Partie 16 : « Le cœur a ses raisons que la raison ignore »

Ecrit par Fleur de l'ogouée

Koumba Marimar

Jackpot! Marc s’est presqu’installé ici, il dort au moins trois fois par semaine ici, je ne sais pas ce qu’il dit à sa Nina pour pouvoir découcher mais ce n’est pas mon problème, j’ai retrouvé l’homme que j’ai rencontré il y a 6 mois, un homme gentil et avenant. Il me gâte tellement, même Cy qui était fâché contre lui est désormais son avocate quand je boude pour rien. Je ne sais pas s’il est l’homme de ma vie, je ne sais pas comment allons nous gérer notre parentalité, mais une chose est sûre, je suis heureuse en ce moment, la vie m’a accordé un peu de répit et je tiens bien à en profiter, quand on a connu que larmes et apitoiement, le moindre temps de bonheur que la vie nous donne nous l’accueillons avec joie. Ce matin comme souvent il a fait le petit déjeuner, je me réveille, me douche et m’attable tranquillement, c’est agréable d’être autant chouchouté, je suis contente. Je sais que ce n’est qu’une parenthèse mais je ne boude pas mon plaisir, je profite de chaque minute de bonheur qu’il me donne, sa relation nous n’en parlons jamais, ni de comment allons nous gérer la parentalité dans tout ce mélodrame amoureux. Une fois mon petit dej et mes comprimés avalés nous nous mettons en route pour le boulot, quand sous le regard méfiant de Raoul j’arrive sourire aux lèvres, toutes mes collègues sourient simplement, elles me trouvent rayonnantes depuis quelques semaines et disent toutes que la grossesse me va si bien, la seule personne qui connaît mon secret est Raoul, il sait que je ne suis que le deuxième bureau. Bosser n’est pas difficile, je me sens toujours en pleine forme, je crois que je vais travailler jusqu’à ce qu’il faille prendre mon congé maternité, tout cela est assez excitant, j’ai hâte de le rencontrer mon petit garçon. Être mère n’était pas dans mes projets à court terme, mais maintenant que je suis lancé, j’ai l’impression que c’est le puzzle qui manquait à ma vie, j’ai peur de ce qui va arriver, ma situation amoureuse pourrait m’affecter, mais j’espère que peut importe comment les choses vont se dérouler je serais assez forte pour bien m’occuper de mon fils.

En sortant du boulot, nous allons marcher au bord de mer, dans le silence de la nuit tout comme la première fois, en si peu de temps nous avons vécus tant de choses, est-ce que cet enfant est le seul lien qui me lie à Marc ? Je ne crois pas, je sens son cœur battre au même rythme que le mien, c’est inexplicable mais je me sens si proche de lui, je l’aime.

 

Marc-André Moussavou

 

Les jours passent et la routine s’installe entre Mari et moi, j’apprécie sa compagnie, c’est un vrai pitre, sa simplicité m’a toujours attiré, néanmoins je me sens si mal de ne pas être avec Nina, j’étais chez elle la semaine dernière elle n’y était pas, je vais allez faire un tour demain, j’ai besoin de la voir, de la toucher, je suis si confus. D’un côté j’ai une gentille fille qui porte mon fils et qui va faire de moi un père et de l’autre côté j’ai cette femme magnifique que j’aime tellement, je ne sais pas comment gérer mes émotions, il faudra bien que je mette de l’ordre dans tout ceci, mon garçon mérite de vivre dans un environnement sain et pas dans un triangle amoureux orchestré par son père. La société me jugera peut importe le choix que je ferais, Nina je l’aime mais tout le monde ne voit que son argent et comment elle m’a poussé vers le haut, personne ne cherche à connaitre nos sentiments et j’avoue en avoir souffert, j’ai été complexé d’être le moins nantis de ce couple mais je n’aurais pas dû mettre ma frustration sur elle. En face il y à Marimar, une femme de ma condition avec une enfance difficile et un passé complexe, elle est le choix facile, jeune, malléable, facile à gérer, mais comme je n’aime pas la facilité.

Ce matin en la déposant au boulot, je lui dis qu’on ne se reverra que le week-end, il faut que j’aille supplier Nina aujourd’hui, l’orgueil n’a pas sa place en amour. Après une journée de travaille fructueuse, je me dirige à la bijouterie prendre le collier que j’ai commander il y a trois jours, ensuite j’irais chercher la composition florale chez un fleuriste du centre-ville. Il est 18h quand j’arrive chez elle, elle a un nouveau gardien qui ne me connait pas il me refuse l’accès et elle aussi ne répond pas à son téléphone. La sablière c’est un quartier résidentiel assez calme, je me gare et attend je ne sais quoi. Lorsque Julie notre dame de ménage arrive de je ne sais où, elle se porte caution pour moi et garanti à monsieur muscle que je suis le fiancé de la patronne, il m’enregistre et me fait rentrer finalement. La maison est immense, nous étions venus ici quelques fois, elle voulait que l’on emménage ici, mais je tenais à assumer mon rôle de mâle, lui mettre un toit sur la tête était une question d’honneur pour moi. Quelques minutes plus tard c’est une Nina détendue et magnifiquement belle qui fait son apparition.

-Moussavou que puis-je faire pour toi ?

-Dis moi quand même bonsoir non, tiens ceci c’est pour toi

-Merci, bon tu veux quoi je suis occupée ?

-Tu me manques, je veux que tu reviennes à la maison, que l’on reprenne là où nous en étions

- C’est tout ?

