Nouvel obstacle
Ecrit par Kossilate
Chapitre 25 : Nouvel obstacle
Cinq semaines s’étaient écoulées depuis ma confession à Zayn. Entre temps, j’avais reçu des appels de Tati Joss et de Grâce qui me réprimandèrent pour leur avoir caché ce qui se passait. J’eus beaucoup de mal à leur faire comprendre que je ne tenais pas à les effrayer tant que je n’étais pas sûre de ce qui se passait. Mia se remit a parlé tout le temps même si je recevais parfois de petites piques par rapport aux deux jours d’enfer que j’avais fait vivre à son cousin d’amour. Kira me tenait au courant de l’état de Abeni qui avait commencé une chimio à Cotonou. Les jumelles se portaient aussi bien que possible. Elles étaient devenues nos dealeuses d’optimisme or qu’elles étaient censées être les plus abattues.
En ce qui concerne mon travail, je l’adorais un peu pus chaque jour. Monsieur IKELE se révéla être la personne que j’espérais avec un coté pointilleux et peu revêche en plus. Il me fit faire un grand bond dans le monde littéraire et l’expérience était tel que, je dépassai largement les fonctions habituelles de la stagiaire pour le plus grand plaisir de Margaret. Je le suivais dans certaines réunions, je l’assistais pour certains forums et j’avais de plus en plus de manuscrits à lire. Je découvris ainsi des écrits dignes des plus grands contemporains. Je voyageais, ressentais et vivais au fil des ébauches de parfaits inconnus. D’autre part, je m’étais sincèrement lié d’amitié avec Alexis et Lixandro, un beau jeune néo-zélandais dans les 1m80, un peu trop conscient de l’effet de son teint basané, de ses lèvres pulpeuses et des ses yeux verts sur les femmes. On déjeunait tous les après-midi avec Margaret.
• Ella, ce sera la commande habituelle, lança Alexis avant de nous rejoindre à notre table quotidienne.
• Ok, répondit la jeune chinoise avant de disparaître en cuisine.
• Je pense que je ne m’y ferais jamais, déclara Lixandro en s’affalant sur sa chaise.
• Il parle encore de quoi lui ?? s’exclama Margaret tandis que de faibles sourires voyaient le jour sur nos lèvres.
Lixandro avait une réputation toute faite de blagueur et en dehors de la présence de monsieur IKELE, chaque phrase qu’il disait, était une invitation aux éclats de rires.
• D’où une chinoise s’appelle Ella ?? c’est contre nature.
• Raciste va
• Alexis !! je pense que raciste est un mot bien fort pour qualifier l’esprit fermé de notre collègue.
• Ah bon !! Et comment suis-je censée appeler un ignorant comme lui ?? demanda la jeune fille en toisant Lixandro qui lui répondit avec un sourire blanc comme neige.
• Je n’en ai aucune idée. Mais je ne pense pas qu’il le fasse exprès, pour un américaine lambda croire aux stéréotypes est une loi universelle et limite une religion.
• C’est vrai qu’il m’arrive parfois d’oublier à quel point il est quelconque, murmura Alexis a mon oreille mais assez fort pour se faire entendre de Lixandro
• Je suis tous sauf quelconque babe et je peux te le prouver où, quand et comment tu veux, répliquât il en laissant un clin d’œil un peu trop prononcé à la jeune femme.
• Je m’étais tu jusque là mais ce n’est surement pas pour entendre les prouesses sexuelles de Lixandro qui est un peu trop porté sur les préjugés comme l’a dit Phoebe, s’écria Margaret en se redressant ce qui nous fit toutes rire à l’exception de jeune zélandais.
• Hahaha très drôle, dit Lixandro ironiquement. Moi, je ne vois pas le rapport entre mes incroyables prouesses sexuelles et les stéréotypes.
• Il est pourtant évident… je suis prête à parier que tu vas nous sortir des anecdotes sur des rousses chaudes, des blondes qui sont des cochonnes n’hésitant pas à essayer de nouvelles choses, des brunes avec de petites poitrines et des noires aux gros cul, énuméra notre doyenne en fixant le jeune homme. Est ce que j’ai oublié quelques choses les filles ?
• Je ne crois.., commençai je à dire en suffoquant de rire.
• Si… t’as oublié les stéréotypes sur les femmes asiatiques qui éjaculent et les françaises qui sont sans pudeur, ni vergogne, me coupa Alexis en prenant son air sérieux de première de la classe comme on aimait dire
Mon éclat de rire et la réponse de Lixandro furent interrompus par l’arrivée de Ella qui nous apporta nos commandes. Lorsque la table fut pleine de coupes de riz cantonnais, de crevettes au piment, de nouilles chinoises, de bœuf séché et de coupelles de salades de fruits, la jeune fille s’en alla et nous reprîmes notre conversation.
