Prologue
Ecrit par Mayei
Prologue
...Missiba Fadiga...
Moi : je souhaiterais ce soir m’adresser à mon père. C’est avec fierté que je me tiens devant vous pour parler de cet homme qui en plus d’être mon père est aussi un exemple de réussite. Il a mis la barre très haute et je pense que la pression finira par me tuer un de ces jours (rires des invités). Plus sérieusement, papa il n’y a certainement pas un mot dans le dictionnaire qui pourrait parfaitement englober toutes tes qualités. Pendant toutes ces années, tu as dignement représenté ce pays et ses intérêts à tel point que Wombama Fadiga est devenu une personne incontournable. Cette retraite est bien méritée et tu laisses derrière toi un héritage que plusieurs convoiteront. J’espère un jour hisser le nom des Fadiga aussi haut que tu l’as fait sinon le dépasser. Alors ce verre c’est en ton honneur que je le lève ! A Wombama Fadiga.
Les invités : à Wombama Fadiga
Les applaudissements fusèrent de partout et je vis mon père au loin sourire de toutes ses dents...un sourire bien large mais si seulement son regard pouvait être rempli de fierté ! Je pouvais de loin remarquer qu’il s’agissait d’un sourire de convenance. Mes frères et sœurs ainsi que ma on père et ma mère nous rejoignirent pour la photo de famille. Les top magazines du pays couvraient l’évènement. J’imaginais déjà les titres sur la famille parfaite que nous étions aux yeux de tous.
Je descendis de l’estrade et regagnais la table qui nous avait été assignée pour cette soirée. Mon père ambassadeur venait de prendre sa retraite et maman n’avait pas laissé passer l’occasion de faire une réception dont elle seule avait le secret. En un rien de temps elle avait trouvé un magnifique local et les invitations avaient été partagées. Toute la famille était vêtue du même pagne qui venait tout droit de l’un des magasins de maman ! bien sûr papa avait payé pour ça. Cendrine Fadiga ne jouait pas avec son argent. Je m’assis donc à ma place.
Maman : c’était un magnifique discours mon chéri !
Moi (lui souriant) : merci maman...j’espère que ton mari sera du même avis !
Maman : mais oui ! Mais oui ! Regarde comment il sourit.
Moi : maman c’est à son ami qu’il sourit !
Elle se retourna puis revint vers moi pour me remonter le moral. Si nous donnions l’impression d’être une famille modèle et unie, lorsque le portail de notre concession se refermait, c’était un tout autre décor. Je pense être celui qui en souffrait le plus. Avec mon père c’était comme si je marchais sur des œufs. Je devais faire très attention car il avait quelque chose à redire sur tout ce que je faisais. Il n’était pas aussi dur avec les autres. J’appréhendais toujours les vacances lorsque je rentrais. J’étais là depuis deux semaines mais Dieu seul savait combien je souhaitais retourner aux États Unis ou je venais d’entamer mon master en Data Science.
Melaine (apparaissant) : maman et son enfant préféré ! Je ne vous ai pas trop manqué j’espère.
Maman : tu m’arrêtes ça immédiatement ! Ce n’est ni le lieu ni le moment. Ne viens pas te donner en spectacle ici.
Melaine : relax maman ! Qu’ai-je dit de mal ? Ce n’est pas ton fils préféré ?
Maman (se levant) : je vais retrouver votre père ! je ne veux pas entendre plus de sottises.
Melaine : quoi ? Pourquoi me regardes tu ainsi ?
Moi : rien absolument rien
Elle remplit son verre du champagne qu’il y avait sur la table et avalait le tout à la vitesse de l’éclair. Elle répéta le schéma deux fois encore. Ma sœur ne supportait pas ce genre d’événements où il fallait jouer à la famille modèle. De toutes mes sœurs, Melaine était celle vers qui il fallait se tourner lorsqu’on souhaitait avoir une opinion dénuée de toute hypocrisie. Elle était tout sauf hypocrite et cela faisait qu’elle était souvent détestée et mise à l’écart. Elle était cash comme on le disait. J’ai fini par me lever de cette table puisque mon téléphone s’était mis à sonner. Je suis allée dans l’une des salles d’eau puis ai décroché en souriant.
Moi : allo man ! C’est comment ?
Vivian : la soirée là n’est pas encore finie ? Tu sais qu’on doit faire une descente musclée là. Au moins 20 champagnes sur notre table. Il faut que toute la boîte sache que les quatre loups sont dans la place.
