Partie 24 : dans la mouise
Ecrit par labigsaphir
Je descends de l'avion, récupère les effets et me dirige vers la voiture qui m'attend dans le parking en marchant au pas de charge. A force de cogiter, je sens une migraine poindre et me masse les tempes une fois assise dans la voiture. Mais que se passe-t-il ? Je ne sais vraiment pas ce qui se passe mais suis certaine de me retrouver dans la mouise. Mon téléphone se met à vibrer, je décroche.
- Es-tu déjà arrivée ?
- Oui, maman.
- Comment te sens-tu ?
- Stressée et inquiète, j'espère ne pas avoir faite de bêtises.
- Ne t'inquiète pas, je serai là dans quelques heures et ton oncle Dick, verra dans quelle mesure, il pourra se déplacer et t'assister.
- Ok.
- As-tu regardé les informations ?
- Oui, maman. Personne ne peut vraiment rater cette information. Empire STERN s'est écroulé de 950 points en l'espace de 24 heures après une chute des prix e-mini.
- Euh...Doucement, Jen, je ne suis qu'une simple professeure d'anglais, tu sais.
- Les e-mini sont des contrats à termes électronique et bas sur l'indice standard and Poor.
- Quel est le lien avec toi ?
- C'est ce que je vais aussi savoir maman.
- Humm, tu comprends pourquoi je te demandais de ne pas faire confiance à ton grand-père.
- Nous sommes tous innocents devant la loi jusqu'à preuve du contraire, maman. Je n'aime particulièrement pas papi mais attends avant de le condamner. Qu'aurait-il à gagner dans cette affaire, sachant que l'image de son entreprise serait entachée ?
- C'est aussi la question que je me pose. De toutes les façons, Sir Connely l'expert-Comptable qui nous aidés la dernière fois, a cette fois, proposé ces services.
- C'est bien, je trouve.
- Sir Carlai( lire Carlay), t'attend au siège de l'entreprise.
- Merci, maman.
- Jen,
- Oui, maman.
- Ne tremble pas, garde foi en Dieu et tout ira bien.
- Merci, maman.
- Il n'y a pas de quoi, je serais là dans quelques heures. Je suis dans le train pour Paris, après je prendrais l'avion.
- Merci maman, merci pour ton soutien.
- De rien.
A peine, ai-je raccroché qu'il se met de nouveau, à sonner.
- Oui allo, fais-je mécaniquement.
- Eh oooo doucement, Jen, ce n'est que moi.
- Navrée, Elric, navrée.
- Que se passe-t-il ?
- Ça va aller.
- J'appelais juste pour te faire un coucou et savoir si tu vas bien.
- Ça peut aller.
- Tu es partie ce matin sans dire au revoir.
- Je sais, désolée, j'ai tellement de chose dans la tête.
- Ça va, je te comprends.
- Voilà.
- Ecoute, je ne vais pas insister, tu m'en parleras quand tu sentiras prête.
- Ok.
- Jen, je sais que notre relation est ambiguë. J'ai fait une bêtise,
- Elric, ce n'est pas le bon moment ?
- Je sais, laisse-moi finir, s'il te plait.
- ...
- Si tu as besoin de parler, je suis là. Quel que soit le sujet, je serais toujours là pour toi. Il te suffirait juste de composer mon numéro, même au milieu de la nuit.
- Merci, Elric.
- Je sais que la situation est grave et que tes incessants voyages en Angleterre, ne concernent pas seulement ton grand-père.
- Elric,
- Je respecte ton silence, sache que je suis là.
- Merci pour ta sollicitude.
- Bonne journée.
- Merci et à toi, autant.
Au moment où je raccroche, la voiture s'immobilise devant les locaux du siège de l'entreprise Stern. Je descends, récupère mon attaché-case, un regard vers le ciel, la tête haute et les épaules droites, je traverse le seuil de l'entreprise. Je vais au premier étage où se trouve la salle Ovale, toque et entre sans attendre une quelconque autorisation.
