Nathaniel TADADJEU

Ecrit par Plénitudes by Zoé

*** Sabine ***


Nous sommes en réunion cet après-midi au département des enfants, c’est l’un des départements dans lesquels je sers en plus de celui des formations notamment la formation les fondements du royaume. Je suis hyper concentrée parce que nous organiserons bientôt un événement pour la fête des mères dans un peu moins de 2 mois, les enfants tenaient à faire une surprise à leurs mères et nous décidions des chansons à leur faire répéter et de la chorégraphie, un truc tout simple hein n’oublions pas que ce ne sont que des enfants. Des balancements de bras par-ci, des sauts par-là, c’est largement suffisant hein. 

« Bonsoir ma future épouse »

Cette voix, je la reconnaitrais entre mille. Mon cœur se gonfle de joie et je sens les papillons dans mon ventre recommencer à virevolter, à me chatouiller et la chaleur remplir tout mon corps.

Moi : Tu m’as manquée

Lui : Je sais

Moi : Frimeur !

Il pousse un rire bas de sa voix grave qui vibre dans mon corps tout entier et je fonds littéralement dans mes bottes. Décidément cet homme me fait trop d’effet. Il me serre brièvement le poignet et j résiste à la tentation de me retourner pour le prendre dans mes bras mais je me retiens et fais un effort surhumain pour me reconcentrer. Elle dure dis donc cette réunion et le chef du département qui n’en finit pas d’argumenter, soupire. Elle se finit enfin, lui et moi nous posons dans un coin un peu retiré de la cour pour ne pas être dérangés

Moi : Tu es revenu depuis quand ? 

Lui : Ce matin, je me suis dit que j’allais te faire la surprise, après tout c’est mon rôle de te surprendre non ? Surtout que je savais comme tu serais heureuse de me revoir !

Moi : Frimeur !

Lui : Tu te répètes ! Rire.

Moi (lui tirant la langue) : Bouge Nath !

Nath : Je t’aime aussi rire

Moi : hum. Mais dis-moi, ça c’est bien passé alors ? 

Nath : Tu sais comment c’est, je préfère qu’on parle d’autre chose. Comment ça avance pour toi ?

Moi : Tu sais ma voisine Marla a donné sa vie au Seigneur

Nath : C’est une excellente nouvelle, toute la gloire en soit rendue au Seigneur !

Moi : Amen. Mais de plus grandes épreuves encore l’attendent. Elle a prévu de rentrer au pays pour les vacances de pâques, essayer de recoller les morceaux avec sa famille, ce qui s’annonce particulièrement difficile mais bon je ne me fais pas de soucis pour elle, j’ai entrevu un avenir lumineux pour elle

Nath : Et en général ce que tu vois t’est montré par le Seigneur alors tout ce que nous pouvons faire c’est de prier pour qu’Il la fortifie et l’emmène où Il veut !

Moi : Indeed

Nath : Tu es rayonnante, il me tarde tant de te reconnaitre devant Dieu et devant les hommes comme mon épouse

Moi : Je t’aime mon futur époux

Nath (sourire éblouissant) : Moi aussi

C’est vrai qu’on aime se taquiner par rapport à cette histoire d’époux et d’épouse mais c’est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Nath et moi allons nous marier dans quelques années, le temps que chacun grandisse séparément avant de devenir un couple. Surtout que nous voulons que notre mariage repose sur des fondations solides et surtout sur l’obéissance à Dieu. Nath et moi nous sommes rencontrés ici à l’église. Je venais d’arriver en France avec après une longue et pénible procédure pour l’obtention de mon VISA, j’étais un peu désorientée, ne connaissant personne et étant venue pour faire mon master. J’ai trouvé cette église par pur hasard en recherchant « église évangélique » sur google map et il était là, super beau, d’obsédants yeux gris avec sa démarche militaire et sa mise toujours confortable. En réalité au début il ne me disait pas grand-chose, avec toutes mes déceptions amoureuses lorsque j’étais encore dans le monde et quelques temps après ma conversion, je me tenais éloignée des hommes et puis il donnait cette impression d’être trop parfait pour moi ou pour quiconque d’ailleurs. En plus on ne se parlait pas vraiment donc chacun vivait sa vie. Puis l’église m’a permis de prendre mes marques dans cette ville si différente de ma chère Lomé. Puis un jour en pleine prière, j’ai eu ma révélation de lui, Nathaniel TADADJEU, et moi Sabine SITOU devant l’autel en train de se marier. Carrément quoi ! Aucune ambiguïté, rien. De là, je n’ai plus eu qu’à me rapprocher de lui petit à petit, rentrer dans son cercle d’ami et plus tard parmi ses intimes et attendre tout en priant qu’il ait la sienne et obtienne sa propre révélation. Qu’il vienne vers moi et pas le contraire, et ca a duré pendant des jours, des semaines, des mois, près de deux ans et je trouvais ça tellement long jusqu’à ce qu’un jour enfin, ce que j’attendais se réalise. Nath était devenu l’un de mes plus proches amis, je m’étais rendu compte que cette aura de perfection en fait n’était que de la confiance en soi et la fierté d’être un homme de Dieu. J’ai découvert quel homme drôle, charmant, attentif et très à l’écoute avec moi. Avec lui je me suis ouverte comme jamais auparavant, il me connait mieux qu’aucun autre être humain et tout ce temps j’ai vu mes sentiments grandir de plus en plus jusqu’en être totalement et irrémédiablement amoureuse. Puis ce fameux jour, Nath déboule chez moi, me fait une déclaration d‘amour complètement folle, j’en avais tellement rêvé. Il m’a avoué être tombé amoureux de moi depuis plusieurs mois déjà et qu’il ne pensait pas que je m’intéresserais à lui alors il a prié pour que Dieu le guide. En attendant Sa réponse il s’est préparé afin d’être un partenaire idéal pour moi et pour cela il devait arrêter certaines choses (il ne m’a pas dit lesquelles). Bref je lui ai dit que je l’aimais aussi mais que nous devions faire les choses dans les règles c’est-à-dire pas de rapports sexuels ni attouchements, rien même pas de bisous, ça n’a pas toujours été facile, ça ne l’est toujours pas d’ailleurs mais on s’accroche. Depuis sept mois maintenant! On en a fait du chemin depuis, lui avec ses missions et moi ici à essayer de vivre ma vie en l’attendant.


