Partie 8 : un peu de douceur
Ecrit par labigsaphir
Mon portable vibre près de mon oreiller, je tends la main et le prends les yeux fermés. J'ouvre enfin les yeux quand je l'ai face à moi. Au lieu d'un appel, c'est un sms de Dick ; je souris aussitôt, il sait comment me faire rire en moins de deux, celui-là.
« Bonjour Jen. Ça va ? »
« Bien, merci tonton et toi ? »
« Nous allons tous bien, ici. »
« Ok »
« Bien dormi ? »
« Comme un bébé. »
« C'est bien, ma fille. Et les études ? »
« Tout va bien. »
« As-t regardé la télévision ? »
« Non, pourquoi ? »
« J'aimerai que tu apprennes à t'intéresser à tout ce qui a trait à la bourse, maintenant que tu fais partie du Conseil d'administration de l'Empire STERN. »
« Ok, c'est noté. »
« Je ne t'apprends rien, tu fais partie du milieu de toutes les façons. »
« C'est vrai. »
« Iras-tu à Londres dans les prochains jours ? »
« Non, j'aurais bien aimé mais je suis coincée. »
« A cause des examens ? »
« Oui, des partiels. Ils tombent mal mais comme c'est ma priorité, j'ai dû faire un choix. »
« Et c'est le bon, je te rassure. Prends ton examen et tu pourras discuter à armes égales avec les autres. Je n'ai pas fait les études dans ce domaines mais me cultive, c'est difficile alors que toi, tu es comme un poisson dans l'eau. »
« C'est vrai. »
« Sais-tu que ton grand-frère a accepté élargir son champ d'activités et de ce fait, a convié les dirigeants de certaines sociétés sud-africaines afin de voir dans quelle mesure, il serait possible de négocier certains partenariats. »
« J'y ai eu vent et j'approuve car l'intérêt réside dans le fait que le groupe puisse racheter certaines start-up ou acheter certaines actions afin de motiver les jeunes entrepreneurs. Non seulement les propriétaires gagnent, nous nous assurons aussi un certains transfert de connaissances que nous pourrons moduler à notre avantage pour certains projets. »
« Tu as tout compris. C'est dans cet ordre d'idées que je dois me rendre à Londres. »
« Tonton, je ne sais pas comment tu fais mais pour moi, l'EUROSTAR n'est pas donné. »
« Pourquoi ne prends-tu pas un abonnement ? »
« C'est ce que je vais finalement faire, je crois. »
« Sais-tu que tu as le droit de demander à ce que tous tes billets te soient remboursés ? Tu n'es pas en simple employée mais l'une des actionnaires de cette entreprise et chaque fois que tu t'y rends, c'est dans le cadre de ton travail. »
« Je le ferai mais déjà, je contacterai la secrétaire afin d'avoir tous les renseignements. »
« C'est déjà mieux et n'oublie pas d'aller dans le site interne de la société, afin de prendre connaissances des différents projets et donner ton avis. Qu'ils le veuillent ou non, ton avis compte surtout que tu as la possibilité de faire jouer ton veto. »
« J'y avais déjà pensé et Jen, »
« Oui, tonton Dick. »
« N'oublie pas de développer un à deux projets viables, pouvant apporter un plus à l'entreprise afin d'asseoir ta place au sein de ladite entreprise. »
« C'est noté et merci pour la tuyau. »
« Tu n'es pas obligé de penser grand pour le moment, mais si tu peux repérer une à deux entreprises pouvant intéresser les Stern ou trouver une niche de marchés, ce serait génial. »
« Merci tonton. »
« Il n'y a pas de quoi, j'ai ma petite entreprise donc sais à quoi m'en tenir. »
« Merci. »
« Bonne Journée et Merde, pour tes examens. »
« Merci tonton et bonne journée. »
« Je te tiens au courant. Bisous. »
TOC...TOC...TOC...
- Entrez ! Fais-je en tirant la couette au niveau de mon menton.
- J'ai cru entendre parler, dit-elle en rentrant dans la pièce et allumant la lampe de chevet.
- Dis plutôt que tu as un petit congossa pour moi et comme tu ne peux attendre, tu voulais me réveiller ; elle sourit en s'asseyant lourdement.
- Croft, tu me connais trop bien, change un peu.
- Tu dois faire attention à ton poids, j'ai l'impression que tu as pris du poids.
- Dis donc, laisse ça, il dit qu'il aime quand j'ai la viande sur les os.
- Ha ha ha ha ha mon beau-frère n'est pas aux bêtises, il sait ce qu'il veut et met au pas.
- Il met qui au pas ?
- Crois-tu que l'on puisse mettre une camerounaise au pas ?
- J'avais oublié, excuse-moi, balance seulement le tolli.
- Croft, l'on dirait que tu es une africaine pure tu maîtrises tout notre argot, à Amy et moi.
- Ako, emboule vite les ways.
- Mon gars veut qu'on aille passer les congés de noël au Cameroun.
- Eukieeeee, mince !! Dis donc, vous comptez me laisser avec qui ?
- Mais tu iras à Toulouse ou à Londres, toi aussi.
- Humm, je vois.
