Partie 23 : la résilience
Ecrit par labigsaphir
- Je m'en fous Biyo'o ! Je m'en fous pas mal de tes problèmes !
- Louhann, que voudrais-tu que je fasse ? Suis-je responsable de cet incendie ?
- Biyo'o, je m'en fous ! Je suis enceinte de trois mois, débrouille-toi ! Mon enfant ne naîtra pas pour marcher nu.
- Je te demande juste de faire preuve de patience.
- Toute la layette que nous avions achetée, a brûlé. Tout est à recommencer à zéro.
- Oui, tout est à recommencé à zéro, Louhann. Et je ne t'apprendrais rien en te disant que ce sont mes parents qui avaient envoyés l'argent pour la layette.
- Biyo'o tout ça, c'est long ! Je sais que tu fais des business au pays.
- Des business qui ne tournent pas en ce moment, tu le sais parfaitement.
- Aka, ton père est ministre, Elric. Appelle ton père et tu lui demandes d'envoyer à nouveau de l'argent.
- Louhann, t'entends-t parler ? Crois-tu que mon père soit mon porte-monnaie ?
- Tu es quand même son fils, le fils du ministre Jasper Biyo'o...Il peut donc tu peux aussi !
- Louhann, mon père a ses affaires et je ne suis pas son seul enfant. Les deux premiers travaillent déjà, ça je le sais. S'ils participent chacun à hauteur d'un million, nous aurons terminé.
- Donc ce sont mes frères qui doivent s'occuper de ta grossesse ? µpuisque tu es incapable de le faire, que voudrais-tu que je te dise ?
- Louhann, sois juste patiente.
- Patiente, pourquoi ? L'appartement où je vivais, a brûlé. Heureusement que mes diplômes sont intacts. Tout le reste est parti en fumée, vêtements, chaussures, bijoux, tout, tout et tout. Tout ce que j'avais acheté pour envoyer au pays, a brûlé. Je ne parle même pas de la marchandise que je devais envoyer au pays, comme fonds de commerce.
- C'est toi qui es responsable de tous ces problèmes.
- Louhann,
- Louhann, quoi ? Si tu m'avais laissée dans ton appartement, rien ne serait arrivé. Il faudrait que tu fasses la layette de l'enfant, en plus du loyer du nouvel appartement que tu devras payer et me donner 1500 E en main pour ma marchandise qui a brûlé. Louhann, pour le moment, je n'ai rien.
- Je ne veux pas connaitre tes problèmes.
- Aujourd'hui, je suis obligée d'aller voir une assistante sociale et je vis où ? Dans une chambre prêtée par Oan et sa femme. Depuis que je suis arrivée en France j'ai toujours été chez moi. Aujourd'hui, je dépends d'autres personnes.
- S'il te plait, Louhann.
- Non ! Démerde-toi, tu as une heure pour trouver une solution.
- Sinon quoi ?
- Sinon, je vais appeler ton père.
- Tu crois que mes parents sont tes jouets ?
- C'est ça ou j'envoie un message sur une page people, une page lue par des milliers d'internautes sur Facebook et je relate ma situation en incluant ta très sainte Jeneya.
- Ecoute-moi bien, Louhann, si tu fais ne serait-ce qu'allusion à Jeneya que ce soit ici ou ailleurs, tu apprendras vraiment à me connaitre.
- Lâche-moi, Elric, lâche-moi, nous sommes dans un pays de droits ici. Tu sais ce qu'il encourt de brutaliser une femme enceinte ? Nous ne sommes pas au Cameroun où c'est celui qui porte plainte, qui a raison. Tchiiip !
- Je préfère sortir sinon je ne pourrai continuer à me maîtriser.
- Oui, fais ça, tchiiiiip !
Je prends ma veste et sors de l'appartement en pestant. Il me restait des sous dans mon compte du Crédit Lyonnais au Cameroun. Je me sers de ma tablette pour faire un virement de mon compte épargne à mon compte courant et attends deux heures avant d'aller faire un retrait avec ma carte bleue VISA. Je retire la somme totale moins les frais. J'ai pu retirer 6 000 € en divers points. Je vais sur le bon coin, cherche rapidement un appartement, prends rendez-vous avec le propriétaire je le visiterai dans la soirée. Je rentre à la maison( chez Oan), salue Oan et sa femme avant d'aller retrouver Louhann qui est en train d'écouter la musique.
- Tiens, voici 1500 € pour ta marchandise, 2000 € pour la layette et d'ici quelques jours, je pourrai te louer un appartement. Je vais payer les deux premiers mois de loyer et la caution, mais tu devras continuer à payer par la suite.
- Ok.
- Le contrat sera établi en ton nom, ainsi que toutes les factures ? Je vous aiderai le bébé et toi.
