Partie 18 : encore !
Ecrit par labigsaphir
- Snif...Snif...Snif...
Je l'entends renifler et rentre dans la chambre, dans tous mes états.
- Louhann, fais-je sur un ton des plus calmes.
- Elric, que veux-tu ?...Sniff...Que veux-tu ?
- Appelle tes parents et demande-leur d'arrêter ce cinéma.
- Quel cinéma ? De quoi parles-tu ? ...Sniff...Tu es parti d'ici depuis le matin, m'ignorant alors que je porte ton enfant.
- Louhann, tu n'es pas ma femme pour que je me préoccupe de tes états d'âme, à ce que je sache.
- Je suis la mère de ton enfant, Elric, dit-elle en se redressant ; son visage est baigné de larmes mais cela ne m'émeut pour autant pas.
- Louhann, je reconnaîtrais mon enfant et m'en occuperais.
- Et moi ?
- Toi, quoi ? T'ai-je un jour promis le mariage ?
- Elric, faire quatre ans avec moi et dire que tu ne m'as pas promis le mariage, voudrait dire quoi ? Tu m'as utilisé pendant quatre ans, quatre ans. Si tu savais que je n'étais pas celle qui porterait ton nom, pourquoi ne m'as-tu pas laissée partir ?
- Je ne t'ai pas utilisé, Louhann. Le plaisir, nous le prenions tous les deux. Tu sembles oublier que dans cette histoire, j'ai aussi mouillé ma chemise. Ta famille et toi, avez bien profité de moi. Je me suis occupé de toutes les formalités de ton voyage pour l'Europe. J'ai demandé à mon père de faire jouer ses relations et me suis occupé de toi, dès ton arrivée en France.
- C'est ce que je devrais faire tout homme, à ce que je sache. Tu n'as rien fait d'extraordinaire, les autres le font aussi.
- Ce n'est pas une obligation, Louhann. Fréquenter une femme n'est pas une prise en charge.
- Coucher avec moi sans te demander comment je fais pour m'entretenir, sans t'en soucier, devrait être automatique ? Tu savais pertinemment que je ne travaillais pas au Cameroun. Quand tu es venu vers moi, que m'avais-tu dit Que tu étais le fils de Jasper Biyo'o !
- Devrais-je avoir honte du fait d'être le fils de Jasper Biyo'o ? Son nom n'est-il pas dans mon acte de naissance ?
- Tu as continué à coucher avec moi, sachant que tu n'allais pas m'épouser. Tu m'as envoyée rencontrer tes parents, sachant que tu n'allais pas m'épouser ?
- Tu sais, Louhann, lorsqu'une relation se noue entre deux personnes, rien ne garantit que ce soit pour la vie. L'on peut aimer intensément une personne durant un temps donné mais vraiment l'aimer, sans pour autant éprouver le besoin de se lier à elle pour l'éternité.
- Si je comprends, tu veux me quitter ? Tu m'as utilisée, enceintée et tu veux me jeter !
- Je ne veux pas te jeter, Louhann, tu es la mère de mon enfant et le resteras à vie.
- C'est pourtant ce que tu es en train de faire, Elric.
- Je n'ai tout simplement plus de sentiment pour toi.
- Et ces quatre années, qui me les rendra ? Qui voudra encore de moi, avec un enfant et un corps défraîchi ?
- Louhann, je préfère que tu rentres chez toi, s'il te plait.
Elle éclate en sanglots et au lieu d'aller la prendre dans mes bars, je tire une chaise et m'assieds, encore secoué par l'âpreté des mots échangés avec Amy, Odessa et Jen.
- Je te laisse, Elric. Je comprends que tu sois secoué et surpris mais nous en reparlerons. Je sais que tu as toujours des sentiments pour moi.
- Appelle tes parents et explique-leur que c'était pour la reconnaissance et non le toquer à la porte.
- De quoi parles-tu ?
- Ose me dire que tu n'es pas au courant, Louhann. Dis-le-moi !
- Je sais que ta famille s'est déplacée pour reconnaitre votre enfant et c'est tout.
- Ils prétendent maintenant que les Biyo'o sont là pour toquer à la porte.
- Quoi ? Et même ? Tu as pris quatre années de ma vie et m'a engrossée, il est normal que ma famille demande réparation.
- Louhann, rentre chez toi. Le mariage n'est pas forcé, tu es et resteras la mère de mon enfant.
- ...
- Je ne te donnerai plus jamais l'occasion de toucher à mes effets. De quel droit, as-tu envoyé les photos et messages à Jen ? De quel droit ?
- Je suis ta fiancée depuis quatre longues années, c'est suffisant.
- Non, tu ne l'as jamais été. Je ne t'ai jamais promis le mariage.
Sans un mot de plus, elle sort de la chambre, puis j'entends la porte du salon claquer. Je vais fermer la porte à double-tour un quart d'heure après son départ et m'assieds dans le canapé, exténué par cette journée. J'essaie de joindre Jen en espérant qu'elle se soit calmée et suis envoyée directement à son répondeur. J'écris un sms que j'essaie d'envoyer, il ne va jamais. J'essaie Whats'App et Imo, je suis bloqué ; je l'ai surement perdu.