Moi : et comment ? J’ai déjà ma contribution. Dès que je me libère d’ici, je prends un bolide du vieux et je tombe sur vous.
Vivian : pas de soucis ! J’appelle les autres de ce pas.
Les quatre loups ! C’était ma bande à moi, constituée de Vivian, Nathan, Loïc et moi-même. Nous avions tous le même âge c’est-à-dire vingt-cinq ans. Pour la petite histoire nous fréquentions le même lycée français et les mêmes classes à l’époque. Vivian était le fils du ministre de la communication. Le père de Nathan était une célèbre personnalité qui avait fait fortune dans l’exploitation du café et du cacao et pour finir Loïc dont la famille possédait presque tous les marchés immobiliers du pays. Maman veillait à ce que nous choisissions nos fréquentations de façons tactiques. C’est comme ça qu’elle s’exprimait.
J’ai dû rester encore longtemps à cette soirée mais lorsque le ok a été donné nous sommes rentrés à la maison avec maman et monsieur mon père. L’atmosphère dans la voiture était lourde même si maman essayait de faire la conversation pour meubler le silence. Je ne savais pourquoi mon père me détestait tant. Même une simple conversation avec moi était difficile pour lui. S’il ouvrait la bouche tout de suite, ce serait certainement pour me faire des reproches. Arriver à la maison a été comme une délivrance pour moi. J’ai tout droit filé sous la douche pour me tenir prêt.
Paire de Louboutin, ok ! Montre Rolex, à mon poignet ! Polo Ralph Loren, sur mon corps ! Le tout dernier iPhone Xs max, dans ma poche. J’étais prêt pour la soirée mais avant je m’assurais que mon père dormait. Je me suis glissé dans son bureau et j’ai pris la clé de la range. Abidjan allait me sentir ce soir.
Comme chaque fois, nous rentions tous ensemble dans la boîte. Lorsqu’un arrivait avant l’autre, l’un attendait l’autre. Nathan, Loïc et Vivian étaient déjà là. J’étais celui qui était toujours en retard.
Nathan : ce n’est pas trop tôt. Apprend à être à l’heure Fadiga
Moi : être à l’heure c’est pour les ringards
Loïc : bon on peut y aller maintenant ?
Vivian : franchement !
Il y avait une longue file devant la boîte de nuit mais est-ce que cela nous importait ? Pas du tout. Nous connaissions très bien les videurs de boite de nuit dans la ville. Nous étions traités comme des VIP car là où nous passions, les billets voulaient à flot. Nous n’avons pas pris la peine de faire le rang et somme allés tout droit vers Ali. Dès qu’il nous vit, un large sourire se dessina sur son visage. Tout de suite les éloges suivaient.
Ali : eeeeh les quatre loups ! Les lourds pions...je sens que ma soirée est gagnée comme ça.
Moi : toi-même tu connais
Il s’est poussé pour nous faire passer, ce qui n’a pas été du goût de ceux qui étaient dans le rang depuis. Les protestations se sont tout de suite fait entendre.
« Mais nous sommes là depuis...nous ne sommes pas de d’hommes aussi ? »
« Vous pensez qu’on vient quémander votre boisson ou quoi ? On va aussi payer »
Loïc : oui mais est-ce que vous pouvez égaler notre consommation ? Restez à votre place ici c’est la section VIP.
Vivian : Man tu es rentré hein krkrkrkr
Loïc : il faut souvent ça avec le peuple.
Devant tout le monde j’ai versé cinq billets de dix mille sur le videur. Il nous a fait passer rapidement. Dès nos premiers pas dans la boîte, le dj s’est automatiquement mis à chanter nos noms. Nous étions dans la place. Notre salon avait été apprêté et les bouteilles de champagne passaient seulement. Les yeux étaient sur nous et nous aimions ça. Les filles ont commencé à se placer stratégiquement pour danser afin de nous frapper à l’œil. Je les aimais bien noire avec un derrière bien rebondi. Mais pour une nuit je pouvais sauter une fille claire et plate. Bref nous nous amusions entre amis. Je n’ai dansé que lorsque la section zouk a débuté. C’était le moment idéal pour serrer une petite. Je l’avais remarquée depuis. Je me suis placé derrière elle sans quelle me proteste.
Elle : mon petit ami ne va pas aimer ça !
Moi : elle est où ta bague ?
Elle : ... ...
