Partie XIV
Ecrit par Ornelia de SOUZA
Le trajet du retour se fit dans un silence étourdissant. Seul les sanglots d'Inès le rompait de temps à temps. Elle aurait voulu ne pas pleurer. Elle aurait voulu ne pas être aussi faible face à cet homme pour qui elle avait développé des sentiments et qui s'était avéré être une sale canaille.
Plus tôt, elle n'avait pas pu se retenir non plus. Elle l'avait frappé deux fois au visage. Ces sœurs s'étaient jeté sur elle pour l'en empêcher et elle avait poussé Ashley si fort que celle-ci s'était violemment cogné contre un meuble. Rien n'aurait pu l'arrêter. Elle s'était comporté comme une lionne blessée qui se défendait de la mort ou en y réfléchissant bien comme une sauvage, comme une villageoise. Les cris de la mère de Carin résonnaient encore dans ses oreilles. "Laisse mes enfants tranquille", disait-elle. "Sale monstre".
Elle tremblait de tout son corps. Elle jeta un regard à Carin. Il tenait fermement le volant de ses deux mains et il avait le regard rivé sur la route. Une longue griffure marquait sa joue encore rougie par les coups qu'il avait reçu tout à l'heure. À quoi pouvait-il bien pensé ? Inès se rendit compte de son comportement. Elle ne comprenait plus comment ni pourquoi elle avait réagi ainsi.
Tout lui revient en tête. Avant la bagarre! Ashley! Tout ce que cette fille lui avait révélé sur Carin. Ça ne pouvait pas être vrai. Elle le connaissait et jamais il n'aurait pu agir comme ça. Elle n'a même pas pris la peine d'entendre la version de Carin. Comment avait-elle pu faire abstraction de tout ça?
C'était faux! Elle en était sûr maintenant. Ashley ne voulait sûrement pas d'elle dans la famille. C'est pour cela qu'elle avait inventé toutes ces histoires. Elle demanderait son avis à Carin. Elle allait lui demander et s'excuser mais elle savait déjà que jamais il ne la pardonnerait. Elle avait levé la main sur lui ainsi que sur les membres de sa famille. C'était bien trop grave.
Soudainement, Carin fit un virage à gauche avec la voiture. Inès qui ne portait pas de ceinture de sécurité et qui ne s'y attendait pas se cogna la tête contre la vitre de la portière. Elle cria mais Carin ne s'excusa pas. Il arrêta la voiture, sortit et ouvrit la portière d'Inès. Il se tenait là et il la regardait de tout son long une rage magnifiquement peinte sur son visage.
-Descends! siffla t-il
Inès regarda aux alentours. Elle ne se trouvait absolument pas dans son quartier. Ce quartier ci avait l'air bien huppé mais était très désert. Malgré qu'elle soit en pleine journée, elle prit peur. Elle décida de ne pas descendre de la voiture.
-Descends! ordonna à nouveau Carin
Elle fit la sourde oreille. Elle n'allait pas descendre. Il avait beau respiré si bruyamment, serré les poings et les dents, elle ne descendrait pas.
-Je t'ai dit de descendre !
-Je ne vais pas descendre ! Ramène moi chez moi je t'en prie.
Carin sourit et sans un mot, il la saisit par les cheveux et la sortit de la voiture. Elle hurlait mais ça ne le gênait pas. Il la traina par les cheveux, puis colla son visage contre le capot de la voiture.
-Pour qui tu te prends ? questionna t-il. Oser me frapper! Frapper ma famille! Je vais te faire passer l'envie d'être violente je te l'assure. Tu vas regretter. Aujourd'hui c'est le dernier jour où tu lèveras la main sur quelqu'un.
-Lâche moi; supplia Inès face contre le capot.
Elle se débattait mais elle n'arrivait pas à bouger d'un pouce. Il avait trop de force pour elle et la force qu'il exerçait sur son visage était insoutenable. Elle avait mal. Son visage venait à peine de cicatriser et elle ne supportait pas cette pression. Elle avait la sensation qu'elle allait imploser. Elle avait beau se débattre pour se sortir de son emprise mais elle n'y arrivait pas.
-Vas y ma chérie ; murmura Carin. Débat toi! Débat toi! J'aime quand c'est difficile. J'aime quand il y a des obstacles.
D'un coup, il ôta la main de sa tête. Inès se releva aussitôt de peur qu'il ne la repositionne. Elle était paniqué parce qu'elle le reconnaissait à peine. Son visage était tout autre. Elle devait fuir tout de suite mais elle ne connaissait pas ce quartier. Elle ne voulait pas mourir ainsi car oui elle lisait une envie de meurtre sur le visage de Carin. Oui, elle avait déconné. Elle le reconnaissait. Jamais elle n'aurait dû frapper Carin ou sa famille mais elle ne méritait pas de mourir ainsi. Elle voulait crier mais l'endroit était si désert qu'elle était sûr que personne ne l'entendrait.
-Quoi? Tu veux crier? lui lança Carin... Personne ne va t'entendre. Personne ne vit dans ce quartier à par moi. Toutes ces maisons sont vides. Elles n'ont pas d'occupants.
C'était bien ce qu'Inès craignait.
Carin la saisit par le bras. Il pressa si fort qu'un cri lui échappa. Il la poussa contre une des portières de la voiture. Son coude brisa la vitre. La douleur fut lancinante. Du sang! Il y avait du sang partout mais ceci n'arrêta pas Carin. Il entoura son cou avec sa main. Elle suffoquait. Il ouvrit une des portières arrières et la poussa à l'intérieur.
