Pari validé
Ecrit par Les petits papiers de M
Evelyne
En arrivant au boulot
ce matin, je me sens un peu fébrile. Pourtant je ne suis pas malade. Tout va
pour le mieux dans ma vie. Je suis en bonne voie pour cocher l’une des cases
les plus importantes de mes projets : le mariage. Mais je n’arrive pas à
comprendre pourquoi ce sont les montagnes russes avec mes émotions.
J’aime Ronel. Ce que je
ne comprends pas, c’est ce bond traitre que fait mon cœur par moments lorsque
Kylian m’écrit ou passe me voir. Parce que bien que je lui ai dit non, il
refuse de lâcher l’affaire. J’apprécie les moments que je passe avec lui et il
m’arrive même de nous imaginer ensemble comme je l’ai fait pendant si
longtemps. Et pourtant c’est avec Ronel que je suis. Et même mes longues heures
de prière n’ôtent pas mes doutes de mon cœur. J’ai plutôt l’impression que j’ai
fait le mauvais choix en allant vers Ronel. Mais à l’instant où ses yeux se
posent sur moi, qu’il me susurrent ces mots dont lui seul a le secret ou que je
passe du temps avec lui, tous mes doutes s’envolent. Bref, c’est le bordel dans
ma tête et dans mon cœur.
-
Alain : allô !!! ici la terre
-
Bonjour Alain
-
Bonjour Evelyne, la plus douce des
femmes de ce service
-
(riant) si tu espères me voir cracher
des billets en me flattant, c’est raté
-
(faussement déçu) Au moins j’aurais
essayé. Mais à cette allure, tu vas briser mon cœur pour de vrai
-
Je suis sûre qu’il est plus solide que
ça. Alors dis-moi, que me veulent les RH ce matin ?
-
J’apporte une proposition de mon chef,
qui j’espère te ravira. Nous te proposons d’être mutée à Parakou. Tu as les
mêmes avantages avec en sus une prime de déplacement dans la mesure où nous
savons que ta famille est dans le sud
-
Dans ce cas pourquoi vous me le
proposez ?
-
L’époux de Mirabelle a été muté à
Calavi. Ils sont légalement mariés et donc elle a demandé un rapprochement de
conjoints. Pour être franc ça nous fera trop d’effectifs ici, donc un échange
nous arrangerait. Tu es la plus jeune du service et aussi celle qui n’a pas
d’attaches
-
Du coup, c’est déjà acté ou je peux y
réfléchir ?
-
Tu peux y réfléchir. Tu as encore
quelques mois, le temps que ses enfants finissent l’année scolaire. Et
crois-moi, tu aurais tout intérêt à quitter Cotonou.
Il a dit ça en me
regardant droit dans les yeux comme s’il essayait de me faire passer un
message. J’ai eu beau réfléchir, je n’ai pas pu comprendre ce dont il pouvait parler.
Il n’a pas voulu approfondir, me demandant juste de bien réfléchir à sa proposition.
Il avait à peine refermé ma porte que je recevais un message de Ronel qui après
avoir disparu tout un weekend avait joué au chat et à la souris avec moi toute
la semaine.
« Acceptes de
passer ce weekend avec moi. Tu comprendras tout. Je sais que tu es fâchée, mais
ne dis pas non, je t’en prie. Ce sera juste toi et moi. Tu ne regretteras
pas »
En d’autres temps,
j’aurais boudé. Mais il faut croire que l’amour me rend molle du cerveau. Suivant
ses consignes, je suis arrivée au boulot le vendredi avec un petit sac de
voyage. En dépit de toutes mes questions, il n’a pas laissé filtrer le moindre
indice sur notre destination. Ce n’est qu’en garant sur un parking quelques
heures après être partis de Cotonou qu’il m’a dit bienvenue à chez Théo. Nous
sommes à Possotomè.
Ronel
Il est enfin arrivé.
C’est the weekend ! Je connais les femmes depuis de nombreuses années. Au
fond d’elles, elles sont toutes les mêmes. Peu importe leurs principes, leur
indépendance et leur grande gueule, elles fondent immanquablement devant les
attentions qu’on leur fait. Et si malgré tous mes efforts elles me résistent,
Bramah est jusqu’ici une solution infaillible.
