Partie 27 : Vanaya CROFT

Ecrit par labigsaphir

- Oui, chéri...A plus tard.

Je raccroche, vais prendre une douche rapide et ouvre grand les portes de la penderie. Je choisis un tailleur de grande marque, me passe la crème sur le corps et m'habille, avant de légèrement me maquiller. J'ai pris l'habitude depuis que je travaille pour STERN et côtoie les personnes de la haute société, de faire attention à mon image. J'ai longtemps vécu dans la pauvreté parce que ma mère nous a coupés, de sa famille paternelle. Maintenant que je peux profiter de tout ce luxe, pourquoi m'en priver ?

Un quart d'heure plus tard, je descends l'escalier en souriant, heureuse d'avoir pu discuter avec Alban, le fils du Comte de CRUZOR. Oui, oui, vous avez bien lu, mon homme a un nom à queue et est le fils d'un Comte. Pour ceux qui n'ont rien compris, je deviendrais une comtesse par alliance et ça, c'est jouissif.

Je sais que je suis détestable pour certains mais je m'en fous. Sachez que certaines personnes sont nées pour dirigées et les autres, pour être dirigées ; c'est la vie, l'on n'y peut rien. J'ai une faim de loup, heureusement que la salle à manger n'est pas loin. Papi est attablé, en train de regarder le journal de la bourse.

- Bonsoir Papi, fais-je en lui faisant la bise.

- Bonjour Vayana. Bien dormi ?

- Oui, merci et toi ?

- Bien, merci. Alors, ça va ?

- Très très bien, merci.

- Je vous ai aperçu, hier, Alban et toi.

- Oui, oui, c'est un amour et la soirée fut délicieuse.

- Tu vois, tu as déjà le langage des personnes de la haute.

- Merci, papi. Il faut bien que j'intègre les codes de ce milieu afin de m'y sentir à l'aise.

- Tu as tout compris.

- C'est déjà bien que tu sois tombé sur le fils d'un comte, car à long terme, tu seras une comtesse. Tu as été fine, c'est bien.

- Merci papi mais tu sais, tout cela a été rendu possible garce à toi.

- Bof, je n'ai pas fait grand-chose, tu sais. Le fait d'être une STERN, ouvre bien des portes, c'est vrai mais la beauté qu'elle soit physique ou intellectuelle, nous l'avons aussi.

- Comme tu le dis si bien.

- Il ne faudrait pas traîner pour vous marier.

- Ok.

- Il serait plus facile pour nous de nouer certaines relations, et rencontrer certaines personnes dans les hautes sphères.

- C'est clair.

- Si vous pouviez vous marier dans un, ce serait bien.

- En même temps, je ne suis pas pressée.

- Pourquoi ? Demande-t-il en suspendant le mouvement de la cuillère entre la bouche et le plat.

- Je n'ai que 20 ans, papi.

- Tu es déjà une femme et peux porter des enfants. As-tu vraiment besoin de travailler avec toute la fortune des CRUZOR ?

- Je tiens quand même à travailler et profiter de la vie avant de me caser.

- 21 ans, c'est l'âge idéal pour se marier.

- Que feras-tu aujourd'hui ?

- J'aimerai bien aller voir ma sœur.

- Ah bon ? Demande-t-il en arquant un sourcil.

- Oui, c'est tout de même ma sœur, il faudrait que j'aille la soutenir.

- Justement, en parlant d'elle, elle sera libre dans une demi-heure, m'annonce-t-il.

- Ah bon ? Aussi vite ?

- Oui, la garde à vue se termine dans une demi-heure. Le procureur a demandé une caution d'un million d'euros.

- Oh !

- A ce qu'il parait, ton père a hypothéqué votre maison et donné une partie d'économies de tes parents.

- Eh ben...Pour elle, ils se plient toujours en quatre.

- Tu devrais faire moins de grimace en t'exprimant, gare aux rides.

- ...

- Tu n'as rien à lui envier. Tu as la noblesse des traits et un sang qui deviendra bleu avec le temps.

- C'est vrai.

- Seulement,

- Oui, papi.