Moi, Elric, une femme ne m'a jamais autant fait trembler. J'ai aimé Louhann, je le reconnais mais en me poussant très souvent à bout, les sentiments que j'avais pour elle, ont perdu de l'intensité jusqu'à disparaître. J'ai commencé à fréquenter Jen comme un jeu d'enfant et en suis tombé follement amoureux.
Elle m'a changé en quelques temps, m'a appris à cuisiner, à mieux prendre soin de moi et prendre certaines habitudes. J'ai été franc avec elle, concernant mes finances vacillantes, elle ne m'en a pas tenu rigueur et ne m'a jamais rien demandé ; fait rarissime depuis que je fréquente les femmes. Je me souviens encore de la discussion que nous avons eue, il y a de cela quelques semaines.
- Qu'est-ce ?
- C'est pour arrêter ta poche, répondis-je en mettant le billet de 100 euros dans sa main.
- C'est pourquoi, Elric ?
- Pour te faire plaisir ?
- Je ne comprends pas, chéri. Je ne crois pas t'avoir demandé des sous.
- Je sais, Jen mais chez nous, un homme doit s'occuper de sa femme et l'entretenir.
- Ah bon ? Je ne savais pas que ça existait encore, ça.
- C'est ainsi chez nous et cela a toujours été ainsi. J'aurais dû m'occuper de tes vêtements, ta coiffure et autres mais j'ai des soucis financiers en ce moment.
- Elric,
- Chéri, c'est mieux.
- Tu sais, sans pour autant être féministe, j'ai toujours été indépendante. Tu vois, mes parents m'ont appris à travailler durement pour pouvoir m'offrir certaines choses, me faire plaisir. Mon père travaille à AIRBUS et pouvait me payer le permis de conduire et ma voiture, j'ai préféré travailler tout un été pour le permis et ma mère a payé la moitié de la somme requise pour l'achat de ma voiture. J'ai remboursé à ma mère en travaillant chez une de ces amies possédant un magasin à l'œil durant quelques semaines.
- ...
- Elric, un homme ne m'a jamais donné de l'argent et pour tout te dire, je ne sais pas comment faire pour demander des sous à un homme. Pour moi, il est inimaginable qu'une femme demande des sous à un homme, cela a toujours été ainsi. C'est la raison pour laquelle, je te demanderai de reprendre cet argent.
- Non, je ne peux pas, fais-en ce que tu veux.
Je me suis levé et suis sorti de la maison, la prenant au dépourvu. J'avoue qu'après cette discussion, j'ai été chamboulé. Jen est le type de femmes qui fait peur, elle fait partie de celles qui revendiquent leurs droits et libertés, celles qui se battent pour réussir et n'accepteront de ce fait, jamais que nous leur marchions sur les pieds.
Jen est une femme malgré son jeune âge, généreuse, douce et attentive au désir de l'Homme Elle n'est certes pas parfaite mais s'en rapproche. A force de la fréquenter, je me suis rendu compte de l'inclinaison pour elle. J'aurai tant voulu lui dire que je la trouvais si fragile et que j'aimerai bien qu'un jour, si on lui disait que je faisais l'amour à une autre femme à l'instant, qu'elle aille m'attendre à la maison sans faire d'esclandre. Oui, Jen est entière dans tout ce qu'elle et c'est justement ce qui me fait peur.
QUELQUES JOURS PLUS TARD...
[ JENEYA ]
Je rentre dans la maison, Odessa et son homme, sont enlacés dans le canapé, regardant la télévision.
- Bonjour, fais-je en me dirigeant vers ma chambre.
- Bonjour.
Je rentre dans ma chambre et quelques secondes plus tard, après avoir toqué, Odessa fait irruption dans la pièce.
- Que veux-tu ? Demandai-je, revêche.
- Que nous discutions, tout simplement.
- Je n'ai aucune envie de discuter, Odessa.
- Moi, si !
- Dans ce cas, je vais devoir te laisser !
Je pose les vêtements que je tenais sur le lit et me dirige vers la porte. Elle est plus rapide, va fermer la porte à double-tour et met les clés dans son soutien-gorge.
- Si c'est le seul moyen de te retenir pour avoir une discussion, je n'y peux rien.
- Odessa, s'il te plait, ma clé.
- Accorde-moi juste cinq minutes et je m'en irai.
- Ok, vas-y, dis-je en m'asseyant sur le lit et soutenant ma tête de mes mains.
- Nous nous connaissons depuis quelques années, Amicie, moi et toi. Nous sommes au fil des années, devenues des sœurs. Amicie n'est certes pas là pour s'exprimer mais sachant ce qu'elle aurait voulu te dire, je vais m'exprimer pour deux. Amicie a su qu'il était avec elle, il y a de cela quelques semaines, elle les avait croisés à l'hôpital pour une échographie.
