Partie 20 : Une fin comme toutes les autres
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Je me dirige dans ma chambre et je déverrouille mon
téléphone et j’y trouve des appels manqués et des messages de Grégory. Son
dernier message m’arrache un sourire, je le rappelle immédiatement
-Je pensais que tu ne voudrais plus jamais me parler, je
suis désolé pour hier je me suis un peu emporté
-C'est pas grave, la situation était désagréable et ça c'est de ma faute. Avant de continuer cette conversation il faut que tu
saches que Romain m’a embrassé
Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça, c’est sorti tout seul
mais si on doit faire table rase autant que tout soit dit. Il y a un long
silence, je ne sais pas quoi dire pour le briser, j’attends qu’il dise quelque
chose, je suis prête à écouter ce qu’il a à me dire et s’il m’en veut je
comprendrais. ‘’ quel type de baiser’’ fini-t-il par demander
-Il a juste posé ses lèvres contre les miennes et je l'ai repoussé, ce baiser ne signifie rien. Je lui ai dit qu'il pouvait rentrer en France parce qu'il n'y aura plus rien entre nous
-Donc il ne vient plus manger chez tes parents ?
-Il était là pour le déjeuner, il vient de partir. C'est vrai que je ne t'avais pas précisé à quelle heure il viendrait.
-Donc t’a embrassé aujourd’hui ?
-Oui, pendant que nous discutions. A l'hôtel il ne s’est rien
passé
-Tu fais quoi maintenant ? On peut se retrouver pour discuter ?
-Je pensais que tu avais rendez-vous au chantier aujourd'hui, papa parlait de ça à mon oncle tout à l'heure
-Oui j'y suis encore, on peut se retrouver chez toi dans une trentaine de minutes ?
-D’accord, à tout à l'heure
C’est anxieuse que je quitte la maison familiale pour mon
chez moi, à ce stade là je ne sais plus quoi penser son ton était neutre il semblait comme impassible et ça me fait peur, j'ai peur de le perdre et c'est dommage que ce n'est que maintenant que je m'en rende compte. Une relation de quelques
semaines à peine, déjà mise à rude épreuve, est-ce qu’on va s’en sortir. Je me
gare et file au salon pour aérer la pièce, je branche le frigo et y met une
bouteille de vin, je n’ai pas de quoi faire un plateau apéritif mais je
retrouve des chips et des saucisses cocktails dans mon sellier, ça fera
l’affaire. Je m’assois mais j’ai trop le cœur qui bat à 100 à l’heure, après
tant d’années de célibat, je pensais enfin goûter à l’amour paisible, hélas. Il
fini par arriver une trentaine de minutes après moi, j’actionne l’ouverture
automatique du portail et je sors pour aller à sa rencontre, une fois près de
moi il m’enlace et m’embrasse, si j’avais encore des doutes, ils viennent de
s’envoler, mon cœur bondit de joie.
-Bonsoir mademoiselle Boussougou
-Bonsoir monsieur Tchibinda, bonne arrivé et faite comme
chez vous
Nous restons là silencieusement pendant quelques minutes,
l’amour c’est vraiment une chose mystique, je me sens tellement mieux
maintenant qu’il est là. Nous finissons par rentrer au salon, je sors les
amuses bouches et le vin et nous nous installons dans le grand canapé.
-Tu sais ce que j’ai envie qu’on fasse ? Dis-moi
-Non
-Qu’on oublie tous les évènements de ces 72 dernières
heures et que l’on se consacre à faire grandir cette relation, on est
d’accord ?
-Je suis d’accord mais désolé pour ces incidents avec
Romain
-Ce n’est pas de ta faute, il y’a une chose que j’ai
apprécié dans tout ce bourbier c’est ton honnêteté, je sais que je peux te
faire confiance. Les hommes roderont toujours autour de toi, tu es une belle
femme, intelligente et élégante, comme le miel tu attireras toujours les
abeilles, la seule chose que je veux c’est que de ton côté tu sois toujours
lucide dans ce que tu veux. Je t’aime Tania et je ne veux pas te perdre mais je veux que cela soit réciproque on doit toujours être dans le même camp pour faire avancer cette relation.