*** Nadège TRAORE ***


Je fixe la boite que j’ai dans la main au-dessus de la poubelle depuis cinq bonnes minutes sans oser la jeter. J’hésite parce que si Thierry finit par l’apprendre je ne donne pas cher de ma peau. Mais je n’ai pas le choix! Je sens que je suis en train de le perdre et je ne peux pas le tolérer, je ne peux pas vivre sans lui. Il est chaque jour de plus en plus distant et rentre de plus en plus tard les week-ends. Elle est loin l’époque où il me regardait comme si j’étais la huitième merveille du monde et je veux retrouver cet homme-là avec qui j’ai emménagé les rêves plein la tête et pour cela je ne reculerai devant rien. Ne dit-on pas que nous devons lutter pour notre bonheur ? Résolument je lâche la boite de pilules contraceptives qui atterrit dans la poubelle avec un bruit mat, je sors le sac-poubelle et vais le jeter dans la benne dans la ruelle derrière l’immeuble, on ne sait jamais. Désormais la machine est en route et l’opération bébé est lancée. Au moins cela va débloquer la situation et le forcer à venir se présenter à ma famille.

Thierry (entrant dans la salle de bain) : Tu fais quoi là ? J’ai faim

Moi (sursautant violemment) : Oh je ne t’avais pas entendu rentrer, tu m’as fait peur

Thierry : Hum, on mange quoi ?

Moi : Spaghetti carbonara, je n’ai pas eu trop le temps aujourd’hui de faire plus élaboré.

Thierry : Ok

Moi (passant devant lui) : Vas t’installer je te sers. Et ta journée ?

Thierry : Ca va

Moi : Ok

Et nos échanges se limitent au strict nécessaire comme ça depuis des semaines, un mercredi soir il est rentré tard et depuis il semble perdu dans ses pensées, toujours accroché à son téléphone. Je suis sure qu’il y a une fille là-dessous, mais qu’elle ne pense même pas pouvoir me dégager, je suis là et j’y reste, il est plus que temps que je sécurise mon foyer. Et si l’autre veut me mettre des bâtons dans les roues, elle me sentira passer. Nous les Burkinabé sommes calmes et ne cherchons pas les problèmes en général mais il ne faut pas nous chercher sinon gare !


*** Nathaniel TADADJEU ***


Moi : Salut mec, ça roule ? 

Olivier (sourire) : Pas mal et toi ?

Moi : Ah tu sais la routine ! Quand je revins de mission comme ça je me sens toujours un peu déboussolé

Olivier : Mais tu sers ton pays

Moi : Et j’en suis fier. Tu sais être soldat est une affaire de famille chez les TADADJEU, de génération en génération, mon père l’a été et son père avant lui ainsi de suite mais plus le temps passe et plus je me dis que ce n’est pas ma vocation. Surtout que je veux passer à l’étape suivante avec la petite.

J’ai reçu la visite d’Olivier ce soir, on se fait une soirée FIFA sur ma PS4, avec des trucs à grignoter et des bouteilles de jus que Sabine est passée me déposer plus tôt avant que je la mette dehors parce qu’elle voulait s’incruster dans notre soirée entre potes, non mais on a vu ça où même ? Surtout qu’elle est plus douée que moi mais ça jamais je lui avouerai. Rire.

Olivier : Tout va bien entre vous ?

Moi : Comme sur des roulettes. Mais dis-moi, qu’est-ce qui te tracasse ? 

Olivier : Comment tu sais que quelque chose me tracasse ?

Moi : Je te connais frère, allez raconte !

Olivier : Eh bien je crois avoir eu la révélation de ma future épouse

Moi : Mais c’est super ! Félicitations (poignée de main)

Olivier : Oui mais c’est pas si simple, je ne l’ai pas clairement vue alors je ne sais pas quoi faire pour l’instant.

Moi : Je peux juste te conseiller selon ma propre expérience. D’abord tu pries en disant au Seigneur que tu Le remercies pour cette grâce qu’Il t’a faite, puis tu Lui demandes de te guider vers cette femme et surtout qu’Il vous protège tous les deux et sécurise votre rencontre. Tu sais quand j’ai su que Sabine était The one, je me suis direct calmé sur les filles j’ai tout laissé tomber, j’ai commencé à penser à l’avenir tu vois, épargner pour me payer une maison et la mettre bien, surtout que madame a des gouts de luxe, la cuisine toute équipée et j’en passe, rire. Gagner assez pour faire les voyages entre Angers et Lomé le plus souvent possible puisqu’elle est très famille. Tout en fonction de son bonheur à elle. Dans ton cas tu peux commencer à te trouver une maison et quitter ton appart le moment venu ou attendre de la rencontrer pour connaitre ses gouts qui sait ? Tu me suis?

Olivier : Parfaitement (sourire) je savais que je peux compter sur toi

Moi : Et pour te rétamer aussi ! 4-2 Dans ta face !

Olivier : Tchip!

Moi : Un blanc qui tchip, on aura tout vu ! rire!

Le Fardeau des Autre...