-Qu’on reprenne nos projets de mariage, qu’on fonde une famille et qu’on s’aime pour la vie

-Bref, tu parles beaucoup pour ne rien dire. J’y vais

-Attend je t’en prie, je m’excuse pour toutes les souffrances que je t’ai causées, je m’excuse pour mes multiples infidélités, je m’excuse de ne pas t’avoir fait passer avant tout, je m’excuse de ne pas avoir été l’homme que tu mérites, je m’excuse pour toutes les fois où j’aurais dû te soutenir et au lieu de ça je t’ai tourné le dos. Nina je t’aime et je veux passer le reste de mes jours avec toi

Adoucie, elle reste silencieuse. J’ai envie de l’embrasser, de la prendre dans mes bras, elle m’a vraiment manqué mais je ne veux pas brusquer les choses, les choses se feront naturellement.

-Marc tu attends quoi de moi ? Tu veux que je revienne pourquoi ? Être la nounou ou la marraine de votre enfant ? Ou bien pour être la femme désespérée qui accepte d’avoir une rivale officielle ? Tu veux quoi ?

-Nina, je te veux toi parce que je t’aime et que ta place est à mes côtés

-Bloque toi d’abord, donc en gros tu penses que ma mère m’a accouché pour toi hein, tu t’entends parler ? Un peu de dignité quand même

Silencieux nous restons là face à face, le vent marin soufflant sur nous, c’est comme si le temps c’est arrêté, aucun de nous ne fait de mouvement. Quand je voulais enfin faire le premier pas, elle a rompu le silence

-Marc c’est fini, cette fois ci c’est définitif, tes cadeaux et tes belles paroles ne me feront pas changer d’avis, tu m’as assez manqué de respect

-Tu penses que si on avait eu un enfant on serait plus heureux ?

-Je ne crois pas, tu es à la recherche de toi-même et moi aussi, et de toute façon je n’aurais pas d’enfant, il m’a fallu plusieurs années de thérapie pour l’accepter

-Comment t’as su que tu n’aurais pas d’enfant ?

-Je n’ai pas d’utérus

-Pardon ?

-Je suis tombée enceinte à 14 ans et par peur que papa me chasse comme il l’a fait avec mon aînée dont plus personne n’a des nouvelles, j’ai décidé d’aller me faire avorter. Avec mes meilleures amies nous sommes allées à Malabo avec la maman de Félicia qui était ambassadeur à l’époque, on avait l’habitude d’aller passer les week-ends là-bas, donc mes parents ne se doutaient de rien. Sa cousine nous a emmené dans une clinique pour faire l’avortement, malheureusement c’était un charlatan, nous avons su plus tard que ce n’était même pas un vrai médecin, il a fait n’importe quoi et à causer une hémorragie grave. Du coup j’ai été emmené à l’hôpital où ils m’ont fait une hystérectomie d'hémostase donc sectionner mon utérus pour me sauver, j’ai passés les jours les plus difficile de ma vie, maman est venue quand elle a su ce qui se passait et ce n’est que trois jours plus tard qu’elle m’a dit que le médecin lui a dit que je ne pourrais pas avoir d’enfant, même papa n’est pas au courant cette histoire

Elle fond en larmes et je la prends dans mes bras, 10 ans de relation et je n’étais pas au courant de ce par quoi elle est passée, elle donne l’impression que rien ne l’atteint alors que c’est faux, cette carapace qu’elle a créée pour se protéger l’éloigne des personnes qui l’aiment et cette manie de ne jamais se montrer vulnérable m’a poussé à toujours faire plus de conneries, je voulais qu’elle réagisse, qu’elle craque comme elle l’a fait il y a quelques semaines, mais j’avais toujours droit à la Nina fière.

-Voilà mon histoire Marc, je n’aurais pas d’enfant et je pensais que tu t’en contenterais, je n’ai jamais jugé utile de te raconter tout cela peut-être j’ai eu tords mais j’avais enfui tout ceci profondément dans ma tête. J’ai effacé cette histoire de ma mémoire et j’ai fait tout un déni

-Tu es une femme forte Nina, personne ne se douterais que tu as vécu une histoire pareille, à 14 ans tout ceci à voler ton adolescence et j’en suis désolé. Tu aurais dû me le dire, je ne suis pas un monstre, oui je voulais avoir des enfants avec toi, mais il y a plusieurs manières de fonder une famille de nos jours, on aurait trouvé un moyen

-Te le dire aurait changer quoi ? Je ne voulais pas de ta pitié, c’est ton amour et ton respect que je voulais et qu’est-ce que j’ai reçu en retour, humiliation, larmes et tourmentes

Elle se dégage de mon étreinte, son regard est froid et méprisant, ce n’est plus la même femme qui pleurait à l’instant. Je ne sais pas ce que j’ai encore dit qu’il l’a vexé, je n’ai pas envie de gâcher ce moment

-J’ai déjà tout donné pour cette relation, je n’ai plus d’énergie, c’est fini je veux vivre ma vie et avancer, je ne veux pas entrée dans la trentaine dans une relation qui n’a pas d’avenir

-Nina, si tu penses que je vais m’avouer vaincu tu te mens à toi-même, je vais me battre pour sauver cette relation et pour te prouver mon amour

-Ne me fait pas le bruit Marc, va-t’en j’ai du boulot

J’aimes les défis et là elle vient de m’en lancer un, c’est troublé que je rentre à la maison. J’avais déjà beaucoup d’admiration pour elle, alors aujourd’hui je suis retombé amoureux de cette belle personne. Le salon est si vide, il est propre mais vide, plus jamais je ne provoquerai la colère de mademoiselle Mbuedi, elle a tout cassé, quand j’y repenses toutes cette rage la rendait si sexy. Je me pose dans ma chambre et relis quelques dossiers, je mange un sandwich en essayant de bosser. Au final la solitude à du bon, j’ai avancé sur tout mes dossiers, maintenant je suis fatiguée de ne pas la trouver quand je rentre, Nina doit revenir, c’est ma mission prioritaire. 

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