-Je t’aime aussi Gregory et ces derniers jours ont été le test nécessaire pour que je comprenne que ce que je ressens pour toi. Je sais que je ne t'ai pas facilité la vie dans cette histoire de couple mais je ne veux pas te perdre, tu as tout à apporter à une femme comme moi
Je m’approche de lui et l’embrasse comme ci ma vie en
dépendait, oui je suis amoureuse de lui, Romain à peut-être semer la zizanie
pendant un court instant mais il m’a fait comprendre que j’aime cet homme, je
ne l’aime pas pour les cadeaux, le champagne, les honneurs, je l’aime lui, j’ai
la personne qu’il est avec ces valeurs et ce physique d’Appolon. Parfois l'on ne se rend pas bien compte de la chance que la vie nous offre, j'aurais été tellement bête de retourner avec Romain en me laissant guider par la peur. Je vais vivre cette relation à fond et l'on verra où le destin nous mène.
Grégory
Moi le fils de sa mère j’ai dit à une femme que je l’aime,
c’est qu’un jour il neigera peut-être au Gabon, ça semble tellement surréel pour moi. Il
y’a un début à tout, aujourd’hui je suis heureux et ma vie prend une autre
direction, je mérite enfin un peu de répit et de bonheur, fini l’ancienne
version de moi renfermé et hyper protecteur envers ses frères, j’apprend
aujourd’hui à mettre un peu de légèreté dans ma vie. Tania apporte à ma vie tellement de joie à mon cœur, cette fille qui semblait froide et inaccessible est en fait la personne la plus ouverte que je connaisse, avoir vécu cette cavale ensemble nous à certainement aidé à faire tomber les barrières plus vites et à faire naître nos sentiments encore plus vite, oui je l'aime cette petite princesse capricieuse.
Le sexe avec une partenaire que l'on aime est incroyable, les sensations semblent décupler, je n’ai pas envie que ce moment termine, je me sens si bien dans ce lit avec celle que j’aime. C’est incroyable comme je redécouvre tout différemment depuis que je suis amoureux ‘’Je t’aime tellement’’, en unissant nous vibrons. Après ce moment si passionnant nous commandons à manger et lorsque la livraison arrive nous mangeons et discutons assis par terre comme deux gamins, je sais que je n’ai pas changé Tania, elle a toujours été la femme joviale et aimant qu’elle est, il suffisait juste qu’on lui donne l’occasion de montrer cette facette de sa personnalité.
-Vivre avec toi me manque un peu, dit-elle
-Juste un peu ? Me réveiller à tes côtés me manque
énormément mais nous ne pouvons pas nous
permettre de vivre ensemble avant d’annoncer à nos familles notre relation
-C’est vrai mais on peut se voir ici, je pense que je vais
réaménager la semaine prochaine, mon gardien est en congé mais il revient en
fin de semaine. Au moins on pourra se voir quand on le voudra.
-Oui je vais venir te voir autant que possible, seulement
je dois me trouver un studio, si je fais des allers-retours en quittant le
domicile familial, ils me poseront mille et une question
-Tant que l’on voit régulièrement, ça me va
-Là je reconnais la princesse Tania premier du nom, ma
belle dictatrice
Nous finissons par nous séparer à la tombée de la nuit
comme deux ados amoureux qui doivent rejoindre leurs parents, j’aurais voulu
passer la nuit avec ma belle mais ce n’est que partie remise.
Tania
Cette journée était trop courte, je veux encore ma dose de
Grégory, l’amour rend si fébrile, je me couche en pensant à ses caresses, ses
baisers, sa peau contre la mienne, à ses mots doux et à nos regards intenses.
Je n’ai pensé qu’à lui pendant toute la journée, les papillons
dans le ventre du début de relation m’avaient manqué, je sais que ce ne sera
pas toujours parfait mais je veux bien profiter de moments de qualité. La phase
lune de miel, j’espère qu’elle durera bien longtemps avant que s’installe la
routine.
Il m’avait dit de ne pas me déplacer et de l’attendre chez
moi mais je suis bien trop têtue pour l’écouter, j’avais envie de lui faire la
surprise et de venir à lui, en agissant ainsi je sors complètement de ma zone
de confort, je me laisse guidée par mon cœur pour une fois et mon cerveau est
d’accord avec cela, je l’appelle donc en faisant ma voix de petite fille.
