Partie 2
Ecrit par Ornelia de SOUZA
Je sirotais mon verre de vin étendue sur le transat la tête dans les nuages. Je pensais à ma belle petite Mélaine, cette jolie jeune femme qui avait changé ma vie et qui m'avait redonné ma jeunesse perdue. Je me rappelle de ma veritable jeunesse comme si c'etait hier. J'avais rencontré Anta, mon épouse à la réception d'un mariage. Les uns etaient occupés à manger tandis que les autres remuaient frenetiquement sur la piste de danse. Les enfants couraient par ici et par là et moi j'avais le regard scotché à une sublime créature assise à l'autre bout de la salle. Vêtue d'une magnifique robe française noire aux bras bouffants, son calme, son teint noir et son maquillage presque inexistants dénotaient étrangement dans cette salle où tout était haut en couleurs. Elle m'intrigua dès l'instant où mon regard s'était posé sur elle. Je voulais la connaitre, lui parler, l'observer de plus près mais elle n'était pas seule. Elle était accompagné de ses parents. Je le sus immédiatement grâce à la ressemblance et aux gestes forts maternels de sa mère. Et pourtant de ma position je ne pouvais rester tranquille. J'avais tant envie, voir besoin de lui parler que mon cœur s'emballait. L'occasion se présenta plus vite que prévue lorsque dans un mouvement, la belle se leva de son siège et sortit de la salle de réception. Je m'elancai à sa suite ignorant les interpellations et les questions de mes proches présents à ma table. Au dehors, je la vis là debout affalé contre un mur. Discrètement je m'approchai d'elle. Son parfum aux senteurs fleurie chatouilla mes narines et ma main se porta toute seule sur son épaule. Elle se retourna et me sourit. Ce sourire... Le sourire de ma Anta que je ne voyais plus si souvent.
Que cette epoque etait loin! Combien ma Anta m'avait rendu fou des années durant. Cette femme qui était à moi sans vraiment être à moi. Elle etait si independante à l'epoque. Trop independante pour une femme de cette époque là. Elle me disait m'aimer mais son independance me faisait douter. Tout bascula lorsqu'elle tomba enceinte. Elle n'en voulait pas parce qu'elle avait des rêves, des études à finir, un plan de carrière et moi égoïste que j'etais, je n'ai vu là que la seule opportunité de garder ma Anta définitivement. Je l'avais ménacée pour la contraindre à garder mon enfant. Accompagné de plusieurs membres de ma famille, j'avais informé les siens de son état sans lui en avoir parlé au préalable. J'avais demandé sa main à ses parents sans son avis. Son père avait accepté ma demande en insultant vivement sa fille et en arguant que de toutes les façons, il n'avait plus le choix puisqu'elle avait été le déshonneur de sa famille. Lorsque son père prononça "c'est ta femme", les mots que je désirais tant, le regard sombre et remplie de haine de Anta fut la seule chose à laquelle j'eus droit jusqu'à ce jour. Ce jour là, j'avais dit adieu à ma belle, souriante et calme Anta. J'avais en revanche gagné une femme amère et en colère contre moi.
J'ai toujours voulu tromper mon épouse mais jamais je n'en avais eu le courage. Je me voyais mal trompé la Anta que j'avais connu dans le temps et que j'avais tant aimé. Mais c'était parce que l'occasion ne m'avait pas encore été présentée. J'avais raccompagné mon épouse la première fois où mes yeux ont croisés ceux de Mélaine. Elle était une jeune femme toute frêle, d'une extrême beauté mais quelque chose dans son regard trahissait la femme qu'elle était. La véritable Mélaine n'avait absolument rien à avoir avec ce que son physique transparaissait. La véritable Mélaine était tout sauf douce et fragile. Elle était malhonnête, manipulatrice, arriviste et tout ce dont on ne pouvait qualifier une jeune femme pure et vertueuse mais combien elle me rendait fou. Oh combien elle me possédait totalement! J'ignore ce qui en elle m'attire exactement mais je sais que je serais capable de quitter femme et enfants pour elle. Je pourrais tout lui donner, absolument tout.
Des cris me sortirent de mes pensées. La réalité était encore plus belle que mon imagination. Méaline s'avançait vers moi d'un pas menaçant, une mine sévère accroché au visage. Oh combien elle pouvait être belle lorsqu'elle était en colère! Le gardien de ma démeure qui lui courait après essayant de la retenir me ramena sur terre. Mais que pouvait-elle bien faire dans ma maison. Jamais elle n'y avait mit pied auparavant et pour de bonnes raisons en plus. La panique m'envahit. Mon épouse n'était pas à la maison certes mais nos deux filles étaient là.Le portier vociférait derrière elle. Il essayait de la retenir, d'empêcher ses mouvements mais Mélaine ne se laissait pas faire.
