Partie 21

Ecrit par Ornelia de SOUZA

Depuis deux jours que j'étais enfermé ici, elle était la seule que je voyais. Elle m'apportait mes repas à l'heure et m'aidait à soigner mes blessures. Je n'ai point dormi depuis que je suis là car craignant pour ma vie et mon avenir. Je ne savais pas si cette famille comptait me garder enfermer ici pour toujours. Je me levai une énième fois du lit pour me mirer. Je faisais pitié à voir. Moi qui me vantait tant de ma beauté, je ne ressemblais plus à rien. Je savais que les blessures physiques allaient guérir mais celles de mon cœur ne cicatriseraient pas de sitôt. Dire que je pensais que j'avais tout subi dans ma vie après les abus des clients de ma mère et les coups de ma mère. Si seulement je savais que je n'avais encore rien vu. Etait-ce le prix à payer pour être heureuse? Était-ce le prix à payer pour vivre une vie de luxe ? Je n'accusais néanmoins pas Carin de tout. Je savais que j'étais en grande partie responsable de son pétage de plomb car oui, ce n'était qu'un simple pétage de plomb. Je l'avais contraint par mes mensonges et tromperies à me battre. J'avais menti sur une grossesse et je savais que les hommes n'admettaient pas ce genre de chose. Alors qu'il me battait, je pensais qu'il allait me tuer mais si jusqu'ici, je respirais encore, c'est peut-être que ce ne sera pas le cas. Ces dernières semaines, j'avais connu un Carin si doux, charmant et si attentionné. Si seulement je pouvais le ramener. Si seulement...

La porte s'ouvrit lentement sur Dame Esther qui portait mon plateau repas. C'était la seule qui daignait s'occuper de moi. Elle me portait mes repas et me parlait. Elle tentait de comprendre ce qui s'était passé car la mère et la fille l'avait exclut de la discussion la fois passée. Elle soupira en découvrant mon plateau repas de la veille intact.


-Si tu ne manges pas, tu vas tomber malade mon enfant.

-Je n'avais pas faim; me contentai-je de répondre.

-Aujourd'hui il y a de très bonnes choses... J'espère que ça tu y goûtera tout au moins.


Je jettai un regard au plateau et mon estomac se retourna. Je n'avais pas faim. Ma situation prenait assez de place dans mon estomac et tant que je n'aurais pas une lueur d'espoir, je ne pensais pas être capable de me nourrir correctement.


-Mélaine; murmura Dame Esther en se rapprochant de moi. Je suis dans cette famille depuis des années et je sais que Madame prend parfois de très mauvaise décisions mais Carin est un garçon absolument adorable. Quoique tu ais fait, excuse toi et tout s'arrangera. Sa mère te fera sortir de cette pièce s'il l'ordonne. C'est lui ton époux.


Je souris. Visiblement, elle ne connaissait pas si bien Carin qu'elle ne le pensait. De simples excuses n'allaient pas fonctionner dans ce cas mais elle avait beau avoir tort sur toute la ligne, elle avait raison sur une seule chose. Carin était un garçon adorable. 


-Dis moi ce qui s'est passé ; insista t-elle une fois de plus

-Dame Esther! lança sèchement une voix que je reconnus


Ma gorge se noua. Carin était posé là devant la porte comme si de rien n'était. Il avait l'air soigné comme la première fois que je l'avais vu.


-Mon fils; tenta Dame Esther

-Je dois parler à mon épouse ; trancha Carin. Sortez et refermez la porte derrière vous.


Il entra dans la pièce et la gouvernante s'exécuta. J'étais debout totalement perdue et ne sachant pas comment réagir face à cette situation. Il avait dit qu'il voulait parler mais était-ce vraiment le cas? Allait-il encore me battre? Avais-je une chance de tout arranger ? 

Comme s'il lisait dans mes pensées, mon époux s'approcha de moi et leva une main pour me caresser la joue. Je me laissai faire. J'avais espoir.


-Mélaine; dit-il. Pourquoi m'as-tu fait ça ?

-Tu ne connais pas la vérité ; m'elancai-je face à la chance de m'expliquer.


