Partie 17 : les armes

Ecrit par labigsaphir

- Non, le boss, il n'a jamais été question de toquer à la porte.

- Ses parents prétendent qu'on le leur doit. Cela fait quand même quatre ans que tu fréquentes leur fille, ce n'est que justice.

- Papa, elle porte mon enfant, c'est un fait mais je ne suis pas certain de l'épouser.

- Quoi ?

- Papa, dis-je à voix basse en regardant de gauche à droite, je ne l'épouserai pas.

- Et pourquoi ?

- Louhann a énormément changé. Nous avons des problèmes depuis quelques temps. Je pense que cette grossesse n'est pas un accident, tout a été prémédité.

- Il y a des problèmes dans tous les couples.

- Papa, si vous faites le « toquer à la porte », ce sera surement pour un autre.

- Elric, je ne sais pas pour qui tu te prends, nous ne sommes pas des enfants. A cause de toi, nous viendrons nous ridiculiser ici, à commencer par moi, Jasper Biyo'o.

- Papa,

- Non, tais-toi ! Il y a de cela moins de trois mois(3), tu nous l'as envoyée. Dis-moi, pourquoi était-ce ?

- Papa,

- Tu as trente ans et n'es plus un enfant ! Règle tes problèmes comme il se doit et apprends que l'on ne s'amuse pas avec les enfants d'autrui !

CLIC...Il a raccroché. Je range le portable dans mon pantalon et au moment où je me tourne, je tombe sur deux paires d'yeux. Elles ne font même pas semblant de se gêner, attendant que je me décide à ouvrir la bouche. Je soupire, sors les mains des poches et veille à ce que la porte soit bien fermée ; je suis sur le balcon, cette fois.

- Oui, vous avez bien entendu. Oui, vous avez parfaitement raison de vous énerver.

- Elric, commence Amicie, je t'avais pourtant averti.

- C'est vrai, Amy et je m'en excuse.

- Tu vas faire souffrir Jen, c'est ce que je souhaitais éviter. Je t'avais pourtant demandé si tu étais célibataire et tu m'avais assuré que oui.

- Voilà pourquoi tu m'es devenu antipathique, glisse Odessa la mâchoire serrée.

- La petite était dans son coin et toi, tu arrives avec la bouche en cœur lui faire croire que tu l'aimes.

- Tu t'es carrément jouée d'elle, ajoute Odessa la mine serrée.

- Vous avez raison mais aujourd'hui, tout a changé. Je souhaitais quitter Louhann en douceur mais elle m'a piégé en me faisant un enfant dans le dos.

- Et maintenant, tu es contraint de l'épouser, nous diras-tu. Continue une Odessa, dubitative.

- Non, je ne vais pas l'épouser, je suis vraiment amoureux de Jen.

- Elric, tu as eu assez de temps pour mettre Jen au courant, si comme tu le prétends, tu es amoureux d'elle.

- C'est vrai, entre le moment où Amy vous a aperçus à l'hôpital et ce jour, il s'est écoulé presqu'un mois, renchérit Odessa ; elle est aussi au courant, je suis mal là.

- Je reconnais mes torts, les filles et compte tout régler. S'il vous plait, j'ai besoin d'une semaine et rien que d'une semaine.

Odessa et Amy se consultent du regard durant quelques secondes, puis Amicie prend la main d'Od et la tire à côté. Elles échangent et reviennent vers moi, deux minutes plus tard.

- Trois jours, tu as trois et pas un de plus, pour avouer la vérité à Jen, annonce Amy.

- Elric, tu me déçois, je ne m'y attendais pas du tout, balance Odessa dégoutée.

- Si je ne vous avais pas vus à l'hôpital, tu aurais continué à cacher ton jeu, j'en suis certaine.

- Non, je lui aurai tout avoué, dis-je en la regardant droit dans les yeux.

Elles me précèdent dans la maison, je suis affreusement gêné. Il serait mieux que je récupère mes effets et rentre chez moi, car l'ambiance risque être très très lourde. Si je suis justement parti de chez moi, c'est parce que Louhann y est, je souhaitais éviter tous conflits et là, c'est raté. Je soupire, toque et rentre immédiatement dans la chambre.

Jen est penchée sur son téléphone, s'essuie de temps à autre les yeux avec le revers de la main ; elle pleure. Je m'assieds sur le lit, elle n'a aucune réaction et compulse je ne sais quoi sur son portable.

- Chérie, que se passe-t-il ? En sortant de la chambre, tu étais pourtant souriante.

- ...

- Cherie, que se passe-t-il ?

J'essaie de le prendre dans mes bras mais elle s'esquive et finit par se lever. Elle pose son portable sur le lit, ouvre la penderie, prend un sac et se met à ramasser je ne sais quoi dans la chambre. Je la regarde, ne comprenant rien à la situation ; elle me tend finalement le sac.

