Partie 31 :
Ecrit par Fleur de l'ogouée
Marc-André Moussavou
Ce matin-là c’est tout excité
que je me suis rendu à la gare, enfin madame était de retour parmi nous, heureux
de la revoir après deux semaines, de la prendre dans mes bras, de sentir son
odeur. Une fois à la maison nous avons passé une magnifique journée en famille,
hélas ce bonheur a été de courte durée. Le lendemain elle m’a annoncé que ça
décision de partir était toujours d’actualité et que par la même occasion notre
relation ne pouvait pas se poursuivre, tout cela a sonné comme un glas et je
n’ai pu rien faire pour m’y opposer. Elle aurait dû me laisser du temps pour me
racheter, elle aurait dû m’accorder au moins le bénéfice du doute mais hélas
elle a jugé que sa tolérance a atteint ses limites. C’est dans un état second
que je l’ai à contre cœur aidé à déplacer les affaires du petit, les voir
partir a brisé quelque chose en moi. L’image de famille parfaite que j’avais s’est
effriter et encore une fois je suis le seul fautif, l’histoire se répète.
Passer la nuit seul dans cette maison est le plus grand échec de ma vie,
comment ai-je pus avoir ce que mon cœur a tant désiré et j’ai réussi à le
briser ? Je me sens si misérable, pourquoi suis-je condamné à faire de ma
propre vie un cauchemar ?
La première nuit fu horrible,
je m’attendais à écouter le petit crier, je n’ai pas arrêté de me tourner et me
retourner sur le lit, ils me manquent, je veux mon fils et je veux Marimar. Je
ne sais pas comment faire pour la récupérer, elle est partie sans se retourner.
Quelle triste vie !
Koumba Marimar
Je balaye encore une fois la
pièce du regard, mon petit chez moi, mon nid douillet, le lieu où je vais
pouvoir prendre mon nouveau départ. J’ai trouvé cet appartement après être
rentré de voyage, quelle chance j’ai eu de trouver un si bel espace en trois
jours à peine. Un studio situé à Toulon un quartier pas loin du centre-ville,
mon travail est à 20 minutes max. Il est dans une zone sécurisée sur un terrain
familial, à côté il y a la grande maison familiale et un autre studio lui aussi
en location. L’ameublement y est sommaire, un matelas poser à même le sol, un
meuble en kit pour ranger nos vêtements, un canapé, une petite télévision, un
frigidaire et un four acheté d’occasion, je suis déjà reconnaissante d’avoir le
nécessaire pour moi et mon fils. Marc m’a cédé tout le mobilier du petit et il
en rachètera pour pouvoir l’accueillir quand il dormira là-bas. Pour l’instant
nous avons décidé que le petit vivra avec moi et qu’il pourra le voir quand il
le souhaitera, ensuite nous verrons comment organiser une garde plus équitable.
Les premières nuits ont étés horribles, le petit n’arrêtait pas de pleurer,
comme s’il ne comprenait pas tous ces changements, heureusement que cette
phase-là est fini, il a recommencé à dormir toute la nuit et est plus apaisé.
Aujourd’hui c’est dimanche et j’ai
invité Marc à passer la journée avec nous. Entre nous désormais il n’y a que
cette coparentalité qui nous a lié dès le départ, plus d’ambiguïtés, plus de
dérapages, tout pour notre fils. J’ai terminé de préparer le repas que nous
mangerons tous les deux, au menu viande bœuf cuite tendrement incorporé dans de
la sauce d’arachide ; le tout accompagné de manioc Obamba, j’en ai l’eau à
la bouche. Je vais préparer à Aimé sa purée de pomme de terre et carottes,
c’est son plat préféré à mon petit gourmand depuis qu’on a commencé la
diversification. Une fois arrivé il joue avec son fils, échangeons et prenons
les nouvelles l’un de l’autre, puis nous passons à table dans la bonne humeur,
ne plus vivre ensemble à vraiment changé notre relation. Maintenant que nous ne
vivons plus ensemble, les barrières sont tombés et chacun de nous peut être la
personne qu’il est vraiment, notre enfant n’a plus à grandir dans un environnement
malsain où ne régnait pas l’amour. Pendant que je faisais la vaisselle, Philippe
m’a appelé, en voilà un qui est téméraire, il ne lâche pas l’affaire.
-Allo belle demoiselle comment
allez-vous ?