Une gifle calma immédiatement mes ardeurs. Carin n'était pas là pour discuter.


-Je n'ai pas besoin de tes mensonges Mélaine. Je suis venu pour que tu me donnes des explications. Pourquoi ?


Je reculai. Je n'avais rien à lui dire mais rapidement il m'attrapa par la main et me ramena vers lui.


-Je t'ai posé une question Mélaine. Pourquoi as-tu tout mis en œuvre pour gâcher ma vie?

-Lâche moi maintenant ! hurlai-je. Je ne te permettrai pas de me toucher à nouveau donc lâche moi.

-Tu vas faire quoi? demanda t-il en me poussant sur le lit. Tu vas faire quoi?

-Arrête Carin! m'emportai-je. J'ai fais tout ça pour toi parce que je t'aime. J'ai fais tout ça pour être dans ta vie alors que tu ne semblais même pas me remarquer. Alors que tu préférais cette femme réduite physiquement. Je ne sais pas quel est ton problème Carin parce qu'une femme comme moi, on la traite comme une reine mais non, toi tu préfères un reste de femme.

-Oui, j'ai un problème ; cracha t-il au dessus de moi. Demande le aux gens. Ils te diront que je suis malade car je ne suis attiré que par les femmes réduites physiquement comme tu le dis. Tu as beau te dire que tu es une belle femme mais à mes yeux, tu n'es rien. Mais tu n'auras pas gâché ma vie impunément ma chère. Oh non! Je vais te transformer en la femme parfaite. 


Je ne compris pas immédiatement ses mots mais je paniquai lorsque je le vis s'emparer du couteau de table sur mon plateau repas qui était posé sur la table de chevet. Je tentai de sortir du lit mais il se servit d'un seul bras pour me ramener entre ses jambes.


-AU SECOOOOUUUURS! hurlai-je de toutes mes forces alors que Carin rigolait

-Tu oublies que nous sommes chez moi ici. Personne ne te viendra en aide. Personne. Et je ne vais pas te tuer. Pas aujourd'hui en tout cas alors calme toi.

-Mais que comptes-tu faire avec ce couteau?


Il se contenta de sourire à nouveau puis il enfonça le couteau dans le tissu de ma jupe. Je criai effrayée. Il utilisa le couteau pour déchirer totalement la jupe puis il jeta le tissu, reste de la jupe au loin dans la pièce. J'étais maintenant en petite culotte sous le regard complètement neutre de Carin.


-Ton vœu le plus cher, c'est d'être mon épouse n'est-ce pas? murmura t-il


Je ne savais que lui répondre car il tenait toujours le couteau pointé dans ma direction.


-Réponds moi! cria t-il subitement

-Oui! fis-je lasse

-Alors laisse moi te transformer en l'épouse parfaite.


Aussitôt qu'il eut finit sa phrase, il m'entailla le haut de la cuisse avec le couteau. La surprise passa la douleur sous silence mais dès que le signal atteint mon cerveau, je criai de toutes mes forces pour libérer l'effroi qui envahissait tout mon être. Alors que j'observais impuissante ma jambe qui saignait, Carin déboucla sa ceinture, descendit son pantalon et me tira vers lui.


-C'est ça que j'aime Mélaine. Tu me comprends. Là tu m'excites parce que je sais que tu n'es plus loin de ce que j'affectionne. Je vais te prouver maintenant que je ne suis pas impuissant. À chaque fois que je voudrais t'honorer, je rendrai cette entaille plus profonde jusqu'à ce que l'on t'ampute de cette jambe et crois moi que tu deviendras l'épouse parfaite pour moi ; déclara t-il en déplaçant ma petite culotte sur le côté.


Il me pénétra avec une violence rare alors même que je me debattais. À bout de souffle, je n'arrivais même plus à crier. Carin abusait de moi de la plus horrible des manières et je ne pouvais même pas me défendre. Finalement à bout de force et ne pouvant gérer toute la douleur que ma jambe me faisait ressentir, j'abandonnai et je le laissai jouir de moi comme il le désirait. Ses coups de butoir qui rimaient avec ses grognements faisait trembler tout le lit. Il avait les yeux fermés comme s'il était ailleurs, comme s'il s'imaginait une autre réalité et c'était sûrement le cas. Je ne sus combien de temps cela dura mais un dernier grognement de satisfaction m'informa de la fin du calvaire.


