Partie 20 : surprises
Ecrit par labigsaphir
- Coller la petite, embrouille la petite. Coller, coller, coller, coller, colle la petite. Zanga, zanga, zanga, zang, zang, zanga la petite.
Je gare sur un air de Franko, récupère mes effets dans la malle-arrière, ferme la voiture et monte en esquissant quelques pas de danse. Je suis partie d'ici en colère et maintenant, j'ai grand besoin d'affronter la réalité au lieu de rester dans mon cocon. Au lieu de quelques jours comme prévu avec Allan, nous avons passé une semaine ensemble ; semaine au cours de laquelle, nous avons travaillé, nous sommes baladés et beaucoup discuté. J'avoue que sa présence m'a quelque peu aidée à oublier Elric pour un temps et par la même occasion, à atténuer la douleur de la brusque séparation.
- Bonjour, fais-je après avoir traversé le seuil.
- Bonjour, répond-elle simplement.
- Comment vas-tu ?
- Bien, merci et toi ?
- Ça peut aller, merci.
Un blanc s'installe entre nous, Odessa et moi, nous regardons, gênées et ne sachant vraiment quoi nous dire. Je vais laisser mon sac dans la chambre, puis viens la retrouver au salon. Je m'assieds devant elle et la regarde, elle n'a aucune réaction ; et dire que nous étions des amies, presque des sœurs.
- Odessa, commençai-je ébranlée par la froideur de son regard.
- Que veux-tu, Jen ?
- Discuter ?
- Ah bon ? Tu te souviens maintenant que ce soit vraiment possible ?
- Odessa, s'il te plait, essaie-je.
- Non, Jen. La dernière fois que nous nous sommes vues, tu as remis en cause l'amitié et l'amour qu'Amicie et moi, avons pour toi. Tu nous as fait passer pour des mauvaises personnes, des personnes sans loyauté et qui n'ont aucune parole.
- Je sais et j'en suis désolée.
- Non, ça ne suffira pas, Jen. Dès le départ, nous étions toutes sceptiques par rapport à la relation naissante entre Elric et toi. Nous souhaitions tout simplement te protéger, connaissant la réputation d'Elric.
- Je le sais aujourd'hui, Odessa. Je suis navrée pour mon attitude et surtout d'avoir douté de vous.
- C'est trop facile, Jen, trop facile. Tu n'es pas africaine, Jen, non tu ne l'es pas. Nous, qui en sommes, savons qui sont nos frères et connaissons aussi leur psychologie. Les africains et les occidentaux n'ont pas la même philosophie et ne peuvent donc avoir, le même comportement. Nous qui sommes des africaines, avons déjà du mal avec nos frères et vous, je ne sais pas comment vous faites pour vous en sortir, même si certaines y parviennent.
- ...
- Jen, tu nous as blessées.
- Désolée, que dois-je faire pour m'excuser ?
- Nous laisser du temps, le temps de voir si nous pouvons passer l'éponge.
- Ok, dis-je dépitée.
Elle se lève, va dans sa chambre et en ressort cinq minutes plus tard avec un petit ; elle va surement passer du temps chez son mec. J'en profite pour appeler Amicie qui décroche et me demande de la rappeler plus tard. Je décide de faire le ménage de l'appartement lorsque je reçois un appel de ma mère.
- Allo, maman.
- Ça va, Croft ?
- Bien, maman. Depuis quand m'appelles-tu Croft ?
- Depuis que je suis obligée de te rappeler que tu es d'abord une Croft avant d'être une Stern. Je suis certaine que les Stern te voient plus souvent que nous, depuis que tu fais partie du conseil d'administration.
- C'est possible voire vrai.
- Alors, j'aimerai que tu passes le week-end prochain avec nous.
- Je ne sais pas.
- Jen, qu'est-ce qui te retient à Limoges ?
- Pas grand-chose, c'est vrai.
- Alors, viens.
- Bon, ok je serais là.
- Merci ma chérie, sinon ça va ?
- Oui, maman.
- Quand nous présenteras-tu ton chéri ?
- Maman, je n'en ai pas.
- J'avais pourtant cru comprendre que tu avais un homme dans ta vie.
- Non, je n'ai pas encore eu la chance de rencontrer mon âme-sœur.
- Ça viendra, je ne me fais aucun souci, tu es encore jeune.
- Je sais.
