Non merci !

Ecrit par Ibiki

- Lydia -

- Quand tu dis que tu peux t'occuper de ça toi-même, Isabel... Tu entends quoi par là ? 

J'essaie de ne pas poser la réflexion plus loin de peur de comprendre le sens de cette phrase. Elle me regarde et sourit. Je détecte une lueur dans ses yeux qui s'allume.

- Eh bien ! M'en charger moi-même, sans l'intervention de quiconque, répond celle-ci avec légèreté. 

Elle s'assoie confortablement et me prend la main. Je sursaute au contact de sa peau. Tellement froide! Je n'ai jamais touché un être humain ayant une telle température.

- N'aies pas peur. Je veux seulement t'aider à te venger. Il mérite de souffrir tout comme toi il t'a fait souffrir... Ajoute-t-elle.

Elle parle avec une douceur mélangée à un sang-froid qui me déstabilise. Comment ça elle peut s'occuper de ça ? Peut-être que ce qu'on dit d'elle dans la famille n'est pas faux. Elle le dit avec tellement de naturel. Ce n'est pas normal, il s'agit de détruire la vie d'une personne ! On dirait un jeu pour elle. J'avoue qu'elle me fait peur. Subitement son sourire disparaît. Elle regarde vers la gauche.

- qu'est-ce qu'il y a? Dit-elle sur un ton dur.

- euh..

Elle tourne la tête vers moi et sourit.

- Trésor ce n'est pas à toi que je m'adresse... Je t'ai posé une question ! Dit-elle en retournant sa tête vers la gauche. Je fais ce que je veux, tu n'as pas ton mot à dire!

Elle s'adresse à qui? C'est quoi ce scénario morbide ? Elle est folle ? Elle me fait vraiment peur.

- Isabel c'est pas drôle ! Tu... Tu me fais peur...

- Trésor, n'aies pas peur, excuse-moi l'intention n'était pas de te faire peur... Toutefois ce n'est pas à toi que je m'adresse. Ok? Dit Isabel en me caressant la joue.

Sa main est encore plus froide qu'il y a quelques minutes. J'ai une sensation désagréable. Je veux partir, mettre un terme à cet entrevue mais aucun mot ne traverse ma gorge.

- comme je t'aime, je vais m'occuper du cas de cet homme personnellement. Trésor, ça va aller... Fais-moi confiance ! Ça suffit ! Crie pratiquement Isabel. Elle me prend déjà pour une dingue n'en rajoute pas !

Je sursaute ! Mais qu'est-ce qui se passe ? Je veux me lever mais mes jambes... Mes jambes...

Isabel claque des doigts de la main droite. Et je vois une femme avec de longs cheveux poivre sel...Non je crois blanc, à la peau si blanche. Ses yeux d'une couleur particulière... et des yeux pieds nues, vêtue d'une robe blanche, et Isabel ! On dirait une autre personne, avec une apparence différente, de courts cheveux, moins amaigrie, avec beaucoup d'assurance, on dirait la Isabel de l'époque... C'est quoi cette merde?

- Non de Dieu!

Je me lève et cours de toutes mes forces. Je cours... 

- Lucas -

Nayanka veut vraiment divorcer. C'est plus évident qu'il y a quelques jours. J'avais encore espoir, mais avec les papiers que j'ai vu dans son sac... Maman me dit de ne plus essayer de la retenir, de vivre selon ses règles. Comment est-ce que je pourrais faire ça ? Où est-ce que je vais prendre la force de la regarder heureuse dans les bras d'un autre ? 

Oui, je sais que tout est de ma faute. Si seulement le temps pouvait... Maman m'a dit que je dois faire tout pour ne plus l'étouffer. De m'éloigner au besoin, de la laisser respirer. Je ne savais même pas que je l'etouffais. Et peut-être elle pourrait ressentir le vide. Quel vide même ? Puisqu'elle est avec ce... 

