Partie 21

Ecrit par Owali

(RACKY)


Ca faisait déjà deux heures que nous avions quittés Dakar. Koffi à côté de moi était scotché à son téléphone et je ne sais pas pourquoi mais cela m’agaçait au plus haut point. Les autres devant étaient en train de discuter entre eux quand à moi, ben je n’arrêtais pas de gigoter sur place car pour couronner le tous, les sièges de ce bus étaient très inconfortables.
- Du calme principale… je serais à toi dans quelques secondes.
- Hein ?!? Pardon ? Excuse-moi mais c’est à moi que tu t’adresses la ?! Demandai-je choquée.
- Bien sur ! Me répondit-il sans décoller son regard de l'écran.

Principale ?

Mais il n’est vraiment pas net celui la ! Mais je ne sais pas ce qui m’arrive, j’ai beau faire tous les efforts possibles pour le mettre à sa place, je n’y parviens pas. Il dégage une telle assurance et un tel sex-appeal que je n’arrive plus à réfléchir normalement depuis que je l’ai rencontré. 
- Non mais prends tout ton temps y a pas le feu, je me relaxe, bien au contraire !


HEIN ?!? Non Racky ce n’est pas possible, ce n’est pas toi qui a pu sortir ça ! Ou est passé ta langue ? Pffff. Tais toi, c’est mieux !

Il s’arreta et se tourna et me regardant droit dans les yeux.

- Tu sais…Les femmes je les connais très bien, donc quand je te dis de ne pas t’impatienter je sais de quoi je parle.
- Ok.

C’est tout ce que j’ai trouvé à répondre. Qu’est-ce que j’aurai même pu dire d’autre. Il m’avait grillé. Il est trop déroutant ce mec. 

Pour arrêter de passer pour la désespérée de service, je pris donc ma tablette dans mon sac à main et me connectais sur Muswada, ca faisait des jours que je guettais la page de Leila Marmela pour voir si une suite n’avait pas été posté. Ces histoires était tellement captivante que j’enrageais à chaque fois que je voyais qu’il n’y avait rien de nouveau. Les chroniqueuses qui commencent et ne sont plus capable d’assumer le rythme, y en a marre! 
Ah ! Surprise, il y a enfin une suite ! Trop cool !
Je me lançais donc dans la lecture de l’histoire. J’étais à fond quand je l’entendis me parler.
- Hein pardon ?!?
- Je te disais que j’ai fini, tu peux arrêter de lire maintenant ! 
- Heu… tu es sérieux la ?
- Ai-je l’air de plaisanter ?
- Non mais… toi ! Ce n’est pas parce que Monsieur a fini de vaquer à ses affaires, que je dois laisser tomber tout ce que je fais quand même! 
- Bien sur que si ! 
- Non mais tu te prends hein toi !
- Hum…Je peux te poser une question ? Me demanda-t-il toujours souriant. 
- Si je dis non, en tiendras-tu compte ?
- Euh… non ! 
- Je me disais bien ! 
- Quand tu te réveilles le matin, te douche, te maquilles et te parfumes, tu te mets devant ton armoire pour choisir une paire de chaussure à 50000 Fcfa, Une robe de quelques mètres carré à 100.000 Fcfa, un parfum qui embaume tout le couloir de ton immeuble et j’en passe. Dans la rue tu te sens belle et désirable n’est-ce pas ?
- Bien sûr !
- Je veux aussi dire par là que tu n’as jamais doutée de ta beauté ni même de ton pouvoir de séduction ? 
- J’avoue que non ! 
- Han han ! Mais alors pourquoi je devrais moi à mon tour douter de mon pouvoir de séduction ? 
- Moi je ne m’en vante pas et ne le cri pas sur tous les toits.
- Moi non plus Racky ! Je suis un homme pas trop bête, avec mon charme ! Je sais quand je plais à une femme, et je me dis que le jeu de se tourner autour ne sert à rien, c’est juste une perte de temps et d’énergie. Personne ne sait de quoi sera fait demain, ni le nombre de jours qu’il nous reste sur terre alors vivons, aimons-nous ! Je n’ai personne en ce moment et tu me plais beaucoup, je sais que je te plais aussi alors… 
- Euh mais mais... !
- Non tais-toi et écoutes moi ! J’ai un vécu, et quand je te vois, je sens que tu as souffert. Ça se voit dans ton regard ! Je ne te demande pas de te coucher là tout de suite pour qu’on en finisse. Ne te laisse pas avoir par mon air taquin, et apprend à me connaitre ! Ok beauté ? 
- D’accord ! 