- Des nouvelles de ta sœur ?
- Elle va bien, je crois. La dernière fois que j'y étais, elle était très occupée avec tonton Jamice.
- Ok. Il ne faudrait pas que vous rompiez le contact, c'est important.
- Ok, maman.
- Bonne soirée et prends soin de toi.
- Merci et bonne soirée.
Je raccroche puis vais chercher une bouteille de jus de corossol dans le frigidaire, me sers et me mets à jouer avec mon téléphone portable jusqu'à ce que je vérifie mes messages. Je lis les messages d'Allan et y réponds avec plaisir, puis efface les messages du jour, d'Elric. J'ai pris l'habitude d'effacer sans lire, c'est mieux sinon je pourrai craquer.
Je repense au jour où nous nous sommes rencontrés dans le magasin, mon cœur et mon corps ont immédiatement réagit. J'ai d'abord remarqué sa prestance, cette façon qu'il avait de s'adresser à moi comme s'il mon bouton de rose et sa voix étaient connectés. J'ai eu des frissons, heureusement qu'Allan n'avait rien remarqué. Une minute encore après son départ, mon souffle était toujours coupé ; il me faisait encore de l'effet.
...ELRIC...
- Te plait-elle ?
- Oui, merci ; elle passe la main sur son ventre et sourit.
- De rien.
- Elric, merci.
- Pourquoi ?
- Je sais que ça ne va pas fort entre nous et que tu fais de gros efforts pour que le bébé arrive dans de meilleures conditions.
- C'est normal.
- Je sais qu'il a été difficile pour toi, d'accepter que nous vivions sous le même toit malgré...
- Malgré le fait que tes parents aient voulu me piéger ?
- Euh...Oui. Je suis vraiment navrée que nos familles en soient arrivées là.
- Je tiens à voir mon enfant naître et surtout qu'il ne vous arrive rien ; elle a un petit sourire. Tu t'es évanouie deux fois dans la baignoire, cela pourrait devenir dangereux.
- Ok, tu as donc accepté que je m'installe ici pour le bébé ?
- Louhann, je ne sais pas ce que tu souhaites entendre, mon enfant est ma priorité ; son regard s'humidifie instantanément.
- J'ai compris, fait-elle tristement. N'y a-t-il aucune chance que nous repartions de zéro ?
- Je ne sais pas, je ne crois pas.
- Es-tu amoureux de l'autre fille ?
- Ce ne sont pas tes oignons et l'autre fille s'appelle, Jeneya.
- M'as-tu aimée un jour ?
- Louhann, tu devrais arrêter, tu risquerais vraiment te faire mal.
- Ok, fait-elle tristement.
- Comme nous ne connaissons pas encore le sexe, je propose que la chambre du bébé ait un papier peint de couleur jaune.
- C'est une bonne idée.
- N'ayant vraiment pas ou plus de sous, je suis dans une période creuse, le vieux a envoyé des sous.
- Ok, c'est gentil à eux.
- Nous irons faire les courses ensemble ou alors, nous les ferons sur internet.
- Ok.
- As-tu faim ?
- Oui, j'ai envie d'une pizza géante.
- Je connais tes gouts, j'y vais.
- Merci, Elric.
- En passant, tu devrais faire attention à ce que tu manges sinon perdre les kilos en trop, te sera difficile.
- C'est noté.
Je mets ma veste et sors, moins de dix plus tard, je suis dans la rue Jean Jaures et bifurque sur la gauche, juste après la société d'assurances. Au moment de garer, je crois reconnaître une silhouette, je me presse et descends rapidement.
- Bonsoir, fais-je tout naturellement.
- Bonsoir, répond-elle en se tournant vers moi.
- Comment vas-tu ?
- Bien, merci ; je note qu'elle ne me pose pas la question, même par politesse.
- Et les études ?
- Tout va bien, merci.
Un blanc s'installe entre nous, j'ai envie de parler mais ma langue pèse. Je suis éblouie par sa beauté, sa candeur et surtout, ce qu'elle dégage ; je regrette tellement de lui avoir menti.
- Euh...il faudrait que j'y aille, dit-elle en me montrant les pizzas.
- Ok.
- Bonne soirée.
- Bonne soirée...Euh...Jen,
- Oui, quoi ?
- Pourrait-on discuter ?
- Non, je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
- S'il te plait, Jen, au nom de ce que nous avons vécu.
