Partie 7 : les sœurs et belle-sœurs BADJECK
Ecrit par labigsaphir
[ BLESSING ]
- Mais pourquoi es-tu aussi pressée de rentrer ?
- Je dois aller faire à manger pour mon homme, fais-je en rangeant mes effets.
- Oh ! Etes-vous mariés ?
- Non.
- Fiancés ?
- Non !
- Mais pourquoi te comportes-tu comme une femme mariée ?
- Decielle !
- Excuse-moi de poser les questions. Je sais être parfois lourde.
- C’est peu de le dire.
- Excuse-moi mais ton type-là, poursuit-elle en minaudant, a-t-il un frère ?
- Mon mec, Decielle, mon mac et non mon type !
- Oulaaaaaaaaaaaaa bah dis donc, il ne t’a pas fait l’amour depuis des lustres ou quoi ?
- C’est top, j’y vais !
Je prends mon sac, me dirige vers la porte et bouscule Camron au passage.
- Excuse-moi, Camron.
- Ce n’est pas grave, Blessing.
Il ramasse mon sac et le sien sur le sol, me tend le mien en souriant.
- Tu es magnifique et rayonnes, Blessing.
- Merci Camron. Comment vas-tu ?
- Bien, merci et toi ?
- Ça peut aller. Je me disais peut-etre que l’on pourrait aller boire un verre, un de ces jours.
- Camron, tu es bien gentil mais j’ai déjà un homme dans ma vie.
- C’est dommage, je n’ai vu aucune bague sur ta main, alors…
- Invite plutôt Decielle, elle, est single.
- Oh ! Elle…
- Mais oui, Camron fait Decielle derrière nous.
- Je vous laisse, dis-je en m’éloignant. Bonne journée.
- Bonne journée, Blessing et à demain. Répond Camron, déçu.
Vous l’aurez compris, j’ai fait la connaissance de Camron et Décielle, au centre de formation. Lui, fait une autre formation, une réservée aux hommes. Decielle et Camron sont très gentils mais parfois collants. Decielle est très intéressée et superficielle alors que Camron, fils de bobo, a l’air plus mature. Si je n’avais pas Malick dans ma vie, je l’aurais fréquenté, c’est certain. Il a tout ce qu’une femme désire mais pas mon cœur, Camron.
Je lève la tête et croise le regard de Malick, assis dans la voiture. Il débloque les portières en me voyant arriver, le temps pour moi de traverser la route. Je souris en traversant et me réjouis de passer du temps avec mon homme.
- Blessing ! Blessing !
Je tourne la tête, mandant de me faire renverser par un véhicule ; je vais surement en prendre pour mon grade avec Malick, tout à l’heure.
- Tu as oublié ceci, dit Camron en nous rejoignant alors que j’ai la main sur la portière.
- Merci, Camron. Cela aurait pu attendre le matin.
- Je sais combien tu es concentrée et rigoureuse sur tes cours.
- Merci.
Il me tend ma trousse et en profite pour me toucher les mains. Un regard de biais, Malick est en train de froncer la figure mais ne dit rien.
- Malick-Camron et Camron-Malick.
- Enchanté et bonjour, monsieur. Fait Camron en se penchant vers Malick.
- Dépêche-toi, Blessing !
- Ah, c’est ton mec. Lâche Decielle, contournant le véhicule pour se retrouver du côté de Malick ; celle-là ne perd rien pour attendre.
- Son mari ! Corrige Malick, une fois qu’elle est devant Malick.
Camron tient la portière pendant que je m’installe. La conversation d’avec Decielle est plus intéressante, je reconnais tous les signaux. Elle a déboutonné les trois premiers boutons de sa chemise et son opulente poitrine est découverte ; elle la secoue sans gêne devant Malick qui fait semblant de ne rien voir.
- Il est beau ton chéri, fait-elle en lui tendant la main. Decielle, la copine de Blessing et celui que vous voyez, est l’un de nos petit-frères. En fait, c’est lui qui porte nos sacs ; aie ! Elle n’y va pas de main morte mais en même temps, me sauve.
- Ok. Es-tu prête, chérie ?
- Oui.
- Bonne journée à tous.
Il démarre pendant que je fais signe de la main aux autres. Il ne dit rien durant tout le trajet et arrivé devant le portail de la maison, il gare, alors que le gardien l’a déjà ouvert.
- Dis-moi, Blessing.
- Oui, Malick.
- Qui suis-je pour toi ?
- …
- Blessing, je crois t’avoir posé une question.
- …
- Qui suis-je pour toi ?
- …
- Suis-je un pote ?
- ….
- Un ami ?
