Partie 62 : j'ai vu, j'ai vaincu
Ecrit par labigsaphir
- Merci papy.
- De rien, Jen, tu devrais faire plus attention et te ménager.
- Bah dis donc, c'est grand-père qui demande que je me ménage ?
- Jen, qu'as-tu fait de mon père ? Rigole Jamice en rangeant ces dossiers.
- Même le diable a aussi un cœur, plaisante papy en souriant.
- Jen, n'arrête surtout pas de de faire des bébés, tu réchaufferas son cœur, rebondit Jamice une fois de plus.
- Sérieux, Jen, à combien de mois en es-tu ?
- 6 mois, papy ; je réponds en caressant mon ventre et souriant.
- Tu devrais te ménager, ma petite, réplique Jamice en me regardant. Une femme enceinte, je ne sais pas s'il y a plus capricieux.
- Tu as tout à fait raison, mon fils, confirme papy.
TOC...TOC...TOC...
- Oui, entrez ! Fait papy en se tournant vers la porte.
La porte s'ouvre, livrant passage à Venaya qui s'arrête sur le seuil, fixe mon ventre sans gêne, puis me regarde dans les yeux.
- Bonjour, petite-sœur, fais-je en souriant.
- Bonjour grande-sœur, répond-elle en me souriant ; je suis surpris par son attitude, croyant qu'elle allait m'ignorer.
Depuis qu'elle fréquente un homme de la haute, Alban CRUZOR, en l'occurrence, elle est devenue hautaine et très froide.
- Bonjour à tous, fait-elle en rentrant définitivement dans la pièce.
- Bonjour ma petite fille, répond joyeusement papy.
- Bonjour Vanaya, fait Jamice en se tournant franchement vers elle.
- Tu es apparemment de bonne humeur, continue papy.
- Oui, oui, répond-elle en se penchant vers lui pour lui faire la bise.
- Alors, quoi de beau et quel bon vent t'emmène, ici ? Demande Jamice.
- N'ai-je plus le droit de venir, ici ?
Elle enlève ses gants avec douceur et les pose sur la toile en bois de chêne cirée, comme seuls les aristocrates savent le faire.
- Tu arrives à la fin de la réunion, constate papy en tirant sur son cigare.
- Est-ce vraiment raisonnable de fumer ? Demande-t-elle à papy.
- Qu'ai-je encore à perdre ? Réplique-t-il à nouveau.
- La possibilité de voir tes arrière-petits-fils grandir, rétorque-t-elle en acceptant la tasse de thé que la secrétaire lui tend. Merci, merci.
- Allez-vous me laisser voir vos enfants ?
- Quelle question, papy ! Fais-je en secouant la tête.
- Je sais que pour vous, je ne suis qu'un tyran bientôt sénile, argue grand-père.
- Papa, tu as beaucoup changé, réagit Jamice.
- Si seulement tu pouvais dire vrai, avance papy, dubitatif ?
- Tu t'amélioreras avec le temps, j'en suis certaine ; je suis surprise par l'attitude de Vanaya.
Vous semblez perdus par l'attitude de Vanaya et papy, n'est-ce pas ? Eh bien, sachez que nos relations se sont améliorées avec le temps. Et roulement de tambours, entre Lavigna et papa, les relations se sont là aussi, réchauffées. Et pour enfoncer le clou, il arrive que Lavigna passe de temps à autres à la maison, discuter avec Jamice et accessoirement, papa. Je ne sais pas si c'est la vieillesse ou la solitude qui jouent sur papy mais il se bonifie.
Nous échangeons encore durant un quart d'heure dans la bonne humeur. Je les laisse et vais faire un point avec le responsable du département projets, discute en vidéo-conférence avec mes contacts de par le monde avant d'embrayer sur Allan Graham. Je sors de la salle avec la banane, tout se passe relativement bien. Je bénis le ciel d'avoir permis que je termine mon année dans la joie. J'ai composé la semaine dernière et attends donc les résultats avec impatience ; les années de fac seront enfin derrière moi.
Je soupire et vais m'asseoir dans le bureau de Jamice qui discute avec Vanaya en souriant. Je m'intègre facilement à la conversation. Jamice reçoit un coup de fils, se déplace, préférant aller dans la salle ovale afin de discuter avec son partenaire en chine. Moins de deux minutes après son départ, Vanaya et moi, sommes encore à nous regarder dans les yeux, cherchant quoi dire. Plus pathétique, je ne sais pas s'il existe ; et dire que nous avons été complices, l'on dirait une vie antérieure.