- Non, Elric.
- Je ne te demande pas de me répondre de suite. Je sais que tu as un homme dans ta vie et ne tiens pas à te perturber
- Dans deux heures, Chez Marcias à L'avenue Garibaldi.
- Merci.
Elle s'en va, je ne peux m'empêcher de la suivre du regard et pose ma main sur ma poitrine ; j'avoue être touché. L'on ne connait la valeur de ce que l'on avait, seulement après l'avoir perdu.
UNE HEURE PLUS TARD...
- Ah oui, c'est très intéressant comme film.
- Tu as fait un excellent choix, Elric.
- Merci ; je jette un coup d'œil à ma montre.
- Qu'y a-t-il ?
- Je dois y aller.
- Mais où ?
- Louhann, tu n'es pas ma mère, seulement la mère de mon futur enfant.
- Désolée.
Je vais prendre la douche, m'habille en faisant attention à ce que je mets, me parfume et sors de la chambre un léger sourire sur les lèvres.
- Tu es beau, Biyo'o.
- Merci Louhann.
Un quart d'heure plus tard, je vais garer près du Centre Commercial St-Martial et me dirige à grands pas vers le restaurant. Je donne mon nom à un des serveurs et suis immédiatement conduit à la table. Elle arrive cinq minutes plus tard, portant un ensemble couleur mauve, moulant à merveille ses formes ; j'ai du mal à détacher mon regard de sa poitrine et les escarpins affinant sa silhouetté.
- C'est par ici, dit-elle en me montrant sa figure.
- Euh..oui, c'est vrai, fais-je affreusement gêné.
- Merci ; je tire la chaise et elle s'assied, puis je fais signe à un des serveurs qui vient prendre la commande.
- Tu es ravissante.
- Merci ; je note qu'elle rosit de plaisir.
- Ça va ?
- Bien, merci.
- Et avec les filles ?
- Ça va mieux, merci.
- A la fac ?
- Ça va, merci. Elric et si nous allions droit au but ?
- Toujours aussi directe.
- C'est mieux.
- Je tenais à ce que nous discutions afin d'éclaircir certains points et si possible, lever certaines équivoques.
- Je t'écoute même si je ne suis pas convaincue de la pertinence de ton geste.
- Ou, je reconnais mes torts. J'ai péché et commis des erreurs, je n'aurais pas dû te mentir. Je t'ai fait du mal, je le reconnais et tiens à m'en excuser. Contrairement à ce que tu peux penser, je ne me suis pas remise avec Louhann.
- Cela n'a aucune importance, Elric.
- Pour moi, si ! Je reconnais que lorsque je t'ai rencontrée, je n'avais pas encore mis un point final à mon histoire avec Louhann mais c'était en cours. Et avant que tu ne poses la question, cet enfant a surement été conçu le jour de mon anniversaire ou durant cette semaine-là. Je n'en suis pas fière, c'est vrai et je m'en excuse encore mais ce qui est fait, est fait. Les photos que tu as vues, ont été faites dans le cadre de la reconnaissance de l'enfant. Il était question pour ma famille, d'aller reconnaître l'enfant du fait qu'il n'ait pas été conçu dans le mariage. C'est une tradition africaine, ainsi l'enfant pourra porter mon nom.
- Humm.
- Louhann a souhaité que cela devienne aussi une cérémonie de fiançailles, mais je m'y suis formellement opposé e ai éclairci certains points.
- Pourquoi me le dire ?
- Je sais que tu n'as plus confiance en moi. Tu as surement quelqu'un dans ta vie, mais je sais aussi que les sentiments que tua avis pour moi, n'ont pu disparaître d'un coup de baguette magique. Jen, moi aussi je t'aime et souhaiterai que tu nous donnes une seconde chance.
- Non, Elric, je préférerai que tu t'occupes de votre enfant.
- Je m'occuperai de mon enfant, c'est clair, mais pas de la mère.
- Non, Elric, non.
- Jen, Louhann ayant pour habitude de s'évanouir durant son bain ou dans la salle de bain une fois que les températures sont fortes, j'ai pris la résolution d'emménager avec elle dans u appartement. Je tenais à ce que tu le saches et non, que tu l'apprennes par des indiscrétions. Je tiens juste à ménager mon enfant et veiller à ce qu'il arrive dans de bonnes conditions. J'ai été clair avec elle, il n'y aura plus rien entre nous.
