Partie 32

Ecrit par Fleur de l'ogouée

Koumba Marimar

Je me suis réveillée avec un mal de tête horrible, c’est la première fois que je bois autant d’alcool de toute ma vie, je ne me rappelle pas de grand-chose, j’ai comme un flou par rapport aux évènements d’hier. Après le restaurant nous sommes allés dans une boîte de nuit, nous avons enchaîné les verres d’alcool et ce matin je suis me réveillée dans un lit qui n’est pas le mien. Paniquée, je regarde autour de moi, nous sommes dans une chambre d’hôtel, je suis totalement nue, touchant mon corps comme pour chercher une réponse, je me rends compte que l’inadmissible s’est produit. Touchant mon entre-jambe comme pour m’y résoudre à ce qui s’est passé, je sens une larme couler sur ma joue, je n’avais absolument pas envie que cette soirée se finisse comme ça. A côté de moi dort paisiblement Philippe, je le réveille furieusement.

-Il y a quoi ? Je suis fatigué

-Qu’est-ce qui s’est passé hier ? Est-ce qu’on a couché ensemble ?

-Bien évidement sinon nous ne serions pas nus

-Mais à quel moment tu te dis que couchée avec une fille totalement ivre c’est normal ?

-Tu veux dire quoi comme ça ? Je t’ai emmené dîner, tu as porté une robe moulante, nous sommes allés en boîte tu as collé tes fesses sur moi et dansé comme une allumeuse. Une fois dans la chambre, ton vagin était aussi humide qu’un sauna de quoi me parles-tu ?

-J'étais à moitié consciente, tu as simplement profité de moi, je pensais que nous étions amis.

-Je t’ai dit que je ne croyais pas en l’amitié entre homme et femme, tu es quand même venue à mon invitation cesse d’être hypocrite, tu as gémi tellement fort que les voisins de chambre se sont réveillés.

-Tu es un salopard, je regrette tellement d'être venu

-Bon maintenant ça suffit, si tu regrettes ce qui s’est passé c’est ton problème mais ne commence pas à me traiter comme un violeur. Moi je ne t'ai pas caché que je voulais de toi pourquoi tu réagis comme une enfant ? 

Je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie, c’est le corps lourd que je me suis levée pour récupérer mes vêtements, j’ai retenu mes larmes en cherchant mon sac. Une fois en bas, j’ai arrêté le premier taxi que j’ai vu passer, je m’y suis engouffrée et j’ai encore retenu mes larmes. Une fois chez moi, j’ai enlevé ma robe et j’ai couru dans la douche, l’eau froide qui coulait au même rythme que mes larmes m’a fait du bien. Maintenant que je suis seule, je me rends comptes que de qui s’est passé hier soir, à quel moment les choses ont dérapé ? Epuisée j’ai appelé Cynthia, j’avais besoin de parler à quelqu’un, elle est arrivée une trentaine de minutes plus tard, quelle grâce de l’avoir dans ma vie. Après avoir salué son fiancé nous nous sommes installés dans le salon et sans le vouloir mes larmes ont recommencés à rouler sur mes joues.

-Mama dit moi ce qu’il y a ? C’est encore Marc ? Je pensais que tu sortais avec Phil hier non ?

-Philipe a profité que je sois ivre pour coucher avec moi, ça me dégoute. Le pire c’est que je n’aurais pas dû y aller, il a clairement dit que je lui plaisais et moi bêtement j’y suis allé

-Tu n’as rien à te reprocher, tu es la victime dans l’histoire, il n’aurait jamais dû te toucher sans ton accord. Ton corps t’appartient et nul n’a le droit de te forcer à faire quoi que ce soit en n’utilisant des méthodes douteuses.

-Je sais Cy mais dans la société où nous vivons les gens demanderont pourquoi je suis allée à un rendez-vous si je ne voulais pas plus

-Tu voulais passer la soirée avec un ami, le viol n’était pas au menu. Il t’a fait boire pour ensuite pouvoir profiter de toi sans protestation c’est inadmissible

Il y a quelques mois je n’aurais pas assimilé ce qui s’est passé hier à une agression sexuelle, je m’en serais voulu d’avoir trop bu, mais depuis que je passe du temps sur les réseaux sociaux j’en apprends beaucoup. Quand je vois ces belles femmes, intelligentes qui parlent des faits de société, je suis bluffé et parfois je regrette de pas avoir au moins décrochés mon bac, cette idée de le repasser trotte dans ma tête.