-Mélaine? Qu'y a t-il? m'exclamai-je
-Madame m'a envoyée vers vous; fit-elle rapidement en toisant le virgil.
D'un geste de la main, j'ordonnai à celui ci de disposer.
-Kayodé! me lança Mélaine une fois l'homme loin. Ta femme est une sorcière de la pire espèce. Ce qu'elle m'a fait aujourd'hui, même Satan n'en est pas capable.
-Mélaine, tu ne peux pas venir ici voyons. Si tu as un problème avec ma femme, tu dois le résoudre avec elle sur ton lieu de travail.
- Kayodé! hurla Mélaine à pleins poumons. Kayodé!
-Qu'y a t-il Mélaine? Calme toi voyons!
-Elle m'a licenciée et elle a gardé mes affaires. Tout ce que j'ai réussie durement à gagner dans ma vie se trouvait dans cette sacoche et ton acariâtre de femme a tout gardé avec elle.
La situation le dépassait. Le passe-temps favori de Anta était de martyriser ses pauvres employés mais au moment précis où j'ai commencer à la fréquenter, je savais que cela ne passerait pas avec Mélaine.
-Écoute Mélaine ; tentai-je. Viens je te raccompagne chez toi. Je vais moi même te récupérer tes affaires chez Anta.
-Moi? cria Mélaine. Kayodé tu as rêvé ! Je ne sortirai pas d'ici.
C'était fort prévisible. Mélaine possédait un grand esprit. Elle aimait particulièrement les défis et la vengeance. Et connaissant Anta, celle ci l'avait sûrement humiliée. Mélaine était là pour se venger. Je la voyais venir gros coe le nez au milieu de la figure.
-Je ne bougerai pas d'ici Kayodé. Et tu ne connais pas le pire?
-Quoi Mélaine? fit-je irrité
-Elle a porté main sur moi dans mon état. J'ai dû me rendre chez un médecin pour être sûr que le bébé et moi allions bien.
Celle là je ne l'avais pas vu venir.
-Qu...Q..Quoi? balbutiai-je. De quoi tu me parles encore?
-Je ne voulais pas te l'annoncer comme ça Kayodé mais je suis enceinte. En vérité je ne comptais pas te l'annoncer du tout car je ne comptais pas le garder.
Un éclair de colère traversa mes yeux. Je ne blaguais pas avec ma progéniture. La preuve était la vie de rêve que j'offrais à mes filles. Si Mélaine mentait ou plaisantait sur un sujet aussi sensible pour moi, je ne le supporterai pas.
-Mélaine, un peu de sérieux. Comment oses-tu mentir ?
-Mentir?Moi? J'aurais cru que tu me connaissait mieux Kayodé. Comment puis-je mentir sur un sujet pareil. Si tu ne me crois pas, viens tout de suite avec moi chez un médecin et tu verras.
Elle disait donc vrai. Elle ne pouvait pas mentir avec autant d'aplomb et d'assurance. Elle porte donc réellement mon enfant.
-Mélaine ; fis-je le sourire jusqu'au oreilles. Tu vas garder ce bébé parce c'est le mien.
Elle me regarda tristement.
-Je ne peux pas Kayodé! Être une maîtresse enceinte vivant dans un taudis et sans emploi, ne penses-tu pas que c'est trop pour une seule personne?
-Ne t'inquiète de rien voyons! Aujourd'hui même je vais te trouver un meilleur endroit pour vivre. Je vais te payer un salaire et ainsi tu n'auras plus à travailler.
-Un meilleur endroit où vivre? Tu te fous de moi Kayodé??? Ta sorcière de femme et tes filles vivent dans ce palais. Mais ton unique fils et moi méritons de vivre dans un pauvre appartement?
-Mon fils?!
Mélaine avait touché un point sensible. J'aimais profondément mes filles mais j'avais toujours désiré un garçon. Anta après la naissance de notre seconde fille n'a plus voulu d'enfant. Et comme si elle s'etait protégée plus jamais elle n'était tombé grosse. Mélaine pouvait-elle porté mon unique fils ?
-Oui ton fils ! Je le sens que c'est un garçon. Un vrai homme comme toi Kayodé. Et c'est pour ça que j'exige que tu m'installes ici. J'en ai marre d'être la maîtresse qui est dans l'ombre. Vu que je vais te donner un enfant, Kayodé je veux m'installer ici en tant que ta seconde épouse.
Il s'agissait d'un enfant, de ma descendance. Je n'avais aucun recours. Dans le passé, j'aurais obligé Mélaine à m'épouser mais je n'avais aucun point de pression sur elle. Je la connaissais assez pour savoir qu'elle se débarrasserait du bébé à l'instant même ou je refuserais ces demandes.
-Très bien! lachai-je sans une once d'hésitation