Son discours me surpris. Je n’imaginais pas qu’il était aussi... profond ! Il semblait tellement vide et superficiel aux premiers abords. 
- On reprend depuis le début alors ? Bonjour je m’appelle Koffi Konan.
- Enchantée ! Moi je suis Racky Fall ! 
- Plaisir partagé ! Sinon tu fais quoi dans la vie Racky ? Je veux dire, si tu devais te résumer que dirais tu ? 
- Bof ! C’est assez compliqué, j’ai 24 ans je bosses, depuis peu je vis seule, j’ai été mariée et cela n’a pas marché. Pour l’instant je cherche encore ma place dans ce monde. Je suis une fana incontestée de la mode et du shopping, couleur préférée violet, je suis possessive et très impatiente! Voilà tout ! 
- Fan de shopping… toutes les femmes sont pareilles quoi ! Tout votre argent là va dans les chaussures, les sacs et les habits ! 
- Oui j’avoue ! Mais bon ça c’était avant que j'aie à payer mon loyer et mes factures toute seule ! Et toi ? 
- Moi ? J’adore ma mère ! Je sais ça fait cliché et pourtant c’est la pure et simple vérité ! Je lui voue un amour inconditionnel ! Je n’ai pas connu mon père, il est décédé pendant que ma mère était encore enceinte de moi, et malgré tout ça elle ne s’est jamais plaint. Je ne l’ai jamais vu pleurer ou rechigner à m’élever et elle m’a donné tout ce dont j’avais besoin. Elle a cumulé trois emplois pour m’envoyer dans de bonnes écoles et faire de moi l’homme que je suis devenu aujourd’hui ! Donc voilà ! 
- Wow ! Fils à maman c’est compliqué ! T’es à Dakar depuis combien de temps ? 
- Depuis 7ans ! J’ai commencé par prendre des photos de baptêmes, j’étais partout où il y avait un évènement. Il m’arrivait de me balader dans les quartiers avec mon appareil et dès que je tombais sur une fête, je me mettais à mitrailler les invités, puis je courais imprimer et revenais vendre mes photos ! Ma première année je me suis fait avoir par des compatriotes ici, j’ai même fait deux semaines dans la rue ! Mais toutes ces épreuves m’ont forgé et m’ont poussé à rechercher la perfection et même si elle n’existe pas, je m’en approcherai le plus possible.
- Waw … Eh bien ! J’avoue être très surprise ! Ce n’est pas du tout l’image que je me faisais de toi.
- Je sais ce n’est pas l’image que je montre non plus! Dis-moi beauté ce qui t’as rendu aussi triste, que t’est-il arrivé dans le passé ?
- Poufff…Ce n’est pas un passé si loin que ça ? C’était il y a quelque mois, j’ai été marié, enceinte et aujourd’hui plus rien de tout ça n’existe ! Au moment de mon divorce, j’ai été traité de tous les noms, j’ai dû fuir tout ça en allant vivre toute seule dans un quartier que je ne connaissais pas, et aujourd’hui je suis en pleine reconstruction.
- T’es une Warriors alors ! 
- Je ne dirai pas ça, mais bon, j’essaie ! 
- Tu y arriveras j’en suis sûr ! Je te donnerai un peu de ma persévérance, parce que tu fais trop bébé gâté toi ! 

J’éclatais de rire.
- Je prendrais ça comme un compliment.