• Vous avez une si piètre opinion de moi ? se lamenta Lixandro en récupérant une assiette de riz.
• Tu n’imagines même pas à quel point !
• Alexis !! Arrête de l’embêter….
• Phoebe laisse ces deux là. C’est parce qu’ils n’ont pas encore eu l’opportunité de se sauter dessus qu’ils sont là à s’exciter.
• Margaret !! je croyais que tu étais de mon coté, s’insurgea Alexis qui s’apprêtait à se servir du bœuf séché.
• Je suis du coté de la justice, répondit calmement la doyenne en se servant.
Pendant le reste du repas, Lixandro se donna pour tâche de nous prouver que les stéréotypes ont tous une par de vérité, Alexis se moqua de lui tout du long, Margaret joua tantôt l’arbitre, tantôt la fouteuse de merde et moi je me contentai de sourie car j’en avais bien besoin. Faut dire qu’outre mes moments au bureau, et ceux avec Zayn et Yelen, je passais mon temps à réfléchir et à me morfondre sur le sort de mes sœurs. On était en plein mois de mai et les premières listes des sélectionnés pour la loterie visa n’allaient plus tardées à sortir. J’espérais vraiment que mes sœurs feront partis des élus sinon j’aurais été obligée d’entreprendre de nouvelles démarches ici et je ne savais pas si j’aurais eu la force de faire face à une nouvelle attente. J’avoue que je vivais assez mal le fait que mes sœurs ne soient pas déjà ici pour entreprendre le processus pour la greffe de moelle épinière. Les résultats avaient prouvé que les jumelles étaient compatibles a 100%. D’autant plus que cette histoire de maladie leur à faire perdre banalement une année.
À la fin de notre repas, nous retournions tous au bureau qui était en fait juste en face du restaurant chinois où nous mangions. À mon arrivé, je trouvai sur mon bureau un mot de mon boss qui me demandait de le retrouver dans son bureau.
• Monsieur, dis-je la voix ferme en entrant par la grande porte.
Depuis le début de mon stage, je n’avais jamais utilisé la porte de liaison pour me rendre dans le bureau de monsieur IKELE. Je ne saurai avancer une réelle raison à cela mais j’avais cette petite impression que c’était inconvenant et s’il ne m’avait pas interdit de la fermer a clé je l’aurai fait depuis belle lurette.
• Mademoiselle AMARACHI. Avez vous suivi les dernières sorties de la société ??
• Oui monsieur
• Qu’en pensez vous ?
• C’est à dire ??
• Eh bien ! je vous demande votre opinion sur les dernières sorties de la société, répéta-t-il en se levant pour se diriger vers le petit frigo dans son bureau.
• Euh …pourquoi me posez vous une pareille question monsieur ?? je n’ai pas l’expérience nécessaire pour remettre en cause le travail de mes supérieurs.
• D’un vous ne vous êtes jamais gênée pour remettre en cause mes méthodes et je ne vois pas la différence avec ce que je vous demande, me nargua t il en s’asseyant dans l’un des sièges de visiteur et en me signant d’en faire de même.
• ……
• De deux, ce que vous venez de dire montre que vous n’êtes pas tout a fait d’accord avec les sorties en questions
• ……
• Et enfin, de trois, l’essence de l’édition réside majoritairement dans l’appréciation des écrits et non dans la technique de leur mise en forme. Et vous, vous avez un meilleur jugement des œuvres que tous mes autres collaborateurs.
• Oh ! fis-je bêtement en le dévisageant ouvertement tandis qu’il vidait d’une traite sa bouteille d’eau.
• Je vais donc vous reposez ma question et j’attends de vous que vous soyez claire et concise.
• …..
• Que pensez vous des dernières sorties littéraires de la société.
Monsieur IKELE avait raison lorsqu’il affirmait que je n’étais pas favorable aux derniers livres publié par la société mais je n’avais pas mon mot à dire car selon moi, s’ils étaient allés jusqu’à la publication, c’est que monsieur IKELE avait du les voir et jusqu’à cette saison, les publications de la société avaient toujours été parmi les meilleures vente littéraires. Mais l’attitude de mon patron a cet instant me faisait croire le contraire. En outre, s’il insistait tant pour connaître mon opinion je n’allais pas me priver de cracher ma bile dans la mesure du raisonnable…bien sur.
• Les sorties de cette saison, ne sont pas mauvaises en soi mais elles n’atteignent en rien le niveau intellectuel de vos sorties habituelles.
• Continuez et développez, ordonna-t-il en se calant dans son siège.
• ……
• S’il vous plait, ajouta-t-il face a mon mutisme.
