Portraits de femmes : Marie Diall - 1
Ecrit par Pullar Debô
Imaginez une femme, vingt-et-huit ans, les 1m60, cheveux coupés courts, teint noir, des fossettes, zéro critère de mannequin en elle, une grande dose d’humour et pour clore la présentation, déteste les films d’horreur.
Eh ben cette femme, c’est moi. Marie Diall ! Mariée, mère d’une adorable petite fille Mariam, qui a deux ans ! Une boule d’énergie et une source de bonheur.
A l’instant où je vous décris ma personne, je me gare dans le parking de l’hôpital. Il est trois heures du matin, rien que ça. Cheick, mon mari, était encore furieux d’avoir été réveillé par mon bipper. Toujours de mauvais poil, celui-là.
Je suis chirurgienne. Ce soir, un garçon a fait un accident avec sa moto. Si seulement, ces jeunes gens pouvaient respecter la limitation de vitesse ! En tout cas, ça aurait évité à celui-ci d’aller cogner par surprise un camion garé en bord de goudron.
Docteur Diall, merci d’être venue !
Disons que je n’avais pas vraiment le choix… Le patient ?
Un jeune homme de dix-huit ans, une fracture au niveau du fémur droit, des lésions sur le reste du corps et les os de ses deux poignets sont en piteux état…
Non, les deux ?
Oui.
Dix-huit ans, tu t’imagines ? Son dossier médical ?
Pour ce qu’il a pu nous dire…
Pu vous dire ?
Son dossier médical Atta ?
Il n’est pas enregistré…
Génial, c’est de mal en pire. Ce pays m’émerveille. D’accord, dis-moi ce qu’il a relevé…
Pas d’allergie connue. Il n’est sous aucun traitement. Il n’a subi aucune opération et son groupe sanguin B négatif.
Les premiers soins ont-ils été administrés ? Vous avez effectué des radios ?
Oui.
Et pour la tête, le choc a dû être violent.
Je vais voir tout ça et je tereviens…
Pour avoir suivi mes études universitaires en médecine, en France, quand je suis rentrée j’ai très rapidement trouvé un stage dans l’hôpital public de la capitale. Avoir intégrer par la suite l’équipe d’urgentistes, m’a permis de très vite m’imposer comme une brillante chirurgienne.
Plus tard, alors que mon nom faisait bruit, j’ai été approché par l’hôpital privé « St. George ». L’un des centres médicaux les plus équipés et à la pointe de la technologie du pays. « Là où se soignent les riches » comme ma belle-sœur Tata aime me le souligner.
Faire ce métier, était un rêve pour moi, mais pour ceux qui font partie du corps médical vous conviendrez que c’est aussi l’un des plus difficiles. Autant physiquement que mentalement. Il y’a parfois des situations qui vous dépassent. Des cas qui vous peinent. Vous vous attachez à vos patients, vous en sauvez souvent, et les autres fois, vous les perdez… Mais vous continuez, parce que c’est ce que vous avez choisi et parce qu’il le faut. Et pour moi, c’est la meilleure porte de sortie.
Il y’a trois ans, alors que je quittais l’hôpital complètement fatiguée, j’ai cogné la voiture d’un homme à l’abord d’un virage. Cet homme s’appelle Cheick Touré. Grand, teint clair, « billion dollars smile » comme dirait Antoinette, mon amie. Mais tout ça, je ne l’avais pas remarqué du premier coup.
Je me suis proposée de prendre en charge la réparation, mais il a insisté que non, et que si je voulais me faire excuser, je devrais accepter de lui laisser mon contact et de déjeuner avec lui. Je n’avais pas la force de tenir une conversation, je ne voyais que mon lit et un bon sommeil pour récupérer de ma journée, alors j’ai cédé.
Deux jours plus tard, il m’a appelé et on s’est retrouvé dans un restaurant. Là, la magie avait opéré et je baissais ma garde. Nous sommes tombés amoureux, si je peux le dire ainsi. Cheick était attentionné, aimant, protecteur, doux, gentil… Que des qualités !
J’avais tellement souffert de mes relations passées, que mon cœur désirait qu’il soit le bon pour moi, celui que j’attendais depuis toujours. Et il ne manqua pas de combler le vide qui m’habitait.
