Partie 22

Ecrit par Owali

(RACKY)


- Tu vois Amadou je t’avais bien dis que c’était Racky que j’avais aperçu ! 

MAIS ! MAIS! Je rêve !

- HEIN ?!? Mais…mais que faites-vous là ? 


Bijou et Amadou étaient débout devant moi vêtu de beaux vêtement traditionnels! 
- Boujour Racky ! C’est moi qui devrait te poser cette question. Je ne savais pas que toi aussi tu avais été invitée ? 
- Invitée à quoi ? A ce mariage ? Et pourquoi l’aurais-je été ? Jusqu’à preuve du contraire je ne connais pas les mariés !
- Hum…Je sens que la journée va être intéressante ! 

Mais de quoi 
elle parlait celle-là ? 

Amadou en tout cas avait bonne mine, il avait pris du poids et des couleurs. Je ne cessais de le regarder. Bijou s’en était rendu compte et s'apprêtait à me faire une remarque lorsque, sortit de nulle part, Koffi nous rejoignit.
- Hey Beauté on y va ? Désolé j’avais oublié le micro ! 
- Et ben t’as pas perdu de temps toi non plus à ce que je vois! Fit remarquer Bijou.
- Mais c’est qui lui ?!? Demande Amadou

Je ne comprenais toujours pas de quoi elle parlait. Une femme s’approcha d’Amadou et lui parla en un dialecte que je ne connaissais pas, et c’est à cet instant que cela me revint Amadou m’avait dit qu’ils étaient originaire d’un village proche de Thiès. Cela pourrait donc être celui-ci ! 
Je n’eue pas le temps de poser la question que déjà Koffi me tirait. 

- Désolé les amis, mais nous sommes en retard ! Dit-il.
- Hey ! Nous étions en pleine conversation je te signale, lui fis-je la reflexion. 
- Je sais mais nous avons des obligations ici et la cérémonie a déjà commencée ! 

Je détestais le reconnaitre, mais il avait raison. Je pris le micro qu’il me tendait et on se mit immédiatement au boulot. On commença par interviewer les badianes de la mariée sur la tenue qu’elle devait porter au moment où elle rejoindrait son mari sous la tente pour sceller l’union devant la famille, puis nous fîmes le tour des invités. 
Koffi était très drôle et avec lui je ne sentais pas que j’étais en train de travailler, il avait l’art de mettre tout le monde à l’aise.

De temps en temps quand je levais la tête je tombais sur le regard assassin d'Amadou et celui amusé de Bijou. 

Mais c’était quoi leur problème à ces deux-là ? 

Après une heure d’interview, je pu enfin me poser. Tout le monde était assis. La famille de la mariée, qui 
était apparemment aussi originaire du même village, arrivait. Notre guide me souffla que les mariés étaient des cousins et cousines. C’était fréquent ici pour garder resserrés les liens familiaux. Les parents du marié vinrent trouver ceux de la mariée accompagnés de chants de griots. Une fois tout le monde calmé, la marraine du marié fit son discours et sortit le premier cadeau de mariée qui était constitué d’une parure en or et d’une somme de un million de francs. On compta l’argent devant tout le monde, le cameraman fit un zoom sur la maman de la mariée qui ne pouvait cacher sa joie et sa fierté. Elle demandait que tout le monde dans l’assistance regarde le bijou offert par le marié. Une fois toutes les coutumes respectées les griots se mirent à crier les louanges de la mariée. De là où j’étais j’avais une vue directe sur tout !


La mariée s’appelait Djeynaba et elle était très jolie, la beauté classique sénégalaise. Claire très claire avec des yeux en amande, un beau sourire, une belle taille marquée qu’elle avait mis en évidence dans un taille basse blanc perlé de partout avec une jolie broderie ton sur ton. Ce qui gâchait tout c’est qu’elle était un peu trop maquillée et sa pose d’ongle était trop grossière. Mais à part, ça rien à dire. C’était un petit diamant brute qui, avec un peu de boulot, serait un trophée pour son mari. Les photographes se jetèrent sur elle pour la prendre en photo et je sentis que cela l’agaçait un peu.

- Do rakh beu sama djeukeur gnio ? (Tu attends jusqu’ a ce que mon mari arrive ?) Dit-elle à l’un d’entre eux d’une voix mielleuse et boudeuse. 