Je lui ai demandé de
m’attendre à la réception pendant que j’allais déposer nos affaires dans notre
bungalow et m’assurer que tout avait été préparé comme je le voulais. En
réalité, je n’avais pas fait grand-chose. Après tout je ne suis là que pour
deux choses, le pari et me vider les couilles. Le weekend dernier Rosine a
donné naissance à notre petite princesse, la prunelle de nos yeux. Nous l’avons
appelée Cathia. Je dois donc en finir au plus tôt avec cette histoire pour me
consacrer à ma petite famille. Ce qu’Evelyne ignore, c’est qu’à partir de lundi
je serai en congés pour profiter des femmes de ma vie. Ma femme me manque
terriblement. J’ai hâte que nous puissions nous retrouver. La maison n’avait
plus le même attrait sans elle.
Une fois le bagagiste
parti, j’ai allumé les veilleuses de la chambre avant de répandre entre les
pétales au sol, la poudre magique en marchant à reculons vers la sortie.
-
Jeune fille, vous pouvez vous lever. La
chambre est prête
-
Le vent est si bon ici. On peut rester
encore un peu ?
-
Tu as tout le weekend pour savourer cet
air frais. J’ai une petite surprise pour toi que j’ai hâte de te montrer. Ne me
fais pas attendre s’il te plaît
Elle s’est levée en
traînant des pieds. En tout cas ma chérie, tu montes, tu descends, tu passes à
la casserole cette nuit, me suis-je dit in petto. Je lui ai demandé de me
précéder dans la chambre. Je suis restée à l’entrée de la chambre pendant
qu’elle faisait le tour du propriétaire, allant et venant à plusieurs reprises
dans les pétales éparpillés au sol.
-
Je te trouve bien silencieuse. Tu
n’aimes pas ?
-
J’adore. Je suis juste trop émue pour
trouver les mots justes
-
Un baiser suffirait
J’ai refermé la porte
en la rejoignant à l’intérieur pour la prendre dans mes bras et l’allumer d’un
baiser torride, histoire de donner le ton de la soirée. Nous sommes ensuite
ressortis faire le tour du propriétaire de nuit. C’était sa première fois. Je
ne compte plus les miennes. C’est mon lieu de prédilection pour embrouiller les
dames. Loin de cotonou et aux périodes bien choisies, loin des yeux et oreilles
indiscrets. Nous avons ensuite diné dans l’une des paillottes, spécialement aménagée
pour un tête à tête amoureux sans aucune interruption. Nous avons fait le
service nous-même.
Evelyne
Plus la soirée avance,
et plus j’ai le cœur qui bat, genre super fort. Au point où je l’entends dans
mes tempes. J’aimerais pouvoir profiter de la soirée, mais pour une raison que
j’ignore toutes mes pensées vont vers Kylian, sa voix, son sourire, ses
blagues. Je crois que c’est une farce de mon cerveau pour me détourner de ce
qui se produira inévitablement ce soir. Je l’ai su à l’instant où j’ai vu cette
chambre. Mais suis-je prête ? Suis-je prête à abandonner un vœu que j’ai
fait et chéri de si longues années ?
Tout au long du dîner,
je ne trouve pas de réponse à cette question qui me tourmente. Alors j’enchaîne
les cocktails que me prépare Ronel pour son plus grand plaisir. Alors que nous
rentrons en chambre après une petite balade digestive, il me tend un paquet.
-
Qu’est-ce que c’est
-
Tu n’as qu’à l’ouvrir pour le savoir
Je découvre en premier
une enveloppe avec des bilans de santé. Et ensuite dans un écrin, une bague
autour d’une fine chaîne.
-
Qu’est-ce que ça veut dire ?
