Partie 11 : Le face à face

Ecrit par Fleur de l'ogouée

 

Koumba Marimar

Je n’ai pas vu Marc depuis plusieurs jours, on se parle de temps à temps mais la situation m’arrange, je dois aller faire le test de grossesse sanguin, le médecin que j’ai vu il y a trois semaines m’a conseillé d’attendre d’avoir du retard avant de faire des examens, parce que les tests urinaires peuvent avoir des faux positifs. En rentrant de l’hôpital tout à l’heure ma vie va changer pour de bon. A la fin de mon service de ce matin j’ai pris la permission chez Raoul pour raison médicale et il à accepter sans tracas. Je me dirige à Jeanne Ebori qui n’est pas très loin de mon lieu de travail, je prends le taxi et j’ai peur, peur de ne pas être accompagnée dans cette étape de la vie. Je me dirige vers le laboratoire après avoir régler à la caisse, dans la salle d’attente j’essaye de me vider l’esprit, en me répétant que Marc ferait un bon père et que nous formerions une bonne famille. Enfin c’est mon tour, je m’assois en face d’une dame hostile, sa blouse blanche délavée, ses mains et son ton sec ne me mettent pas en confiance. Je ferme les yeux et malgré mon appréhension tout ceci se passe vite, elle me demande de sortir et d’attendre les résultats qui seront prêts dans quelques minutes. Assise dans cette salle je réfléchis à ma vie, j’avais toujours imaginé vivre ce moment avec un mari à mes côtés, mais voilà que je reproduis le même schéma que maman, les habitudes ont la peau dures dit-ont.

La nouvelle est tombée, je suis bien enceinte, il faut que je fasse une échographie pour qu’on sache à quel mois j’en suis et commencer le suivi prénatal.  Je ne sais pas trop comment réagir, quand le médecin m’a dit qu’il était possible que je ne sois pas enceinte, je m’en suis réjoui, je n’étais pas préparée psychologiquement à ce que le résultat soit positif aujourd’huit. Un peu perdue j’appelle Cynthia pour lui dire la nouvelle, elle jubile cette folle et me demande de passer chez elle. Je prends un taxi et me retrouve chez elle en quelques minutes, depuis qu’ils se sont fiancés mademoiselle a prit ses aises dans la maison, elle a apporté la touche féminine qu’il manquait dans cette maison. Je m’assois et je reste silencieuse pendant que Cy se fait des films sur ma maternité et sur ma relation avec Marc.

-Tu ne parles pas ?

- Il ne m’appelle plus, il a disparu je vais me retrouver sans soutien, avec un enfant sur les bras Cynthia

- Mais maman avec moi dans les parages, tu penses qu’il aura le choix. Il va assumer cet enfant, aucun de vous n’a penser au préservatif alors vous allez assumer à deux

Je rigole devant tant de spontanéité, malgré que je sois seule ici je sais que je pourrais compter sur ma sœur de cœur. Alors qu’on s’apprêtais à préparer le diner Yéno le fiancé de Cy à débarquer tout joyeux, sa petite entreprise de BTP vient de décrocher un contrat juteux, pour fêter la nouvelle il nous invite diner dans un restaurant chic. Malgré mon humeur, je laisse madame me maquiller, elle a sorti une robe de son placard et m’a demandé de l’enfiler après avoir pris ma douche. Une fois toutes les deux maquillées et pouponnées nous retrouvons monsieur dans le salon et nous dirigeons vers le fameux restaurant. En quelques minutes nous arrivons à ce restaurant de bord de mer, le décor est magnifique, je n’aurai jamais cru que je rentrerais dans ce genre d’établissement un jour, je suis heureuse à cet instant que Cy ait insistée pour me pouponner, je ne me sens pas de trop, pour une fois je n’ai pas l’impression ne pas être à ma place. Une serveuse nous installe à une table en face de la mer, c’est magnifique, cela me rappelle cette soirée avec Marc, il me manque. La carte contient des plats aux noms qui me sont inconnus, je me contente de ce plat de poulet tandoori, j’aime le poulet donc j’espère que ce qu’ils appellent tandoori sera bon. Alors que nous discutions, je ressens soudain le besoin de regarder derrière moi et là, j’aperçois Marc-André, il est accompagné par une jeune femme magnifique, moi qui me sentais belle, je ne suis qu’une tâche d’encre à côté, nos regards se croisent. J’ignore s’il s’agit de sa copine officielle ou d’une autre conquête, je soupire sous le regard exaspéré de Cynthia qui a elle aussi aperçu Marc et cette femme.