Le photographe se retira sans demander son reste et les parents défilèrent pour la féliciter. 
Je sentais des regards appuyé sur moi. Des gens me dévisageait mais tournaient la tête dès que je levai les yeux vers eux. C'était bizarre. 

Une bonne partie de la foule se dissipa jusqu’à ce que quelques minutes après le départ de la famille du marié une voiture arriva. Tout le monde commençait à s’agiter. C’était le marié !

Les photographes se jetèrent sur lui, si bien que je ne voyais pas les griots qui se mirent à chanter à cœur joie. 
Tout d’un coup je sentis mon cœur battre la chamade sans que je sache pourquoi. Il me fallait boire de l’eau, ma gorge était sèche. Je me levais et me dirigeais vers le bus pour prendre une bouteille d’eau et rester un peu au calme et à l'abri du soleil.

Tout cela me rappelait mon propre mariage même s'il n’avait pas été aussi grandiose, parce que précipité, je n’avais pas eu droit à tout ce cérémonial. On avait juste attaché à la mosquée, le jour même on avait fait un dîner chez moi et le soir j’avais rejoint le domicile conjugal. Mon premier cadeau avait été remis à ma badiane en toute intimité. Juste de l’argent et pas de bijoux j’avais moi-même acheté mon bijou par la suite. 

Bref ! Tout ça c’était loin derrière moi. Je pris une bouteille d’eau et je fermais le bus avant de prendre la  direction de la place où j’étais assise plus tôt. Koffi n’étais plus assis mais debout en train de filmer. Je m’approchais donc de lui par curiosité et pour voir qui serait le mari de la jolie fille. J’avançais et quand je le vis, mon cœur s’arrêta de battre ! Je n’en croyais pas mes yeux ! 

Mais que faisait-il là ? 

A côté de la mariée, tout sourire, se trouvait...Karim ! MON Karim !

Il avait l’air tellement heureux à côté de sa nouvelle femme, à taper la pause. 

Même pas un an après notre rupture qu’il s’était déjà remis en selle. Pendant que moi je trimais dans un quartier mal famé, lui se la coulait douce avec une autre ? Comment avait-il pu m’oublier aussi vite ? Lui qui disait être aussi amoureux de moi...
En plus il avait offert à cette…cette…cette poupée, un mariage grandiose dont il m’avait privé parce que le bon Monsieur était trop pressé et me faisait du chantage.

Je le détestais ! Je sentais la colère monter en moi. 

A côté de moi Koffi me sentit bouillonner.
- Que se passe-t-il Beauté ? 

Je ne répondis pas.

Karim dut sentir mon regard le fusiller car il leva les yeux et nos regards se croisèrent. Il perdit son sourire à l’instant même. Je saisis la main de Koffi pour ne pas tomber et il me retint.

- Emmenes moi loin d’ici s’il te plait ! Le supliai-je 

Sans discuter, il me saisit par la taille et me guida vers le bus où il me déposa puis retourna chercher les autres. Ils ramassèrent tout et cinq minutes plus tard nous avions disparus. Dans la voiture le silence régnait. 
Arriviés à l’hôtel Koffi m’accompagna jusque dans ma chambre. Je m’assis sur le lit et lui à côté de moi.
- Tu ne veux pas en parler ? 
- Je ne sais même pas par où commencer ! 
- Par le début pardi ! Dit-il avec un de ces sourires. 

Je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour.
- C’est comme si tu avais vu un fantôme.
- C’est exactement ce que j’ai vu ! Un fantôme de mon passé…
- Tu expliques ? 

Après un long moment de silence et quelque larme versée dans les bras de Koffi, je relevais enfin la tête.

Il ne mérite pas que je verse ces larmes mais c’est plus fort que moi.J’ai tellement mal ! 
Pourquoi ce genre de chose m’arrive-t-il à moi ? N’ai-je pas le droit à ma part de bonheur ? 

Je me remis à pleurer et Koffi à côté me caressait les cheveux silencieusement. Quand je me calmai enfin il m’apporta un verre d’eau que je bus d’un trait.
- Merci ! 
- De rien Beauté ! 

Je pris une longue inspiration.
- J’ai été mariée il y a quelque temps, je pense te l’avoir dit ? 
- En effet.
- Mon mariage n’a pas duré très longtemps et quelque part j’avoue en être en partie responsable ! C’était avant tout un arrangement entre mon ex-mari et moi. Du coup le mariage a été fait à la va vite ! 
- Quel genre d’arrangement ? 
- Je ne suis pas encore prête à en parler…
- D’accord ! Désolé, c’est le journaliste curieux qui parle.