- Combien de mois ?
- 6 mois ; je réponds en la regardant dans les yeux.
- Lourde ?
- Oui, un peu. J'avoue avoir hâte qu'elle vienne enfin au monde.
- Plus que 9 mois et je pourrai enfin la porter ; je suis surprise et ouvre grand les yeux.
- Je sais que pour toi, je suis le mal incarné, et je te donne entièrement raison. Mais vois-tu, tout est allé tellement vite, si vite que j'en ai presque le tournis. J'ai perdu la notion de la famille et ai décidé de prioriser les futilités, des vétilles.
- ...
- Je regrette de m'être laisser aller autant et surtout, avoir mis tant de hardiesse et peine à te faire du mal. Je crois que nous traversons tous cette période, au moins une fois dans notre vie. Le luxe insolent des Stern m'a détourné et oublié certaines principes et valeurs inculquées par nos parents.
- ...
- Jen, grade-sœur, je regrette vraiment de vous avoir fait du mal, à maman et toi. J'aurai du vous appeler depuis des mois, mais j'avais honte. Jen, je ne sais vraiment quoi te dire mais sache que tout ce que tu as entendu durant toute ce que tua s du traverser et la façon dont tu as appris ton adoption, je le regrette amèrement. Tu auras surement du mal à me croire, sache tout de même que je le regrette. Le fait que tu ais été adopté ne change rien à ce que je ressens pour toi, à l'enfance que nous avons eue, ni à ce que nous avons dû traverser plus jeunes.
- ...
- Tu as toujours été là pour moi, Jen. Tu es ma grande-sœur et le resteras, quoi qu'il arrive.
- Je ne sais pas quoi te dire, Vanaya. Ca été tellement violent, passionné que je ne sais plus quoi dire ou penser. Néanmoins, j'apprécie le fait que tu t'excuses, consciente du fait qu'il t'ait fallu courage et force. Merci pour ce geste, je le note.
- Merci, Jen, merci ; mon attention est attiré par le son de sa voix.
- Ya –t-il un problème, Vanaya ?
- Oui, oui, répond-elle en essuyant la larme coulant sur ses joues.
- Que se passe-t-il, Vanaya ? Demandai-je en me levant et la rejoignant sur le canapé.
- Pourquoi t'es-tu levée ? J'aurai pu me déplacer, tu sais.
- Ce n'est rien, ma belle, dis-je en l'attirant vers moi.
- Merci de toujours être là et d'avoir gardé ce cœur d'or.
- Et si tu me disais plutôt ce qui ne va pas ?
- Il s'agit de mon couple avec Alban, répond-elle en se mouchant bruyamment.
- Que se passe-t-il ?
- Puis-je toucher, demande-t-elle en désignant mon ventre.
- Mais oui, vas-y, tata Vanaya.
- Ha ha ha, merci ; elle pose la main sur mon ventre et ma fille se met à bouger.
- Je crois qu'elle t'apprécie.
- Oh ! Je serai une tata-gâteau, c'est certain.
- Je n'en doute pas, et si tu me disais ce qui ne va pas ?
- Avec Alban, c'est compliqué, répond-elle sobrement.
- Développe, s'il te plait.
- Il est prévu que nous nous marrions mais c'est difficile avec elle.
- Qui, la belle-mère ?
- Oui, la belle-mère.
- Pourquoi est-ce compliqué ?
- Finalement, les sœurs d'Alban et sa mère, veulent la preuve que je peux être une bonne femme.
- Mais pourquoi ?
- Selon eux, je serai une roturière.
- Ce qui n'est pas faux, ma foi.
- Oui mais ils veulent une preuve de ma capacité à pérenniser le nom.
- Que tu fasses un enfant à Alban ?
- Oui et où se situe le problème ?
- Cela fait un an que nous essayions d'un enfant, Jen ; elle le dit avec tristesse.
- Cela fait juste un an que vous essayiez, correction, Vanaya.
- Oui mais selon eux, c'est trop.
- Vanaya, c'est le Seigneur qui donne des enfants, tu sais.
- ...
- Avez-vous essayé la F.I.V ?
- Alban se refuse à envisager une pareille démarche.
- J'imagine qu'il criera au scandale le jour où tu parles de mère porteuse ou d'adoption.
- Oui, oui.
