Partie 27

Ecrit par Owali

(RACKY)


Une fois ma bombe balancée, je pris un malin plaisir à observer l’effet sur leurs visages. 

D'abord surprise puis en colère, Djeynaba apparemment m’avait bien reconnue. Elle me regarda de bas en haut et se tourna vers la vendeuse.
- Bon Yassine chérie je crois que je vais finalement prendre tous les articles que j’ai essayé ! 
- Tous ? Tu es bien sûr de toi ?
- Mais bien sur chère cousine ! Après tout, mon cher époux a les moyens de me les offrir... 

Je les regardais amusée.
- Excusez-moi madame. Je finis et je suis à vous !

La pauvre vendeuse avait l’air embarrassée car nous avions fini par sympathiser tellement elle avait eu à faire à moi.
- Prenez votre temps je suis venue changer un bas qui est trop petit ! 

Elles se dirigèrent vers la caisse pendant que je faisais le tour des rayons mais avec les oreilles biens tendues vers ce qu’elles auraient pu se dire. Je les entendis murmurer. 
- C’est elle ?
- Oui c’est bien elle mais arrête de parler sinon elle saura qu’on parle d’elle.
- Elle nous a déjà entendu, en plus elle n’est pas si mal que ça ! C’est une cliente fidèle, elle vient ici depuis deux-trois ans ! 
- Tais-toi yaz ! T’es ma cousine à moi ou la sienne ? 
- Ah c’est bon ! Je suis juste objective ! Mais t’inquiètes tu es plus belle qu’elle, mais elle a de la classe.
- Donc je n’en ai pas ? 
- Ce n’est pas ce que j’ai dit. 

Leur conversation me fit sourire. Elle régla ses achats et je les rejoins à la caisse avec la bonne taille de string et le ticket !  Djeynaba avait ses paquets emballés mais se tenait toujours à côté de Yassine. Elle me fit l’échange et me remballa mon string je la remerciais et sortis de la boutique, mais franchement qui se foutait de qui ?  Elle me traitait d’arriviste alors qu’elle claquait les sous de son mari en sous-vêtements par simple orgueil. Avant de sortir j’eus le temps d’entendre quelques mots. 
- Elle ne connait pas sa propre taille de string ? 
- Si si mais cet article a été acheté hier par un beau mec un ‘’niak’’
- Guis ngua ? Je te l’avais bien dit une vraie tchaga ! Elle n’est pas remariée mais elle se fait offrir des strings par un homme ! 

Cette dernière remarque me blessa plus que je ne l’aurai souhaité. Je m’en allais sans me retourner. Une tchaga ? Moi ? Ce n’était pas faux mais tout ceci était du passé. Karim lui avait il dit comment nous nous étions rencontrés ? Si c’était le cas je ne le lui pardonnerais jamais. Cette femme ne le savait pas mais elle venait de rallumer la folie qui sommeillait en moi. Aucune femme ne pouvait lui arracher son homme hein ? Eskey !  Si elle savait que hier même il était chez moi à me supplier pour le reprendre et qu’il m’avait confier ne pas l’aimer. Tous ces sous-vêtements qu’elle achetait là c’était donc pour rien. Krkrkr

Elle verrait de quel bois je me chauffe ! 

Je rentrais chez moi, j’y avais oublié mon téléphone. Je trouvais des appels en absence de Koffi et de Karim comme par hasard ! J’ignorais l’appel de Koffi et décidais de rappeler Karim. Juste pour le mal de sa très chère femme.
- Allô Racky ? 
- Bonjour Karim...
- Comment vas-tu ? Ca me fait plaisir de t’entendre ! Je pensais que tu ne voulais pas me parler.
- Pourquoi ne voudrais je pas te parler ? Parce que tu as essayé de faire pressions sur moi en passant par ma tante ? 
- Ah ! Vous avez discutez ensemble ? 
- Oui ce matin même.
- Elle n’a pas tardé. Je suis désolé pour ça ! Mais je ne voyais pas quoi faire d’autre Racky ! 
- Je vois… J'ai une question à te poser Karim 
- Vas-y je t’écoute ! 
- Ta femme, lui as-tu parlé de mon passer de prostituée ? 
- Non ! Jamais ! Jamais je ne ferais ça ! Je sais qu’elle ne garderait pas pour elle mais en plus j’aurais encore plus de problèmes avec ma famille.
- D’accord! Je voulais juste me rassurer ! 
- Sinon ? Tu as réfléchis à ma proposition ? 
- C’est un peu trop tôt Karim vas-y molo ! 
- Bon j’ai quand même le droit de t’inviter à dîner un de ces jours ?
- Oui, pourquoi pas ? 
- D’accord ! Donc on se dit samedi 19 h, c’est une surprise ! Fais-toi belle !