- Il souhaite me présenter officiellement à sa famille et vice-versa.
- Cela devient sérieux, ma chérie.
- Oui ; elle a l'air de planer tellement elle est heureuse.
Cela fait un an et demi qu'Odessa et son chéri sont en couple. Ayant eu dans le dépassé à faire à des salopards, elle avait perdu confiance en elle et avait observé deux années d'abstinence avant d'accepter que son chéri qui la courtisait depuis quelques temps, s'approche enfin d'elle. Je suis heureuse de savoir que leur histoire va enfin aboutir.
- Et le type de Paris ?
- Quel type ?
- Celui que tu connais ?
- Tchiiiiiip ! Je l'ai bloqué de partout, je ne tiens plus à rien savoir de lui.
- Ok, mais tu devrais penser à te remettre en selle.
- Je ne suis pas pressée, OD, répliquai-je fatiguée à l'idée de m'étendre sur le sujet.
- Ok, je ne vais pas insister mais penses-y.
- Huhumm.
Elle sort de la pièce et sans le vouloir, les larmes montent et coulent rapidement. J'ai beau faire la forte, faire celle qui ne ressent rien mais la blessure est toujours là. Je ressens depuis toujours, un certain vide dans mon cœur, je ne saurais vraiment expliquer ou donner le pourquoi mais ça a toujours été ainsi. Je suis pourtant bien entourée mais me sens seule, j'ai un besoin inexpliqué de parfois rester seule à pleurer ou méditer alors que le reste du monde prend plaisir à s'amuser.
Les fêtes de noël ont toujours été mitigées pour moi, j'ai du mal à me lâcher, préférant rester dans mon lit à lire si je ne suis pas en train de fêter avec les autres ; peut-etre devrais-je voyager, maintenant que je sais avoir de la famille en Afrique du Sud. Pour l'instant, je vais appeler maman ; l'entendre me fera à coup sûr, du bien.
- Bonjour maman,
- Ha ha ha ha vous êtes incorrigible, madame Croft. Bonjour maman,
- Comment vas-tu ? Tu as une petite voix.
- Je vais bien, merci et vous ?
- Tout pourrait aller bien si ton père ne couvait pas un rhume.
- C'est le changement de saison, ça va lui passer. Je sais que tu sauras t'occuper de lui avec tes potions.
- S'il voulait bien les prendre, soupire-t-elle.
- Tu trouveras comme toujours, une astuce pour les lui faire avaler.
- J'espère bien et les études ?
- Je prépare les partiels, ça va.
- As-tu des nouvelles de ton oncle ?
- Oui, nous avons échangé par sms, ce matin.
- C'est bien. L'entente est assez bonne entre vous.
- Je l'aime beaucoup par rapport à tonton Jamice, si c'est à lui que tu faisais allusion.
- Ne condamne pas ou juge Jamice de suite, donne-toi le temps de le connaitre et tu t'en feras une idée. D'accord ?
- Je vais essayer mais ne promets rien.
- Ok. De toute façon, tu es une vraie tête de mule.
- Ha ha ha ha ha, c'est vrai. Et mes frères ?
- Harry et Dan, vont bien, merci.
- Mais de rien, ce sont mes frères.
- Tu ne demandes pas des nouvelles de Vanaya ?
- Nous sommes en contact, ne t'inquiète pas.
- Merci, je comptais te demander de veiller sur elle et ne surtout pas rompre le contact.
- Ne t'inquiète pas, tout est sous-contrôle.
- J'espère seulement que ton grand-père ne fera pas des siennes.
- J'ai l'impression que nous avons sous-estimé Vanaya, elle est grande et sait se défendre.
- J'espère bien, soupire à nouveau maman.
- Il faut que je te laisse, Howard s'est déjà réveillé. N'oublie pas de passer nous voir, j'ai envie de prendre dans mes bras, moi.
- C'est noté. Bisous, mum.
Je raccroche et descends du lit en chantonnant, me rends dans la salle de bain pour une longue douche et bien chaude. Trois quart d'heure plus tard, je vais rejoindre Od dans la cuisine et en profite pour jeter un coup d'œil à l'horloge mural : 12h.
- Mince ! Midi ?
- Bah oui, que crois-tu ?
- Que fais-tu encore ici ? Tu devrais déjà être auprès de ton chéri.
- Je finis les crêpes et j'y vais.
- J'espère que...
- Je t'en ai laissées, ne t'inquiète donc pas.
- Merci, ma chère.
- A quelle heure t'es-tu couchée ?
- 4 heures du matin, je révisais ; je préfère anticiper l'autre question.
- Ok, je vois. Tu me fais passer pour celle qui ne révise pas.
- Mais non, chacune de nous, a son rythme et tu le sais.
- Huhum, au fait, Jen,
- Oui, Od.
- Iras-tu à la soirée de ce soir ?
- Laquelle ?
- Amicie organise un diner entre potes.
- Mais elle ne m'a rien dit et pourtant, nous étions au téléphone hier dans la soirée.
- Elle l'a décidé ce matin, tôt dans la matinée.
- Je vais aller lui prêter main forte après avoir révisé.
