Partie 15 : deuxième trimestre

Ecrit par Fleur de l'ogouée

Koumba Marimar

Déçu du comportement de Marc il ne fait plus aucun effort, la semaine dernière il m’a planté au rdv chez le gynécologue alors qu’il m’avait promis d’être là et depuis il ne fait plus signe de vie, j’ai l’impression d’être une mère célibataire, mon ventre s’arrondit il est de plus en plus visible, je sens le regard des collègues mais personne n’ose poser de question et c’est mieux ainsi, je me suis vraiment foutu dans un bordel, qu’est-ce qui m’a pris d’aller à la chasse à l’homme, peut-être en faisant cela je suis passée à côté du véritable homme de ma vie. Encore un sms laissé sans réponse, je me sens si faible depuis que je suis rentrée du boulot, il faut dire aussi que je n’ai rien avaler depuis hier, ma tête tourne et je me sens étrangement faible, j’appelle Cynthia je sens que mon corps ne va pas tenir sur le point de m’évanouir je lui demande de venir, je cherche le numéro de Marc mais j’ai juste le temps de lancer l’appel avant de sombrer.

 

Quand je reviens à moi, je suis dans un lit d’hôpital, je ne sais pas combien de temps se sont écoulés depuis la dernière fois que j’ai été lucide. Cynthia se tient là, elle est endormie mais quand je fais tomber la télécommande qui était sur le lit, elle se réveille

-Je dis hein Koumba ça à cause de Marc que tu vas mourir ?

-Oh ?

-Le médecin dit que tu as l’air de subir un grand stress et je sais que c’est l’absence de l’autre connard qui te rends comme ça, ressaisi toi jeune dame

-Tu es rentré dans la maison comment ?

-Quand Yeno et moi sommes arrivés on a frappé à la porte fatiguée, ensuite on a dû demander au gardien de nous aider à crocheter la serrure, heureusement qu’il nous connait, on t’a trouvé allongée sur le sol et nous sommes venus ici vu qu’ils ont déjà ton dossier médical. Tu te rends compte que ton stress et le fait que tu ne te nourrisses plus correctement peuvent nuire au développement de ton bébé

-Je ne fais pas exprès Cy, je suis juste préoccupée mais je ne savais pas l’influence que ça pouvait avoir sur ma grossesse, je ne ferais pas volontairement de mal à mon bébé

Je sens quelques gouttes humidifier mes yeux, je suis la seule responsable de mon malheur actuel, guidée par mon instinct je ne savais pas que la roue pouvait à ce point tourner, où est passé le Marc-André qui à sauter de joie à l’annonce de la grossesse ? Où est passé l’homme qui me couvait d’amour et d’attention ? Cynthia fulmine, elle se lève prend mon téléphone et lance un appel

« Marc-André quand on ne veut pas d’enfant on verse à coté ou on s’abstient, tu ne va pas me tuer l’enfant avec tes conneries. Comporte-toi en homme s’il te plaît, nous sommes à la clinique dans la chambre 18, ne me fait pas regretter de t’avoir considéré » Sans attendre qu’il ne puisse placer un mot, elle a raccroché et est sorti de la chambre rejoindre son copain qui a apporté un sac avec des affaires, elle passera la nuit avec moi, à croire que c’est elle le père du bébé, je n’aurais jamais cru que c’est comme ça que je vivrais ma première grossesse. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, je savais qu’il était occupé mais j’ai choisi de n’en faire qu’à ma tête, ayant grandi sans un père, ayant subit des choses horribles dans ma jeunesse, je n’aurais jamais cru que je me serais embarquée dans ce genre de combat, je l’aime vraiment, mais je ne peux pas aimer pour trois, cet enfant je ne l’ai pas désiré mais je dois bien m’en occuper.

 

Marc-André Moussavou

Je ne sais pas quel jour nous sommes, les jours et les nuits se ressemblent tous, mon fidèle ami whisky me tient compagnie pendant ce moment de souffrance. Je ne sais pas ce qui m’arrive mais mon cœur est brisé au sens propre, je ressens une douleur vive en arrière du sternum, j’ai l’impression que mon cœur se consume, j’ai besoin de Nina, qu’elle me dise que ce n’est pas fini, qu’elle m’aime encore et qu’elle me pardonne. Voulant voir l’heure je constate que mon téléphone est déchargé depuis je ne sais combien de temps, je ne sais pas où peut bien être ce foutu chargeur, je slalome entre tous les débris de verres pour aller dans la chambre, ce grand dressing vide me rappelle qu’il manque quelque chose à ma vie, il manque la partie la plus importante. Je fouille la chambre à la quête d’un chargeur et je tombe sur le carnet de naissance, ce si petit objet qui a détruit ma vie, je l’aurais bien déchiré mais quelqu’un sonne, je me précipite vers le portail, peut-être c’est Nina, malheureusement ce n’est que Tim, je l’invite à entrer

-Mais man il y a eu la guerre dans votre salon ? C’est comment ? La go de H nous a dit que Nina a pris ses affaires et à déménager, depuis j’essaye de t’appeler et tu ne réponds pas. Qu’est ce qui se passe ?

