Partie XV

Ecrit par Ornelia de SOUZA

Carin était revenu dans la pièce, se frottant les mains et fixant le sol. Il évitait le regard d'Inès. Mais il savait qu'il n'allait pas échapper aux questions de la jeune femme et qu'il allait devoir s'excuser.


-Je suis désolée ! murmura t-il

-De quoi? demanda Inès d'un ton détaché


Carin l'observa interrogateur. Elle voulait cet effet. Que croyait-il? Qu'elle serait jalouse? Il n'y avait rien entre eux. Au cas où il l'aurait oublié, il l'a violé. Il n'allait pas considérer qu'ils étaient en couple. Certes elle était jalouse mais elle n'allait pas le laisser entrevoir ça.


-Pour Mélaine...fit Carin qui décida d'ignorer le comportement d'Inès. Je ne savais pas qu'elle viendrait. 

-Quoi??? lança Inès qui ne pouvait plus se contrôler face aux mots de Carin. Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle vienne chez toi? Pourtant vous couchez ensemble n'est-ce pas? Ce n'est pas ici que vous le faites? Dans ce lit où je suis? Ou ailleurs? 


Inès ne voulait plus s'arrêter. Carin évita son regard une fois de plus en scrutant ses doigts. Inès se demandait ce que ses mains avait de si spéciales pour qu'il passe tant de temps à les scruter. Ça devait être un toc pour lui. Dès qu'il se sentait fautif, il observait ses mains.


-Je n'ai pas couché avec elle

-Ah oui? Tu prétends qu'elle a menti? Elle t'a mentit sur le fait que vous ayez couché ensemble ? ironisa Inès


Inès éclata de rire. C'était un rire nerveux. Elle voulait arrêter de se comporter comme une femme jalouse. Carin n'était pas son mari. Il ne lui appartenait pas.


-Non, ce n'est pas ce que je voulais dire; se défendit Carin. Ça s'est passé une seule fois. Je ne voulais pas coucher avec elle. J'étais soûl.

-Ah parce que tu bois aussi! continua Inès

-Non; s'emporta Carin. Ce n'est pas ce que je voulais dire...

-Beaucoup de choses t'échappent; murmura Inès 

-Elle m'a piégé! lâcha Carin. Ce n'est même pas mon genre de fille.

-Et c'est quoi ton genre de fille? Les miséreuses ?


Les mots d'Inès avait fait l'effet d'une bombe. Carin fulminait. Il n'appréciait pas que cette femme qu'il se plaisait à croire qu'il aimait lui parle ainsi. S'il l'aimait vraiment il n'aurait pas agit ainsi. Il ne l'aurait pas violenté. Elle faisait juste parti de cette série de femmes qu'il pensait aimer mais qu'il finissait toujours par bafouer. Et elle le savait. C'est bien cela qui l'énervait. Aucune femme ne l'avait jamais autant percé à jour.


-C'est à dire ? C'est ce que ta sœur Ashley a dit. Elle a dit que tu étais attiré par les miséreuses comme moi.

-Non non! fit Carin en s'asseyant sur le lit près d'Inès. Ne dis pas ça. Je sais que je suis malade mais toi tu est ma bouée de sauvetage. Tu es différente des autres. J'ai quelques fois mal agit je le sais mais toi tu n'es pas une miséreuse. Je t'interdis de dire ça à nouveau.


Quel beau parleur! Inès le savait mais ces mots étais si rassurant. Il l'approcha et elle se laissa aller dans ses bras puis à un langoureux baiser. Enfin! Elle l'avait tant désiré ce baiser et malgré tout ce qu'il s'était passé, elle le savourait.


Le reste de la journée se déroula sur un ton léger. Inès avait envie d'oublier tout les rebondissements de ces derniers jours. Le viol et Mélaine ! Carin était doux et gentil. Il avait juste besoin d'une femme, d'un vrai amour, de quelqu'un qui pourrait l'aider à changer.

Le soir, Carin décida de la déposer chez la sœur Mina. Une fois le moteur éteint et la voiture garer devant le portail, Carin se tourna vers Inès. Il semblait fébrile et comme à son habitude lorsqu'il était stressé se frottait les mains.