- Et vous me l'avez caché ?
- Jen, écoute, s'il te plait. Amicie m'en a parlé le soi-même au téléphone. Nous avons décidé d'un commun accord de laisser le temps à Elric de t'en parler, car l s'agit de votre histoire d'amour et votre couple. Elric a 30 ans et toi, 22 ans, c'est donc lui qui est censé prendre les rennes et instaurer un climat de confiance entre vous. Bien que ne l'aimant pas, et nous ne nous en sommes jamais cachées, nous avons décidé de lui laisser une chance, une ultime chance mais il a merdé.
- ...
- Nous ne pensions pas qu'il prendrait un mois pour avouer et même là, c'est parce que nous avons fait pression sur lui.
- C'est sa copine qui m'a envoyée les photos et messages, et non vous !
- Nous sommes désolées, Jen, nous pensions bien faire.
- Vous m'avez laissée me ridiculiser pendant des jours et des jours. Auriez-vous aimé que je comporte de cette façon ?
- Non, bien sûr que non.
- Maintenant que nous avons terminé, s'il te plait, laisse-moi partir.
- Ok.
Elle ouvre la porte, puis se retourne la main sur la poignée de la porte.
- Malgré tout ce que tu peux croire ou nous reprocher, nous t'aimons et nous inquiétons pour toi.
UNE HEURE PLUS TARD...
- Bonne arrive à Limoges, Allan.
- Merci ma belle. Comment vas-tu ?
- Bien, merci ; nous nous faisons la bise. Attend, je vais t'aider en prenant une valise.
- Oh non, je ne vais quand même pas te faire travailler.
- Non, non, c'est un plaisir.
- Tu as l'air pale, Jeneya.
- Je suis fatiguée et malade, depuis quelques jours.
- Sorry.
- Non, ne le sois pas. Je loge donc à l'hôtel Ibis, si je comprends bien.
- Oui.
- Il parait qu'ils sont géniaux.
- Je confirme, puisque moi-même j'y suis pour le moment.
- Comment ça ?
- Je ne souhaite pas en parler, Allan.
- Ok, excuse-moi.
- Et ton voyage ?
- Super. J'ai traversé la France de long en large mais j'avoue que j'avais hâte d'arriver à Limoges.
- Ah bon ?
- Mais oui, il me tardait de te revoir ; je suis touchée par sa déclaration. J'aurais pu m'en émouvoir si je ne sortais d'une relation assez compliquée et ne devenais pas d'avoir une déception cuisante de qui vous savez, celui dont on ne prononce pas le nom.
- C'est flatteur, tu es un beau et bon parleur, Allan.
- Tu sais, Jen, je dis ce que je pense. Et des compliments, je n'en fais presque jamais et si oui, ils sont toujours justifiés.
- Tiens, voilà ma voiture.
- Mais c'est une guimbarde ! Je croyais qu'avec ton statut au sein de...
- Mais non, le coupai-je mollement, je vivais avant de faire partie de Stern. Cela a certes changé ma vie théoriquement mais dans la pratique, pas tellement.
- Tu me surprends de jour en jour et ce que je découvre, me plait.
- Oh !
- Si si si en fait, tu es une personne assez simple, pas du tout influençable, responsable, aimante et surtout digne de confiance. Je sais aujourd'hui que le luxe insolent et les titres pompeux ne t'impressionnent pas du tout.
- Exact !
- Jen, pourquoi ne t'ai-je pas rencontré plus tôt ? Il aurait fallu te créer si tu n'avais existé.
- Oulaaaaaa tu es vraiment en mode séduction, toi.
- Je suis consultant chez Stern mais cela ne m'empêche d'être avant tout un homme. Puis-je te faire une confidence ?
- Vas-y Allan, je t'écoute, dis-je en embrayant aux feux juste en face des Grands Ecrans et non-loin de l'Hôtel Ibis.
- La première fois que je t'ai rencontré, j'ai accroché et ai été saisi par ta beauté et plus tard, ton intelligence. Tu es mon idéal car tu es un formidable concentré, un tout en UN. Tu fais partie de Stern dont jouis d'une aisance matérielle, je ne cours donc pas le risque d'être aguichée ou approché pour mon argent ou mon statut dans la société. Je sais et en suis certain, que nous nous comprenons parfaitement. Tu es une travailleuse hors pair, une femme belle, jolie et intelligente.
- Allan, fais-je gênée ; je suis certaine d'être rouge comme une pivoine.
- Tu n'as pas à en rougir. Je suis là pour travail mais avoue aussi que je comptais te conter fleurette.
- Allan, tu sais, c'est difficile.
- Rien n'est difficile, c'est la solution que l'on tarde souvent à entrevoir ou encore, un éclairci.
- Je sors d'une relation compliquée. J'ai été meurtrie et ne souhaite pas...
- T'investir dans une autre pour le moment, complète-t-il, c'est noté. Je me contenterai de ton amitié, le temps pour toi de panser tes blessures car Jen, tu en vaux la peine.