Partie 20 : Larmes et compagnie
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Koumba Marimar
Je regarde le téléphone sonné pour
la deuxième fois, je ne sais pas comment réagir, pourquoi il m’appelle ? J’hésite
quelques minutes puis je décroche
-Allo Mari comment vas-tu ?
-Je vais bien
-Je te dérange ?
-Un peu
-Est-ce qu’on peut enterrer la
hache de guerre ?
-Je n’ai aucun problème avec
toi Marc
-Tu mens très mal Mari, écoute
on va avoir un enfant, est qu’on peut parler ?
-Bien sûr qu’on peut parler de
tout ce qui concerne le petit
-Ok, bon je passerais demain
alors
-OK
Mon cœur est un traitre
horrible, à battre à la chamade au son de sa voix, il me manque terriblement, j’aurai
voulu balayer d’un revers de la main tous mes sentiments mais j’ai du mal à me
défaire de lui, il me faudra beaucoup de force mentale pour ne pas retomber
dans ses bras, il faut qu’on se concentre sur l’enfant et sur rien d’autre. Je
continue ma lessive, en essayant de sortir Moussavou de mon esprit, ce n’est
pas un homme pour moi. Après une journée fatigante je finis par m’endormir sans
préavis.
Marc-André Moussavou
Je passais la journée avec
Mina et j’ai repensé à Marimar, sa santé est fragile ces derniers temps, je
veux savoir comment elle va. Après plusieurs tentatives je finis par laisser un
message. Je n’aimerai pas être en froid avec la mère de mon enfant, je décide
de la rappeler encore une fois et cette fois ci, elle répond enfin, son ton est
sec, la discussion est froide. Je ne me rendais pas compte qu’elle s’attachait
autant à moi, j’ai été un fardeau pour sa santé mentale, partout où je passe je
détruis tout. Comme convenu j’irai demain chez elle. En revenant sur la terrasse,
je trouve Raoul assis près de Mina je ne l’ai pas entendu ouvrir le portail,
ces deux-là leur amitié là je ne l’ai jamais comprise mais comme je ne me mêle
jamais de ses histoires, je ne dis rien. Il me salue et je retourne dans le
salon, elle va sûrement lui raconter sa rupture, moi je suis déjà au courant de
tout, je me mets devant un film de science-fiction au salon, tout en discutant
avec de vieilles connaissances sur les réseaux sociaux.
-Yaya, tu veux venir avec nous
on va faire un tour ?
-Non c’est bon, je veux juste
rester poser tranquillement
-Ah en fait, j’aimerai bien rencontrer
la mère de ton enfant
-Elle travaille pour Raoul, il
te l’a sûrement dit
Elle sort de la pièce et
revient avec lui, apparemment elle n’est au courant de rien, la solidarité
masculine existe encore !
-Ce n’était pas à moins de t’informer,
j’ai laissé le soin à Marc de le faire, dit Raoul
-Je peux savoir ce qui se
passe ?
-Ecoute, allez-y faire votre
promenade, au retour je vais tout te raconter, comme tu veux toujours tout
savoir là
-D’accord, bon à tout de suite
Ils s’en vont et je profite de
ma tranquillité, cette enfant là elle est trop curieuse, au fond ce petit Raoul
c’est un homme de confiance en plus d’être un bon business man. Je poursuis ma
soirée cinéma de bonne humeur mais un esprit malin me pousse à aller espionner
le profil de Nina, quand je regarde ses photos j’ai un pincement au cœur, j’aurais
dû me battre pour elle, la rendre heureuse et trouver un moyen de fonder une
famille, rien ne me donnait le droit d’agir comme je l’ai fait, quand je repense
à notre rencontre je souris, je me replonge dans mes souvenirs.
