Rage

Ecrit par Aura

Je suis en rage. Je boue. J’ai envie de trucider des têtes et la première sera celle de Kendrix. Je sors de cette putain de galerie et je peux tout de suite remarquer son nom sur l’affiche. Quelle gourde je suis !!! Si seulement j’avais pris plus de peine à lire cette fichue affiche avant de pénétrer dans cette galerie, je ne me serais pas retrouvée dans ce genre de situations. J’enrage tellement que je remarque à peine la présence de Marc derrière moi. Il est essoufflé à force de me suivre, ce que je peux bien comprendre parce que j’ai hâté le pas depuis que nous sommes sortis de ce lieu infecte. Et puis je lui en veux aussi. Oui c’est lui qui a tenu qu’on sorte et qu’on aille visiter Paris, maintenant nous nous retrouvons en train de gérer des situations qui nous dépassent. Si seulement nous étions restés à l’hôtel comme je le lui avais proposé, nous n’en serions pas là. 

Marc qui est toujours essoufflé et derrière moi m’interpelle

- Qu’est-ce que tu viens de faire comme ça ? me crit-il 

- Qu’est-ce que j’ai fait ? 

- Tu poses encore la question ? N’est-ce pas évident ? 

- Peut-être pour toi, mais ce n’est pas mon cas. 

- Ok ! Qu’est-ce que tu viens de faire à Kendrix?. 

- Qu’ai-je fait de mal ? Saluer quelqu’un aussi est devenu un problème ? 

- Si c’est ce que tu appelles dire bonjour alors bravo fait-il théâtralement. C’était parfait oui, très bien.

- Merci ! 

- Tu devrais avoir honte Maya ! Tu devrais avoir honte. 

- Honte de quoi ? 

- Crois-tu que c’était agréable de traiter ton frère de la sorte ? 

- Rectificatif, demi-frère. 

- Tu es malade. Pourquoi as-tu fais ça dis-moi ? 

- Faire quoi ? Tu ne cesses de parler en code ! 

- LE TRAITER DE MISERABLE bon sang !  

- Parce qu’il ne l’est pas à ton avis ? 

- Maya !!!

- Oui Marc ! Tu n’as pas besoin de crier pour te faire entendre, je ne suis pas sourde. 

- Si tu l’es et je viens de le découvrir. 

- Heureuse de le savoir ! Maintenant on rentre ! 

- Pas question ! Tu vas d’abord m’expliquer ce qui t’a pris pour agir ainsi. 

- C’est simple : je ne l’aime pas. Tu as ta réponse, on y va. 

- Non ! Je ne te le permets pas. 

- Oh non ! Tu ne vas pas commencer à chialer. 

- Chialer tu dis ? Donc tu trouves normal de te comporter ainsi envers Kendrix et que je n’ai pas à te le reprocher ? 

- Mais je n’ai rien fait de mal. C’est plutôt lui qui était froid envers moi et la raison est tout à fait connue : on se déteste.

- Je le sais ça. Mais cela ne te donne pas le droit de lui manquer du respect comme tu l’as fait. 

- Ben, est-ce que c’est faux de dire qu’il est juste un incapable. 

- STOPPPPP !!! hurle t-il. Je ne te permets pas de l’insulter. Alors là non. Tu ne sais pas ce qu’il vit et endure pour le traiter de la sorte. 

- Eh tu baisses d’un ton. Ok ? Je ne suis pas ta fille. Et puis j’ignore ce qu’il vit. A moins que toi si. 

- Oui, bien plus que toi d’ailleurs. 

- Tant mieux ! Au moins, il a trouvé un joli petit toutou pour le ramener sur la bonne voie, parce que moi je m’en contre fiche. 

- Je n’arrive pas à croire que ces mots sortent de ta bouche, pis encore sur ton propre frère. 

- Rectificatif, demi-frère. 

- Peu importe, il ne mérite pas ça surtout qu’il passe par des moments difficiles. 

- C’est normal, sa vie n’est que misère et le sera toujours ainsi. 

- Maya enfin ! Est-ce le vin qui te monte à la tête ? Je te trouve bizarre et j’ai l’impression de ne pas te reconnaitre. 

- C’est plutôt moi qui ne te reconnais plus.  Si on me demandait de définir le mot nul, je trouve que Ken serait la parfaite illustration. Oui, pas besoin de trop de détails pour comprendre. 

- Je ne comprends pas cette animosité que tu as envers lui. Expliques-moi à quoi est-ce que c’est dû ? 

- Je te l’ai raconté bon nombre de fois, mais je crois que ton tympan est bouché dès qu’on en parle. 

- Ehhhh ! Surveilles ton langage ! Je ne suis pas ton camarade. 

- Et même si tu l’étais que pouvais-tu bien faire ? Je suis ta femme tu dois me soutenir et non te dresser contre moi. Et puis je me demande bien comment tu t’es rapproché de lui et pourquoi tu le défends. Heureusement que tu es hétéro, sinon j’aurai cru que tu es gay. 

- Ne sois pas ridicule. J’ai la nette impression que ta tête ne fonctionne plus parce que tu es en train de débiter des énormités terribles.

- Et moi je te trouve plutôt bête ! J’ai hâte que ton cerveau reprenne sa place normale. En attendant moi je rentre. 

Je hèle un taxi qui me ramène à l’hôtel et je laisse Marc planté là. J’en ai marre de ses leçons de morales à deux balles. Il me saoule à présent et je ne peux plus le supporter. Quand je pense que ce matin encore j’étais de bonne humeur grâce à la sortie de mon livre. Je n’aurai jamais pu imaginer que ma joie de vivre s’envole d’un seul coup. 

A l’hôtel, je reçois un coup de fil provenant du pays. Il s’agit de ma belle-mère. Elle m’a l’air joviale et demande après le déroulement de l’activité. Je lui en fais part et elle ne cesse de me bénir et de me féliciter. Cette femme est une vraie perle. Elle me rappelle ma mère quelques fois. Pour ceux qui ne connaissent pas notre véritable relation ils croiront que je suis sa vraie fille, alors que je suis juste sa belle-fille. Au bout du fil, j’entends les cris des petites qui veulent aussi à tout prix me parler. Ma belle-mère et moi mettons un terme à la discussion, et elle me passe les petites. Dès que j’entends leurs voix, mon cœur se gonfle de bonheur. Comme elles me manquent !!! J’ai tellement envie de les avoir de nouveau près de moi que ça m’attriste de savoir que je suis loin d’elles. Elles me parlent chacune à son tour, n’hésitant pas un seul instant à se trahir mutuellement sur toutes les bêtises qu’elles ont faites. Je les écoute avec tout le sérieux possible, mais au fond j’ai envie de m’éclater de rire car ce qu’elles me racontent est si drôle. C’est tout ce dont j’avais besoin de me remettre les idées en place. 


Entre deux