Je souris.

- Après quelques mois de mariage je suis tombée enceinte et la grossesse n’a pas tenue, j’ai fait une fausse couche et dans mon deuil nous nous sommes éloignés, tellement éloignés que notre mariage en a souffert ! Nous avons été maris et femme en tout et pour tout 6 mois. Après quoi, j’ai demandé à être répudier ! Après mon divorce j’ai été un paria dans ma famille, tout le monde m’est tombé dessus ! Ma tante a menacé de se suicider si je ne retournais pas dans mon foyer car cette honte, elle ne souhaitait pas la porter de son vivant ! Aucune femme de notre famille n’avait divorcé après six mois de mariage et surtout sans pouvoir donner d’explications. J’ai donc dus quitter le domicile familial parce qu’à chaque fois qu’elle me voyait elle fondait en larmes ! Aujourd’hui Alhamdoulilahi ça va mieux entre nous, mais j’en ai bavé ! Le marié de cet après-midi Karim, c’est mon ex-mari ! Pas que je l’aime encore, ce qui me fais mal la rapidité avec laquelle il a pu passer à autre chose et offrir à cette fille ce que je n’ai pas eu c’est-à-dire un mariage en grande pompe devant leurs familles respectives et en plus c’est sa cousine ! Donc voilà un peu la situation. Désolée d’avoir fichu en l’air la journée de boulot ! 

- Mais non beauté ! On a couvert tout l’évènement ce qu’on a en pellicule est largement suffisant ne t’inquiètes pas ! Tu mérites une bonne nuit de sommeil, ne réfléchis pas trop. Tu prends une douche et tu te couches, ok ? 
- Ok ! Merci pour tout ! 
- Pas de quoi ! 

Il se leva et se dirigea vers la porte. Je le suivis et l’ouvris. 
Une fois devant la porte il se retourna se baissa, pris mon menton entre ses doigts, je m’approchais de lui en soulevant les pieds comme attirée par un aimant. Il posa un baiser sensuel doux et caressant sur mes lèvres… mais tout de même bref...bien trop bref à mon gout ! 
- Bonne nuit Beauté ! 
Et il disparut comme à son habitude dans la pénombre du couloir.  Je fermai la porte un peu frustrée. Cette mani qu’il avait de souffler le chaud et le froid me rendait toute chose. Après une longue douche chaude, je me sentais mieux. Il était temps que je passe à autre chose comme Karim l’avait fait. C’est moi qui suis partie, c’est moi qui ai voulu mettre un terme à mon mariage qui n’avait plus de sens alors, pourquoi pleurer encore? Pourquoi je suis si triste ? Ai-je jamais eu de sentiment pour Karim ? 

Répondre non serait me mentir à moi-même. J’ai aimé mon mari, j’ai aimé Karim…peut être que je l’aime encore aujourd’hui…sinon pourquoi je ressens comme un coup de poignard en plein cœur le fait qu'il se soit marié ? Pourquoi je me sens trahie ?

Peut être que secrètement j’espérai qu’il refuse de signer les papiers du divorce. Peut être que j’avais espérer susciter un sursaut d’orgueil et que dans un dernier élan d’amour il aurait tout fait pour me reconquérir. 
J’avais peut être espéré qu’il redevienne le Karim aimant et attentionné qu’il avait su être dans le passé. Peut être…peut être…peut être….Rah ! 

Oublie le et va de l’avant !  Allez de l’avant, il le fallait, c’était désormais une nécessité quasi vitale ! Il fallait que je lui montre que je m’en sors très bien sans lui. 

Heureusement que Koffi était la pour me sauver la face et ne pas passer pour la fille désespérée qui non contente d’avoir été répudié, vient encore assister au mariage d’une autre !

Koffi…J’avais apprécié le fait qu’il m’écoute sans me juger et sans rien dire. Ça m’avait fait du bien, décidément il gagnait de plus en plus de considération à mes yeux. En peignoir, je m'apprêtais à enfiler ma chemise de nuit quand j’entendis toquer à la porte. 

Me demandant qui cela pouvait-il bien être, j’ouvris la porte prudemment et le vis. Il était là, debout devant ma porte, comme dans mon rêve… 

Hum j'aime déjà ce que je vois dans son regard !

Lep ci Racky