Dans la discussion nous ne nous étions même pas rendu compte qu’on était déjà arrivé à Thiès, le temps était passé si vite. Nous nous sommes arrêtés au Résidence Lat Dior.
- On va passer la nuit ici et demain on ira dans un village voisin pour tourner sur une cérémonie traditionnelle pendant laquelle le mandjak est utilisé. Pendant qu’ils filmeront, toi et moi allons essayer de recueillir des infos et témoignages sur l’utilisation et la fabrication de ce pagne.
- Pas de soucis ! Il faut une tenue particulière ? 
- Non le plus simple fera l’affaire.
- D’accord ça me va ! 
- Bon bah on va dîner beauté ? Il y a un restaurant juste dans l’aile gauche de l'hôtel.
- Heu… Je peux d’abord déposer mes affaires et prendre une douche ? 
- Oui bien sûr ! On se retrouve ici dans une heure, ça te va ?
- Ok ! A tout à l’heure ! 

On m’indiqua ma chambre et dès que la porte se referma, je retirai mon ensemble bleu qui avait tellement prit la poussière de la route qu’il ne ressemblait plus à rien. Je me jetais sous la douche et ce n’est qu’une fois bien mouillée que je me rendis compte qu’il n’y avait pas de savon. Pfff ! 

J’avais un gel de douche dans ma valise. Je tendis ma main vers le porte serviette… Pas de serviette non plus !

Rah décidément ! 

Dans ma précipitation j’avais oublié de la faire sortir de la valise. Je sortis alors de la douche en courant toute nue, je pris ma valise, l’ouvris et juste au moment où je me dirigeais vers la salle de bain, on ouvrit tout doucement la porte de ma chambre. Et en quelque seconde je vis la tête de Koffi apparaître…
- Ah ! 
- OH !
- Mais que fais-tu là ? Criai-je tout en essayant de me cacher les parties intimes et en courant vers la salle de bain !
- Wow je suis désolé !! Tu avais oublié ton sac à main dans le bus et j’ai entendu le bruit de la douche du coup je me suis dit que tu étais dans la salle de bain donc j’ai voulu rentrer discrètement déposer le sac et retourner ni vu ni connu ! Désolé… je disparais !

J’étais retourné sous la douche un peu amusée quand même par cet incident. Il avait l’air tellement confus.
Je finis ma douche choisit une belle robe légère blanche et des sandales, je ne savais pas trop si il fallait jouer la fâchée devant Koffi où prendre tout ça sur le ton de l’humour… Finalement j’optais pour la deuxième option. 
Le gars à la réception m’indiqua le restaurant et dès mon entrée je les vis assis à une table. Je me dirigeai vers eux et ils se levèrent lorsqu’ils me virent. Koffi tira une chaise à côté de lui pour que je m’asseye. Une fois fait, je me penchais vers son oreille : 
- Alors le petit spectacle t’as plu ? 
- Oh que oui ! Y a moyen d’en voir plus ? 
- Même pas en rêve ! 

Il éclata de rire. La serveuse nous apporta le menu, il choisit pour moi, ce qui me fit plaisir. Finalement j’aimais le faite qu’il décide tout à ma place. L’atmosphère était bonne enfant, ça riait et se taquinait tout le temps que dirait le repas. Au moment de rentrer dormir, il m’accompagna devant ma chambre.
- J’ai passé une excellente soirée…merci! 
- Moi aussi ! Je ne savais pas que tu étais aussi drôle, tu sembles tellement coincée au premier abord ! 
- Bah merci pour ton honnêteté ! 
On arrivait devant ma porte. Silence. 
- Bon bah je vais y aller ! 
Il se rapprocha dangereusement de moi.
Ouh la il allait m’embrasser ? 

Il s’approchait encore et encore de moi…

Que devrais-je faire ? Lui rendre son baiser ou le repousser ?

Alors que j’entrouvrais déjà mes lèvres prêtes à recevoir les siennes, il esquiva ma bouche et me fis un baiser sur le front.