Cheick n’était pas seulement l’homme dont j’étais tombée follement amoureuse, il était aussi mon meilleur ami, mon meilleur soutien, celui qui ré-décorait les scènes de ma vie, qui m’envoyait valser sur mille nuages de fous rires et de tendresse. C’était l’homme de mes rêves. Mais les rêves prennent fin quand on ouvre les yeux.
Nous avons vécu une belle idylle. Jusqu’à sa demande en mariage, tout, absolument tout, était parfait. Mais quand il voulut m’épouser, ni lui, ni moi n’avait songé aux conséquences de cette décision. Je n’avais jamais pensé que ma religion serait une épreuve à surmonter. Comme si elle devait déjà en être une.
Quand il annonça à ses parents, la nouvelle, ils étaient furieux. Le seul garçon qu’ils ont, ne peut en aucun cas épouser une chrétienne. C’est contre-nature. Mais je m’accrochais aux mots de celui que je portais dans mon cœur, je m’accrochais à notre amour et j’y croyais… Je ne voulais pas le perdre, je n’aurais pas supporté une autre déception.
Mes parents, quant à eux, apportaient leur soutien à la seule fille qu’ils avaient. Mon père disait : « Tu aurais amené un chinois ou un brésilien, si tu l’aimes et qu’il t’aime, je vous aurais donné ma bénédiction et avec tout mon amour ». Mais nous venions de deux mondes différents.
Et parce que je l’aimais, j’ai cédé. Le jour où, ses parents acceptèrent qu’on se marie, j’aurais dû demander ce qui avait bien pu leur faire changer d’avis. Cheick m’a alors avoué : « Je leur ai dit que tu te reconvertiras dans la religion musulmane après le mariage. Seulement, c’est vraiment pour qu’ils nous laissent vivre notre vie ». L’amour rend naïve.
La première année, après le mariage, fut difficile mais c’est aussi la seule, qui a vu mon mari me soutenir. Cheick n’a qu’une petite sœur, Tata, et leurs deux parents. Ils ne m’aimaient pas. Ils ne m’aiment tout simplement pas.
La dernière fois où j’ai été rendre visite à sa mère malade, elle m’a demandé à l’appel de la prière, si enfin mon cerveau fonctionnait et si j’ai pu apprendre et retenir comment faire les ablutions. C’était déplacé et tout simplement méchant. Je n’ai pas répliqué. Tata, elle, est si malpolie qu’elle est capable de me demander quelle est ma position favorite. Et pour couronner le tout, mon très cher beau-père, peine à m’adresser la parole. Cette famille m’exaspère, tout simplement, et si seulement j’avais le soutien de Cheick, j’aurais cicatrisé les plaies de mon cœur assez tôt.
Antoinette disait : « Le mariage ne change pas l’homme, en fait, il te le fait découvrir. Et tiens-toi prête Marie, pour cette union, tu délaisses l’homme que tu aimes, pour retrouver et à apprendre à connaitre le mari qui est en lui. Et ça, c’est le plus difficile ».
Vous savez ce qui est pire. C’est de se réveiller un beau matin et de se demander : comment en sommes-nous arriver là, sans pouvoir y répondre. Quand est-ce que le piège s’est refermé ? Comment-a-t-il été créé ?
Quand je suis tombée enceinte, tout a changé. Cheick commençait par : « Pour leur faire plaisir, je voudrais que tu fasses l’effort d’apprendre à prier comme nous », puis « Je t’ai acheté ces livres sur l’Islam, tu dois les lire », ou « J’ai envie de t’inscrire à un cours pour débutant en Islam ». Et après c’étaient remarques sur ce que je portais. Comment je marchais…
Je plaçais les uns souvent sous le dos de la jalousie. Il a toujours possessif. Je pensais que ça pouvait excuser son comportement. Mais non, mais le temps passait ça s’accentuait.
Aujourd’hui, aucune mention dans la maison du Christ ou de la Vierge Marie. Il a même osé fondre, mon pendentif de croix en argent pour en faire des boucles d’oreilles mélangées aux pierres. C’était la goutte d’eau qui a débordé le vase. Le trop plein… Une grosse dispute a éclaté, alertant les deux familles.