- C'est tout ce que tu as à m'offrir comme cadeau.

- Je ne comprends pas, chérie.

- Elric,

- Oui, bébé.

- Sors de ma vie.

- Que t'ai-je fait ?

- Tu t'es foutu de ma gueule alors que je t'avais dit que je sortais d'une relation assez difficile.

- Chérie, s'il te plait. Comment veux-tu que je t'explique, si je ne sais déjà pas de quoi tu parles.

- Attends, dit-elle en me balançant le sac et récupérant son portable sur le lit.

Quelques secondes plus tard, mon téléphone se met à clignoter, je reçois une trentaine de photos par Whats'App. Je clique sur l'icône et ai le souffle coupé en prenant connaissance des photos : Louhann a filmé son ventre, est en compagnie de mes parents, les parents de Louhann sont en compagnie des miens, Louhann et moi en compagnie d'Oan et sa chérie. Pour finir, des photos de Louhann et moi, le jour de mon anniversaire sans oublier les messages et autres.

- Va-t-en, Elric !

- S'il te plait, bébé, c'est toi que j'aime, essayai-je en me levant.

- Ne t'approche pas de moi, je te déconseille vivement de le faire ; son est si posé que je recule instantanément.

- Ce n'est pas ce que tu crois.

- Le lapin que tu m'avais posé le jour de ton anniversaire, c'était à cause de Louhann.

- Oui.

- Toutes les fois où tu as annulé nos rendez-vous chez toi ou partout ailleurs à la dernière minute, c'était à cause de Louhann.

- Oui.

- A chaque fois que tu as refusé une sortie, préférant rester à la maison en prétextant qu'il est préférable de vivre caché, c'était à cause de Louhann.

- Oui.

- Il apparaît donc clairement que c'est elle ta priorité et moi, je n'étais qu'en option ; des larmes coulent sur ses joues.

- En fait, je souhaitais que nous nous séparions, Louhann et moi, dans la douceur et la paix.

- Foutaises ! Pour se séparer d'une femme, il faut coucher avec elle ? De qui te fous-tu, là ? Elle est enceinte de six(6) semaines, ce qui correspond bien à son retour en France.

- ...

- Tu l'as engrossée, couchais avec elle sans te protéger en faisant la même chose avec moi...Sniff...Mon Dieu ! ...Tu es un criminel !...Sors de chez moi et ne reviens plus jamais !

- Jen, c'est toi que j'aime. La preuve, j'ai demandé à mes parents de juste reconnaitre le bébé et non faire « le toquer » à la porte, comme elle le voulait.

- Tu m'as menti durant des semaines, jouant avec nous deux. Tu savais pourtant que j'avais des sentiments pour toi. Tu savais pourtant que tu comptais déjà pour moi.

- Je suis désolé, ma puce.

- Non, ne m'appelle plus ta puce ! Sors de chez et ne reviens plus jamais !

- Chérie !

- SOOOOORS ELRIC ET VA RETROUVER LA MÈRE DE TON ENFANT !

- C'est toi que j'aime, bébé, c'est toi que j'aime.

- Si tu ne sors pas, je fais venir le gardien.

TOC...TOC...TOC...

- Je suis occupée ! Aboie Jen en essuyant son visage du revers de la main.

- Euh...fait Amy en rentrant dans la chambre, suivie d'Odessa malgré la réponse de Jen.

- Tu devrais t'en aller, Elric, dit Odessa.

- Non, j'aimerai lui faire comprendre.

- Tu as eu un mois pour le lui faire comprendre, me fait remarquer Amy.

- C'est vrai, tu as largement eu du temps, renchérit Odessa.

- Vous étiez toutes au courant, n'est-ce pas ? S'écrie Jen, les mains sur les hanches.

- Jen, ce n'est pas ce que tu crois, essaie Amy.

Jen n'est plus avec nous. Elle ouvre en grand le portes de sa penderie, tire un trolley du haut de la penderie, l'ouvre et le pose sur le lit. Sans un regard vers nous, prend des vêtements qu'elle jette pêle-mêle dans le trolley en pleurant. J'assiste impuissant à tout cela, m'approcher d'elle serait une mauvaise idée.

- S'il te plait, Jen, avance Odessa en se rapprochant d'elle et essayant de l'arrêter.

- Ne me touche pas ! Vous mes amies, mes sœurs, vous le saviez et ne m'avez rien dit !

- Jen, il fallait que cela vienne d'Elric, explique Amy.

- Et pensant ce temps, nous continuons à avoir des rapports sexuels non protégés ; je baisse la tête, elle appuie où cela fait mal.