Moi : je me disais bien. On danse simplement...mais on ne sait jamais où la nuit pourrait nous porter.
Nous avons dansé comme si notre vie en dépendait. Elle avait du répondant. C’était comme si je la déshabillais sur la piste. Les filles d’Abidjan étaient un peu trop faciles. Je lui ai demandé de m’attendre dehors et que je le rejoindrais. Je suis allé rejoindre mes amis.
Moi : les gars j’ai pêché mon poisson. Je rentre me mettre bien.
Vivian : tu es un veinard toi ! Fourre la bien
Moi : est-ce que tu as besoin de me le dire ? Ses ancêtres vont l’entendre crier.
Loïc : tu es fort man !
Nous avons ri un bon coup et je suis allé retrouver mon emporté dehors. J’ai marché avec elle jusqu’à ma voiture et lui ai tenu la portière. Je voyais les étoiles dans ses yeux. Sûrement qu’elle n’avait jamais posé les fesses dans une range à plus forte raison la toute dernière. C’est dans la voiture que je lui ai demandé son prénom et que j’avais su qu’elle s’appelait Coria. Et bien tu allais en prendre ta dose aujourd’hui. Il était trois heures lorsqu’on arrivait chez moi. Nous avons dû passer tout doucement pour ne pas se faire entendre. Ma chambre étant loin de celle des parents, j’ai fait crier mon amie du soir comme le digne fils de mon père que j’étais. Je l’avais bien écartée avec le préservatif bien sûr. C’est sûr que son copain saura qu’un autre était passé par là. Elle avait eu des fesses que je les sentirais bouger sur moi mais bon, elle était quand même bonne. J’aurais pu la baiser encore et encore mais il était six heures et elle devait rentrer avant que papa ne nous surprenne.
Coria : tu ne me déposeras pas ?
Moi : non mais prends ça pour ton transport.
Coria (prenant les cinquante mille) : merci ! Mais nous n’avons pas échangé les numéros.
Moi : donne-moi le tien.
Coria : c’est le ... ... ... ... Ne me double pas hein. Appelle-moi.
Moi : je le ferai.
Je n’avais même pas enregistré le numéro car jamais je ne l’appellerais. Les coups d’un soir c’est juste pour un soir. J’ai enfin pu l’accompagner prendre son taxi pour ensuite venir me recoucher. Mais c’était mal connaître maman. A peine dix minutes que j’étais couché qu’elle frappait à ma porte. Je me suis levé avec tout le mal du monde pour lui ouvrir.
Maman : ou est ton téléphone ?
Moi : comment ça ?
Maman : depuis Audrey essaie de te joindre tu ne décroches pas. La pauvre est obligée de me joindre en larmes pensant qu’il t’était arrivé quelque chose.
Moi : je vais de ce pas là joindre.
Maman : tu as plutôt intérêt
J’ai regardé mon téléphone et j’avais plusieurs appels manqués, trente-huit pour être plus précis. Tous étaient de Audrey. Elle avait essayé de me joindre sur mon numéro, sur WhatsApp sur Viber, sur Messenger enfin partout. Elle exagérait tout de même. J’ai filé sous la douche, me brosser les dents et me rafraîchir avant de l’appeler. Elle a décroché à la première sonnerie. Il était sept heures ici donc deux heures du matin chez elle. Bien sûr elle ne dormait pas encore. Il fallait qu’elle m’entende.
Audrey : c’est maintenant que tu m’appelles ???? Je t’ai appelé plus de trente fois Missiba. Tu te fous de moi n’est-ce pas ? Je ressemble à ton jouet peut être ?
Moi : tu peux te calmer s’il te plaît ? Tu penses que la cérémonie de papa a fait juste trente minutes ?
Audrey : même si ! Tu as toujours ton téléphone en main qu’est-ce qui t’empêchait de décrocher.
Moi : justement ! Je n’ai pas toujours mon téléphone en main. J’étais au four et au moulin. J’ai fait un discours à papa. Je veillais que la boisson coulait à flot. Je m’assurais que la musique était bien choisie. Mais non tu ne vois pas tout ça. Je suis rentré complètement lessivé. J’avais prévu de te joindre mais me suis endormi sans même m’en rende compte. Pour ça encore on va m’attaquer comme ça dès le réveil. Jusqu’à tu as appelé maman ! Audrey tu ne trouves pas que tu exagères ? Si tu n’as pas confiance en moi dis-moi comme ça on se laisse. Je t’ai toujours dit qu’une relation où il n’y a pas de confiance ne peut aboutir à grande chose.