- Bonne nuit beauté ! Fais de beaux rêves…

Et il disparut dans le couloir me laissant là devant la porte de ma chambre complètement confuse et perdu à la fois. Ce mec me rend bête !
Je rentrais dans ma chambre me déshabillai et me couchai directement. 
Le matelas était plus épais que ma crêpe ce qui me permit de m’endormir immédiatement, un peu déçue que Koffi ne m’ait pas embrassé, j’aurai au moins aimé qu’il essaie pour que je puisse faire semblant de lui dire NON. Mais bon… Je sombrais dans un profond sommeil ! 

Cocoricoooooo !!!! 
Cocoricoooooo !!! 

Ça faisait des années que je n’avais pas été réveillée par les chants du coq. J’avais passé une très bonne nuit, très calme ! Pas de bruits de voitures ni dans l’appartement du haut, j’avais dormi à points fermés sans surveiller la porte de peur que quelqu’un ne s'introduise dans l’appartement. 
Je me levais fis mes ablutions et priais la prière de Zouhr un peu en retard. Je retournais à la douche pour prendre ma douche, je coiffais ma perruque, et mis une belle djellaba imprimée léopard et des pieds nus, lunettes de soleil sur la tête, make up nude, un sac bandoulière et j’étais dehors. Lorsque j’ouvris la porte et je tombai nez à nez sur … Koffi !

- Bonjour beauté !
Je sursautais.
- Oh ! Bonjour, tu as dormi devant ma porte ou quoi ? 
- Ça t’aurait plaisir hein ? Hihihi, désolé de te décevoir mais non ! Allez, on y va ! Tu prendras ton petit déjeuner dans le bus !

Sans plus de discussion, je m’exécutais et quelques minutes plus tard j’étais dans le bus avec un café à la main et un croissant que j’engloutissais en moins de deux. On arriva sur le lieu de la cérémonie et depuis le bus les bruits des tam-tams et chants nous parvinrent, il s’agissait apparemment d’un mariage. La journée s’annonçait longue et chargée. Koffi descendis du bus en premier et je m’apprêtais à descendre à mon tour lorsque ma robe s’accrocha à quelque chose me faisant perdre mon équilibre. Alors que je me voyais déjà manger la poussière, je sentis une grande main me retenir dans ma chute et me ramener vers un torse musclé. Hum... cette odeur ! Boisé et musquée à la fois…Je crois que je vais avoir du mal à garder l’équilibre.
- Ça va, tu profites bien ?
- Hein ?!? Qu..quoi ? Mais non, pas du tout ! Je..je..
- Arrête de t’enfoncer. Allez vient, on y va !

Confuse et gênée d’avoir une fois de plus été mis à nue, je m’assurai que ma robe n’avait aucun accroc. 

C’est bon, plus de peur que de mal.

Je récupérai mon sac et en me retournant je vis au loin une fille qui semble t-il me fixait. Je plissai les yeux pour essayer de voir si je reconnaissais la silhouette et effectivement elle me disait quelque chose. Mais à cette distance je ne voyais pas distinctement les traits du visage.
- Bon alors tu viens ? Me propose t-il en me tendant sa main.
Je regardais sa main. Devais-je la prendre ou pas ?!?
Ah Racky, tu réfléchies trop ! 

Je mis ma main dans la sienne et nous marchâmes en direction de la fête. Étrangement, plus je marchais, plus les visages m’étaient familier. Pourquoi j’avais l’impression de reconnaître autant de personne ?

Koffi avait oublié quelque chose dans le bus, alors il y retourna me plantant au milieu de la cour avec le matériel. Tout d’un coup je sentie une présence dans mon dos, je me retournai brusquement et…
- Tu vois Amadou, je t’avais bien dit que j’avais vu Racky, lança Bijoux.


MAIS ! MAIS! Je rêve!!!…Qu’est-ce qu’ils font là ?!?

Lep ci Racky