• Les histoires de chacun de ces livres sont extraordinaires. Elles sortent de l’ordinaire et stimulent l’imagination. Il y a du suspense, des retournements inattendus. Malgré quelques clichés ou couacs, ce sont des histoires qui vous attrapent le cœur et jouent aux montagnes russes avec, si bien qu’à la fin, vous avez l’impression d’être mort et d’avoir ressuscité mille fois pendant votre lecture.
• Mais encore ????
• Mais ce niveau littéraire est celui attendu par tous les habitués de votre maison d’éditions. Donc il n’y a rien de spectaculaire en soi. Là où le bat blesse, c’est au niveau de la forme des œuvres et du style d’écriture.
• Il n’y a pas de fautes. J’ai toute confiance en mon équipe de réécriture.
• Je me permets de vous démentir, dis-je en souriant. Il y a bel et bien des fautes. Pas les fautes grammaticales et autres auxquelles vous vous attendez mais plutôt des fautes de gout. Même si j’imagine que votre équipe de réécriture a abattu un travail monstre, il n’en demeure pas moins que les dialogues étaient nuls dans chacun de ces livres. Ils étaient soit trop longs, soit trop directs. La description n’était pas assez présente dans certains livres, le style d’écriture ne mettait pas en valeur certaines des histoires et surtout, la forme n’évoluait pas avec le fond.
Je m’arrêtai un instant pour reprendre mon souffle mais surtout pour regarder monsieur IKELE. Si au début de mon analyse son regard était posé sur moi, ce dernier, a fini par se perdre dans l’immensité de la baie vitrée, signe qu’il réfléchissait en même temps qu’il m’écoutait. Le silence s’installa et se prolongea un moment avant que mon patron ne se décide à l’interrompre.
• Si votre analyse est bonne, je dois m’inquiéter aussi du coté esthétique des livres n’est ce pas ??
• …..
• La coupe est à moitié vide, finissez donc ce qui est commencé.
• Si vous y tenez. A mon avis, vous avez raison. Je pense que l’équipe artistique s’est un peu perdue dans l’appréciation de l’œuvre et on ne peut lui en vouloir. L’appréciation ayant été faussé, vous imaginez bien que la première de couverture, ne pourrais représenter valablement le contenu des textes, dis je rapidement comme si le fait de ne pas m’attarder sur les mots atténuerait un tant soit peu le flot de mauvaises nouvelles.
• Si je vous suis bien. Je dois commencer à m’attendre à des critiques cinglantes ?? Demanda monsieur IKELE en reposant son regard sur moi.
J’eus un instant, peur de lui répondre car je sentais la colère et la déception s’embrassait peu à peu en lui. Je ne cesserai jamais de le répéter, je ne sais pas lire dans les regards et encore moins dans ceux des noirs car je pense que la teinte sombre de nos iris leur empêche de changer de couleur selon nos humeurs. Mais par contre, je comprends très bien le langage corporel et les poings crispés de mon boss et les nombreux plis qui se sont rajoutés sur son front me criaient qu’il avait de sérieuse envie de meurtre.
• Répondez mademoiselle AMARACHI….s’il vous plait, grogna t-il.
• Oui monsieur, vous avez raison, répondis-je en me faisant toute petite dans mon siège tandis qu’il se levait du sien.
• Ces chers critiques de L’Editor Daily n’attendaient qu’un faux pas de ma part et je viens de le leur servir sur un plateau d’or, gronda-t-il en abattant son poing sur la table, ce qui me fit sursauter.
• Monsieur calmez vous. Cela ne sert à rien de vous énerver. Les meilleures solutions se trouvent dans le calme, balbutiai-je en sortant toutes les phrases philosophiques que j’avais lu sur des boites de corn flakes.
• Puisque c’est ce que vous pensez, trouvez-moi une solution, dit il en se tournant vers moi.
• Moi ??? m’exclamai-je la bouche ouverte et en me maudissant intérieurement pour ne pas avoir fermé la gueule lorsque je le pouvais
• Non le fantôme de mon chien mort qui se trouve ici, répondit il avant de s’affaler dans son siège
Je du mener un ferme combat intérieur pour ne pas éclater de rire malgré la situation. Ce cher monsieur IKELE venait de me retourner la phrase que je lui avais sorti la même dans son bureau lorsqu’il me lança des ordres comme à une automate.
• Vous trouvez cela drôle, mademoiselle ??
• Aucunement monsieur, aucunement.
• Faites venir Margaret et Lixandro, ajouta t-il avant de se plonger dans son ordinateur.
Je ne me fis pas prier et je ne quémandai pas de « s’il te plait » cette fois. J’avais compris, qu’il voulait être seul un moment et se reprendre avant l’arrivée des deux autres. En effet, vu l’urgence de la situation, il aurait pu les faire venir en les appelant sur l’interphone et vu son état, il n’était plus capable d’avoir des décisions coordonnées et il a du le sentir.
