Prologue 6: Noémie Siar

Ecrit par Owali

*** Noémie Siar ***

Abidjan le 22 Juin 2015

- Bébé il faut que tu lâches la bride, tu exagères vraiment! Me reprochait Patrick pour la énième fois

- Mais mon amour, des femmes comptent sur moi, la gente féminine a besoin de moi...

- Mais tu travailles trop trésor, tu es toujours entre deux avions, toujours entre deux conférences de presse, tu as même raté le match de Roland avant-hier

- Quel match ? Oh mon Dieu! Il ne m’en veut pas trop j’espère ?

- J’ai réussi à le lui faire oublier, tu vois que j’ai raison tu en fais trop, lève le pied.

- J’ai habitué mes lectrices à me lire une fois par mois, il faut que je garde le rythme

- Mais tu peux changer de rythme, publie une fois par trimestre, avant tu n’avais pas de tournées ni de conférences dans le monde entier, faut que tu te mettes en pause pendant un moment je t’en prie, je sais que tu aimes écrire et partager tes expériences, cependant il faut que tu fasses un effort, pour tes rêves, pour ta santé, pour moi.

- Bébé je te promets que je ferai un effort quand je finirai celui la...

- Je trouve que tu exagères, tu penses que ça m’a fait plaisir de te retrouver évanouie dans la salle de bain ? Tu penses que ça m’a fait plaisir de te veiller pendant une semaine ? Tu penses que rassurer les enfants qui pensaient que tu allais trépasser ? Pourtant ça fait un an qu’on en parle et tu ne fais rien pour changer, je ne te comprends pas on dirait que ta santé t’importe peu. Bref je ne dis plus rien!

-…

C’est toujours les mêmes reproches depuis un an, pourtant c’est lui mon époux qui m’a donné le courage de raconter ce que j’avais vécu dans le temps.

C’est lui qui m’a permis de publier cette histoire afin de permettre aux jeunes filles de faire attention à leurs fréquentations, c’est toujours lui qui m’a encouragée à prendre la parole et à expliquer comment j’avais été séquestrée et vendue aux plus offrants. Il pensait que ce genre de thérapie pourrait m’aider et ça été le cas.

Quand j’écris c’est comme si je respirais à nouveau, comme si le soleil se levait encore une fois. Je ne sais pas pourquoi il veut que j’abandonne la sécurité dans laquelle je me suis installée, je l’aime c’est sûr mais il me demande trop.

Je comprends qu’il soit un peu inquiet par rapport à ma santé puisque je sors à peine d’un internement en clinique dû au surmenage. Le médecin m’a demandé de lever un peu le pied et je suppose qu’il ne veut pas que ça s’empire.

Je ferme la page du manuscrit que j’écrivais et je me connecte pour lire mes mails emmagasinés depuis bientôt une semaine. Il y a de tout, des invitations, des publicités, des newsletters, les comptes rendus de mes tournées et un mail avec un nom que tout écrivain rêve de voir apparaître dans sa boîte mail. L’illustre, le célèbre, le talentueux bon j’arrête de faire des éloges sur ce prodige de la littérature. Je clique immédiatement pour l’ouvrir, je le parcours d’une traite et au fur et à mesure mon sourire s’agrandit.

Un voyage sur une île paradisiaque tous frais payés, franchement ça ne pouvait pas mieux tomber vu comment je rame un peu pour ma prochaine parution.
Je suis sûre que Patrick sera heureux de me voir loin de mon ordinateur et surtout loin de mon bureau... enfin je l'espère...


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Auteur: Noémie Siar
LE CERCLE