-Bro tu me pose combien de question en même temps, en tout cas Nina est partie, on s’est discuté quand elle a appris que Marimar est enceinte

-Nda ne me dis pas que ta mini nga est enceinte, toi aussi tu as le caviar à la maison mais c’est sardine fumée qui t’attire ? Tu as chié

-Je sais man, Nina c’est mon terminus depuis qu’elle est partie je me sens si vide

-Bref regarde comment tu es comme un détenu, prends une douche et enfile une tenue de sport

Je m’exécute sans protester, je n’en ai même pas la force, nous courons jusqu’au bord de mer, puis nous faisons le sens inverse, ça fait tellement du bien de sentir à nouveau l’air sur mon visage après tous ses jours passés enfermer dans la maison à pleurnicher. Tim c’est un ami extraordinaire, il ne me juge pas et me conseil de me ressaisir, en rentrant je mets enfin ce foutu téléphone en charge, quelques messages de Marimar, des mails pros mais rien d’extraordinaire.

-Man pour tous ce bazar il va falloir faire appel à une agence de nettoyage ponctuel, ils vont te taxer hein, mais tu ne peux pas continuer à vivre comme ça, ce n’est pas en t’apitoyant sur ton sort que tu vas la récupérer, ressaisis-toi.

-Je sais man

-Bon j’y vais, on se voit le week-end pour aller décompresser un peu

Je me douche et me fait une omelette, vu l’état du salon, je me pose à la terrasse pour prendre l’air et continuer à me vider l’esprit, ce n’est que quand les moustiques commencent à me faire la fête que je rentre. Mon téléphone sonne et c’est Marimar en rentrant du sport j’ai vu un appel en absence mais j’ai eu la flemme de rappeler, vu qu’elle insiste je me sens obligé de répondre, mais à peine ai-je dit allo que la personne à l’autre bout du fil m’agresse, apparemment la femme enceinte à fait un malaise. Mais je suis bien trop fatigué pour aller quelque part, j’appelle donc la clinique et demande à parler au médecin de garde, il reste assez évasif et me dit que son gynéco me donnera plus d’info demain, je me couche tout de même en sachant qu’elle et mon bébé vont bien, je ne vais pas foncer à l’hôpital comme un chevalier servant, psychologiquement je n’en ai pas la force. Ce matin j’envoie un sms à Marimar pour lui dire que je passerais la voir en sortant du boulot, un de mes collaborateurs m’a couvert mais je ne vais tout de même pas en abuser, il faut que je me ressaisisse. C’est dans un ensemble bleu nuit en bazin riche du Mali que j’atterri au bureau, j’ai passé ces derniers jours dans le noir maintenant j’ai envie de remonter la pente, ce n’est pas la version de Marc-André là qui arrivera à reconquérir Nina Mbuedi. Frais comme un poisson sorti de l’eau, personne ne peut imaginer que je sors de quelques jours de dépression, toutes les femmes se retournent à mon passage, mon égo revit.

En sortant du boulot je fais quelques achats et je fonce à la clinique voir la première femme enceinte du Gabon, au point où je ne peux plus respirer. Dans la chambre je trouve sa sœur de cœur qui me dévisage, elle a cru que son monologue d’hier m’aurait fait rappliquer à la seconde près, moi Mousssavou, elles ne me connaissent pas encore bien. Je dépose, ce que j’ai apporté sur la table, l’autre boude, pendant l’une me toise. Je m’assoie sur la chaise près du lit

-Tu vas bien Marimar ?

-Oui

-Qu’est-ce qui se passe ? Je viens de discuter avec le médecin et il à mentionner du stress et pas mal de carence

-Je ne sais pas

-Tu prends au moins le fer chaque jour ?

-Parfois j’oublie

-Désormais je vais te le rappeler, ce n’est pas grave il m’a rassuré que l’enfant se développé bien d’après l’écho qu’il t’a fait ce matin 

-Hummm

-Tu veux rentrer ? Ton gynéco a dit qu’il n’y a aucune raison de te retenir ici

-D’accord

Je me tourne vers Cynthia la remercie pour sa présence et son soutien et lui dit que je vais prendre le relais. Nous rentrons à l’appart, je prépare un truc à manger rapidement pendant qu’elle se douche. Quand elle sort, elle est surprise de voir la table prête, j’ai plus d’un tour dans mon sac.

-Bon avant de manger, je veux que tu me fasses un grand sourire, tu sais qu’il égaie mes journées non ?

Elle me sourit et ce jolie sourire m’avait manqué, le problème est réglé on peut passer une soirée agréable, elle me met un peu de baume au cœur, sans Nina je me sens si vide, ne pas avoir à passer une énième soirée, seul dans le noir me fait du bien. Après diner, on se pose devant la télévision, une petite soirée tranquille.

 

Koumba Marimar

C’est la première fois depuis que j’ai emménagé que Marc passe la nuit ici, c’est tellement plaisant de dormir dans les bras de celui qu’on aime et de se réveiller doucement près de lui, je pourrais m’y habituer même si malheureusement cet homme n’est pas le mien. Doucement je me lève, prépare le petit-déjeuner et m’apprête pour le boulot, il se lève et nous déjeunons ensemble comme une vraie famille.

-Il faut que je songe à avoir quelques tenues ici, rentrer le matin me changer c’est fatiguant

Je souris bêtement quand il dit cela, ma patience finira peut-être par payer, d’abord une brosse à dent, ensuite une chemise de rechange et enfin il s’installera ici, c’est gaiement que je pars bosser.

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