A mon entrée, tous se retournent vers moi, les regards sont circonspects. Certains me font n sourire encourageant tandis que d'autres, détournent le regard. Au bout de la table, Tonton Jamice, le directeur des projets, le directeur de communication de l'empire STERN et Vanaya qui a un sourire narquois. J'essaie de trouver du réconfort en la regardant, vers elle mais elle sourit, comme si la situation l'amusait.
- Enfin, vous êtes là, mademoiselle Croft, dit le directeur des projets, Sir Alec Simpson.
- Désolée pour le retard, ce sont les transports.
- Prenez place, je vous prie.
- Bonjour Jeneya.
- Bonjour à tous, excusez-moi, fais-je en prenant place.
- Elle rive enfin, glisse perfidement Vanaya ; le regard que Jamice lui adresse est si glacial, qu'elle se calme de suite et baisse automatiquement la tête.
- Nous pourrons commencer, lorsqu'il sera là. Phoebe, pouvez-vous avertir mon père ?
- Oui, monsieur ; elle se hâte vers la porte et revient quelques minutes plus tard avec Klaus Stern.
Le silence se fait instantanément à son entrée, il a l'air grave et marche comme s'il comptait et économisait l'énergie qu'il avait, à économiser les pas. Il s'arrête quelques instants, redresse les épaules puis se dirige d'un pas ferme vers sa place avant de s'asseoir. La relève la tête et balaie l'assistance du regard ; il s'arrête quelques minutes devant moi, sa froideur me donne des frissons dans le dos.
- Bien, bien, commence-t-il d'une voix ferme. Nous voici réunis pour un conseil d'administration en urgence. Je suppose que vous avez tous vu le journal boursier. Vous savez tous que les actions de l'empire STERN, sont en baisse. Nous avons perdu en 24 heures, plus de 1000 points.
Un nuage passe dans l'assistance, tous semblent si concentrés, quêtant son moindre regard, geste et surtout, attendant qu'il se décide à continuer. Cet homme a un charisme, une forte aura, c'est indéniable.
- Il m'a fallu 40 ans pour bâtir cet empire, cette emprise, brique après brique. Je suis parti de rien, de rien et aujourd'hui, suis propriétaire des centaines de micro-entreprise en plus de cette entreprise. Les sociétés que je dirige de main de maitre, sont florissantes, elles constituent ma fierté. Mon empire compte aujourd'hui, près de 15 000 employés à travers le monde. Vous comprendre tous qu'il m'est difficile de voir le travail de toute une vie, partir en fumée. Il m'est difficile de voir tout ce labeur, réduit à néant à cause des actions et erreurs des personnes, malintentionnées ou non. Monsieur Alec Simpson, nous vous écoutons.
Je m'attendais à ce qu'il donne l'ordre du jour ou développe mais rien. Je suis surprise de l'entendre demander à Monsieur Simpson de le faire.
- L'on me signale, commence-t-il après avoir consulté son téléphone professionnel, que nous avons perdu 1050 points pour l'instant et à ce rythme, les actions de l'entreprise ne vaudront plus rien en bourse. N'importe qui pourra les racheter et avoir un mot à dire sur le fonctionnement de la maison.
- Et si nous en venions en au fait, le coupe tonton Jamice avec fermeté.
- La commission des marchés boursiers, selon un rapport, qui nous a été remis hier soir nous a en lire de mire, depuis quelques semaines.
- Pourquoi ? Demandai-je bêtement.
- Depuis quelques semaines, poursuit-il, les entreprises STERN et ses sociétés dérivées sont soupçonnées de blanchiment d'argent, fraude fiscale et concurrence déloyale pour ne citer que ceux-là. En fait, une dizaine de mise en accusation a été lancée contre nous parmi lesquelles, la fraude électronique. Pour ceux qui s'y connaissent, c'est d'autant plus graves que nous pourrions couler en quelques semaines. Nous attendons l'arrivée des agents de Scotland Yard et certaines agences fédérales nationales et internationales.