- …
- Blessing, m’aimes-tu ?
- …
- Je vais m’y prendre autrement, que ressens-tu pour moi ?
- …
- Savoir qu’un homme a des vues sur ma femme à son centre de formation ne me rassure pas.
- Camron est juste un camarade de classe.
- Un homme sait reconnaitre un rival et Camron, en est un.
- Pas pour moi.
- Blessing, que te manque-t-il ?
- Rien.
- Alors, pourquoi ?
- Pourquoi, quoi ?
- Mais…
- De quoi m’accuses-tu ?
- Blessing, comprends-moi, je suis jaloux et n’ai aucune envie de te perdre.
- Crois-tu me contrôler avec le matériel ?
- Non. Tu n’es pas ce type de femme et je l’ai toujours su. La preuve, tu ne m’aimes pas, malgré tout cet argent.
- …
- Blessing, s’il te plait, ne me déçois pas.
- Je suis très loyale, tu devrais le savoir.
- Je le sais, Blessing, je le sais.
- Voilà.
Il pose sa main sur la mienne, je laisse faire. Il en profite pour déposer un bisou sur ma joue, puis démarre.
- Excuse-moi pour cette scène, chérie.
- Tu es tout excusé.
Je garde sa main dans la mienne, le regarde durant quelques secondes puis me tourne vers la maison. Deux femmes voilées en sortent, je suis étonnée.
- Qui est-ce ?
- Mes belles-sœurs.
- Tu ne m’as pas dit que nous aurions de la visite.
- Ah oui, c’est vrai.
- Malick !
- Excuse-moi, chérie. Hier soir à mon retour, tu dormais déjà et ce matin, je n’ai pas eu le courage de te réveiller pour t’en parler.
- Mais pour me déranger et chuchoter au creux de mon oreille, si.
- Ha ha ha ha ha quoi ? J’avais envie de te serrer dans mes bras. Où est le mal ?
- Ai-j dit que c’est mauvais ?
- Ha ha ha en fait, j’ai eu envie de te présenter à ma famille et ai décidé d’organiser un repas.
- Ha ok. Je suis flattée mais comment organiser un repas alors que la femme de maison n’est pas au courant ?
- La femme de maison, tu te vois déjà comme la femme de maison, je suis un homme riche, riche.
- …
- Je suis riche d’amour et heureux de t’avoir dans ma vie. Ton ex ne sait pas ce qu’il a raté.
- …
- Pour en revenir à mes belles-sœurs, c’est toi qui commande, Blessing. Tu demandes, ordonnes et elles s’exécutent.
- Ok. Merci.
- Pourquoi, merci ? Blessing, tu es chez toi.
Ils garent sur le perron, les femmes assisses sous la terrasse, se lève et viennent vers nous. Je descends de la voiture, elles me dévisagent sans gêne. Malick contourne la voiture et vient nous retrouver.
- Blessing, je te présente mes belle-sœurs, Myriam et Aisha. Myriam et Aisha, Blessing.
- Enchantée, mesdames, fais-je en souriant.
- Mais c’est une enfant ! S’exclame Aisha.
- Aisha, enfant ou pas, elle est ma femme et toi, la femme de mon frère, Omar !
- Excuse-moi, fait celle-ci en baissant les yeux.
- Bienvenue dans la famille, fait Myriam en me prenant tout contre elle.
- Merci Myriam.
- Je vais vous laisser avec la femme de maison, elle vous dira quoi faire. Annonce Malick en s’éclipsant.
Aicha me toise comme il faut et tourne les talons. Myriam la regarde, sourit et me prend la main.
- Ne fais pas attention à Aisha, c’est une tête dure. Tout le monde, même son mari a dû la avec elle.
- …
- As-tu déjà entendu de la blague faite sur les femmes bassas ?
- Non.
- Il se dit que pour tester l’efficacité d’un videur en boite de nuit, il lui est demandé de faire partir une fille basse. S’il réussit, il a le job et dans le cas contraire, eh bah…
- Il ne l’a pas.
- Oui.
- Mais cette blague a une certaine connotation.
- Voilà pourquoi, elle est une blague.
- Ok.
- Nous sommes là depuis deux heures, Malick a demandé que nous t’attendions pour faire quoi que ce soit.
- Ok. Je vais me changer et je reviens.
- Ok.
Nous nous séparons dans le couloir. Je rejoins Malik qui est en train de se changer dans la chambre.
- Wow ! Aisha est assez particulière.
- C’est vrai mais ne t’en offusque pas et ne te laisse pas faire. Elle serait capable d’occuper tout l’espace et même t’empêcher de respirer.
- C’est noté.