-Tu vois que je ne suis pas impuissant; dit-il alors même qu'il était encore à l'intérieur de moi. 


Il se retira et se rhabilla sous mes yeux rouges de colère et de douleur. Je me redressai en tenant fermement ma jambe.


-Tu as aimé ? murmura t-il


Je serrai ma mâchoire n'ayant aucune intention de répondre à une question d'une telle stupidité. Mais il prit mon menton entre ses mains et m'obligea à le regarder.


-Reponds moi quand je te parle!

-Dégage ! lui crachai-je à la figure

-Je ne m'inquiète pas; dit-il en souriant. Tu vas aimer les prochaines fois. Ce n'est que ton baptême du feu. 


Il semblait si malfaisant. L'homme que je venais de rencontrer était une autre facette de Carin que je n'avais encore jamais vu. Je n'avais même plus la force de pleurer. 


-Je vais t'envoyer Dame Esther pour te soigner et arrange toi. Tu vas recevoir de la visite donc sois présentable.

-De quoi tu parles? questionnai-je sans obtenir de réponse alors qu'il s'en allait


Dame Esther accourut quelques minutes plus tard. Il semblerait que Carin lui ai dit que je me suis blessé en faisant tomber le couteau. Et je ne risquais pas de le contredire en révélant la vérité. Elle m'apporta aussi des vêtements pour que je me change. À peine fus-ce le cas que quelqu'un toqua à la porte.


-Chéri, je peux entrer? demanda Carin de sa voix la plus mieilleuse.


Je n'avais pas la force de répondre alors Dame Esther le fit à ma place. Carin rentra suivit d'un homme que je reconnus aussitôt.


-Toi? lançai-je 


******

(Yves)


Merde! Mon premier emploi et il fallait que je tombe sur cette mégère. Nous nous étions rencontrés par un malencontreux incident et cette femme n'avait pas du tout été agréable avec moi. Vu son sale caractère, jamais elle ne permettrait que je travaille pour elle. Je me liquéfiai sur place. Perdre si près du but.


-Vous vous connaissez? interrogea le patron en se retournant vers moi


Je ne savais que répondre car je ne la connaissais pas vraiment.


-Non; se hâta t-elle de répondre. J'ai confondu avec une vieille connaissance. Quelle ressemblance !


Pourquoi venait-elle de mentir? Je savais qui elle était et elle savait qui j'étais alors pourquoi mentir à son époux? Quoiqu'il en soit, si elle ne révélait pas la vérité, j'avais une chance de garder mon emploi. 


-Donc mon amour; continua son époux en l'entourant de ses bras. Je te présente Yves qui est ton chauffeur.


L'homme embellissait la chose pour que sa belle l'accepte. Je n'étais pas son chauffeur mais son garde du corps et bien plus. 


-À partir de cet instant, pour ta sécurité il va te suivre partout et te conduire partout.

-Pardon? fit-elle en se retournant vers l'homme. 


L'idée ne semblait pas du tout lui plaire mais le regard sévère de celui-ci la dissuada rapidement de dire quoique ce soit. Ils avaient beau surjoué de l'amour, je n'avais pas l'impression d'être en face d'un couple très heureux. Cet homme intimidait clairement son épouse et aucun couple sain ne fonctionnait de cette manière. Mais une fois de plus, ces remarques n'avaient pas grande importance. J'étais là pour le travail et uniquement pour le travail. Pour rien d'autres.


-Comme vous le voyez Yves; dit-il en désignant le visage amoché de la dame; c'est la raison pour laquelle vous êtes là. Je ne supporterai pas qu'on touche à nouveau à ma femme.

-Très bien Monsieur; répondis-je. Vous pouvez avoir confiance en moi.

-Attendez moi en bas. Je dois m'entretenir avec mon épouse.