Audrey : je n’ai pas dit que je ne te fais pas confiance. Je m’inquiétais simplement de ne pas t’entendre c’est tout. Maintenant que c’est fait, je vais aller me coucher. On reparle quand je serai debout.
Moi : bonne nuit !
Audrey : bonne journée bébé. À tout à l’heure. Je t’aime.
Clic
J’ai raccroché sans répondre à son je t’aime. Tout ça c’était de la faute à maman. M’obliger à me mettre en relation avec la fille du chef d’état-major. La femme de ce dernier était une très bonne amie à maman. Elle avait tout d’abord été sa cliente pour finir comme amie. « Il faut s’entourer de personne importantes » c’est tout ce qu’elle avait en bouche. Voilà où cela nous menait. Je n’avais pas fini de m’amuser moi mais il fallait qu’à 25 ans je sois dans une relation aussi sérieuse au point d’avoir 38 appels manqués et devoir donner des comptes. Je me suis recouché tranquillement. J’avais du sommeil à rattraper et des forces à reprendre. La nuit n’avait pas été facile.
...Philippe Fadiga...
Bien avant de descendre de la voiture, j’étais déjà préparé psychologiquement à cette prise de tête imminente qui m’attendait. En passant la nuit dehors, il fallait bien être préparé à une riposte. J’ai verrouillé ma voiture et ai longé le couloir de fleurs qui menait à l’entrée de la maison. La porte du salon était fermée à clé. J’ai fait le tour pour rentrer par la cuisine, même schéma ! Je me passais les doigts sur les yeux pour essayer de me calmer. Il était neuf heures à ma montre. Axelle se réveillait toujours entre six heures et sept heures. Comment était-ce donc possible que les portes soient encore fermées. J’ai composé son numéro et madame a répondu ! Dieu merci !
Axelle : allo ?
Moi : tu peux ouvrir la porte s’il te plaît ?
Axelle : et je peux savoir d’où tu viens comme ça ? Tu es sorti de cette maison comme un voleur et tu veux rentrer par la grande porte ? Utilise la même manière dont tu es sorti pour rentrer de nouveau.
Moi : Axelle, je n’ai vraiment pas envie qu’on se prenne la tête ! Ouvre la porte. Tu sais très bien que le brunch chez les parents est prévu pour midi. Il est déjà neuf heures.
Axelle : et c’est la seule raison pour laquelle je vais t’ouvrir sinon tu serais resté dehors.
Clic
J’ai encore fait le tour pour me retrouver devant la porte du salon. Axelle m’a fait poireauter une bonne quarantaine de minutes avant d’ouvrir cette porte. J’ai préféré l’ignorer et prendre la route directement pour ma chambre. En prenant le couloir des chambres, je passais devant ces premières de couverture que Axelle avait faite encadrer comme décoration. La première était celle de notre mariage « le mariage de l’année » puis venait cette de notre interview du « couple de l’année ». Dehors nous étions le couple parfait, uni et solide. Si seulement les gens savaient ! Axelle était un écrivain à succès. Sa plume était plus axée sur la motivation, le chemin de vie et comment atteindre ses objectifs. L’un de ses romans à succès s’intitulait « comment réussir son mariage ». Les femmes s’étaient ruées sur ces romans qui s’étaient vendus comme des petits pains.
Je suis passée devant la porte de la chambre de Axelle. Eh oui en seulement cinq ans de mariage nous dormions dans des chambres séparées. J’ai tout droit filé sous la douche pour me rafraîchir et être prêt à regagner le domicile familial pour le brunch de dimanche. Maman y tenait absolument et tout le monde se devait d’être là. J’ai fini d’enfiler ma tenue et mes chaussures et je suis descendu au salon.
Owen (courant vers moi) : papaaaaa
Moi : ça va mon grand ?
Owen : oui papa...on part chez mamie drine ?
Moi : oui
Owen : d’accord ! Il faut que je dise à maman de prendre on short comme ça je pourrai nager.
Axelle (apparaissant) : c’est la saison des pluies chéri. Tu risques de prendre froid et chopper une vilaine maladie. Et on sait que tu n’aimes pas être malade.
Owen : ce n’est pas beau d’être malade.
Axelle : Alors une prochaine fois tu pourras nager. (Me regardant) on peut y aller ?