[10 ans auparavant
Aujourd’hui c’est la rentrée,
je vais enfin rejoindre cet établissement d’excellence, j’ai bossé pendant des
mois pour pouvoir payer ma scolarité et avec le reste j’ai pu inscrire Gémina
au lycée et payer les fournitures. Depuis que Gisèle à déménager nous avons
rarement de ses nouvelles, mais je ne la blâme pas 6 ans à s’occuper de nous sans
se plaindre depuis la mort des parents, maintenant que j’ai ma licence en
poche, je vais pouvoir décrocher mon master et trouver un travail bien payer, ensuite
construire une maison pour nous trois. Je me lève tôt pour accompagner Gémina
au lycée elle est déjà en seconde mais comme elle n’à que 14 ans je la dépose
chaque matin et je passe la récupérer à la sortie, en général on marche jusqu’à
la maison. Une fois en classe je m’assois au premier banc comme d’habitude, pendant
que je lis un livre sur le marketing digital acheté à la gare routière, un femme
au allure de star américaine fait son entrée, je n’ai jamais vu une fille aussi
belle, de longues jambes et un visage magnifique, l’uniforme scolaire est encore
plus beau sur elle tellement elle le porte bien, elle semble ne connaître
personne, je lui fait signe de s’assoir près de moi ce qu’elle fait ‘’ Bonjour
je suis Marc-André’’ ‘’ Moi c’est Nina’’, c’est ainsi que la conversation à
débuter, elle revient de Suisse donc elle est aussi nouvelle dans l’école, elle
ne connaît personne ici, voilà un point commun, peut-être le seul, car ça se voit
qu’elle vient d’une famille aisé et moi qui vit dans un studio avec ma petite sœur.
Très sympathique nous avons discuté toute la journée puis nous avons échangés
nos numéros. Ce soir je vais activer le forfait Moov night pour pouvoir parler
avec elle, je suis sous son charme.]
Nina c’est une femme en or,
quand je lui ai montré où Gémina et moi vivions, elle n’a pas pris ses jambes à
son cou, elle a tellement fait pour nous. Je pense que Gémina a raison, si je l’aime
vraiment seul son bonheur doit me préoccuper, je l’aime encore mais est-ce que se
battre est la meilleure solution ? Elle mérite mieux, un homme qui la
traitera comme une reine et qui ne la prendra pas pour acquis comme j’ai pu le
faire ces dernières années. Je défile sur son compte Instagram et elle a l’air
heureuse, elle rayonne, elle brille, elle est peut-être mieux loin de moi. Je
laisse mon téléphone et me dirige dans la salle de bain, je vais prendre une
douche et dormir, je suis fatigué, je crois que deux semaines ne suffiront
peut-être pas à me remettre sur pieds.
Alors que je comptais les
moutons en attendant de dormir, une intru à taper à la porte, cet enfant doit rentrer
chez elle, elle envahit mon espace
-Yaya tu dors
-Non Mina, tu veux quoi ?
-Tu as dit qu’on devait parler
non ?
-Elle s’appelle Koumba
Marimar, elle a 25 ans bientôt 26, elle travaille chez Raoul, avant elle était
la voisine de Gisèle. C’est bon ?
-Est-ce que tu l’aimes ? Mais
pourquoi tu as fait ça à Nina ? Elle en a beaucoup souffert
-Je ne sais pas Gémina, tu
veux que je te dise quoi ? J’ai fait le con c’est tout
Elle ne dit rien et s’allonge
l’air pensive, puis se redresse
-Il faut qu’on prie pour nous,
ça c’est sûrement la malédiction dont parlait tantine Elisée à l’époque
-Laisse cette vieille folle d’Elisée
qu’elle se trouve un cinquième mari, ça nous fera des vacances
-Moi je crois qu’elle a raison
Marc, nos vies sont tellement compliquées, rien ne réussi jamais, je suis fatiguée
-Tu as 24 ans, bientôt un
master deux, tu es déjà propriétaire d’un petit appartement, tu es belle et intelligente,
je ne vois pas ce que tu n’as pas, si c’est à propos de ton rigolo de fiancé,
qu’il aille au diable
-Tu as peut-être raison, bon
je vais dormir, le culte c’est à 9h n’oublie pas
Elle s’en va et me libère enfin le périmètre,
je l’aime beaucoup mais elle envahit mon espace vitale et son affaire d’église
là me fatigue, je ne sais pas ce qui m’a pris d’accepter.