- Non, Elric, tu m'as mentie et blessée. Je ne crois plus pouvoir te faire confiance. Par contre, j'apprécie ta franchise. Tu conviendras tout de même avec moi, qu'emménager avec ton ex et mère de ton futur bébé, est assez étrange ; la situation est assez ambiguë.
- C'est vrai mais si tu nous donnes une chance, nous pourrions gérer.
- Je ne crois.
[ JENEYA ]
La serveuse apporte les plats, nous mangeons dans un silence assourdissant, chacun dans ses pensées. J'aurai pu, si je le souhaitais vraiment, lui dire qu'Allan n'est qu'un ami mais je pense que le faire, ne serait pas une très bonne idée. J'ai écouté son histoire, histoire que je trouve loufoque, abaracadabrante ; mon cœur a assez souffert. Aujourd'hui, j'ai le courage d'en parler sans verser une larme alors que cela n'a toujours pas été le cas.
- Bon appétit, Jen.
- Merci Elric et à toi, autant.
- Merci. Prends tout le temps qu'il faut, Jen, je saurais attendre car je t'aime.
Mon téléphone se met à vibrer, le visage d'Allan apparait sur l'écran. Je m'excuse et vais décrocher avant de revenir m'asseoir un quart d'heure plus tard.
- Je dois y aller, dis-je en prenant ma veste.
- Pourquoi ? Qu'y a-t-il ?
- Rien de spécial, il faut tout simplement que j'y aille.
- Tu sais que nous pouvons devenir des amis, même si tu refuses de nous donner une seconde chance ?
- Nous ne sommes déjà pas des ennemis, Elric. Bonne journée.
- Bonne journée, Jen.
Je rentre à la maison et rappelle Allan une fois, arrivée. Nous restons des heures et des heures à discuter, je suis contente de l'avoir dans ma vie. Même s'il prétend être amoureux de moi, il ne me bouscule pas et reste très attentionné. Je fais ma valise car demain, je devrais me rendre à la ville rose pour me ressourcer et là-bas j'irais à Londres.
TROIS JOURS PLUS TARD...
- Mais attendez, comment se fait-il que je ne retrouve pas mon attaché-case ?
- Calmez-vous mademoiselle, nous sommes navrés pour l'incident mais vous assurons qu'il sera retrouvé.
- Là-dedans, il y a tous mes papiers et dossiers très importants.
- Nous allons procéder à une fouille de l'avion afin de nous assurer qu'il ne sortira pas.
- Merci.
Je piaffe et me ronge les ongles, rentrant dans une bulle me protégeant de tous les autres passagers. Le voyage se passe relativement bien et nous atterrirons dans une demi-heure à Londres. Seulement, je ne retrouve pas mon attaché-case et panique à l'idée que certains documents tombent dans de mauvaises mains. Une dizaine de minutes plus tard, l'attaché-case m'est remis, plus de peur que de mal. Je vérifie que tout y est, c'est parfait. Tout l'équipage se confond en excuses et propose une compensation au niveau du billet d'avion où une nuit dans un hôtel, je penche plutôt pour le billet d'avion ; un des responsables prendra contact avec moi demain matin, ça me va.
J'arrive à la maison, branche mon téléphone et reçois de suite, une vidéo whats'App d'Elric. Il me raconte simplement sa journée et pour le coup, est en train de faire une recette que je lui ai apprise. Il est tout simplement mignon mais je ne vais pas y répondre, car le faire serait lui donner espoir. Je me repose et descends deux heures plus tard, rejoindre Venaya et papi, pour le diner. Après les salutations, nous sommes servis, j'écoute avec attention Venaya raconter ses épopées dans l'entreprise. J'ai toujours su qu'elle avait les capacités de leader, elle n'a pas besoin de forcer pour s'imposer.
- Jeneya,
- Oui, papi ; il se tourne vers moi et sourit.
- Comment te sens-tu dans l'entreprise ?
- Très bien. Pourquoi ?
- Que dirais-tu de t'installer à Londres ?
- Je ne sais pas mais ce dont je suis certaine,
- Huhum.
- Ce ne sera pas pour maintenant.
- Pourquoi ?
- Je compte terminer mon année et avoir mon MBA.
- Et si tu avais la possibilité de l'avoir en Angleterre et dans un des établissements les plus prestigieux ?