Il raccrocha avant que je ne puisse dire autre chose. 
Pourquoi avais-je accepté cette invitation ? J’étais encore en train de me mettre dans les problèmes ! 
Koffi venait juste de partir que déjà je mettais à refricoter avec Karim ! 

C’est vrai Koffi je l’aimais bien mais il fallait être honnête, au Sénégal on n’est rien sans sa famille, et lui il n’était pas musulman, je ne pouvais, en toute ranchise, pas me permettre une histoire avec lui. Tante Alima me mettait la pression, je ne pouvais pas me baser sur nos petits désaccords du passer, qui sait ? Il avait peut être changé. 
De plus, il n’était pas le seul fautif ! J’avais ma part de responsabilité. La polygamie ? J’étais musulmane et ex prostituée je pouvais donc la tolérer mais bon… Étais-je prête ? Djeynaba m’avais l’air d’une vraie tigresse ! Mais elle ne savait pas à qui elle se frottait ! 

Pour l’instant j’observerais juste Karim, pour voir si on pouvait repartir à zéro. Les jours suivants Koffi m’appela une fois par jour, mais j’étais peu loquace pendant nos conversations. Il devait sentir que je n’étais plus trop emballée car il commença à appeler de moins en moins et cela ne me dérangeais pas le moins du monde. J’avais repris le boulot et étais toujours à la recherche d’un nouvel appartement. Samedi Soir, Karim vint me chercher sur les coups de 21h élégamment vêtu comme à son habitude et bien sûr il sentait bon. Moi aussi je n’étais pas trop mal, j’avais tout fait pour ne pas me faire belle mais à la dernière minute je m’étais retrouvée à acheter une nouvelle robe et à me faire coiffer juste pour le faire baver et qu’il pense tellement à moi que Djeynaba ne lui dirai plus rien. Il avait une nouvelle voiture, très confortable. Pendant le trajet, il avait mis de la soul des années 80, tout ce que j’aimais ! L’atmosphère était légère il me demanda comment s’était passé ma journée, quelque blague et voilà quoi. Je retrouvais nos doux moments de complicités et ça me fit un bien fou. Il se gara devant LA FOURCHETTE, c’était un restaurant que j’aimais beaucoup ils cuisinaient tellement bien. 
Nous avions une table au fond à l’abri des regards, avec pas deux chaises face à face mais une banquette pour nous deux ! Le coquin. 

Il me laissa passer en premier et s’assit. On nous apporta des mini burger et quiches comme apéritifs ainsi que les menus.
- Bonsoir madame, bonsoir monsieur avez-vous fait votre choix ? 

Je voulus répondre que je ne m’étais pas encore décidée mais Karim me coupa. 
- En fait on voudrait un peu de tout pour deux personnes, c’est-à-dire un mini buffet. La beauté que voici est fan de votre cuisine donc je n’aimerais pas rendre son doux palais jaloux de quoique ce soit ! 
Oula ! He ben dit donc ! Ca commence fort ! Très fort même ! 

A coup sur ce n’était pas Koffi qui risquait de faire ça, en même temps c’était un peu trop m’as-tu vu même si ça m’avais fait plaisir. Un orchestre se mis à jouer en fond sonore pendant le dîner.
- Ça te plaît ? 
- A ton avis ? 
- Ça te tuerait d’avouer que tu passes un bon moment ? 
- Oui ça me tuerais, je ne veux surtout pas te donner encore plus de confiance en toi ! Tu en as déjà assez pour deux ! 

Il éclata de rire ! 
- J’avais oublié ton sens de la repartie ! 
- Bah souviens t-en la prochaine fois ! 
- T’inquiètes pas ! Sinon ? T’as trouvé un nouvel appartement ? 
- Bof ! Pas encore, et ça me stress pas mal cette histoire ! 
- Pourquoi tu ne me laisses pas t’aider ? 
- Tu sais Karim… Je crois que avec Lamine et Coumba tu es l’une des personnes qui me connais le mieux, tu sais comment j’ai commencé le sale métier que je faisais avant et les raisons qui m’y ont poussées. 
- Où veux-tu en venir ? 
- Après le divorce la seule chose qui m’a fait survivre et me lever chaque jour c’est le fait de sortir d’un lit que j’avais acheté moi-même, grâce à un boulot obtenu pour mes compétences sans avoir eu besoin de coucher avec qui que ce soit ! Je suis devenue une femme honnête et indépendante. Et pour ne rien te cacher, j’adore ça ! Ce serait facile de te demander de me trouver un appart et de le meubler, mais ça ce n’est plus moi ! Je veux mériter tout ce que j’ai. 