Je découvrais une facette de lui dont j’étais loin de soupçonner l’existence. Pour moi, Cheick Touré, était l’homme parfait.
Sa famille et lui, ont pourtant catégoriquement refusé de nous laisser baptiser, Oumou, notre fille, à l’église. Et ensuite, mon très cher époux m’a interdit de m’y rendre les dimanches pour la messe et je n’ai aucunement le droit de faire une prière chrétienne « chez lui » ou d’en faire mention.
Cette situation est assez difficile. Et après trois ans de mariage, ça me met à bout et joue considérablement sur l’atmosphère au sein de notre couple. Nous rions avant, comme des enfants insouciants. Nous étions heureux, nous nous aimions. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir fait le mauvais choix, mais pourtant ce cœur l’aime malgré tout…
Atta, au vue des radios, il faudra préparer le bloc pour ce jeune garçon. Sa famille est là ?
Oui, ses parents.
D’accord. Je vais les parler et je vous rejoins. Et s’il te plaît, je ne veux pas voir Assi parmi l’équipe.
Marie…
Elle a des nausées quand on déchire la chair, elle sort vomir, Atta… Qu’elle reste hors de la salle, ça lui évitera de la quitter pendant une opération. On ne choisit pas la médecine quand on est incapable de voir du sang. Remplace-là, je ne veux plus d’elle…
Je récupère mon stéthoscope et rejoins les parents de mon patient pour les rassurer et leur expliquer en quoi consiste l’opération. Leur fils risque de ne plus retrouver l’usage de ses mains.
L’opération a duré six heures. Quand nous avions fini, la journée était déjà bien avancée. Je regagne mon bureau, passe par mes toilettes privées pour me rincer le visage. Mes cernes, fidèles à elles-mêmes, réapparaissent.
« Ah Marie, a une époque tu faisais feu, là tu ressembles à quelqu’un qui s’est délaissé pour plus que quelques années ». Je ne manque pas de tenir tête à l’autre moi dans le miroir. Mais elle a tellement raison, que je me replie.
Quand je rallume mon téléphone : 10 appels en absences de Cheick.
Oh non Marie. Tu vas devoir t’expliquer encore !
La main sur la tête, je me ressaisis. Je prends une petite bouteille de jus dans le réfrigérateur, la finis d’un trait. J’ai juste envie là de fermer les yeux et de m’endormir. Au calme…
La sonnerie du téléphone me fait sursauter. Cheick. Là, il va falloir décrocher.
Chéri !
Tu te fous de moi ?
Aïe. Cheick ? De quoi tu parles ?
Tu n’as pas vu mes appels ? Tu rallumes ton téléphone et tu n’es même pas capable de me rappeler ? Marie, arrête-moi ça.
Cheick. Ecoute-moi bien : j’étais au bloc opératoire pour 6h de temps, debout. Alors oui, ta femme est épuisée, elle a envie de dormir, mais surtout elle avait besoin d’un temps de répit avant de t’appeler. Pas de quoi en faire tout un plat, quand même ?
Tu as trop de foutaise. Je veux que tu ailles chez ma mère, elle voudrait que tu lui fasses le déjeuner mais vue l’heure qu’il est, tu devrais te dépêcher…
Je reste sans voix. Dix heures du matin ? Le temps que je quitte l’hôpital pour sa maison ? Est-ce qu’il est sérieux ?
Cheick ? Tu es sérieux là ?
Tu passes par le marché pour les condiments, après appelle-là et demande-lui ce qu’elle désire manger…
Il est dix heures de la journée Cheick. Je suis debout depuis 3h du matin et tu me demandes ça ?
Tu as quitté la maison sans Oumou, j’ai été la déposer chez sa grand-mère, et en plus de s’occuper d’elle, tu voudrais qu’elle lui fasse à manger ?
C’est sa petite fille ! Et Tata, alors ?
Ce n’est pas elle, ma femme.
Bien-sûr elle est plus que ça.
Débrouilles-toi et ne me rappelle pas.
Puis il raccroche. Fin de la conversation, l’homme a fini de parler. Grrrrr. J’ai envie de démolir le mur de l’hôpital tellement je suis énervée. Comment ose-t-il ?