- Tu ne devras pas aller faire du grabuge, là-bas.

- Je ferai des efforts.

- Soutiens-là comme toute sœur ferait, c'est tout.

- C'est compris. Et concernant son poste ?

- Il est clair que tu l'occuperas et elle, sera évincée de l'entreprise pour faute grave.

- Et son pourcentage dans l'entreprise ?

- Nous y travaillons, Vanaya, nous y travaillons.

- Ok.

- As-tu pensé à appeler tes parents ?

- Non, j'étais tellement occupé.

- Tu devras pourtant le faire.

- Ok, je le ferai en allant la voir.

- Ta sœur loge avec ta mère, à l'hôtel Astoria.

- Ok, c'est noté.

Une heure plus tard, nous nous séparons. Je remonte pour me repoudrer le nez et fais signe à Jaleel qui me dépose sur le perron et va attendre plus loin. Je reconnais que l'hôtel est somptueux mais pas comme je les aime. La porte est tournante et le groom-service n'est pas bien loin. Je me dirige d'un pas altier vers l'accueil, attirant les regards des mâles et les foudres silencieuses des femmes ; j'en ai déjà l'habitude, les femmes STERN ont toujours été élégantes.

- Puis-je avoir le numéro de la chambre de Madame Croft et Mademoiselle Croft, s'il vous plait ?

- Désolée, je ne suis pas en mesure de vous donner cette information, répond-elle en me dévisageant.

- Il s'agit de ma sœur et ma mère, dis-je en lui présentant ma carte d'identité ; elle la lit, puis me la remet, confuse.

- Une minute, je vous prie et navrée pour le cérémonial.

- C'est normal, vous faites votre travail ; elle sourit puis décroche le téléphone à sa droite.

- Allo...Oui, bonjour...Bonjour Madame Croft...Oui, oui...Vous avez de la visite...Oui, oui, je ne sais pas si je dois la laisser monter...Mademoiselle Croft Vanaya...Ok...je le fais...merci et bonne journée.

Elle raccroche puis se tourne vers moi, avec un large sourire.

- Vous pouvez monter, chambre 1588 au troisième étage.

- Merci et bonne journée.

Je me dirige vers l'ascenseur, accrochant au passage, certains regards. Si je n'étais déjà pas prise, j'en aurai surement croqué un ou deux. Je souris et rentre dans l'ascenseur pour en ressortir quelques secondes plus tard. J'arpente le couloir en prenant sur la gauche, jusqu'au fond. Je toque et quelques secondes plus tard, j'entends du mouvement puis la porte s'ouvre.

- Vanaya ! S'exclame ma mère en ouvrant les bras ; je vais m'y réfugier et la garde tout contre moi.

- Ça va, maman ? Demandai-je en me détachant d'elle et jetant un regard autour de moi.

- Bien, merci et toi ?

- Bien, merci mais où est Jen ?

- Dans la chambre, soupire-t-elle, cela ne fait pas longtemps que nous sommes là.

- Je vois. Comment se porte-t-elle ?

- Elle supporte le coup, mais j'ai bien peur qu'elle ne soit marquée à vie.

- Maman, l'on parle bien de Jen. Elle s'en sortira, je la sais forte.

- Ok. Je n'ai pu être là avant, parce que j'étais à Monte-Carlo.

- Ok. Tu aurais pu nous appeler.

- Ah oui, c'est vrai. Seulement, je n'u ai pas pensé.

- Tu devrais faire plus d'effort, Vanaya. C'est bien beau de vivre dans l'ombre de ton grand-père, mais n'oublie pas que la famille est sacrée.

- Je suis désolée. Puis-je la voir ?

- Mais oui, c'est par ici.

- Attends, j'enlève ma veste et l'accroche sur le porte-manteau.

- Ok.

Elle ouvre une porte, je la talonne immédiatement. Nous traversons une pièce avant de rentrer dans la chambre de Jen, elle est couchée au milieu du lit et sous les draps. Elle réagit à peine à notre entrée.

- Jen, c'est maman.

- Oui maman, je t'écoute.

- Tu ne veux pas te tourner vers moi ?

- Non.