Je m'exécutai sans broncher. L'homme descendit quelques minutes plus tard alors que sa sœur et sa mère me devisageaient. Il avait fait les présentations plus tôt et il leur avait expliqué mon rôle. Elles n'avaient fait que acquiescer sans grande conviction aux paroles du patron.


-Tenez! dit-il en me tendant un bout de papier. Ce sont les endroits où ma femme doit se rendre cette semaine. Je veux qu'elle soit épanouie mais vous devez garder un oeil sur elle, c'est impératif. S'il lui arrive quelque chose ou si elle arrive à vous echapper, je vous le ferai payer.


Était-ce mon imagination ou cet homme venait-il de me menacer?


-M'échapper ? répétai-je n'étant pas très sûr de comprendre ce que ce mot faisait dans cette phrase.

-Oui oui; balbutia t-il. Mon épouse aime sa liberté et il est possible qu'elle tente d'échapper à votre surveillance. Vous ne devez pas permettre cela en aucune façon et peu importe ce que vous ferez pour l'en empêcher mais vous devez toujours avoir un oeil sur elle.


Le salaire était assez conséquent pour que je ne discute pas les ordres de mon patron. 


-Autre chose; reprit-il. J'ai besoin que vous séjournez ici pour bien exécuter votre travail.

-Non, ce n'est pas possible! répondis-je sans hésiter.


Ma sœur était dans un état critique et je devais la surveiller. Dormir ici n'était pas possible.


-Je double votre présent salaire; murmura le patron


Là la question  méritait réflexion. Je n'étais pas un homme intéressé mais cet argent pourrait beaucoup aider Désirée. 


-Réfléchissez bien; lança le boss pour me convaincre.

-Je suis d'accord; dis-je


Grâce à cet argent, je pouvais engager quelqu'un pour s'occuper de Désirée. Il m'était impossible de refuser cette offre.


-Très bien; conclut le patron. La gouvernante va vous montrer votre chambre. Je compte sur vous pour faire du bon boulot.


La gouvernante, une femme très raffiné me conduisit bien entendu vers la chambre qui était sensé être la mienne. Je n'eus pas le temps d'admirer la beauté des lieux ou de prendre mes marques. Je devais à tout prix joindre ma sœur pour l'informer que je ne rentrerais pas ce soir. Dans le couloir, je tombai nez à nez avec ma nouvelle patronne.


-Toi! répéta t-elle comme si elle ne connaissait que ce mot là

-Oui madame; repondis-je le plus professionnellement possible

-Tu penses que j'ai oublié ce que tu m'as fait? 

-De quoi parlez-vous? demandai-je dans l'espoir qu'elle s'en tienne là

-Si je ne l'ai pas dit, c'est pour que mon mari ne te vire pas. 


Je restai muet face à son aveu. C'était une bonne action mais je n'allais pas non plus lui offrir le ciel en signe de remerciements. Cette femme était tout simplement odieuse. Passer autant de temps avec elle me refilait clairement des soucis à l'avance.


-Mon mari a mit une voiture à ma disposition ? demanda t-elle

-Oui; répondis-je.

-Très bien! J'ai besoin que tu me conduises quelque part.

-Non!

-Tu as été embauché pour ça ; dit-elle en me fusillant du regard.

-Monsieur m'a donné des directives à suivre et aujourd'hui je n'ai à vous conduire nulle part.


Sur ces mots, je tentai de la dépasser dans le couloir mais elle me retint par le bras. Je me rapprochai d'elle et j'eus le privilège d'observer son visage de plus près. Je voyais parfaitement sa beauté au delà des ecchymoses que ses agresseurs lui avaient laissé. C'était une femme extrêmement belle et je comprenais aisément comment elle avait pu séduire un homme aussi riche. Dommage que son cœur ne correspondait pas à sa beauté physique.


-Lâchez moi! dis-je en reprenant mes esprits. 

-Je vais me plaindre à mon époux; lâcha t-elle avant de s'eloigner sous mon regard médusé


Cette femme est complètement folle, pensai-je avant de m'éloigner à mon tour. Complètement folle.


Entre coups et amour