-
Nous ne sommes plus des enfants Vivi. Je
sais que tu sais ce que ça veut dire. Je pense t’avoir montré au cours de ces
derniers mois combien je tenais à toi. Je sais que parfois tu doutes. C’est
pourquoi cette bague d’engagement je l’ai mise sur une chaine. Je serai honoré
de la voir autour de ton doigt si tu te sens prête à cheminer avec moi vers le
mariage. Mais si tu as besoin d’un peu plus de temps mais que l’idée te parle
malgré tout, acceptes de la porter au cou
-
Je n’arrive pas à croire que tu sois si
patient envers moi. Et moi qui pensais que…
-
Ne dis rien…
Il s’est approché de
moi, me reprenant l’écrin pour le poser sur la table et m’a déshabillée en
parsemant mon corps de baisers. Nous avons ensuite pris une douche ensemble
avant de nous installer devant la télé en discutant de tout et de rien. Puis une
chose en entrainant une autre nous nous sommes mis à nous embrasser et très
vite la température est montée entre nous. Mon cerveau me hurlait d’arrêter
mais mon corps brulait de partout. Je vous jure que ce type avait un don
anormal dans les doigts. J’ai cru mourir lorsqu’il les a introduits en moi
alors que j’étais agenouillée face à lui sur ce lit, toute nue et écartée au
maximum tant j’avais envie de le sentir.
A un moment je me suis
écroulée sur le lit tellement mes jambes tremblaient. Il ne m’a pas donné le
temps de réfléchir qu’il était au-dessus de moi, préservatif mis, prêt à me
prendre. J’ignore d’où m’est venue cette force mais j’ai croisé très fort mes
jambes en posant ma main sur sa poitrine pour l’arrêter.
-
Attends…. Donne-moi quelques minutes…
je… j’ai besoin de temps
Ses yeux et son
expression sont devenus si sombres que j’ai bien cru qu’il me tuerait sur
place. Une grosse veine est apparue sur son front. J’avais l’impression de la
voir battre. Après un moment qui m’a semblé interminable, il s’est redressé en
s’asseyant sur le lit.
-
Tu peux au moins me branler pour faire
redescendre la pression ?
-
Je…
-
(voix très très grave) tu ne te trouves
pas un peu égoïste là ? tu as une idée de ce que ça fait de devoir te
désirer et me contenir à chaque fois ? sais-tu seulement à quel point
c’est difficile ? tu imagines un peu comment tu te sentirais si je te
plantais en plein milieu d’un orgasme ? ce moment où tu me hurles d’aller
plus vite avec mes doigts ou ma langue ? et tu hésites alors que je te
demande juste de me branler ?
Avant que je ne puisse
en placer une, il a disparu dans la douche. J’ai entendu l’eau couler quelques
minutes avant qu’il ne ressorte, toujours en érection. Sans un mot, il a enfilé
tant bien que mal un pantalon avant de sortir la mine renfrognée.
Je l’ai attendu une
bonne partie de la nuit sans le revoir. Il avait laissé son téléphone en
partant donc impossible de le joindre. Je m’en suis voulu. J’avoue que j’étais
la première à ne pas comprendre mon comportement. Je me suis promis de me faire
pardonner dès qu’il reviendra. Il était quatre heures lorsque j’ai entendu la
porte s’ouvrir. Je me suis assise sur le lit. Il m’a ignorée. Sans un mot, il
s’est déshabillé, ne gardant que son boxer, avant de se coucher me tournant le
dos. Je me suis couchée à mon tour, collant ma poitrine nue contre son dos.
-
Je ne suis pas d’humeur à jouer au chat
et à la souris. Rhabille-toi et couche-toi à l’autre bout du lit
Je n’ai pas pris la
peine de lui répondre. Les actes parlent bien mieux que les mots, je me suis
mise à parsemer son dos de baisers avant de prendre son sexe en main, aidée du
lubrifiant qu’il avait apporté. Au bout de cinq minutes, il était au-dessus de
moi, me regardant droit dans les yeux.
-
Tu es sûre que tu le veux ?
Est-ce que j’ai cœur de
dire non à l’heure-là ? Je tiens à rentrer vivante chez mes parents. Je
n’ai jamais été aussi moins sûre de ma vie, mais je ne pouvais plus reculer.
-
Tu m’aimes ?
-
Plus que tout
-
Alors viens
J’ai vu l’étonnement se
peindre sur son visage au fur et à mesure qu’il me pénétrait et réalisait la
terrible vérité ; je n’étais pas vierge. Je suis sûre qu’il le sait, qu’il
l’a senti.