Mais non, bien-sûr qu’il ose, Marie est trop gentille, Marie, elle ne parle pas, elle n’a pas son mot à dire, Marie doit faire ce que les autres lui disent, Marie ne doit pas être elle.
Je m’entretiens avec les parents de mon patient afin de leur aborder la suite pour les soins et la prise en charge, et décide de rentrer.
J’enlève ma blouse et récupère les clés de ma voiture. En chemin, j’appelle Antoinette.
Ma belle, alors ça va ?
J’ai envie de l’étrangler !
Très fréquent ce genre d’envie, ces temps-ci… Calme-toi et parle-moi…
Tu vois l’heure qu’il est ? Je viens de sortir du bloc, j’étais debout depuis trois heures du mat, mais non la maman de monsieur voudrait que je lui fasse le déjeuner. Et pourquoi ? Parce que madame garde sa petite-fille ! Pincez-moi que je me réveille, c’est presqu’un cauchemar !
Cheick ?
Qui d’autres ? Je suis à bout Antoinette. Que le Seigneur me pardonne pour toute cette noirceur qui enveloppe mon cœur en cet instant !
Amen ! Je ne sais pas quoi te dire… Il a changé, tu sais ? ça fait deux ans que tu traines toute cette histoire ainsi. Je crois qu’il est temps que vous en parlez et sérieusement.
Oui, mais en attendant, tu sais quoi ? Je vais rentrer chez moi, prendre une bonne douche, et commander à manger un bon tchep dans un restaurant pour le lui amener !
Douce Marie ! Qui es-tu ? (En riant) Tu es énervée… Appelle-là, dis-lui que son fils t’a parlé mais que tu quittes à l’instant l’hôpital, et que tu ne pourrais pas cuisiner pour le déjeuner à temps, mais que si elle veut manger quelque chose, tu passeras la commande et la lui livrera.
Depuis quand tu essaies d’être la plus raisonnable ?
Depuis que tu as des envies comme étrangler, démolir ou frapper…
Tu es impossible ! (Dans un éclat de rire) En tout cas, merci de me calmer aussi bien et d’essayer d’arrondir les angles.
Je t’ai toujours dit que trop beau trop con !
Hum ! C’est de mon mari tu parles ?
Il est tien, oh ça oui, alors faut rester calée là-bas.
Bon je te laisse… Je préfère suivre mon plan. Ces gens-là, ont trop profité de ma gentillesse. Trop bonne, trop conne.
Non pas toi. (En riant) Allez bisous !
Je regagne ma maison. Ma dame de ménage est une bénédiction. Très propre, très efficace, et d’une politesse sans faille.
Je prends une douche, enfile un jean et un haut. Avant de ressortir, je suis tentée par le gâteau que j’ai fait le week-end, je me sers une part et appelle ma mère pour prendre de leur nouvelle. J’ai déjà bien assez caché ma fatigue sous une couche de maquillage que je donne l’impression d’avoir passé une bonne nuit.
Quand j’arrive chez mes beaux-parents, il était environ midi-et-demi. Je range ma voiture devant la maison et demande à leur aide-ménagère de m’aider à faire descendre les plats que j’ai récupérés au KAPO, le restaurant ivoirien.
En franchissant la porte, je vois Tata sur la terrasse. Elle tourne subitement le dos pour regagner le salon. Ah, elle a vite fait d’aller prévenir sa maman.
Bonjour. Bonjour maman.
Le visage renfermé, le regard froid et désinvolte, elle me largue des yeux de la tête au pied avant d’émettre un « Tchurrr » fidèle aux femmes africaines.
Je vous ai apporté votre déjeuner. Il est toujours chaud, pas besoin de le réchauffer. Papa est là ? Je veux le saluer…
Toi-là. Tu n’as pas honte ? Tu te pointes ici, habillée comme une femme chiffon.
Tata. Si seulement je pouvais t’avoir pour moi, une seule journée. Je t’apprendrais le respect des ainées.
Petite insolente, je ne suis pas ton égale. Tu m’as compris ?
Hum ! Ne t’avise plus jamais de parler ainsi à ma fille. Toi, tu m’as compris ? Est-ce que tu m’as compris ? Si tu ne t’étais pas habillée comme délaissée aux vices, elle n’allait pas te faire cette remarque.