-Quoi? demanda Inès 

-Toi et moi...

-...

-Je veux dire... Est-ce qu'on est ensemble ?


La question du siècle ! Inès, elle même n'avait pas la réponse. Son coeur le désirait mais sa conscience le lui refusait. 


-Toi qu'est-ce que tu veux? demanda Inès

-Je te veux toi... Je veux que l'on soit ensemble pour toujours.

-D'accord ! fit Inès


À quoi bon refuser? Elle l'aimait et elle souffrirait s'il était loin de lui. 

Carin sourit, se pencha vers elle et l'embrassa. Qu'il était tendre! Inès lui sourit et ouvrit la portière pour descendre. Il la retint alors par la main l'obligeant à rester assise dans la voiture.


-Inès je veux te demander un service!

-Oui?

-Je veux que tu me promette de ne parler de ce qui s'est passé à personne.


Inès resta hébétée. Elle avait bien compris que Carin lui demandait de ne parler du viol à personne. Elle n'allait pas le faire. Pourquoi n'avait-il pas confiance en elle? Elle n'avait pas dénoncé son oncle alors elle n'allait certainement pas dénoncer l'homme qu'elle aimait.


-Tu n'as pas confiance ? demanda Inès

-Non mon am... am... amour;balbutia Carin. Comprends juste que si tu en parles, ma vie sera finie. La réputation de ma famille...

-Écoute je ne dirai rien; dit Inès pour couper court à cette discussion.


Elle ne tenait pas à parler de la famille de Carin. C'était beaucoup trop tôt pour elle.


-Merci chérie


Sans un mot en plus,Inès descendit de la voiture. Elle jeta un dernier regard et nota que Carin avait déjà réparé la vitre brisé. Elle était sur un petit nuage et avait fini par oublier que cet homme avait envoyé son bras à travers cette vitre.

Cet homme qui était dorénavant son petit ami. Malgré tout, cette idée la faisait sourire.

Une fois a l'intérieur, elle retrouva la sœur Mina et Safi en plein dîner. Lorsqu'elle entra, la sœur Mina se leva. 


-Inès ma petite fille ! Inès est-ce que ça va ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Rien ma sœur... Rien...

-Comment ça ? Le docteur m'a dit...

-Ma sœur Safi est là... Nous en reparlerons plus tard.


En effet, depuis qu'Inès était entré dans la pièce, elle n'arrivait pas à détacher son regard de la petite Safi. La petite fille lui avait décoché un regard noir. 

Inès ne s'en voulait que moyennement. Pendant des années, elle s'était sacrifié pour cette petite fille. Elle avait donné de son corps et ce littéralement mais en y réfléchissant elle ne s'était jamais vraiment occupé de cette petite fille. Elle avait toujours laissé les autres faire pour elle. Tante Adeossi et maintenant la sœur Mina. Elle était égoïste certes mais elle voulait s'occuper d'elle-même. Safi n'avait pas le droit de lui en vouloir.


-D'accord! dit la sœur Mina en observant Safi.


La petite fille très intelligente avait remarqué qu'elle dérangeait alors elle se leva et s'approchant de la sœur Mina.


-Sœur Mina, puis-je aller me coucher?

-Tu as fini de manger? lui demanda la sœur Mina

-Oui; répondit timidement Safi.

-Ok, bonne nuit ma chérie.


La sœur Mina déposa un baiser sur le front de Safi et la petite s'en alla sans souhaiter une bonne nuit à sa mère. La culpabilité saisit alors les entrailles de la mère. Elle pensait à tout, à l'amour principalement, à tout sauf à la chair de sa chair.


Quelques semaines passèrent après cet épisode. Inès était très malade. Elle grelottait et elle était indisposée. Elle avait de fortes nausées et vomissait parfois. Lorsque la sœur Mina déposait Safi à l'école, elle restait à son chevet.


-Écoute Inès, allons à l'hôpital ! Ça fait deux jours que tu...

-Non ma sœur ! Non!


Inès refusait catégoriquement de se rendre à l'hôpital. Elle connaissait son état. Elle savait ce qu'elle avait et elle ne voulait certainement pas aller à l'hôpital pour qu'on lui confirme ses craintes...

Cris de femmes