- Tu devras payer la pension alimentaire !
- Je le ferai, Louhann. Mes responsabilités, je les assumerai toujours.
- Quand est-ce que je pourrai partir d'ici ?
- Je te trouve l'appartement et tu devras demander un crédit à la CAF pour le meubler.
- Jamais !
- Dans ce cas, vous habiterez dans un appartement vide !
- Tchiiip ! Tu pourrais au moins dire merci. Je sais que la CAF devra te verser 900 € pour préparer la venue de l'enfant au 7ième mois, c'est tout "benef" pour toi.
- Et alors ? Ça te regarde ?
- Tu sais, ce n'est pas en agissant comme tu le fais, que tu m'empêcheras de refaire ma vie.
- T'ai-je dit que je voulais t'empêcher de vivre ? Tu les prendras bientôt au berceau.
- Je regrette de t'avoir connu, Louhann.
- C'est ça, c'est ça.
Je sors de l'appartement, récupère ma voiture et me rends chez Jen. Odessa a bien voulu, avec l'accord de Jen, que j'occupe sa chambre. Odessa vient donc de temps à autres, faire la cuisine pour moi et Jen, elle, m'appelle afin de prendre de mes nouvelles. Je vais prendre une douche, mange un bout avant de me rendre au rendez-vous à 18h30.
C'est un appartement de deux chambres, situe en plein centre-ville de Limoges, près de la Mairie. Le chauffage est collectif, l'isolation est bonne et il n'y a que des papis et mamies autour, c'est parfait. Je ne tiens pas à ce que mon enfant grandisse dans un environnement pollué par la racaille. J'attends impatiemment les conclusions des experts, concernant l'incendie. Je suis conscient que je ne les aurais qu'après les fêtes, car nous sommes le 29 décembre aujourd'hui.
Après discussion avec le propriétaire, je vais chercher Louhann qui accepte se bouger après m'avoir fait c****. Je serre les dents et prends mon mal en patience, elle porte mon enfant. Je respire lorsque le contrat est signé et remets la caution en plus de deux mois de loyers au bailleur qui semble être content. Je ramène Louhann, qui sourit de ses 32 dents. Durant tout le trajet, elle parle, je n'entends rien et ne vois que ses lèvres bouger, tellement je suis dans ma bulle, devenu hermétique à tout son verbiage. A dire vrai, cette femme me dégoutte, je me demande comment j'ai pu tomber amoureux d'elle.
A peine est-elle descendue de ma voiture que j'ai démarré ne trombe. Je vais me poser et cherche un appartement qui puisse à mon tour, me convenir. Je finis par trouver une, à côté de Corgnac, dans l'immeuble en bois, c'est parfait. Je prends rendez-vous pour le lendemain à 8 heures, avant que la bailleresse n'aille en province, passer la St-Sylvestre. Je finis par m'endormir et suis réveillé par ma mère qui se plaint de toujours être la dernière au courant de ce qui se passe dans ma vie.
- Maman, fais-je en soupirant je maîtrise la situation.
- Oui, si je te dis. Louhann a signé un contrat de bail cet après-midi. J'ai payé la caution et deux mois de loyer.
- C'est bien.
- Je lui ai aussi donné 1500 €, elle disait qu'il y avait sa marchandise qui avait brûlée.
- Tu n'es en rien responsable de cet incendie, à ce que je sache.
- Maman, je préfère éviter les problèmes ; je ne peux pas lui parler de la menace formulée par Louhann, cela pourrait mettre le feu aux poutres.
- Ok, je comprends.
- Je lui ai aussi donnée 2000 € pour la layette, sans compter que l'état lui versera quelque chose.
- C'est bien, tu as bien réagi.
- Elle t'a encore appelée ?
- Oui.
- Humm, je vais lui en dire un mot. Non, laisse, je suis la grand-mère de l'enfant.
- Maman, il ne faudrait pas qu'elle garde cette habitude. C'est moi le père de l'enfant, c'est à moi qu'elle devrait en parler.
- Je te comprends, laisse et calme-toi. Elric, ça va aller. Essaie aussi de la comprendre, elle est déçue que tu mettes fin à votre relation. C'est sa manière de te le faire payer, je crois.
- Maman, je pense d'abord à mon enfant.
- Je sais, mais laisse-tomber. A chaque jour, suffit sa peine, ça ira.
Je raccroche cinq minutes plus tard et me rendors à nouveau.
DEUX JOURS PLUS TARD...
Je suis surpris en entendant la clé tourner dans la serrure, Odessa m'a pourtant dit passer la St-Sylvestre avec son chéri. Je me lève et me rends au salon, Jen est en train de faire rentrer ses affaires dans l'appartement.
- Bonsoir, Jen.
- Bonsoir, Elric, répond-elle en souriant.