Je n’ai rien ajouté de plus. Une fois le petit bien installé dans son siège auto et la reine devant, j’ai pris la route. Seul Owen parlait. Il m’arrivait de répondre de temps à autre ou à Axelle d’en faire de même. Nous avons fini par arriver. Ma sœur Christiane était déjà là. La voiture de son mari était garée en pleine évidence. Je laissais ma voiture juste à côté. J’ai tenu la portière à Axelle et ai fait descendre le petit. C’est avec ma main dans le dos de ma femme que nous avons rejoint tout le monde sur la terrasse. À ma grande surprise, Melaine et Désirée étaient aussi là. Je n’avais pourtant pas vu leurs voitures.
Christiane : oh mon couple préféré ! Vous voilà enfin.
Axelle (souriant) : comment tu vas Christiane ?
Christiane : maintenant que je vous vois je vais très bien.
J’ai salué tout le monde autour de la table et j’ai pris place près de mon père. Lorsqu’il a voulu parler boulot, maman l’a rapidement stoppé dans son élan. Les plats ont été disposés sur la table.
Axelle (tout sourire) : je te sers quoi mon cœur ?
Moi : je prendrai bien du riz avec la sauce arachide bébé.
Axelle : bien noté.
Melaine : lol l’amour !
Désirée : vraiment ! Je ne te le fais pas dire.
Christiane : il faut toi aussi penser à te poser. Ton âge ne recule pas Désirée. Ou bien tu penses que tu seras toujours aussi belle ? Le temps est très mauvais avec la femme.
Désirée : Christiane si pour une fois tu ne me parles pas de ça tu mourras ? Chacune a son kiff. Moi j’aime voyager, me faire plaisir...vivre librement. Qui a dit que j’ai envie de m’enfermer dans un foyer et paraître plus vieille que mon âge ?
Christiane : et c’est moi qui fais plus vieille que mon âge Désirée ?
Désirée : qui se sent morveux se mouche.
Christiane : soigne ton langage avec moi. Je ne suis pas ta petite sœur à ce que je sache.
Maman : ça suffit maintenant vous deux. On ne peut pas manger tranquillement sans qu’on ne vous entende ? Toujours en train de vous chamailler. Quel est votre problème à la fin ?
Désirée : demande à ta fille
Maman : tu te tais ! Je ne veux plus rien entendre. Mangeons
Le silence a regagné la table. Il y avait toujours un souci entre Christiane et Désirée. Aussi longtemps que je m’en souvienne ça a toujours été ainsi entre elles. Toutes les bagarres dans cette maison étaient entre elles. Melaine quant à elle ne levait jamais le petit pouce pour faire quoi que ce soit par rapport à cette situation. Avec le temps papa avait décidé de ne plus s’en occuper. Maman gérait donc tout. Peut-être que leurs personnalités n’étaient pas faites pour s’accommoder. Les dimanches après-midi étaient toujours chauds avec ces deux-là à la même table. Nous avions commencé à manger lorsque Missiba s’est enfin montré. Il était pratiquement quatorze heures.
Missiba : bonsoir tout le monde
Nous : bonsoir !
Owen s’est précipité sur lui ainsi que Milhane le fils de Christiane.
Papa : enfin tu daignes nous faire honneur de ta présence. J’attendais patiemment que tu te lèves pour te dire deux mots. Mes voitures c’est à la sueur de mon front que je les ai eues. J’ai travaillé pour avoir mon argent et les acheter. Attend d’avoir ton argent pour avoir les tiennes et faire la java comme tu l’entends. Et ma maison n’est pas un bordel ou tu peux envoyer des filles sorties de je ne sais où avec des styles de voleuses. Tu as une idée de tous les objets inestimables qui se trouvent dans cette maison ? Que ce soit la première et la dernière fois que je te vois faire sortir une jeune fille de cette maison à six heures du matin. D’ailleurs dès demain tu as intérêt à te mettre à chercher un stage. Mets tes vacances à bon escient.
(Silence)
Melaine : maman ?
Maman : quoi ?
Melaine : tu ne défends pas ton préféré ? Papa ne lui a pas fait cadeau hein.
Maman (se levant de table) : tchrrrr vous m’avez coupé l’appétit.
Melaine : krkrkrkrkr ça va aller.
Ça c’était ma famille tout crachée. Des clashs à n’en point finir...des provocations à peine voilées...des groupes qui se formaient et se déformaient par affinité. En tout cas, bienvenue chez les Fadiga.