdeur qui va ruiner notre
soirée. Mais c’est surtout pour toi que je m’inquiète.
Qu’Astride soit aussi en colère contre un
homme m’étonne. Enfin qu’Astride soit en rogne contre quelqu’un est déjà
étonnant en soi alors contre une personne qu’elle connait à peine… Je pense que
cela vaut le coup d’aller faire connaissance avec ce nouveau venu.
— Très bien, je vais voir pour lui apporter quelques
douceurs ce soir. Vous savez quelle voisine attentionnée je suis, ris-je.
— Apporte-lui une bonne bouteille de vin, cela devrait
faire l’affaire, me suggère Coralie.
Nous discutons encore quelques minutes
avant de retourner vaquer à nos occupations.
Après m’être épilée, fait un masque à l’argile
et avoir pris une douche délassante, j’enfile une robe rose légère à motif
floral. Une paire de baskets blanche et me voilà parée pour rencontrer mon
charmant nouveau voisin.
Je descends à l’étage du dessous, une
bouteille de vin dans les mains. Lorsque je sonne à la porte, un remue-ménage
se fait entendre à l’intérieur suivi d’un bruit sourd accompagné d’un « Aïe
! » furieux. C’est bon signe, il est chez lui !
Je me recoiffe rapidement, remettant une
boucle rebelle derrière mon oreille lorsque la porte s’ouvre sur… Ethan !
Je manque d’en lâcher la bouteille, tellement je suis surprise. D’ailleurs, il
semble aussi surpris que moi.
— Tu devrais fermer la bouche, tu vas finir par gober un
insecte, plaisantai-je pour détendre l’atmosphère.
— Mais… Que fais-tu là ? me lance-t-il, toujours
aussi surpris.
— Eh bien, c’est moi qui devrait te poser la question
mais étant donné que c’est moi qui vient chez toi… Bref, bienvenu cher nouveau
voisin, finis-je en lui tendant la bouteille dont il s’empare sans avoir l’air
de comprendre ce qui se passe.
— Quoi ? s’exclame-t-il en ouvrant la porte plus
largement.
— J’habite l’appartement juste au-dessus du tien, lui
expliquai-je en désignant le plafond du doigt. Et apparemment tu as fait la
connaissance de mes deux meilleures amies il y a quelques jours.
— Tu habites ici ?
— Bonne déduction, Sherlock, répondis-je ironique. Tu me
fais entrer ou on continue de discuter sur le palier ?
La porte s’ouvre enfin et me laisse voir l’ampleur
du bazar qui règne chez un homme célibataire et venant d’emménager. J’enjambe
quelques cartons et manque de me casser la figure à mon tour, puis je contemple
son lieu de vie. Il est exactement similaire au mien, excepté pour les couleurs
et le bazar, bien sûr.
— Je t’offre quelque chose à boire ? me propose
Ethan depuis la cuisine.
— Eh bien, pourquoi ne pas entamer l’excellente
bouteille que je viens de t’offrir ?
Après nous avoir servi, nous nous
installons sur son canapé, non sans avoir déplacé quelques paquets au passage.
— Je pensais que tu avais terminé ton déménagement.
— Le déménagement, oui mais l’emménagement est loin d’être
fini.
— Tu veux un coup de main ? proposai-je.
— Je ne pense pas que si tu sois venue pour m’aider,
plaisante-t-il.
— Ça ne me dérange absolument pas. Et puis, si je dois
te demander quelque chose ensuite, tu ne pourras pas me le refuser.
Il rit, pensant que je blague mais je suis
très sérieuse. Comment pourra-t-il après refuser de participer à ma « soirée » ?
Nous finissons nos verres et nous activons
pour tout mettre en ordre.
Je trie les contenus des cartons. Visiblement
Ethan a tout jeté sans se préoccuper d’y mettre un ordre. Ainsi, l’on retrouve
des cartons regroupant les bibelots allant au salon avec les produits d’entretien,
les produits d’hygiène avec un fer à repasser et un lot de spatules en bois. Pendant
ce temps, mon voisin s’attelle à répartir tous ses tas dans les pièces qui
leurs sont destinées.
Presque deux heures et demie plus tard,
les cartons ont tous été vidés de leur contenu qui a été rangé. Il ne reste
plus qu’à faire un peu de ménage.
Nous nous affalons dans le canapé,
satisfaits du travail accompli. Heureusement que demain, je n’ai pas de
rendez-vous avant l’après-midi car je serais bien incapable de me lever tôt.
— Avec un peu d’organisation, nous avons été efficaces.
— Tu as été efficace, souligne Ethan. Merci beaucoup !
Sans toi, ces cartons seraient restés là encore quelques semaines, je pense. Je
nous commande quelque chose ? Chinois peut-être ? propose-t-il
malicieux.
Je souris, flattée qu’il se souvienne de
mes goûts et accepte. Je me rends seulement compte maintenant que je meurs de
faim, le sandwich que j’ai avalé ce midi semble bien loin désormais.
En attendant la livraison, Ethan débuche
une nouvelle bouteille de vin et nous sert un verre. Nous le dégustons tout en
discutant lorsque me revient en mémoire l’objet de ma visite.
— Dis-moi, tu ne m’as pas répondu tout à l’heure.
— C’est-à-dire ?
— Tu as rencontré mes deux meilleures amies. Qu’en as-tu
pensé ?
— Oui, je m’en souviens mais qui sont tes meilleures
amies ? Parce que, même si je ne suis que conseiller, je rencontre pas mal
de personnes chaque jour.
— Coralie et Astride.
— Ces noms ne me disent rien, me répond-t-il en fronçant
les sourcils.
— Coralie et Astride… lançai-je sans plus y croire.
— Oh ! Fait-il, son visage s’illuminant
instantanément. Ce sont tes amies ?
— Bonne déduction, Sherlock ! ris-je à ses dépens. D’après
ce que j’ai compris, tu as fait très bonne impression à Coralie mais Astride
pense le contraire…
— Je n’en doute pas, rétorque-t-il, un sourire satisfait
incurvant ses lèvres.
— …
Je ne réponds pas attendant qu’il continue
mais visiblement, il ne semble pas disposé à satisfaire ma curiosité.
— Tu accouches ?! m’énervai-je, lui donnant une
légère tape sur le bras. Que s’est-il passé ? Qu’as-tu bien pu dire pour mettre
Astride en rogne ?
— Moi ? Mais absolument rien ! s’écrie-t-il,
avec une mine outrée digne des plus grands comédiens. C’est ta copine qui
semble ne pas être très commode. Masi elle m’a beaucoup amusé. Elle est d’une
mauvaise foi, c’est charmant ! termine-t-il, sarcastique.
Il se lève pour aller nous resservir
lorsque la sonnette se fait entendre.
Notre repas vient d’arriver. Evidemment,
il ne m’en dira pas plus…