-Coucou babe suis à la station, je t’attends
-En fait que je te connais assez bien mademoiselle
Boussougou, retourne-toi
Je me retourne et je le vois debout dans un coin, je suis
assez surprise qu’il soit là, je ne pensais pas être autant prévisible. Mais Vivre
ensemble avant même d’avoir été en couple nous a certainement aidé à bien nous
connaître si rapidement. Il s’approche et s’installe dans le siège passager
avant de m’embrasser tendrement, un bonheur simple.
-Mademoiselle quand on te dit rendez-vous chez toi,
qu’est-ce que tu entends en fait ?
-J’étais trop impatiente de te voir
-Ne me prends pas par les sentiments, tu sais que je suis
faible. D’ailleurs tu sais où on devrait aller aujourd’hui ?
-Non mais j’ai une petite idée, vas-y dis moi
-Retourner au village, dans la case de ma mère
-Ouiii, je vais enfin me baigner de nouveau à la rivière. Quelle
bonne idée, je te laisse conduire si ça ne te dérange pas
-Ecoute Tania c’est ta voiture ne te sens pas obligé de me
laisser prendre le volant, je ne me sens pas moins à ma place quand tu conduis
-Je sais que tu n’es pas comme ça mais en vrai je ne me
rappelle pas vraiment le chemin, même si j’ai un bon sens de l’orientation je
ne maîtrise pas cette zone là
Il me sourit et nous échangeons nos places, ensuite nous
nous mettons en route pour Ntoum, pour ce village qui a été témoin de nos
premiers baisers, notre première nuit d'amour et l'évolution de cette relation
entre deux personnes simplement.
Grégory
Nous arrivons en 45 minutes plus tard dans cette zone
coupée de tout, cette zone où rien ni personne ne pourra interférer à notre
amour, ce lieu où au final tout à réellement commencé. Quelques minutes plus
tard nous nous retrouvons dans la rivière, nu comme deux vers, collé l’un à
l’autre, mes ancêtres devront nous excuser d’avoir souillé leur rivière mais
c’est incroyablement satisfaisant d’être là. Je la regarde et je me sens
chanceux, plus chanceux que ces vieux messieurs qui après avoir fait des paris
sportifs pendant de longues années gagnent enfin le jackpot, plus chanceux que
ceux qui ont raté un avion qui a eu un crash, plus chanceux que ce qui se
disent chanceux. Un homme comblé et heureux, ayant une famille adorable et une
petite amie incroyable, un projet de carrière, oui la vie m’a enfin souri après tant d’années de
tristesse, tant d’années à survivre sans m’octroyer le moindre plaisir, merci à
l’univers. Je suis sortie de ma bulle lorsque j’entends sa douce voix
-Si on a des enfants un jour il faudra qu’on les emmène ici
de temps en temps
-Quand on aura des enfants, nous viendront ici. Je vais
faire quelques travaux quand j’en aurais l’occasion mais rien de grandiose, car
ce sera notre échappatoire lorsque la vie citadine nous pèsera
-C’est exactement ce que je me disais
-Tu sais quoi, je veux passer ma vie avec toi, une vie
paisible, entouré de beaucoup d’amour
-Que le Seigneur nous fasse grâce, nous ne sommes qu’à quelques semaines de relation mais moi aussi je ressens au fond de moi que tu es celui que j’ai attendu si longtemps
Tania
Comme dans le conte pour enfants la belle et la bête, l’amour pur fini toujours par triompher. La boucle est bouclée, nous restons là silencieusement l’un dans les bras de l’autre et même si l’avenir ne nous garantit pas d’être ensemble, l’amour qui nous unie est tellement fort, ensemble on pourra tout supporter. Dans cette société où une femme carriériste et de surcroît héritière n’a pas le droit d’aimer sans calcul, je prends le pari, le pari d’aimer. Je prends le pari d'aimer cet homme que je ne voulais pas prendre le temps de connaître, parce que à ce moment je pensais valoir mieux à cause de ma position socio-économique, au final je l’aime et c’est lui qui m’a appris à regarder la société d’un œil neuf, l’amour me change au quotidien, être à ses côtés me donne des ailes et me rend meilleure …. FIN