-Je vais bien et toi
Phil ?
-Ah toujours heureux quand
j’entends ta voix, est-ce que tu sais que ta maman m’a donné l’autorisation de
te draguer ?
J’éclate de rire, décidément
ce Phil est un sacré personnage, nous discutons presque tous les soirs et c’est
un fou, il n’arrête pas de me faire rire, avec lui j’oublie pendant un instant
les tracas de la vie. Je lui ai clairement dit qu’il n’y a pas de place dans
mon cœur pour une nouvelle relation mais que je le veux bien en ami.
-En vrai je serais à
Libreville le weekend prochain pour un séminaire, je peux vous inviter
dîner ?
-Oui bien sur très cher, un
dîner entre amis ça me va
-Chez moi on dit qui ne tente
rien n’a rien, et puis dans amant il y a ami
-Tu me fatigues Philippe, tu
viens pour combien de temps même ?
-De vendredi à dimanche,
ensuite je retourne chez moi manger les chenilles
-Tu m’épuises monsieur, bon je
dois te laisser
-A ce soir madame
Je raccroche et c’est tout
sourire que je mets mon téléphone dans la poche, en me retournant il est
derrière moi, venu chercher un verre il me semble qu’il a entendu ma
conversation. Je lui tends le verre et continue à nettoyer la cuisine. Plus
rien ne nous lie, j’ai bien le droit de parler à un autre homme, de toute façon
je ne cherche pas à m’expliquer et lui aussi ne demande rien et retourne au
salon.
C’est dans ce climat que nous
terminons la journée, je lui propose d’avoir le petit pour lui le week-end
prochain vu que je serais avec Phil et il accepte, il a reçu le nouveau berceau
du petit, il pourra passer sa nuit comme un pacha, il viendra le chercher
vendredi et le ramènera dimanche, maintenant que la transition s’est bien faite
on va pouvoir moins se voir. Je suis toujours amoureuse de lui, le voir ne me
fait pas du bien, je dois lutter avec moi-même pour ne pas me jeter dans ses
bras et c’est difficile, donc un peu de distance ne me fera pas de mal.
Moussavou Marc-André
En sortant de chez elle je
fais un tour chez Tim, prétendre que cette situation est la meilleure pour le
petit m’épuise, j’ai besoin d’une oreille pour me plaindre. Je fais toujours
tout mal et pour une fois dans ma vie il faudrait que j’arrive à faire les
choses bien. Avec nos bières dans le salon nous discutons de nos vies.
-Gars en vrai Marimar je crois
que je l’aime bien plus que je ne le pensais, ce petit quelque chose que j’ai
souvent cherché je pense l’avoir trouvé en elle
-Je comprends man, mais n’oublie
pas qu’il y a le petit au milieu de vos histoires d’adultes. Je n’aimerai pas
que ce petit grandisse en te détestant parce qu’il t’aura vu faire souffrir sa
mère, vaut mieux que chacun de vous soit épanouie de son côté
-Je sais ça mais c’est dur, son
voyage au village a été un véritable électrochoc, je me suis rendu compte que
c’est la femme qu’il me faut. Je regrette vraiment d’avoir fait le con
-Man, laisse-lui du temps,
soit là pour elle et le petit et puis retente ta chance quand les choses se seront
tassés
-Man elle voit quelqu’un
d’autre, elle parlait avec lui au téléphone quand j’étais chez elle. J’avais envie
de lui arracher son téléphone et de la prendre dans mes bras.