- Tu devrais faire un effort, ma chérie. Ce n'est pas la fin du monde, la preuve, tu t'en es sortie.

- C'est vrai, Jen, renchéris-je.

Jen se tourne vers moi, je lis de la tristesse puis de la colère dans son regard.

- Qu'es-tu venue faire ici ? Demande-t-elle en penchant la tête ; son ton est si agressif que j'en frissonne.

- Oulaaaaaaaaaaa, tout doux ma grande-sœur.

- Si tu es venue te moquer, tu peux repartir. Je n'ai pas besoin de ta pitié.

- Non, au contraire, je suis venue compatir.

- Ce n'est pas ce que tu faisais dans la salle ovale, il y a de cela 48 heures.

- Le passé, c'est le passé, repliai-je.

- Rholàlàlàlàlà, c'est très très froid par ici, dit maman.

- Excuse-nous, maman. Je comprends qu'elle soit irritée, ça va aller.

Le téléphone se met à sonner, maman décroche puis se tourne vers nous.

- C'est Roberta, désolée les filles, je vais y répondre. Je reviens et surtout, pas de bêtise.

- Ne t'inquiète donc pas, ça ira.

- Ok, je vous fais confiance.

Elle se dirige vers la porte, je l'y accompagne et la ferme.

- Alors Jen,

- Alors quoi ? Réplique-t-elle en me faisant totalement face.

- Qu'est-ce que ça fait d'avoir été jetée en prison ?

- Je n'ai pas été jetée en prison, j'étais jute en garde à vue, nuance.

- Comment vit-on le fait d'avoir été interpellée pour des chefs d'accusation pareille ?

- Ecoute, Vanay, jusqu'ici j'ignore ce que je t'ai fait pour que m'en veuilles à ce point.

- Je ne savais pas que les meilleurs pouvaient être aussi insouciante que moi. Toi, la parfaite Croft, toujours première de la Classe, la plus félicitée par les parents, celle qui a toujours été prise en exemple. Aujourd'hui, tu te retrouves dans le mauvais camp.

- Je n'ai rien fait et tu le sais bien, rétorque-t-elle.

- C'est ce que tu dis mais les preuves sont accablantes.

- Pourquoi es-tu là, Vanaya ?

- Te voir et savoir comment tu vas.

- Bien, merci et tu peux maintenant repartir.

- Je n'en ai pas encore terminé.

- Vanaya, je n'ai ni le temps, ni l'envie de discuter avec toi et encore moins, t'entendre parler.

- Et pourtant, il le faut, dis-je en me laissant choir sur le canapé faisant face au lit.

- Que t'ai-je fait, Vanaya ? Que t'ai-je fait pour que tu m'en veuilles à ce point ?

[ JENEYA ]

- Tu n'es rien d'autre qu'une usurpatrice ; son regard est froid et son ton, si sec.

- Pourrais-tu être plus explicite ?

- Quoi, tu veux dire que tu ne le sais toujours pas ou alors, ne l'as jamais soupçonné ?

- De quoi parles-tu ?

- Des traits de ressemblance entre nous ou plutôt, l'absence de traits de ressemblance entre nous.

- Où voudrais-tu en venir, Vanaya ? Finissons-en !

- Tu jouis des privilèges et honneurs, qui ne t'appartiennent ne t'appartiennent pas en réalité.

- Je suis ta sœur, j'ai bien le droit d'en jouir. Je n'ai par ailleurs, jamais rien demandé. Tout m'a été servi sur un plateau d'argent.

- Oui, je sais. L'on n'aurait pas dû le faire !

- Et pourquoi pas ?

- Tu es bête ou fais semblant de l'être ?

- Vanaya, je ne te permets pas. Tu n'as pas le droit de me manquer de respect !

- J'aurai du être à ta place. Tu as toujours été la lus gentille, la plus sage d'entre nous et la plus intelligente. Même si les parents ne le disent pas, leurs faits et gestes, parlent à leur place. Tu as toujours été la CROFT que l'on encense, celle que l'on félicite. T'en rends-tu compte ? Moi, je pouvais faire des mains et des pieds, déployer des efforts que cela n'aurait rien changé à la donne. J'étais invisible pour tout le monde, il n'y en avait que pour toi et toujours, TOI !