Maman…
Je ne suis pas ta mère. Et puis, crois-moi, tu ne préfèrerais pas que mon mari te voit ainsi. Comme une…
Je vais chercher les assiettes pour vous servir. Tata, Oumou est où ?
La petite ne me regarde même pas. Seigneur, donnez-moi la force de supporter. N’abandonnez pas votre enfant aux mains du diable !
Je dresse la table et va les appeler dans le salon, mais c’est la même réaction. Elles font genre, je n’existe pas.
Maman, vous n’avez plus faim ?
Ecoute ! Ton insolence cogne fort ma poitrine. Là (en montrant sa poitrine de sa main gauche). Tu m’apportes des plats de dehors ? Moi, la mère de celui sous qui tu dors, tu m’apportes de la nourriture préparée par n’importe qui ?
Eh Maman !
Quoi ? Tu élèves ta voix sur moi ? Tu ne dors pas sous lui ? Ou quoi ? Tu veux dire que mon fils n’est pas un homme, il ne te met pas bien, donc tu veux prendre ça pour excuse et agir de la sorte ?
Ah Seigneur ! Jésus ! Délivre-moi oh, Délivre-moi !
Damnée ! Ne prononce pas ces sottises chez moi. Ramasse ta merde, mon fils va me chercher une femme capable d’utiliser ses mains.
Maman ! Quand est-ce que, ce que je vais faire ou dire ne passera pas pour une insulte ?
Tchurrrr. Ton être en entier, ta foi là, ça et plein d’autres choses en toi sont des insultes que notre fils nous a imposées aux yeux du monde. Hors de ma vue !
Tata riait aux éclats et se tapait les mains, comme pour bien accentuer le mal. Je ravale ma fierté et sans mot, me dirige vers le couloir pour aller récupérer Oumou.
Héhéhé… Tu vas où ?
Je vais prendre Oumou…
Elle n’ira nulle part. Ce n’est pas toi qui l’as amené. T’as intérêt à partir avant que je ne m’énerve plus que ça.
Maman. Mes excuses, pardon vraiment, mais la petite-là, c’est ma fille. Ce n’est pas un sujet de discussion. Je vais la prendre et m’en aller. Je ne désire pas rester pour vous importuner avec ma seule présence.
Hé !
Je n’attends pas qu’elle réplique pour aller chercher ma fille dans la chambre de Tata. Elle dormait à point fermé et avait comme le corps chaud. Je la porte et traverse le salon.
Au revoir maman.
Ah, Cheick m’a tué. Quel fils, j’ai ? Hum ?
Je place la petite dans son siège pour enfant, elle dort toujours. Quand je tiens le volant de ma voiture et m’apprête à partir, je sens les larmes envahir mon visage. J’ai si mal. En cours de route, j’appelle Antoinette.
Hé, ma belle, ça là… Cheick ne va pas apprécier.
Comme si je m’en souciais. Antoinette, si seulement tu avais vu la façon dont elle me parlait. Le mépris… Je me suis sentie comme une moins que rien… Moi, Marie Diall. Qu’ai-je fait à Dieu pour mériter ça ?
Je suis tellement désolée… Je voudrais tellement pouvoir t’aider. Je t’en prie si tu rentres et qu’il s’y trouve, n’accepte pas qu’il t’entraine dans une dispute.
Ah parce que je peux l’éviter ? Je parie qu’elle l’a déjà appelé pour lui raconter toute sorte de choses… Tu fais comme si tu ne le connais pas.
Tiens bon, ça ira…
Je te laisse. Je suis presque arrivée à la maison.
Quand je gare la voiture, Oumou commence à pleurer. Je la porte en plus de son sac que le gardien vient récupérer aussitôt. J’avais vu juste, elle commence à faire de la fièvre… ça m’inquiète. Je laisse très rapidement un message sur le répondeur de son pédiatre Docteur Birame Ba, pour prendre rendez-vous demain...
Et quelle fut sans surprise de voir, garée, la voiture de Cheick. Et très mal garée. Il est surement très énervé. J’inspire un bon coup et rentre dans le salon où je le trouve assis, en position « prêt à attaquer ».