-Gars pose le cœur seulement,
ce qui doit arriver arrivera
Nous terminons la soirée de
manière mélancolique, il faut peut-être que moi aussi je tourne la page, rester
bloquer seul dans cette relation ne me fera que du mal. Après quelques bières je
rentre, cette solitude me fait du mal je décide d’appeler cette chipie de
Gémina qui est rentré de voyage en début de semaine. Elle m’a avoué que sa
destination secrète était le Nigéria, elle y était pour les fiançailles en
petit comité de Nina et de son acteur de futur mari. J’ai été choqué
d’apprendre la nouvelle mais au final, elle mérite ce bonheur, elle n’était
certainement pas la femme de ma vie mais elle a joué un rôle majeur dans mon
existence, je la porte à jamais dans mon cœur et souhaite qu’elle vive sa
meilleure vie. Maintenant que je me retrouve seul, j’ai du temps pour
travailler sur moi, les blessures du passé ne doivent pas détruire ma vie, il
est temps que je fasse le deuil de mes parents et de leur relation toxique. Mon
père trompait et battait notre mère, lasse de tout cela un week-end elle nous a
envoyé chez sa belle-sœur puis préparé un ultime repas pour elle et papa, à
l’intérieur elle y a mis du poison qu’elle s’est procuré avec l’aide de la
voisine, c’est d’ailleurs elle qui l’a avoué plus tard. J’en ai conclu très tôt
que l’amour n’était qu’une mascarade, quand j’étais au lycée les femmes ne
m’intéressaient pas, j’avais d’ailleurs la réputation d’intello puceau, puis
j’ai commencé à avoir les attributs masculins, j’ai commencé à avoir conscience
de mon pouvoir de séduction. Ma rencontre avec Nina n’a pas freiné mes ardeurs,
au début je flirtais à gauche à droite sans plus puis pris à mon propre jeu
j’ai commencé à la tromper quelques années plus tard. En manque de je ne sais
quoi, je n’étais jamais fatigué de draguer, cette impression d’avoir le pouvoir
ou juste le défi que représente la drague, je ne sais pas ce qui m’attirait.
Aujourd’hui je ressemble plus
à mon père bien plus que je ne le voudrais que ce soit physiquement ou
psychologiquement, je détruis tout ce que je touche, d’abord Nina et maintenant
Marimar. Depuis qu’elles ont déménagés elles sont si rayonnantes à croire que
j’étais une ombre dans leurs vies. Je travaille sur moi chaque jour, j’ai
commencé ‘’ La force de l’imperfection’’ un livre de Brené Brown et chaque jour
je fais un pas vers la guérison de mon âme, je me concentre sur moi, je me
pardonne et j’avance.
La semaine est passé à tout
allure, ce soir je vais chercher Aimé chez sa mère, il passera le week-end avec
moi pendant qu’elle sera dans les bras de je ne sais qui. J’ai pris sur moi
pour ne pas poser de question, pour rester cordial, elle était ravissante dans
une robe rouge qui moulait parfaitement chaque centimètre de son corps parfait,
ses cheveux coiffés dans un chignon haut lui donne une si grande prestance. Cette
femme était mienne, comme ai-je pu bêtement la laisser partir, un idiot je
suis.
-Bon je t’ai mis de la purée
maison dans son sac, je préfère le faire moi-même, maintenant si t’as des
petits pots et des yaourts pour compléter ça fera l’affaire. Et le matin il
aime bien son biberon de lait
-T’inquiète je gère, j’ai des
pots de compotes en stocks et une ou deux boîtes de lait. Je vais rapidement m’arrêter
à Mbolo prendre des yaourts
-Parfait, passez un bon
week-end alors
-Merci, fait de même et tu es
ravissante ce soir Marimar
-Merci, Marc
Je suis resté debout quelques
minutes devant elle sans savoir quoi dire ni quoi faire, comme ébloui par sa
beauté. Elle a tourné ses talons et j’ai du regagner ma voiture avec le petit
dans mes bras, je l’ai installé dans son siège et nous sommes allés en direction
du fameux centre commercial de Libreville.
Koumba Marimar
C’est toute retournée que j’ai
apporté une dernière touche à ma tenue, son regard perçant sur moi m’a perturbée.
Fin prête, je suis allée retrouver Philippe au Western union pas loin de la
maison que j’ai pris comme repère, dans d’autre pays j’aurais simplement
indiqué ma rue et mon numéro de maison mais ici on fait avec les moyens de
bord. A peine assise près de lui au siège passager, je reçois une tonne de
compliment, je me tords de rire tellement il extrapole tout, je sais déjà que
je vais passer une belle soirée. Nous arrivons dans un restaurant à Okala, décoration
épurée, lumière tamisée, cadre agréable, une charmante serveuse nous conduit
dans à notre table.
-Alors Mr le voyage s’est bien
passé, pas trop désagréable ce voyage en train ?
-J’ai pris l’avion, avantage
de voyager pour le boulot. Du coup je suis en pleine forme ce soir, après on va
danser hein
Je ne réponds rien et le
regarde, sa compagnie me fait du bien, oublier Marc est la meilleure chose que
je puisse faire, avancer sans se retourner est la seule solution que j’ai trouvée
pour aller mieux.