Il me regarda longuement.
- Je suis fière de toi Racky...
- Merci c’est gentil ! 
- Donc je n’ai pas le droit de t’offrir quoique ce soit ? 
- Bien sûr que si ! Au fait ?! 
- Oui ? 
- Elle en pense quoi ta femme de ton idée de prendre une autre femme ? 
- Elle n’a rien à en penser c’est une musulmane ! Pourquoi ? Tu voudrais que je lui en parle? Cela voudrait-il dire que tu es favorable à ma proposition ? 
- Quand tu allais en parler à tante Alima, tu t’attendais à quoi ? 
- Tu sais bien qu’on ne peut te forcer à rien Racky, donc réponds moi, es-tu intéressée ? 
- Je ne vais pas te cacher que j’y pense beaucoup mais j’ai encore besoin de temps pour me décider...
- Je te laisserai tout le temps dont tu as besoin ! 

Le dîner s’éternisa encore un peu et ce n’est qu’aux alentours de 1h du matin qu’on se décida enfin à rentrer ! Je tombais de sommeil.
- Avance je te rejoins je vais payer l’addition. Dit-il en me tendant les clefs. 
- D’accord ! 

Je pris les clefs et me dirigeais vers la voiture.En passant entre les tables je sentis un regard poser sur moi ! Qui cela pouvait-il être ? Je tournais la tête et qui vis-je ? Bijou elle-même ! J’aurais dû me douter que c’était elle. Je continuais mon chemin en essayant d’accélérer mais je la vis se diriger vers moi. Elle aussi qu’est ce qu’elle me voulait ? 
- Racky ! Racky ! Je sais que tu m’as vu !! 

Je m’arrêtais, plaquais un sourire sur mon visage et me retournais vers elle !
- Bijou c’est toi ? Je ne t’avais pas reconnue ! 
- Oui c’est ça ! Que fais-tu là ? Je pensais que tu n’avais plus les moyens de t’offrir ce genre d’endroit ! A moins que ce ne soit le mec de la dernière fois qui t’ai emmené ici, mais il ne m’avait pas l’air très nanti?! 
- Très cher Bijou ! Toujours aussi aimable, que fais-tu là toi-même sakh ?! 
- Je suis venue dîner avec ma sœur vu que Amadou est en déplacement et ne rentre que lundi je ne voulais pas passer le week-end seule.
- Comment ça seule ? Tu ne vis plus chez tes parents ? 
- Euh non ? Je suis Madame SEYE dorénavant ! Dit-elle en battant des cils comme pour me narguer ! 
- Ah les félicitations sont de rigueur alors ? Heureux ménage ! 
- Merci merci ! 
- Bon on se dit à bientôt Bijou et bonne soirée ! 


C’est à ce moment que Karim choisit de faire son retour ! Et comme Bijou avait le dos tourné il ne la reconnu pas.
- Désolé pour le retard… 

Sa phrase s’arrêta là ! 
- Karim ?? Mais que fais-tu là ? 
- Bonsoir Bijou ! 
- Ne me dis pas que c’est avec lui que tu es venue Racky ? Ouhlala Amadou ne me croira jamais quand je le lui dirais ! Sinon Djeynaba sait que vous êtes là ce soir ? 
- On y va Racky ? Heureux de t’avoir revu Bijou.

Sacrée Bijou ! Elle avait le don pour mettre les gens mal à l’aise ! 

Une fois dans la voiture nous éclatâmes de rire ! 
- Elle est folle cette fille !! 
- Tu ne sais même pas de quoi tu parles ! Comment t’as pu sortir avec elle ? 
- Je ne sais même pas ! Je passais tout mon temps au boulot entouré d’homme et j’étais bien content de rentrer et trouver une belle femme chez moi ! 
- Et bah ! Chapeau mon cher ! 

Il me reconduit chez moi jusque devant ma porte, sans rien tenter. Je rentrais et me jetais sur le canapé ! Quelle belle soirée ! J’avais un peu trop mangé mais c’était cool ! Il m’envoya un message pour me dire qu’il était bien arrivé et avait passé une agréable soirée. Je fis exprès de ne pas répondre et me dirigeais vers la douche histoire de faire descendre tout ça. Apres mon bain je pris une tasse de thé et hop devant l’ordi pour rattraper l’épisode de UN CAFE AVEC qui était sorti, mais avant même la fin de l’épisode je sombrais dans un profond sommeil.