- Vanaya, je ne savais pas que tua avis autant de ressentiments envers moi ou les parents.

- Lorsque l'occasion m'a été donné de m'éloigner de vous, je n'ai pas réfléchi et suis venue m'installer en Angleterre. Je croyais avoir trouvé paix et sérénité, mais non, il a fallu que viennes troubler ma quiétude et t'incruster.

- Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?

- J'étais déjà en train de me reconstruire et bâtir un avenir loin de toi, en me disant que je vous prouverai à tous de quoi je suis capable. Je rêvais déjà d'un avenir meilleur, jusqu'à ce que tu te ramènes et que cette connasse de Lavigna, te cède ses 10 % en plus de ce qui t'a été laissé par ton homonyme !

Son visage est déformé par la colère et tout en elle, n'est que haine et rancœur ; La jeune femme assise devant moi, n'est pas ma sœur mais une étrangère.

- J'ai essayé de faire fi de ce que je ressens en te regardant ou de la répulsion que j'éprouve à être dans la même pièce que toi depuis que je sais, mais je n'y peux rien.

- Que sais-tu, Vanaya ?

- Quoi, ta mère ne te l'a pas dit ? L'on continue encore à te couver comme un œuf ?

- Vanaya, parle ou tais-toi !

- Je l'ai appris tout à l'heure, à Harry et Dan, ils sont vraiment choqués.

- Que leur as-tu dit, Vanaya ?

- Tu n'es ni une Croft ni une Stern mais une usurpatrice.

- C'est faux et tu le sais fort bien. Tu devrais vraiment arrêter de délirer.

- Non, nous n'avons pas la même carte génétique.

- Quoi ?

- Tu as donc été ramassé, je ne sais où. Cela fait 20 ans que l'on nous ment et nous impose ta présence.

- Non, ce n'est pas vrai. Tu mens !

La porte s'ouvre à cet instant, à la volée. Maman se tient sur le seuil, les yeux rouges et tenant son téléphone à la main. C'est la première fois que je la vois dans cet état.

- Qu'as-tu fait, Vanaya ? Hurle-t-elle en jetant le téléphone sur la table et rentrant dans la pièce.

- Je n'ai fait que dire la vérité, répond Vanaya calmement.

- Qui est laquelle, selon toi ?

- Jen est une malheureuse que tu as adoptée, je ne sais où. C'est une malheureuse à qui, tu t'es proposée de donner un peu de bonheur. Elle n'est ni une Stern ni une Croft, elle n'a donc pas le droit de jouir des privilèges liés à ces deux patronymes.

- Maman, est-ce vrai ?

- De quel droit, l'as-tu fait ? Crie-t-elle, m'ignorant complètement.

- Maman, est-ce vrai ?

Elle se tourne vers moi, des larmes coulent sur son visage. Elle secoue la tête de gauche à droite puis la baisse. Je sens une douleur prendre naissance au fond de moi et me scier en deux parties distinctes ; c'est si fort que j'en ai le souffle coupé et suis paralysé durant quelques secondes. Mes oreilles se mettent à bourdonner et mes yeux deviennent brûlant, à tel point que je suis obligée de les fermer quelques secondes.

Je sursaute en sentant une personne s'asseoir près de moi, puis une main se poser sur ma cuisse ; je suis tendue comme un arc et recule comme si elle m'avait brûlée. Je me détends, ramasse des vêtements que j'enfile à la hâte, indifférente aux cris et pleurs de ma mère. Je n'ai qu'une envie, me barrer d'ici, m'en aller et oublier, oublier.

Elle se lève prestement, se dirige vers la porte et essaie de m'empêcher de sortir.

- Nous comptions te le dire...Sniff...nous attendions juste le bon moment...Sniff...crois-moi...Sniff...cela ne change rien aux sentiments que nous avons pour toi...sniff...sniff...tu es notre fille, Jen, notre fille...Snifff...pardon...pardonne-moi.


Jeneya CROFT, l'Impé...