- Attends, je vais t'aider.
- Merci.
Je fais rentrer ses sacs et vais chercher le reste dans la voiture, ses parents se sont vraiment lâchés. J'appréhende de vraiment rester dans cet appartement, le temps qu'il le reste avant de rejoindre le mien, vers la mi-janvier. Je remonte et l'aide à tout ranger dans les armoires ; nous avons tacitement décidé de mettre de côté, tout ce qui pourrait entraver le bon fonctionnement de cette « colocation ».
- Au fait, Elric,
- Oui, Jen.
- J'ai discuté avec Odessa, ce matin.
- Et,
- Il se pourrait qu'elle décide d'aller vivre avec son homme.
- Je vois.
- D'ici la fin d'année, tu auras le temps de te trouver un appartement.
- J'ai déjà visité un appartement et je compte déménager vers le 15 janvier.
- Ah, ok.
- Ca a vraiment été rapide.
- Oui, oui.
- Et les fêtes ?
- Tu sais, Jen, tu sais, soupirai-je.
- Ça va aller, j'ai foi en Dieu, ça ira.
Un blanc s'installe entre nous, je suis gêné mais embraie sur un autre sujet de conversation. Je ne tiens pas à laisser la mélancolie me gagner ou à me souvenir de la veste que je me suis pris, le 25 décembres. Eh oui, les amis Jeneya CROFT m'a mis une de ces vestes que je saurais ni ne pourrai oublier. Nous essayons dès lors, de conserver tant bien que mal, de bonnes relations. C'est difficile du fait que j'ai encore et toujours des sentiments pour elle. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles, je ne souhaite vraiment pas m'attarder dans cet appartement. La voir bouger tous les jours, l'entendre parler ou rigoler,
DEUX SEMAINES PLUS TARD...
Je me tiens la tête de mes mains, car je suis secouée. Je ne sais pas comment je vais pouvoir m'en sortir. Entre mon école à payer, la grossesse de Louhann et mes charges, je ne sais pas comment je vais pouvoir faire pour vivre. Je ne sais pas si je vais encore prendre cet appartement même si j'en ai grand besoin pour m'aérer l'esprit.
TOC...TOC...TOC...
- Oui, entre, Jeneya.
- Héééé, ça va ?
- Euh...pas trop, pas trop.
- Qu'y a-t-il ?
- Je ne vais pas t'ennuyer avec ça.
- Non, tu ne m'ennuies pas, tu sais.
- C'est financier, vois-tu.
- Continue.
- Maintenant que Louhann est installé et que je doive prendre l'appartement, en faisant le bilan, il ne me restera que 100 euros pour vivre le mois.
- Wow !
- C'est vraiment compliqué.
- Pourquoi gagnes-tu 600 euros le mois ?
- Je suis venu faire une formation en France et travaille pour subvenir à mes besoins. Sachant que le planning des cours n'est pas connu à l'avance, je ne peux avoir un travail à plein temps.
- Mince !
- Voilà.
- Mais reste donc là, Elric.
- Non, je ne peux pas.
- Pourquoi ?
- A cause de toi ; j'ai volontairement été direct.
- Navrée, fait-elle en se levant ; je la retiens par la main.
- Navré, je ne souhaitais pas te mettre mal à l'aise.
- Elric, et si nous voyions ta comptabilité tous les deux ?
- Euh...
- Je souhaite t'aider, budgétiser est mon métier et je le fais déjà tous les mois.
- Ok.
- Alors...
Après lui avoir donné les entrées et sorties, s'en suit une discussion après. Elle me donne des conseils et suggère fortement que je fasse ci ou ça. Une heure plus tard, je suis plus calme et commence à dessiner des plans, tout en espérant que mes affaires au Cameroun, puissent reprendre.
- Merci, Jen, c'est la première fois qu'une femme propose de revoir ma comptabilité.
- Ah bon ?
- D'habitude, elle se contente de demander l'argent, le dépenser et revenir m'amadouer.
- Nous ne sommes donc pas toutes les mêmes.
- Je m'en rends compte.
- Le gratin aux pommes est prêt ; je sais qu'elle prend la fuite, car la discussion devient personnelle.
QUELQUES HEURES PLUS TARD...
- Quoi ? Fait-elle au téléphone ne se levant.
J'enlève le son de la télévision et me tourne vers elle, c'est la première fois que je la vois perdre ses moyens.
- Oui...Je prends le premier train demain matin et le vol de de 11h ou l'Eurostar.
Elle dépose le téléphone sur la table, elle semble abasourdie, voire hébétée et tremble de tous ses membres.
- Que se passe-t-il, Jen, m'enquis-je ?
- Le ciel me tombe sur la tête, répond-elle en se levant et allant s'enfermer dans la chambre d'Odessa qu'elle occupe désormais.