Je n’ouvris les yeux qu’à 11h ! Wow ! J’étais vraiment fatiguée alors ! 

La maison était dans un sale état, normal je n’avais pas eu une minute moi cette semaine. Je passais donc tout le dimanche à faire le ménage et un peu de lessive.  Vers 17h Karim appela juste pour un coucou qui se transforma en 1h de communication ! 

Ce soir là je me couchais tôt. Demain une autre semaine commençait. 

La semaine fila à toute allure. Trop de boulot et de responsabilités allaient avec cette promotion. Koffi appela une ou deux fois mais je ne décrochais parce qu’à chaque fois j’étais trop occupée. Un soir, alors que je descendais ce jour-là plutôt tard, mon téléphone sonna, c’était Karim ! On s’était déjà parlé le matin je ne comprenais donc pas pourquoi il rappelait. 
- Allô ?
- Ca y est ? T’as fini ? 
- Oui j’espère avoir un taxi, à cette heure ce n’est pas très évident de ce côté de la ville… 

Je n’avais pas encore fini ma phrase qu’en levant les yeux je le vis là devant moi adossé contre sa voiture, tel un mannequin de magazine, le sourire jusqu’aux oreilles ! 
- Mais tu fais quoi là ? 
- J’avais envie de te voir et je tu m’avais dit que ta voiture était avec Coumba donc j’ai pensé à venir te chercher ! 
- C’est très gentil mais j’aurais pu me débrouiller ! 
- Je sais Racky ! Mais je t’en supplie, laisse moi te raccompagner, s’il te plait ! 

Je le regardais en souriant. J'apprécie tout les efforts qu’il déploie pour me reconquérir.
- Bon… Si tu insistes ! 

Je montais dans sa voiture et il me ramena jusque devant chez moi. On discuta pendant une bonne demi-heure. Ce qui me plaisais c’est qu' à aucun moment on ne parlait de sa femme ni d’autre chose d’ailleurs. Juste de nous, de nos boulots de notre vie de couple de ce qui n’avait pas marché etc. Mais j’étais toujours hésitante ! 

Certes j’avais un peu baissée ma garde et pour dire vraie j’avais complètement relégué Koffi au second plan, mais tout n’était pas clair en ce qui concernait Karim. J’avais l’étrange sensation que quelque chose m’échappait mais quoi ? Je ne savais pas quoi. Je dis au revoir à Karim en lui faisant un smack je ne sais pas trop pourquoi. Ce fut instinctif ! 

Je descendis de la en courant comme une petite fille sans me retourner avec un petit sourire aux lèvres.J’entrais dans mon appartement toute essoufflée et en entrant j’entendis mon téléphone fixe sonner ! Je courus décrocher ! 
- Allô ? 

Aucune réponse 
- Allô ?? 

Toujours rien ! Je raccrochais ! Le téléphone sonna à nouveau et je décrochais un peu agacée ! 
- Allô ?!

J’entendis le souffle de quelqu’un à l’autre bout du fil ! 
- Parlez ! Je vous entends respirer !! 
- Bonsoir Racky.. 

Je reconnue immédiatement la voix à l’autre bout du fil ! HEIN ?!? Mais que me voulait-il celui-là ? et ou a-t-il eu mon numéro d’abord ?!?
- Amadou ??? Qu’est-ce que…
- J’ai entendu que tu as recommencé à revoir ce vaut rien de Karim…
- Non mais de quel droit tu te permets de parler de lui de la sorte ?!? Et puis d’abord, il est ou ton problème la dedans ???
- Mon problème ? Ah ah ah. Ne joue pas les amnésiques Racky, tu sais que toi et moi n’avons pas finis ce que nous avions commencé…

Je me tiens la tête ! Non mais c’est quoi ce délire ! Je m'apprêtais à lui faire une réplique cinglante lorsqu’il m’interrompis.

- Inutile de vouloir monter sur tes grands chevaux en me traitant de tous les noms pour défendre celui que tu considères comme un homme parfait…
- Mais ?!? Qu’est-ce que…
- Karim t’a-t-il parlé de son petit secret… ? 

Hein ?!? Mais c’est quoi tous ces sous entendu ? Oh la la. Tout ça ne présage rien de bon !

Lep ci Racky