- A ce point ? Demande un des employés.
- Nous sommes accusés de concurrence déloyale. Ils sont sur le point de prouver que nous achetons via un marché spécial, des informations pouvant couler la concurrence. C'est ainsi selon leur dire, que nous avons pu acquérir ou découvrir rapidement certaines niches de marché. La commission des marchés boursiers, a créé une sous-commission d'investigation destinée à mettre en lumière les malversations financières, trafics d'influence et autres délits, imputés à certaines entreprises.
- Ok, fais-je, enregistrant au fur et à mesure les informations.
- Le service de la veille réglementaire étant pointue et toujours au fait, n'avait jusque-là pu détecter des éléments laissant penser que la société traverserait une pareille crise. Ceci dit, depuis quelques semaines, des audits internes et ce qui a été découvert nous laisse pantois. Des investigations sont certes en cours, mais certains éléments portés à notre connaissance sont assez troublants.
- Lesquels ? Demande papi en secouant la tête.
- Nous avons surveillé le réseau intranet de l'entreprise et n'y avons trouvé dans un premier temps, rien de méchant. Seulement, en poussant les recherches, nos informaticiens ont découvert que des fichiers avaient été consultés, sachant qu'il requiert certaines autorisations, la personne laissé des traces comme des petits pains. Après avoir vérifié n-fois, il a été découvert que la personne ayant consulté lesdits dossiers plusieurs fois de suite, n'est autre que mademoiselle Jeneya Stern, la petite-fille de Klause STERN.
- Quoi ? M'exclamai-je, je ne suis responsable de rien.
- Nous pensons que vu la gravité des faits qui lui sont reprochés, elle n'a pu agir seule et bénéficie de l'aide d'un complice à l'intérieur de la société.
- Non, je n'ai rien fait !
- Jeneya, s'il te plait ! Gronde grand-père, le visage dur.
- Pourquoi chercherai-je à faire couler l'entreprise familiale.
- Familiale, un bien grand mot dans ta bouche, répond-il sur un ton mystérieux.
- Des experts sont en ce moment, en train de fouiller votre bureau et votre ordinateur, lâche-t-il.
La porte s'ouvre, laissant passer le responsable du service département Informatique. Il tend un dossier au directeur des projets, qui en prend connaissance puis le passe à grand-père. Il ajuste ses lunettes et lit au fur et à mesure, en passant les feuillets à Jamice.
- Selon les premières informations, mademoiselle Croft a échangé des mails ou échange régulièrement avec une personne, via son compte personnel. Des documents relatifs à l'entreprise ont été transmis ou scannés à ladite personne. Pour l'instant, nous cherchons à déterminer la nature des dits documents et la portées desdites informations.
- Non, c'est faux ! Je n'ai rien fait, m'écriai-je, dépassée par les évènements.
- Mademoiselle STERN, fait Jamice en secouant la tête puis se tournant vers moi, selon les règles de l'empire STERN, nous porterons plainte dans les minutes qui suivent et prendront des mesures radicales, visant à vous éjecter de l'entreprise. Vous comprendrez que le bien-être général puisse primer, que fassiez partie de la famille ou non.
- Tonton, je n'ai rien fait, me mis-je à sangloter.
- La police est déjà là, annonce le responsable du département informatique.
- Maître Carlai, m'écriai-je, je tiens à discuter avec Maître Carlai.
- Bien sûr, bien sûr, glousse Vanaya.
Des hommes en tenue rentrent dans le bureau à cet instant, Maître Carlai rentre à leur suite et me parle mais je n'entends rien. Je suis tellement soufflée par ce qui se passe, que je suis obligée de me déconnecter de la réalité, rentrant dans ma bulle. Je sais juste que Maître Carlai n'est pas loin et s'exprime avec emphase.
Comme dans un rêve, je monte dans la voiture de Maître Carlai et suis conduite au service de Police. Pleurer ou crier, je n'y arrive simplement pas.