-Mais va le voir, au lieu de tourner la tête, tu finiras par avoir le torticolis

-Qu’est-ce que tu veux que j’aille dire ? Il est occupé, en plus que je savais qu’il avait quelqu’un, je n’ai pas le droit de me mettre dans tous mes états

-Marimar tu portes son enfant dit-elle tout bas

Je profite du fait que Yéno prenne la parole pour changer de sujet, je ne suis pas la mieux passer pour taper un scandale. Je ne peux m’empêcher de regarder en leur direction, ils ont l’air si amoureux, quelle idiote, je n’ai été qu’un plan cul pour lui. Soudain il me vient à l’idée de lui envoyer un message et de regarder sa réaction en direct, je prends donc mon téléphone et je lui envoi ce sms « J’aurais espéré être considérée, mais je ne me plaindrais pas, il faut néanmoins que je te parle au plus vite ».                                                                                                                                                                                                         

Après avoir lu le message il lève la tête et nos regards se croisent le mien est froid et le sien confus. Nous continuons de dîner en paix, le plat que j’ai commandé était délicieux je l’ai dégusté jusqu’à la dernière bouchée. Marc et son accompagnatrice sont partis pendant que nous mangions, il n’a pas répondu à mon message, j’ai décidé de profiter de cette soirée la tempête n’est pas bien loin. Une fois le repas fini alors que nous rentrions, j’ai reçu un sms de Marc ‘’ J’arrive chez toi’’, je ne sais pas trop si je suis joyeuse ou furieuse, cependant je demande à mon beau frère de me déposer à la maison, Cy avec qui j’avais prévu de passer le week-end comprend tout de suite ce qui se passe. Quand j’arrive, il est garé à la station, je m’approche et il me demande de rentrer, je pensais qu’on irait à la maison.

-Tu es magnifique

-Ce n’est pas pour ça que tu es là Marc, va droit au but

-Je suis désolé pour mon absence et ce silence de ma part

-Tu n’as pas à être désolé, tu semblais si heureux avec elle tout à l’heure, au final c’est moi le dindon de la farce

-Ecoute je ne t’ai pas dit que j’étais en couple, je n’ai pas joué carte sur table et je suis désolé. J’aurais dû dire la vérité dès le départ, je ne suis pas un menteur, mais j’avais peur de ta réaction. Tu sais que je tiens beaucoup à toi

-Ok, Marc et je suis quoi pour toi ? Il faut que la situation soit claire avant l’arrivé du bébé, je ne veux pas qu’il grandisse sans père

Il ouvre grands les yeux pendant que je parle, énervé je fouille mon sac et je sors le résultat du test de grossesse, il lit le papier attentivement et sans aucune réaction descend de la voiture. Je ne sais pas quoi penser, je suis fatiguée. Il ouvre ma portière et contre tout attente m’enlace, il à l’air heureux, je suis confuse.

-Tu n’es pas fâché ?

-Non je suis un homme comblé, je vais enfin être père

Un peu désappointé je le laisse tout de même jubilé, il n’a certainement pas conscience de ce dont quoi nous nous engageons. Un enfant dans un triangle amoureux, nous sommes deux irresponsables comme l’a dit Cynthia et sa joie m’énerve, à mon avis il minimise la situation. Il me raccompagne à la maison et promet de passer dimanche en après-midi, c’est le cœur plus léger que je m’en dors le plus dur reste à venir.

Ce matin je me suis sentie nauséeuse mais après un verre de citronnelle les nausées se sont estompées. Allongée sur mon lit, j’écoute quelqu’un taper à la porte, quand j’ouvre je suis surprise de voir la femme avec qui Marc était hier soir, elle est majestueuse, sur ses talons hauts perchés elle me dévisage

-Qu’est-ce que vous me voulez ? Dis-je

-Je suis Nina Mbuedi celle qui va détruire ta vie si tu n’arrête pas de tourner autour de mon homme.  

Je la toise aussi, se permettre de venir jusqu’à chez moi pour me menacer, elle devrait s’assurer de satisfaire son homme avant de songer à menacer qui que ce soit

-Je t’ai laissé faire la bamboula, te faire baiser à l’hôtel, dans la voiture mais maintenant ça suffit la récréation est terminée. Comment ose tu envoyer un message à un homme alors qu’il est avec sa fiancée ?

-Ma relation avec Marc ne regarde que nous deux, je l’envoi un message si j’en ai envie. Mais de quoi avez-vous peur au point de venir me menacer chez moi ?

-Qui parle de peur, j’ai éliminé des concurrentes plus tenaces, tu ne fais pas le poids ma petite. Nous ne sommes pas dans une télénovelas chère Marimar, nous sommes dans la vraie et dans la vraie vie les gens comme moi gagnent toujours. J’ai trouvé un terrain, j’ai bâti ma maison, je l’ai meublé et tu penses que tu vas tranquillement t’y installer ? Moussavou c’est mon terrain, il est à moi.

Elle tourne ses talons, je ne suis absolument pas déstabilisée, quand on a connu que la galère dans sa vie, ce n’est pas un discours de fille pourrie gâtée qui peut nous faire peur. Je l’entends discuter avec Gisèle dans la cour, celle qu’on connaît pour sa grande bouche parle si posément avec l’autre chouette, vraiment quand tu as l’argent on te traite différemment, mais si elle pense qu’elle a trouvé sa moins chère, que la meilleure gagne.

J’attends un enfant de Marc-André et sa réaction d’hier me laisse penser qu’il accorde beaucoup d’importance à avoir une descendance, je ne lui ai pas demandé s’il a déjà des enfants, je vais le faire dimanche, mademoiselle a du pain sur la planche avec moi, je suis là pour durer.

 
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