- Merci, je ne pourrais malheureusement le faire, pas cette fois.
- Od, tu abuses.
- Je sais mais je n'y peux rien.
Une demi-heure plus tard, elle s'en va, me laissant seule dans la cuisine. Je prends une tasse de thé avec des viennoiseries avant de me mettre à faire le ménage, en écoutant la musique. Une heure plus tard, je m'arrête lorsque l'appartement brille comme un sou neuf. Je me détends une heure avant d'aller me poser et réviser à nouveau.
QUELQUES HEURES PLUS TARD...
TOC...TOC...TOC...
- Mais qui est-ce ?
Je me lève avec lenteur, m'étire et me traîne jusqu'à la porte. J'ouvre et fais face à Elric, plus souriant que d'habitude.
- Bonjour Jen,
- Bonjour Elric,
- Ce sont Odessa et Amy, qui m'envoient, explique-t-il.
- Faire quoi ?
- Elles disaient que si je ne passais pas, tu n'allais pas lever ton nez de tes cahiers.
- Mais il ne se fait pas si tard que cela, répliquai-je.
- Ah bon ? Quelle heure est-il ? Demande-t-il en me montrant son poignet et précisément, sa Rolex.
- 19 heures, mazette ! Fais-je en posant les mains sur la tête, je devais aller aider Amy.
- C'est justement pourquoi je suis là. A 18 heures, e te voyant toujours pas, elles m'ont demandé de passer.
- Mais entre, Elric, excuse-moi s'il te plait ; je recule et le laisse rentrer dans la pièce.
- Tiens, c'est pour toi ; il me tend une rose rouge.
- Euh...
- J'avais envie de te faire plaisir, ne te fais surtout pas d'idées. Je sais que je peux me montrer sauvage ou devenir un vrai gougeât mais ce n'est en rien, ma nature.
- Si tu le dis, merci ; je prends la rose, la hume les yeux fermés. Elle sent vraiment bon.
- C'est Bio, rassure-toi.
- Ok, c'est aussi ce que je préfère, les plantes sans engrais.
- Je l'avais deviné, huhum ; son regard est inexpressif.
- Je vais prendre une douche, je reviens ; je coupe la rose et la mets dans un vase rempli d'eau.
Une demi-heure plus tard, je suis fin prête et rejoins Elric, qui est avachi dans le canapé. Il sursaute en m'entendant faire du bruit avec mes escarpins.
- J'ai pris mes aises, navré.
- Mais non, ce serait plutôt à moi, de m'excuser. Je ne t'ai pas proposé à boire avant d'aller me doucher.
- Ce n'est pas grave, j'aurai le temps de me rattraper chez Amy.
- Ah oui, c'est vrai.
- Tu vas prendre ta voiture et moi, je vous rejoindrais après avoir fait un tour au supermarché, derrière la place Jourdan.
- Pour quoi faire ?
- Je ne peux arriver les mains vides, chez elle. Je veux prendre des tartes, un fraisier et des bouteilles de vin.
- J'ai blindé ma voiture avec tout cela, nous pouvons donc directement y aller.
- Mais,
- Nous dirons que nous avons fait les courses tous les deux. Pourquoi ne pas les surprendre, sachant qu'ils pensent que nous sommes à couteaux tirés pour des broutilles ?
- Pourquoi pas, Elric ?
- Merci.
Le regard que nous échangeons me donne des frissons. Je baisse automatiquement les yeux, gênée. Je ne sais pas pourquoi, je mens toute chose à l'instant.
- Je vais profiter de ton argent, ce que je n'ai jamais fait.
- A cause des courses ?
- Oui, laisse-moi au moins te rembourser la moitié.
- Non, il n'en est pas question.
- Puis-je t'invite à dîner ?
- Me vois-tu vraiment en train d'accepter qu'une femme paie au restaurant avec sa carte bleue devant moi ? Pour qui souhaites-tu me faire passer ?
- Rhalalalala l'homme africain dans toute sa splendeur.
- Eh oui...ou alors,
- Ou alors ?
- Pourquoi ne ferais-tu pas un dîner ici ?
- Euh...
- Laisse-tomber, je savais que tu n'accepterais pas. De quoi as-tu peur ?
- Mais je n'ai peur de rien ! Répliquai-je, piquée au vif.
- Ne sors pas tes griffes, ce n'était en rien, le but.
- Ok.
- Nous prenons ma voiture, décide-t-il une fois que nous sommes dans le parking.
- Comment vais-je faire pour rentrer ?
- Je te ramènerai tout simplement, ne t'inquiète pas.
- Ok.
Dans la voiture, Elric qui s'est avéré être un farceur, me raconte des anecdotes de sa vie d'étudiant au Cameroun. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire, tellement c'est drôle. Sur la défensive en rentrant dans la voiture, j'en sors totalement à l'aise et désinhibée.
- Tu es complètement différent de la dernière fois, tu sais.
- Ah bon ?
- Je préfère cet Elric à celui de la dernière fois, il était vraiment détestable et connard, tu me passeras le terme.
- Je vois. Tu es franche, comment t'en vouloir ?
- Merci.
- Puis-je aussi m'exprimer ?