- Vanaya, écoute, je sais qu'à une époque, nous avons été des ennemies, pour toi. Je ne t'ai jamais détestée et ne peux donc me réjouir de ce qui t'arrive. Je ne peux que te souhaiter beaucoup de bonheur et espérer que le Seigneur prenne soin de votre couple.
- Merci, dit-elle la larme à l'œil.
- Tu n'as besoin de te mettre dans cet état, ça ira ; je la prends dans mes bras, elle pleure durant quelques minutes puis se redresse.
- Je ne sais pas comment tu as fait pour supporter la pression, Jen.
- Quelle pression ?
- Lors de cette abracadabrante affaire.
- Avais-je le choix ?
- Tu es très forte et je t'envie beaucoup.
- Tu ne devrais pas, Vanaya. Trouve le courage en toi, il suffit de le trouver et ça ira. Alban et toi, vous aimez d'un amour sincère, sois patiente et ça ira.
- Pourrais-je souvent t'appeler pour discuter ou me confier ?
- Bien sûr, c'est le rôle d'une grande-sœur à ce que je sache, même si j'ai été adoptée.
- Touchée !
- Ça, c'était pour te charrier, ma chérie.
- Ha ha ha ha merci Jen, merci. Je ne pensais pas que tu me pardonnerais un jour.
- Mais c'est fait. Tu sais, la vie est si compliquée que parfois, on en oublie l'essentiel et surtout, de revenir aux bases.
- Mais où est Elric ?
- Nous ne sommes plus ensemble.
- Quoi ?
- Pourtant, il t'avait aidé avec toutes les procédures judiciaires. Vous aviez l'air de vous pourtant vous aimer.
- Oui, mais que veux-tu ? C'est la vie.
- Tu exhales tant de sérénité que je me demande comment tu fais.
- La vie, tout simplement, l'école de la vie.
- Bon, je crois que je vais y aller, ma chère. Je ne pourrais pas attendre Jamice, il faudrait que je me vide la vessie et me repose.
- Oh oui, ma nièce est très exigeante.
- C'est peu de le dire.
- Attends, je vais t'aider à te relever et te raccompagner. Ne t'inquiète pas pour Jamice, je lui dirai.
- Merci, et de toutes les façons, je le rappellerai.
Elle me tend la main et m'aide à me relever. Nous cheminons à pas de chat vers la porte et prenons l'ascenseur en souriant. Je suis heureuse de discuter avec ma sœur, cela faisait longtemps que nous nous étions perdues, au sens propre comme au sens figuré.
LE LENDEMAIN MATIN...
- Bonjour, fais-je en m'asseyant près de lui.
- Bonjour mademoiselle. Avez-vous besoin d'aide ?
- Non, merci ; il n'arrête pas de me dévisager celui-là.
- Ok.
Je me couche et tire la couverture sur mes jambes, elle parait vraiment courte. Je fais signe à une hôtesse qui rapplique aussitôt et m'en apporte une autre ; celle-là ne parait pas avoir un balai dans le c**.
- Tenez, prenez aussi la mienne ; il me tend sa couverture.
- Merci, dis-je en la lui arrachant presque des mains. Ai-je un bouton sur la figure ?
- Non, pourquoi ?
- Vous avez l'art de me dévisager, ne voyez-vous pas que je suis enceinte ?
- Euh...Mademoiselle, je tenais juste à être gentil. Je vous prie de rester polie. Sachez que vous n'êtes pas mon style de femmes.
- C'est ça, c'est ça, fais-je en lui tournant le dos.
- Vraiment l'éducation des enfants n'est plus celle d'avant. Les jeunes d'aujourd'hui, c'est incroyable. Pour votre gouverne, vous me rappeliez une personne que j'ai connue dans le passé.
- Si vous le dites !
Sur ce je me cale bien dans le fauteuil et regard par-dessus le hublot en soupirant, heureusement que ce ne sera pas très long. Je suis interrompue par un lascar qui vient saluer l'autre. Vraiment les camerounais sont très mal éduqués, toujours à parler fort, comme si le monde leur appartenait, avec leurs voix de fumeurs de Banga.
- Aka Roger, toi-même tu sais.
- Maiwenn, tu as persisté dans ton délire avec les locks.
- Winnie a tout fait pour me les couper mais j'ai refusé.
Tout de suite, je ferme les yeux et me retrouve en Afrique du Sud. Ah oui, je crois que nous nous sommes déjà rencontrés mais cela fait longtemps. Ah oui, oui, la fête avec Rael, oui, je m'en souviens maintenant. Pourquoi ai-je l'impression de louper quelque chose ? Pourquoi ai-je l'impression de passer à côté de quelque chose d'important ? Je crois déjà avoir entendu ce prénom quelque part, j'en suis certaine. Je ne sais exactement où mais ce prénom, m'est familier.