Je trouvai Margaret à son bureau et elle appela Alexis sur l’interphone pour que cette dernière demande à Lixandro de venir. D’après ce que m’avait dit la doyenne, il était avec l’équipe artistique au rez-de-chaussée. Le temps qu’il ne remonte, je fis un debrief rapide de la situation à Margaret dont le froncement de sourcils s’accentua au fur et a mesure que je parlais. Dès que Lixandro fut venu, nous nous dirigeâmes tous vers le bureau du directeur. Il nous attendait debout dos a la porte et il ne retourna vers nous que lorsqu’il entendis le bruit de la porte refermée par Lixandro.
• Veuillez vous asseoir, dit il en nous désignant les sièges.
• Je pense que je vais rester debout, lança joyeusement Lixandro qui n’avait pas de siège. Le regard que lui lança Margaret lui fit comprendre que le moment n’était pas idéal pour une blague.
• Je vais laissez tomber les protocoles pour un instant. Ils alourdissent les phrases et dans l’immédiat je saurai m’en passer. Phoebe débriefer Margaret et Lixandro sur la discussion que nous venons d’avoir.
Je repris mon récit mais plus posément pour faire comprendre l’ampleur de la situation a mes collègues.
• Ce n’est pas le genre de réunion auxquels une stagiaire assiste mais ayant été la seule à être franche avec moi, Phoebe, vous avez gagné votre pass pour cette réunion extraordinaire, déclara monsieur IKELE lorsque j’eus finis.
• Christian, qu’allons nous faire ? demanda Margaret qui semblait lasse et a bout tout d’un coup.
• Je n’en ai franchement aucune idée Margaret
• Ne pourrait-on pas retirer se livres de la vente ??
• Nous pourrions le faire mais le scandale qui en découlerait serait aussi géant que celui qu’on essaie d’éviter, répondit Christian à Lixandro.
Assise dans mon coin, je ne pouvais m’empêcher de me dire que cette situation était improbable mais que leur anxiété était un peu trop exagérée. Cela arrivait à toutes les maisons d’éditions de commettre un flop et pourtant cela n’en n’a jamais empêché de se hisser au top des charts de vente. De plus, ces livres malgré les défauts dans leurs formes, n’étaient pas si affreux dans le fond. Juste qu’ils ne correspondaient pas au standard habituels de la maison. Je me permis donc de faire part de ma pensée.
• Monsieur en dépit de ce que j’ai dit, ces livres ne sont pas totalement à jeter et le mieux a faire pour contrer les critiques qui ne manqueront pas de venir, c’est de préparer la future collection pour la saison à venir. Elle devra juste être irréprochables pour clouer le bec des critiques et redorer le blason de la maison.
• Vous n’avez pas tord Phoebe. Et j’aurai surement pensé à cette solution si mon poste ne dépendait pas de cette saison, murmura Christian en croisant ses mains devant sa bouche.
• Comment ça votre poste ? demandai-je hébétée.
• ….
• N’êtes vous pas le fondateur de la société ??
• Margaret expliquez lui.
• C’est juste une stagiaire, en êtes-vous sure Christian ? murmura Margaret.
A cette phrase, je sentis le regard de Christian glisser sur moi comme sil voulait sonder chaque parcelle de mon être avant de revenir plonger dans mes yeux. Je soutins ce regard aussi longtemps que possible, et je l’entendis répondre à Margaret.
• Je lui fais confiance, dit-il avant de tourner son siège en direction de la baie comme sil se coupait de la conversation.
• Chérie, désolée si ma question t’a offensée mais ce que je men vais te révéler fais office de secret d’état dans cette maison, commença Margaret en arborant un visage grave
• Vous me faites peur là, dis je en coulant un regard vers Lixandro en espérant voir son expression de perpétuel niais pour faire redescendre ma tension.
• Christian est le fondateur de la société mais le fondateur légale de la société c’est son père.
• Je ne comprends pas ??? donc vous n’êtes pas monsieur LAWSON ?? demandai en regardant le dossier du siège de mon boss
• S’il est monsieur Lawson et aussi le fondateur de cette société mais la loi ne le reconnaît pas comme tel et le conseil d’administration non plus.
• ……
• Certaines raisons familiales l’on poussé à sortir de l’ombre de son père et le conseil ne l’acceptera que si cette saison est parfaite en tout point. Dans le cas contraire, la direction de la société sera confier à l’un des membres dudit conseil.
• Oh mon Dieu ! m’exclamai je.
Je sentais beaucoup de zones d’ombres dans l’explication bancale de Margaret mais j’avais saisi l’essentiel. Christian IKELE perdra son poste et sa société si nous ne trouvions pas de solutions à la catastrophe que sera la saison prochaine.