Prologue
Ecrit par EdnaYamba
Libreville
2010
-
Et pourquoi aujourd’hui crois-tu que c’est ta
fille, tu l’as bien rejetée avant non !?
C’est la question que pose Richard, le grand frère de ma mère,
à mon père assis en face de nous. C’est la même question que je me suis posée,
il y a peu de temps, après avoir pleuré durant toute mon enfance de n’avoir pas
de père comme les autres enfants de mon âge.
À quoi
ressemblait-il ? Qui était-il ? Grand ? Noir ? petit ?
Lui ressemblé-je ? Moi qui ne ressemblait pas à ma mère ni à aucun de mes
petits frères qui eux étaient un parfait mélange de ma mère et de son nouveau
mari.
Ma mère n’avait jamais répondu à aucune de mes questions.
Mais je continuai de la harceler de questions dont les réponses restaient des
silences. Jusqu’au jour où ces questions l’ont sérieusement agacée et qu’elle
m’a répondue pleine de colère.
Tu
n’as pas de père parce que ton imbécile de père n’a pas voulu de toi !
Cet
imbécile c’était comme ça qu’elle l’appelait désormais.
Cet homme dont j’étais la fille, dont j’ignorais même le
nom et le visage parce qu’elle n’a jamais voulu en parlé, ni même l’évoquer.
J’imagine ô combien c’était douloureux pour elle mais
l’enfant que j’étais, ne voulait que des réponses et comprendre pourquoi elle
n’avait pas de père comme les autres. Quelqu’un qu’elle pourrait appeler papa.
Tout simplement ça.
Mes oncles avaient pendant un temps pris ce rôle, mais
ils restaient mes oncles. La preuve, je ne les appelais jamais papa, il y avait
comme une interdiction à ma bouche de
les appeler en ces termes, je me limitais à les appeler tonton tel . D’ailleurs
quand il leur fallait choisir entre moi et leurs enfants c’est sans
hésitation qu’ils choisissaient leur
propre sang. Je voulais comprendre pourquoi quelqu’un avait refusé de pouvoir
un jour me préférer lui aussi à ses nièces.
Et il était enfin là, l’homme de mes questionnements.
Assis en face de moi.
Je le voyais enfin. On avait le même regard, je le voyais
grimacer devant chaque parole que prononçaient mes oncles, c’est un tic que je
fais assez souvent quand je suis moi aussi agacée.
C’est bien mon père à ce que je vois.
Dans le salon de l’oncle Richard, mon père , bras croisés écoute mes oncles maternels et ses oncles à
lui débattre, ma mère est là aussi assise énervée. Le dévisageant en le toisant à chaque fois.
On sent bien que sa présence l’importune.
Je peux comprendre qu’ils soient fâchés que 16 ans après,
il se présente désirant reconnaitre la paternité de son enfant, mais
peuvent-ils seulement à ce moment-là juste penser à moi, peut-on me demander ce
que je veux moi ?
Je veux un père.
Je veux mon père.
Je lui pardonne toutes les années d’absence, du moment où
tout le monde sait maintenant que je ne suis pas tombée d’un arbre oui moi
aussi j’ai bien un père, je n’entendrais plus quelqu’un me crier.
Arrête
de torcher notre père va chercher le tien.
-
Nous t’écoutons Antoine ! dit enfin mon
oncle
Antoine c’est donc ça son prénom ? C’est beaucoup
plus joli que ton imbécile de père dont
le surnomme maman.
Mon père se racle la gorge certainement pour s’éclaircir
la voix.
-
Je suis venu demander le droit de pouvoir
voir ma fille et m’occuper d’elle en tant que père ! bien revenons à ce
qui s’est passé il y a 17 ans !
Enfin je connaitrais l’histoire de ma naissance, cette
histoire que maman ne veut jamais me raconter.