Lydia... Je ne sais pas comment lui demander pardon. C'est aussi de ma faute. Je ne savais pas qu'elle était enceinte, comment la croire ? Une menteuse patentée. Mais voilà donc le bébé est mort à cause de ma violence. J'avais pourtant promis de ne plus lever la main sur une femme depuis cette fois où j'ai envoyé Nayanka a l'hôpital. Qu'est-ce qui m'a pris? C'est quoi mon foutu problème ?

- bonsoir...

- Bonsoir Nayanka.

Elle vient de rentrer, j'étais perdu dans mes pensées au point où je n'ai pas senti sa présence. 

- tu vas bien ? Ça fait un moment que je te parle, mais j'ai comme l'impression que tu ne m'écoutais pas... dit-elle en se rapprochant de moi.

- Oui. Oui. Je vais bien... 

Je crois que j'ai besoin de sortir. Il faut que je souffle, j'ai l'impression d'étouffer dans cette maison. Et puis même a quoi bon rester a côté d'une personne qui ne veut pas de moi? Je vais aller voir Jimmy, il peut m'aider à décompresser. 

Quelques minutes plus tard arrivé chez Jimmy, je le trouve dans son jardin avec son dernier fils. 

- Tara, tu es venu, ça fait un bail...dit Jimmy avec un grand sourire.

- bonsoir vieux frère !

- Je voulais bien te demander comment tu vas, mais je crois que je ne vais pas le faire, vu la tête que tu as...

- Jimmy, la vie n'est pas facile a certains moments... 

On s'assoit et je lui raconte les derniers faits. Il parut aussi très surpris par l'annonce du bébé perdu.

- Donc Lydia était en cloque ?

- Oui! T'imagines que je ne lui ai même pas accordé le bénéfice du doute ? Et ce jour là je n'y suis pas allé de main morte.

- Mince alors! Tu as cherché à la voir? Parce qu'il le faut, ajoute Jimmy.

- Man, je ne sais même pas comment je vais faire, c'est grave cette histoire ! J'en ai honte ! 

- Et avec ta femme ? 

- Ma mère m'a conseillé de la laisser, que je ne la retienne pas. 

- Tu vas y arriver ? C'est pas du petit lait... 

- Je me demande comment je vais faire ça. Imaginer déjà ce gamin toucher son corps m'empêche de dormir, la lui laisser tu peux imaginer...

- Lucas, c'est une sacrée année pour toi... 

- Ah ça. Tu ne penses pas si bien le dire...

De retour à la maison, je vais chercher à grignoter dans la cuisine. Nayanka est au téléphone, sûrement avec cet abruti! Tsssp ! Je dois aussi faire comme si ça ne me gênait pas ? C'est ça ? Je vais droit vers le frigo, et je prends un sachet de chips et une bouteille de coca. 

- Oui... Moi aussi...

Elle le fait exprès ? C'est quoi son foutu problème ? Elle pouvait pas avoir cette conversation dans sa chambre ? Mince! Et ma mère pense que je peux supporter ça ? Je ressors rapidement de la cuisine. Direction ma chambre ! 

- Lucas, est-ce que tu peux m'accorder quelques minutes ? Demande ma mère.

Elle veut quoi? Sérieux je peux pas respirer une seconde ? Seigneur juste une seconde ! 

- ok... 

Je la suis dans le séjour. Elle s'assoit et tapote la place près d'elle. Une invitation à me coller pratiquement à elle. 

- Il paraît qu'une plainte a été déposée contre toi?

- une plainte ? Comment ça ? tu m'expliques s'il te plaît ?

- une certaine Kuete...

- Euh... D'où est-ce que tu sors ça ? Et comment tu connais Lydia... Qui t'en a parlé ?

- C'est tonton Gérald qui m'en a parlé. 

- Encore lui, il va s'occuper de ses affaires un jour? Je n'aime pas ce monsieur... Pourquoi il s'occupe de mes affaires ?

