Prologue

Ecrit par Lalie308


Dans un monde perdu, née d'une mare de sang, elle était vivante la petite Axa. Ses joues mates mouillées par les larmes portaient encore les traces de la bataille, des cicatrices perlaient sur son corps et ses cris raisonnaient à l'horizon. Survivante, survivante de la troisième guerre mondiale. Ce monde n'était plus le sien, n'était plus le même. Tout avait été dévasté et un autre monde avait pris naissance. Axa, du haut de ses six mois était d'une beauté sans pareille. Peau mate claire et yeux en amande légèrement étirés agrémentés par ses traits splendides. 

Un petit groupe d'humain avait réussi à s'échapper mais le trois-quarts de la race humaine avait été exterminée. La raison ? La guerre : celle des libertés, la guerre sainte, le tout facilité par l'invasion de la technologie. Elle avait tout détruit sur son passage, du moins presque tout. Les gliders atterrissaient sur la nouvelle terre, la terre qui ne leur appartenait pas et la terre qu'ils avaient détruite au même moment que la leur : la planète Nelca. Aucun habitant à l'horizon, aucune vie et pas un son. Les humains sortaient des gliders et se répandaient sur la nouvelle terre. Leurs corps étaient échancrés, leurs regards vides, leurs peaux recouvertes de cicatrices, de bleus ou de blessures atrocement profondes et graves et leur mémoire à jamais marquée par cette interminable guerre qui avait duré une vingtaine d'années.

Les enfants étaient regroupés, les femmes également puis les hommes. Tous essayaient de se reconstruire sur cette nouvelle terre qui n'était pas la leur, tous essayaient d'oublier leurs souffrances et leurs pleurs. Tous voulaient recommencer à zéro. La planète Nelca, était plus petite que la terre et l'air y était à peine respirable. Elle semblait invivable mais pourtant certains y vivaient avant eux. Certains qui n'étaient pas humains, une race entière que les Hommes avaient utilisée à mauvais escient, c'est-à-dire pour s'entretuer. Les humains survivants qui avaient réussi à embarquer dans les milliers de gliders de secours réservés par l'armée avaient débarqué sur la nouvelle terre, terre qui n'était pas la leur. En effet, tous se souviendront de comment la guerre, la troisième guerre mondiale et la plus mortelle d'entre toutes avait débuté en deux mille neuf cent quatre-vingt-dix puis de comment elle s'était terminée en trois mille dix. Tout était parti de la mort d'un seul homme, un seul homme qui s'était battu pour sa liberté. Suite à cet assassinat de José Luis Pierrot simple ouvrier, s'étaient déclenchées des milliers de revendications, des affronts, des émeutes et la plus puissante, la guerre sainte celle menée par les religions. Les religions qui au départ inspiraient la tolérance et la paix avaient achevé l'humanité par leur perdition et la lutte acharnée de chacune d'elles pour ne plus être l'une des religions mais la religion.

Lors de cette guerre, une nouvelle arme découverte par les russes avait fait son apparition, cette arme était le sang des nelcaliens. Ce sang était inflammable et explosif dans certaines conditions et les humains qui s'en étaient rendu compte dans leurs multiples recherches pour la victoire s'en étaient servis sans scrupule, sans une pensée pour cette race qu'ils détruisaient. Les humains étaient-ils réellement une race faible et impulsive ? Ils avaient mis en sang et en cendre des milliers d'Hommes de la planète Nelca, de cette terre qui n'était pas leur ; ils avaient fait importer vers la terre tous les Nelcaliens qu'ils avaient pu voir, sans pitié et surtout sans remords.

À présent, plus un seul ne se trouvait sur cette terre, sur leur terre et les humains s'en emparaient. Il y avait des innocents, mais aussi des coupables. Et un seul coupable pouvait mener à la perte de millier d'innocents.

— Qu'allons-nous faire à présent ?

Le lieutenant Hongust tourna légèrement sa tête vers le soldat qui s'adressait à lui, son visage neutre était partiellement brûlé et son regard ne témoignait que du regret. Lui si fort, si intelligent, le meilleur de sa génération, celui que personne n'avait écouté mais qui avait sauvé tout le monde tenait dans sa main le petit bébé qui venait de naître six mois plus tôt. Il détourna son regard pour le plonger dans les yeux si intriguant du nouveau-né qu'il n'avait osé abandonner, cette dernière pleurait dans ses bras, cette dernière était née dans le pire des mondes. Sa petite bouche tremblante ne cessait d'émouvoir cet homme qui s'était attachée à elle, à cette âme pure.

— Nous allons-nous reconstruire, répondit-il de sa voix rauque avant de parcourir du regard les milliers de personnes qui l'entouraient et qui semblaient toutes perdues.

Il avait le cœur en morceau, il était déçu et en colère. Il avait perdu toute sa vie, toute sa famille, sa femme et ses filles. Ses filles, peut-être était-ce parce que leur perte le blessait qu'il s'était attaché à ce petit bout de femme qu'il tenait dans ses mains. Il ne savait pas s'il allait pouvoir rebâtir un monde pour ces gens mais il allait essayer, il le devait. Il devait rebâtir un monde sur cette terre et en faire leur terre. Il ne savait pas si le fait que l'air de cette planète soit encore plus ou moins respirable soit un signe qu'ils pouvaient se reconstruire. Il ne savait plus rien parce qu'il avait le cœur en cendre, tout comme l'était la planète Terre à cet instant. Il voulait bâtir un monde à l'abri de tout ce qui avait mené la Terre à la destruction. Il voulait d'un monde doté d'une unique religion grâce à laquelle les peuples unifieront leur voix vers la créature céleste qui leur avait permis de survivre, un monde à l'abri des technologies les plus extravagantes et poussées, un monde sans distinction de race, une éducation nouvelle. Il voulait bâtir le monde dont il avait toujours rêvé pour sa race, il voulait que la vie ait un nouveau commencement. Il voulait que Nelca soit le nouveau départ.

La planète aux yeux...