- C'était à Elric de te dire, intervient Odessa.

- Non, c'était à vous de me le prévenir, une fois que vous le saviez !

Elle ferme son trolley, prend ses clés de voiture sur la table de chevet et des papiers dans un panier, près de la porte avant de sortir de la chambre en claquant la porte ; l'on croirait sentir les murs de l'appartement trembler tant la réaction a été violente.

- Voilà pourquoi je ne souhaitais pas que tu l'approches, dit Amy sur un ton de reproche avant de tourner les talons.

- Je te prierai de sortir de notre appartement, demande Odessa.

Je ramasse mes effets et sors tristement de chez elle. Voilà, je viens de perdre la femme que j'aime à cause d'une erreur. Je m'arrête devant elle,

- Je suis désolé, les filles.

- Le bruit, Elric, le bruit !

Je sors de l'appartement et en descendant les escaliers, la voiture de Jen quitte la cité universitaire. Je récupère ma voiture et conduis sans direction précise durant quelques heures, avant de rentrer, décidé à ranger ma vie.

PENDANT CE TEMPS...

[ LOUHAN ]

Quoi, vous vouliez que je m'avoue vaincue pour si peu ? Y a-t-il encore un seul homme fidèle sur terre ? Non ! J'ai été étonnée par le changement d'attitude d'Elric à mon retour du Cameroun. J'ai fait ma petite enquête, essayé de le pister mais n'ai rien trouvé. C'est ma copine, caissière au supermarché, non-loin du domicile d'Elric, de retour de congés, qui m'a mis la puce à l'oreille ; non, Elric ne la connait pas. Avec son portable, elle a pris une à deux photos du couple et la fille qu'elle m'a gentiment envoyée. Un jour en passant à sa caisse, elle a capté le nom de la fille, le reste n'a été qu'un jeu d'enfant. Elric me croit idiote, je connais le mot de passe de son portable, il était facile de rentrer dans son portable, m'envoyer les sms, effacer les traces et copier le numéro de la fille.

Ce numéro, je l'ai depuis des semaines, j'attendais juste le bon moment. Elle doit s'incliner, j'étais là avant elle et porte l'enfant d'Elric. Elle ne peut vouloir séparer un couple, c'est ainsi. Nous avons certes des problèmes, cela ne veut en rien dire que nous nous séparons ou ne nous aimons plus. S'il n'y avait possibilité de réconciliation, je connais Elric, il m'aurait avoué et demandé de ne plus penser à lui comme à un possible chéri. Il m'aurait avoué de tout go qu'il était en couple et se serait affiché avec elle mais non, il a passé le temps à se cacher et surtout, la cacher. Voilà ce qu'est vraiment la situation.

Je n'ai fait que la mettre au courant de la situation. La pauvre maintenant qu'elle est au courant, elle ira soigner son petit cœur blessé ailleurs. Elric est un bel homme, il plait aux femmes et ça, je le sais. Qui ne sait pas que les africains, les camerounais et particulièrement les Bulu sont des cavaleurs ? Il tire sur ce qui bouge et surtout, les naïves. Elle a juste été une de ses victimes, elle devra maintenant tourner la page car il est l'homme d'une autre, moi.

BRRRR....BRRRR....BRRRR...

- Oui, allo maman.

- C'est très chaud ici, très très chaud.

- Ah bon ?

- Ton père et tes oncles ne décolèrent pas.

- Ah ça !

- Ils disent être venus reconnaitre leur enfant et donc, ne peuvent toquer à la porte

- Ah non hein ?

- Tes parents sont en train de mettre la pression. Tu nous connais ma fille, tu nous connais. Quand il t'engrossait, était-il contraint ?

- Non ! Ma mère il ne faut pas laisser, mettez leur une pression d'enfer.

- Tu doutes ? Et là-bas ?

- J'ai fait comme tu as dit. J'ai envoyé les messages à la fille, il y a de cela quelques heures.

- T'a-t-il appelée ?

- Non.

- Des messages ?

- Rien.

- Apprête-toi parce que cela risque être dur, certains mots ne devront pas te choquer.

- Huhum.

- Il est trop calme. Si tu peux, fais usage de la loi mais avant, utilise les rames que tu as. Ton ventre et tes larmes, tiens bon, ma fille.

- Ok.

- Il faut que je te laisse, les parents d'Elric se lèvent et semblent se diriger vers la sortie. Il faut que j'aille voir ça.

- Il est en train d'ouvrir la porte, ici.

- Ok.

Je raccroche et me mets à pleurer sur commande en l'entendant rentrer dans l'appartement. Je suis couchée dans sa chambre, en petite tenue et sous les draps.

- LOUHANN !

Jeneya CROFT, l'Impé...