- sois moins ingrat ! Il t'a sauvé des poursuites judiciaires. Tu devrais l'appeler pour lui dire merci...

- ...

- Et à l'avenir évite de porter main sur une femme ! Qu'est-ce qui t'a pris ? Je pensais que tu avais arrêté ça.

- Je vais l'appeler, mais ça ne va pas changer mes sentiments a son égard, que ce soit clair !

- Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Il a toujours été bienveillant...

- tu sais bien, il a passé son temps à te tourner autour même pendant que mon père vivait encore...

-Nayanka-

C'est vraiment étrange, depuis le soir où on est allé manger il est bizarre. Limite ces jours ci il me calcule même pas. Pourquoi ce changement subit? Je cherche à comprendre, et comme si ça ne suffisait pas je le vois dans les coins entrain de faire des messes basses avec mama Inès. 

Je veux bien comprendre ce qui se passe, mais je sais que personne ne va me le dire. Je vais le découvrir par moi-même. Mais j'avoue que ça le dérange ce changement d'attitude. Et d'un autre côté David Alexandre qui n'est pas très disponible... Bon il dit qu'il est occupé, mais le remarque quand même la baisse de fréquence des SMS, appels. Mais j'avoue que ça me dérange moins que cette attitude de Lucas. 

Dieu merci ma journée est terminée, arrivée quelques minutes plus tard a la maison je tombe sur Lucas. Il est assis au salon. 

- Bonsoir !

Il ne répond pas, il est assis et a l'air préoccupé. Mais au point de ne rien survre? 

- Bonsoir!

Il sursaute pratiquement.

- bonsoir Nayanka.

- tu vas bien ? Ça fait un moment que je te parle...

- je vais bien.

Il retombe encore dans son mutisme. Je décide de monter dans ma chambre. En élevant ma robe j'entends le vrombissement du moteur de sa voiture. Il sort? Il ne m'a même pas dit qu'il sort. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez-lui ? Hum. 

J'ai même pas encore remis les documents que cette petite m'a donnés à mon avocat. Je traine même pour quelle raison. Dieu seul sait.

Plus tard dans la cuisine, au téléphone avec Carole.

- Je te jure, il y a des trucs pas nets mais personne ne m'en parle!

- << j'en reviens pas il a fait un enfant à cette espèce de... TSUIP ! Et toi t'as couché avec, mince! T'es pas sure qu'il t'a refilé une maladie ? Moi je t'ai dit que tu devrais même plus te soucier de lui!>>

- Je sais, mais je l'ai fait et j'ai adoré ! 

- << Comment ça se passe avec David?>>

- David Alexandre n'est pas très disponible depuis quelques temps...

- <<Attends! Tu l'appelles David Alexandre ? Plus Dave?>>

- euh...

- << Ma chérie, t'es entrain de faire quoi là ? >>

- Rien..

- <<T'es entrain de retomber amoureuse de ton mari! T'es sure que c'est ça qui est bien pour toi? Anyway je dois te laisser>>

- d'accord

- << On se reparle après, ma poule, j'espère que tu sauras ce que tu veux>>

- Moi... Aussi..

Je vois Lucas se diriger vers le frigo, il prend a grignoter et ressort sans m'adresser la parole. Hum. Ça commence a bien faire cette histoire. Je sors de la cuisine pour ma chambre, et j'aperçois Lucas et mama Inès encore dans leurs messes basses. Je tends l'oreille pour écouter, rien! Tellement c'est bas. Tsssp. Ça sera pour une autre fois je remonte alors vers la chambre. Je me jette sur mon lit. Ça fait du bien. Mon téléphone vibre, un nouveau message, David Alexandre. << Je sais que tu retombe amoureuse de lui, j'ai pris du temps pour l'admettre, mais je sais que tu l'aimes encore même si tu ne veux pas l'avouer. Je préfère qu'on prenne nos distances, jusqu'à ce que tu saches ce que tu veux... >> .

Alors là !




L'homme de ma femme