Allongé sur la banquette arrière avec Carin au dessus d'elle, Inès n'arrivait pas à réfléchir. Elle tentait juste de se défendre. Elle saisit le col du médecin et déchira son tee-shirt. Excédé, Carin la frappa au visage une fois puis deux fois. Elle ne lâcha pas son habit alors il continua jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus. Dès qu'elle lâcha ses vêtements, il remonta sa robe, déplaça sa petite culotte et enfonça deux doigts en elle. Inès gémit.
-Tu aimes ça n'est-ce pas? Sale petite pute!
Inès se mit à pleurer. Elle tremblait de tout son corps. Elle ne pouvait concevoir que ça allait recommencer. Un autre homme allait abuser d'elle. Cet docteur si distingué...
Carin la pénétra si violemment qu'elle s'évanouit.
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Inès ouvrit difficilement les yeux. Elle avait mal partout. Son visage, son intimité, son coude. Elle n'arrivait pas à bouger mais elle était en vie. Elle sourit de joie. Elle était en vie.
Des bruits lui parvinrent. Elle tourna la tête et là près d'une fenêtre, Carin était assis sur un canapé la tête entre les mains.
Inès se rendit compte qu'elle était dans une chambre. Une chambre très sobre. Un lit, une télévision, des murs d'un blanc immaculée et des rideaux de la même couleur que les draps du lit: rouge au vin.
En inspectant la chambre, elle ne se rendit pas compte que Carin avait levé la tête. Il avait remarqué qu'elle était éveillé. Il se leva de son canapé et s'approcha d'elle.
-Inès!
-Quoi ? cria la jeune femme. Ne me touche pas !
Carin tremblait. Tantôt il mettait ses mains dans ses poches, tantôt il les pressait l'une contre l'autre. Ses yeux étaient rouges. Il avait pleuré.
-Inès, je suis désolé ; lança t-il. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit. Je suis malade.
Il éclata en sanglots. Inès se rappela des paroles d'Ashley. Et voilà que Carin répétait la même chose. Il se disait malade. Il venait de la frapper et de la violer. Elle n'allait certainement pas lui faire confiance.
-Pitié, laisse moi partir! supplia Inès
-Je ne veux pas te faire du mal. Ton coude est mal en point et tu as des bleus. Tu...
-Laisse moi partir!
-Tu ne peux pas partir dans cet état. Tu es mal en point.
-Non, tout va bien. Je dois rentrer. J'ai des courses à faire et la sœur Mina...
-J'ai prévenu la sœur Mina.
-Que lui as-tu dit? questionna Inès
-Qu'on t'avait agressé et que tu m'avais appelé.
-Tu ne lui as pas dit que c'était toi qui m'avait agressé ? Frappé et violé ?
-Non... Pitié Inès! Si tu en parles, c'en sera fini pour moi. Ma vie, ma famille, mon métier.
Inès détourna le regard de son bourreau. Le voir aussi vulnérable lui fendait le coeur. Elle ne voulait pas lui faire de mal mais c'est peut-être lui qui allait lui en faire. Il fallait qu'elle se décide.
-J'ai du mal à bouger; se plaignit-elle
-C'est normal ! Je t'ai fait des injections pour annihiler la douleur. Tu vas te sentir faible alors je te prie de rester ici cette nuit pour que je puisse prendre soin de toi.
Sa voix était si douce. Inès ne pouvait croire qu'il s'agissait du même homme qui l'avait frappé plus tôt. Il s'approcha d'elle et lui caressa la tête. Elle se laissa faire. Quel homme! Quelle personnalité compliquée !
Cette nuit là, Inès dormit paisiblement sous l'effet des sédatifs et des petits soins de Carin. On aurait vraiment dit qu'il voulait se faire pardonner.
Le lendemain matin, Inès se réveilla grâce aux rayons du soleil. Carin venait de tirer les rideaux. Il lui avait apporté un plat qu'il avait délicatement posé sur la table de nuit. Inès sourit. Elle en oubliait presque ce qui l'avait mit dans cet état. Il s'assit près d'elle et lui déposa un baiser sur le front.
-Bonjour Inès ! murmura Carin
-Bon...
Inès ravala sa réponse car des bruits de pas se firent entendre. Mélaine apparut dans l'entrebâillement de la porte. Son expression d'étonnement était la même que celle d'Inès. L'une ne s'attendait certainement pas à voir l'autre à cet endroit. Carin se leva d'un bond et sortit Mélaine de la pièce. Apparemment elle refusa d'avancer plus loin que dans le couloir car Inès entendit toute leur conversation.
-Qu'est-ce que tu fais ici? demanda Carin
-Le portail était ouvert et je suis déjà venu ici plusieurs fois alors...
-Alors??! Alors quoi? cria Carin. Tu t'es donné le droit d'entrer chez moi sans ma permission.
-Ne me dis pas que tu couches aussi avec elle! lança Mélaine ignorant la remarque que Carin venait de faire.
-Ce ne sont pas tes affaires Mélaine...
-Si puisque tu as couché avec moi Carin alors je te préviens...
-De quoi? Dis moi? De quoi me préviens-tu? Tu t'es donnée à moi alors ne viens pas me déranger ou me réclamer quoique ce soit.
-Je vais la tuer! menaça Mélaine.
-Sors d'ici; clôtura Carin en la poussant dans le couloir.
Inès expira. Elle ne pouvait croire toutes ces faces cachées de Carin qu'elle découvrait. Il avait donc coucher avec Mélaine. C'était sûrement pour cela qu'elle se permettait autant de choses. Et elle ? Quelle relation entretenait-elle avec lui? Était-il à la fois son violeur et son amoureux?