Cynthia et moi avons passé la journée toutes les deux, elle m’a fait à manger et à essuyer mes larmes. Fatiguée je me suis endormie sur ses cuisses, c’est la sonnerie de mon téléphone qui m’a sorti de mon presque sommeil. Marc à l’autre bout du fil m’a annoncé qu’il se trouve avec Aimé aux urgences de la clinique, il ne m’a pas donné plus de détail, cette journée ne pouvait pas être pire. Avec Cynthia nous courons vers la route à la quête d’un taxi, c’est le cœur tremblant que nous arrivons. Aux urgences nous trouvons Marc devant la porte qui nous attend visiblement, je lui demande ce qui s’est passé

-Je suis désolé Marimar

-Marc parle et vite qu’est-ce qui est arrivé à mon fils, crie-je

-Je chauffais l’eau pour le biberon et je ne l’ai pas vu ramper jusqu’à la cuisine, du coup j’ai trébuché sur lui et l’eau s’est un peu renversé sur lui

J’ai commencé à lui donner des coups, c’est mon fils qu’il veut tuer ?? Il aurait dû être plus attentif, comment gérer un enfant de 8 mois le dépasse, il est à peine mobile. Je suis fatiguée tout ceci, Cy nous a séparé à temps, un infirmier nous dit que l’un d’entre nous doit être avec le bébé. J’entre et j’aide l’infirmière à tenir le petit pendant que l’autre fait le pansement, c’est une brulure du premier degré donc rien de bien grave d’après le médecin, en plus du pansement il a juste donné un antalgique et demandé à ce qu’on revienne faire le pansement.

-Madame je vous sens inquiète calmez vous, c’est une brûlure superficielle dont il ne se rappellera pas. Vous avez juste des antalgiques qu’il faudra lui donner, même pas besoin d’antibiotiques. Juste faites attention à ce que ça ne se reproduise pas et dans deux jours changement de pansement

-Merci beaucoup docteur

Je sors avec mon bébé, je suis plus apaisée maintenant. Le fiancé de Cynthia nous dépose Gégé et moi à la maison avant de rentrer avec sa dulcinée. Je ne voulais pas le laisser partir, j’ai besoin de savoir mon fils en sécurité. Marc n’a pas arrêté de s’excuser depuis que nous avons quitté l’hôpital, au fond je ne lui en veux pas vraiment, les accidents domestiques arrivent, j’ai juste laissé ma frustration éclatée. J’ai besoin de dormir pour que demain soit un meilleur jour, je suis fatiguée physiquement et émotionnellement. 

Ce matin à mon réveil j’ai encore reçu un long texto de Marc dont lequel il s’excuse, il me demande d’être clémente et de ne pas l’empêcher de voir son fils pour autant. J’ai laissé ma frustration explosé hier, il faut que je m’excuse aussi, il n’a pas délibérément choisi de bruler notre enfant. Je l’envoi un texto à mon tour en m’excusant d’avoir réagi comme une folle et je l’invite à venir passer la journée avec nous s’il le souhaite. Un peu fatiguée je décide d’aller acheter du tchep au carrefour, je ne veux absolument pas faire la cuisine. Je mets mon fils au dos et je me traîne jusqu’à chez la célèbre vendeuse sénégalaise du quartier, une fois mon plat en main, je sens une présence dans mon dos, c’est Philipe. Il me salue nerveusement et devant mon silence se mets de côté. Il m’a suivi jusqu’à devant le portail

-Tu veux quoi Philippe ?

-M’excuser pour mon comportement

-Tu viens de le faire, maintenant part

-Ecoute Marimar je t’assure que tu en avais vraiment envie, je ne suis pas un violeur, nous étions deux adultes en manque de sexe et ce qui devait se produire arriva

-Ok, dégage de chez moi

Il me retient par le bras quand je veux passer le portail, avant que je ne puisse dire quelque chose, Marc avait déjà bondit sur lui en lui disait « enlève tes sales pattes de ma femme et mon fils ». Je ne sais pas à quel moment il est arrivé, ils ont commencé à se battre, je suis rentrée chez moi et j’ai fermé le portail. Je ne suis pas d’humeur à supporter ce genre de bêtises, qui a dit aux hommes que la violence est la solution à tout ?

Une fois leur discutes stupides fini Marc m’a appelé pour que j’ouvre le portail, j’ai demandé qu’il retourne chez lui, il pourra voir le petit demain en sortant du travail, pour aujourd’hui j’ai déjà eu ma dose.

 Je ne comprends pas la tournure que prend ma vie, je veux seulement m’occuper de mon enfant et devenir quelqu’un de bien, ni Marc ni Philippe ne peut m’apporter cette stabilité que je recherche pour mon fils et moi. Pour l’instant être seule est la meilleure des solutions, à quoi bon me mettre en couple si c’est pour revivre le calvaire que j’ai vécu avec Moussavou. Avec mes économies je vais commencer un petit commerce les week-ends, depuis que j’ai accouché Raoul m’a retiré du planning rotatif des week-ends. Avec ce temps-là je pourrais débuter mon affaire, Marc pourra avoir le petit et moi je pourrais travailler, nous serons tous les deux gagnants. Une fois mon plat de riz avalé, je m’allonge sur le canapé et je reçois un appel de Marc

-Pourquoi tu ne m’as pas laissé rentrer ? Je me suis battu pour toi et tu me traites comme si j’étais le fautif.

-Tu es celui qui a donné le premier coup donc oui tu es fautif, je n’avais pas besoin d’être sauvé

-Si quelqu’un touche à mon fils, je riposte. Si tu veux te faire malmener par ton copain libre à toi mais pas avec mon fils dans le sillage

-D’accord Marc, passe une bonne soirée

J’ai raccroché sans qu’il ne puisse rien ajouter, je veux juste passer une petite soirée tranquille. Je me mets devant la télévision et je tombe sur un film romantique, je vais pouvoir rêvasser en pensant à une vie que je n’aurais peut-être jamais. 

9 mois pour séduire...