- Au fait, j’ai pris la liberté de faire venir un quart de bœuf.
- Un quart de bœuf ?
- Mais oui, est-ce peu ?
- Non, bien au contraire.
- Tant mieux.
- Mes sœurs arriveront dans moins d’une heure avec des trucs, tu verras avec elle.
- Ok.
- Blessing,
- Oui.
- Ne te laisse pas marcher sur les pieds et montre leur que malgré ton jeune âge, tu es mature.
- Ok.
- Et question respect,
- Malick, ta famille n’est pas obligée de m’aimer et vice-versa mais nous sommes obligés de nous respecter.
- Je ne te savais pas aussi directe.
- Bah, je le suis.
- Mais ça, tu ne leur diras pas, j’espère.
- Non, rassure-toi. Je ne manquerai de respect à personne mais saurai me défendre.
- Doucement, ce n’est pas la guerre, chérie.
- Je sais.
- Puis-je te laisser avec elles ?
- Bien sûr, nous sommes des femmes.
- Ok.
- Blessing,
- Oui, Malick.
- Non, rien. Euh…Tu trouveras une enveloppe sur la table de chevet.
- Merci.
Il quitte la chambre, je vais prendre une douche et rejoins les deux femmes sur la terrasse avec un bloc-notes et un stylo.
- Excusez-moi pour le temps mis, fais-je en m’asseyant.
- Tu nous laisses poireauter une demi-heure alors que nous sommes tes ainées ? S’écrie Aisha.
- Tu peux t’en aller, si c’est difficile pour toi.
- Tu es qui pour me manquer de respect comme tu le fais ?
- …
- Crois-tu que le fait de coucher avec Malick, puisse te donner le droit de me parler comme tu le fais ?
- Dois-je en déduire que ton mari ne t’a pas touchée cette nuit ou ne te touche plus ?
- Espèce de …
- La ferme Aisha ! Gronde Myriam. Tu es ma pette-sœur mais c’est encore toi qui me pompe l’air. Blessing ne t’a rien fait.
- Même toi ?
- Même moi, quoi ? Tu cherches les problèmes et es encore la première à crier au loup ?
- Toi-même, tu as entendu.
- Je n’ai rien entendu ! Si tu veux monter sur la tête de quelqu’un, fais-le sur la tête d’Omar et vos enfants !
- …
- Ne te formalise pas d’Aisha, nous pouvons commencer, mama.
- Merci, Myriam.
Le regard que me jette Aisha est noir et me donne des frissons. Les femmes, j’ai vraiment du mal à les comprendre. Certaines sont vraiment toxiques.
- Alors, j’ai pensé au Kondrè de chèvre, le Ndolè, le bongo Tchobi, le poulet DG, le porc braisé, des brochettes, le poisson braisé, les entrées et les fruits.
- C’est déjà un bon début, sachant que Malick va aussi inviter ses amis pour te présenter officiellement.
- Je croyais que c’était seulement la famille.
- Ma chère, tu apprendras qu’avec les hommes, il faut toujours prévoir plus.
- Ok.
- Voilà donc la liste, poursuit tranquillement Myriam.
Nous discutons durant une vingtaine de minutes, Aisha donne de temps à autres des idées. Myriam ne souhaite pas l’écouter mais je fais tout pour temporiser. Alors que nous sommes en train de terminer, la sonnette retentit, je lève la tête et aperçois une silhouette de femme avec deux enfants.
- C’est surement sabitou, soupire Myriam.
- Je te dis, confirme Aisha en grimaçant.
- Je ne comprends pas, fais-je doucement.
- Attends, tu vas comprendre, explique Myriam.
- Celle-là est gentille mais si tu as un secret, ne le luis dis jamais, poursuit Aisha.
- Oh !
Je me lève afin d’accueillir dignement, la nouvelle venue. Je regrette presque ma petite vie calme. En venant ici, j’ai complètement oublié que je ne suis qu’une jeune femme de 21 ans. J’ai encore un appartement que je délaisse peu à peu, au profit de cette maison. Malick a vraiment besoin de m’avoir à ses côtés, matin, midi et soir. Je vais dormir chez moi lorsque nous nous sommes disputés ou j’ai besoin de respirer.
Et dire que cela fait un mois que féfé est partie avec ma mère. Si Malick n’avait pas été là, je ne sais pas si j’aurais tenu le coup. Il est toujours là et a toujours été là pour moi. A part les encens qu’il brule, son parfum bizarre et les multiples thés qu’il boit à longueur de journée, tout serait parfait.
- Ah oui, c’est Dounia et les enfants. Fais à l’intention de Myriam et Aisha.