Je n’arrive pas à me calmer, j’ai
les nerfs à vif, ce salopard aurais pris plus de coup si la foule n’était pas
venu nous séparer, quel culot. Je viens de déposer Gémina chez une de ses amies,
elle est fâchée mais je m’en fou, personne ne joue avec ma sœur. Ensuite je me
dirige chez Marimar, elle m’a demandé de passer à 15h pour notre petite
discussion.
Koumba Marimar
J’ai fini mon ménage, la
cuisine et le repassage, maintenant je me suis douchée et j’attends Marc, il était
sensé être là depuis trente minutes, mais ce n’est pas bien grave, ce n’est que
pour une discussion, nous allons parler de bébé et je vais aussi lui faire part
de mon déménagement après l’accouchement, je ne vois pas pourquoi je resterai
vivre ici, rien ne nous liera plus à part cet enfant. Il est enfin là, j’ouvre
et je tombe sur un Marc dans un état dans lequel je ne l’ai jamais vu, tenue débraillée
et visage plein de bleus
-Qu’est-ce qui s’est passé ?
-Rien, je peux rentrer ?
Je le laisse passer, il s’assoit
sur le canapé et se tient la tête entre ses mains, je ne sais pas ce qui se
passe. Il est bien habillé mais sa tenue est pleine de poussière, j’espère qu’il
ne lui ait rien arrivé de grave. Je l’apporte un verre d’eau qu’il boit aussitôt,
puis je m’assois près de lui en silence.
-Marc, qu’est-ce qu’il y a ?
-Ce n’est rien j’ai dit, juste
une petite discussion
-Dit plutôt une bagarre
-Comme tu veux ! Ces
connards, j’aurais du bien les enculés
Je le laisse ruminer dans son
coin et me reconcentre à mon film, quand il aura envie de parler il le fera, je
ne suis pas d’humeur pour les devinettes.
-T’as encore les tenues que j’ai
laissé ici ? Je peux prendre une douche ?
-Vas-y, tes tenues sont dans l’armoire
en bas à gauche
Il s’en va et je reste
toujours devant la télévision, j’évite les mouvements car j’ai mal au dos, ceci
est le résultat de toutes les tâches ménagères que j’ai effectué entre hier et
aujourd’hui. Avec mon tout petit ventre je n’ai pas ce problème de manière récurrentes,
mais quand je force trop mon corps me rappelle, qu’il y a un petit être qui cohabite
avec moi. Je m’allonge donc sur le canapé et comme une chèvre je m’endors, réveillée
par le bruit de la télévision seulement quelques minutes plus tard.
-Je suis prêt pour la discussion.
Dit-il quand il voit que je suis éveillée
-Tu t’es battu pourquoi ?
-L’ex fiancé de ma petite sœur,
il a rompu avec elle il y a trois jours seulement et aujourd’hui à leur église
il présente sa nouvelle fiancée à l’assemblée comme si de rien n’était, mon
sang n’a fait qu’un tour
-Je suis désolé pour elle, les
hommes de maintenant sont tellement méchants
Il ne dit rien, nous nous
regardons droit dans les yeux pendant un petit moment, c’est tellement hypocrite
de vouloir se battre avec un homme qui brise le cœur de sa sœur, lorsque soit
même on n’est pas un saint.
-On peut tout me reprocher,
mais personne n’a le droit de faire pleurer ma sœur
-Donc toi t’as le droit de
faire pleurer les sœurs des autres ?
J’ai crié ça sans pouvoir me
contenir, j’ai cru que le voir ne me ferait rien, je pensais qu’en me
concentrant seulement sur mon fils je pourrais faire abstraction de mon propre
ressenti mais c’est trop dur, il se pointe ici après avoir fait le héros alors
que c’est un zéro. J’ai envie de lui jeter tout ce qui se trouve sur la table
mais je n’ai pas la force, je suis fatiguée.