Je cherche du côté de Rael, c'est la soirée mais mon instinct me dit que ce n'est pas la bonne direction. Je me retourne et croise le regard de l'individu en question. Il a un regard noir mais je m'en fous, je m'en fous.
DEUX JOURS PLUS TARD...
- Noon, pas besoin de te déplacer exprès pour moi, Amicie, profite de ton chéri.
- Et les courses, j'étais chez toi la dernière fois, ton frigidaire est vide.
- PANGALAN ! Qui t'a invitée dans mon frigidaire ?
- Ha ha ha ha Jen, tu es bien folle, je te jure. Tu fréquentes déjà trop les camerounais. Il faut donner la chance à ma fille de parler comme les blancs et avoir leurs manières.
- Ha ha ha ha ha ha.
- Il ne faut pas qu'elle fasse comme son crétin de père qui prenait les habitudes blancs pa la mbinda( les rapports sexuels) et il n'a même pas pris la bonne dose en plus, un faible de formation.
- Ga ga ga ga ga ga ga ga ga Minceeeee ! La mal bouche a même fait quoi aux camerounais ?
- Laisse, nous sommes nés avec, c'est Dieu qui nous a donnés. En plus, un Bulu, vraiment, celui-là, il est vraiment ou il est bête.
- Ha ha ha ha ha
- Je prie pour être là le jour de ton accouchement, je vais lui donner l'ivou.
- Ga ga ga ga tu ne donneras rien à ma fille, Chouagneeeeeeeee.
- Massa, tu t'améliores. Tout bon camerounais quand il veut te shiba( cosh, vanner), finit sa phrase par Choagneuuuuuuu.
- Ga ga ga ga ga tu es bien folle.
- Aka, laisse seulement.
- Là, j'ai déjà envie de faire pipi, dis-je en me déplaçant.
- Sinon, toi, ça va ?
- Je viendrais souvent te laisser le petit, il pourra souvent t'aider à faire les courses.
- Ne serait-ce pas la traite des enfants ?
- Imbécile ! Imbécile, tu entends, non ?
- Ou alors, tu e profites pour bin profiter de ton homme.
- Comment tu as su ? Là, tu parles bien.
- Amicie, tu es bien folle, je te jure.
- Tout ça sans te demander comment vous allez.
- Tu aimes trop le congossa.
- Je te dis, ma sœur.
- Bon, je vais te laisser, l'autre me fait déjà les gros yeux.
- Rayaaaaa, pardon va t'occuper de lui.
- Je te dis.
- Il veut surement téter.
- C'est ce que tu dis doucement comme ça ?
- Ha ha ha ha ha ha , tu es folle. A bientôt, ma chérie.
- Huhum.
Je raccroche en soupirant et me lève avec difficulté, pour aller faire un tour rapide aux toilettes et vient ensuite me préparer un chocolat chaud. Une heure plus tard, je me lève en pestant car je dois aller faire les courses.
- Oh merde ! Fais-je en déposant le lait dans le cadi, que c'est lourd.
Je suis bousculée et me retourne pour tomber sur l'autre, celle dont je ne veux pas prononcer le nom. Ses yeux font de nombreux allers retours entre mon ventre et ma figure ; aucune gêne, je vous assure. Elle donne l'impression d'avoir été éduquée dans une cour commune et même, ces personnes sont souvent bonnes et très polies.
- Vous auriez dû vous excuser, dis-je simplement.
- C'est vrai, confirme la dame à côté de moi, vous auriez pu lui faire mal surtout qu'elle est enceinte.
- Je suis désolée, fait-elle du bout des lèvres. Elric !
- Oui, bébé, répond une voix, non-loin de-là.
- Tu viens prendre le lait ?
Il arrive en traînant la patte, s'arrête devant moi, moins d'une seconde, pose la main sur la hanche de Louhann et prend la palette de lait, comme si je ne suis pas là.
- Vraiment, cet apéro pour annoncer nos fiançailles à nos amis, me fatigue, annonce Lou de manière à ce que je l'entende.
Mon cœur se serre, navrée, je ne suis qu'une humaine et de surcroît, une femme. Mon cœur se serre, je pousse rapidement le cadi et m'éloigne d'eux en respira