RAY RENE, NAN DJETINDE YINTONMABOU

Ecrit par Marc Aurèle

Le soleil avait encore repris sa course dans le ciel. Je me tenais devant ma coiffeuse, apportant les dernières touches à mon maquillage. Il sonne 7H30, mon weekend n’a pas été de tout repos. D’abord le mariage des LECRI, puis le décès brutal de Jules LECRI, le meilleur ami de mon époux SAM. Autant de choses qui ont changé mes plans pour ce weekend.

 

Je dépose l’écrin et me tint debout. Je regarde mes formes bien enveloppées dans le pagne VLISCO que je porte. Je ne suis pas trop ronde, mais ma belle taille fine me particularise. Je jette un dernier coup d’œil à mon reflet et me dirigea vers la chambre de Sam junior. Je le regarde endormi, dans son lit, son doudou entre les bras et son pouce droit dans la bouche. Le pauvre marmot vit au rythme harassant de ses deux parents. Il devait se réveiller et être prêt pour la garderie en même temps que son père ou moi-même au pire des cas.

Depuis un an bientôt que nous sommes rentrés au pays, mon époux et moi, j’ai repris ma place de Directrice Affaires Financières à la MENWESTER Ltd. J’avais obtenu grâce à mon CDI, une mise en disponibilité de trois ans pour rejoindre mon époux. Durant cette période sabbatique, grâce aux nouvelles technologies, j’avais pu rester active dans le système de cette multinationale spécialisée dans le réseautage informatique et y revenir pour fonctionner n’avais été qu’un soulagement pour mon Head.

 

J’ai trente ans et je suis la fille unique de mon père et de ma mère. Toute mon existence a été conflictuelle. J’étais partagée entre les exigences  royales et la vie moderne. Heureusement, n’étant pas issu d’un mariage accepté du royaume, je pouvais souvent m’échapper et rester avec ma mère. C’est ainsi que j’ai grandi, entre le palais d’Abokpe et la ville de Cotonou. Entre mes deux sœurs du coté de ma mère et la kyrielle d’enfants de mon père. Au fait, je ne sais pas le nombre exact des enfants de ce dernier, car pour se consoler de n’avoir pas épousé ma mère, il s’est rabattu sur toutes celles qui lui étaient présentée. Son statut de prince n’arrangea pas non plus la situation. Ainsi, chaque fois que je me rendais au palais pour le voir, je devais rencontrer une nouvelle belle mère. Aux manifestations officielles du royaume, la file des femmes de mon père qui venaient me prêter allégeance ne faisait que croitre.

 

Au royaume d’Abokpe, seule les femmes sont reines et n’ont de roi que leur peuple. Née dans cette ligne, j’étais destinée à servir mon peuple. Etant la première fille de mon père, et vue que sa mère, la reine d’alors n’avait pas eu de fille, je fus intronisée dès ma naissance sur le trône royal. Ma mère intriguée par les révélations au sujet d’une aussi grande responsabilité me soutira très tôt de ce système. Bien qu’ayant grandit auprès d’elle, je me retrouvais pendant les vacances à me préparer pour jouer pleinement mon rôle. Je connais très bien mes desseins de princesse OUEGNILO et même si je préfère jouer mon rôle d’épouse auprès de Sam et mener une vie normale, je dois avouer que je suis la Reine Djetindé Yintonmabou d’Abokpe. Mon époux n’en a pas autant conscience que moi, ca je ne l’ai jamais mêlé de cette réalité de ma vie. Mes parents ont toujours respectés mes choix et ils opinèrent assez vite quand je décidai d’épouser cet apollon et partir avec lui.

Notre fils est d’ailleurs tout le portrait de son père. Je le contemplai une fois encore avant de le prendre dans mes bras pour me diriger vers la sortie de notre appartement.

 

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Quelque part au siège de la El naser.

 

Assis dans le salon d’accueil de mon vaste bureau, je regarde de haut la belle ville et ses lumières qui commencent par s’allumer ca et là. La pénombre est totale. Je relis une nième fois encore le rapport trimestriel que je dois transmettre au conseil d’administration. Les résultats sont excellents et à en croire les prévisions, nous n’auront que des améliorations sur les dix huit prochains mois. On tapa deux coups sur  la porte du bureau qui s’ouvrit presque aussitôt. Je regarde la montre Rolex à mon poignet. Il sonnait bientôt vingt heure. Une nymphe aux allures féériques s’avança vers mon siège. Suzy avait refait son maquillage et s’était à nouveau parfumé. Les effluves de ‘’la petite robe noire ‘’ de la parfumerie Guerlain, caressa agréablement mes sens. Mon assistante depuis mon entrée à la El naser, venait prendre congé de moi.

-          Monsieur Sam, avez-vous fini les corrections dans le rapport ?

-          Oui, c’est fait. J’ai d’ailleurs introduit directement les modifications au fichier dans le réseau. Demain matin tu voudras bien imprimer et l’envoyer au PCA, stp.

-          Pas de souci. Avez-vous besoin de quelque chose d’autre ? s’enquit elle en s’asseyant pile en face de moi.

-          Non, c’est bon pour aujourd’hui. Avais-je répondu, en balbutiant.

Mes yeux s’étaient malencontreusement égarés dans son entre jambe, qu’elle avait négligé. Je pouvais distinguer facilement son dessous. Son mont de venus se dessinait dans la fine dentelle blanche. Un frisson traversa mon corps. Si Jules ne s’était pas éteint aussi brusquement, nous aurions débattu d’elle une fois encore ce soir. Je me levai, et me dirigea vers la baie vitrée.

-          Vous avez l’air loin et triste, est ce que tout vas bien ? Mon assistante venait de parler.

-          Euh ! oui ça va. Vous pouvez y aller. Je vais fermer derrière moi. Votre…

-          Monsieur Sam, je vous ai toujours dit que je suis à votre entière disposition et qu’il y personne qui m’attende. Donc …

-          Sérieusement Suzy, tu peux y aller. Je vais trainer un peu, lire mes courriers avant de rentrer.

-          A tout à l’heure, peut-être se croisera-t-on au bar avec votre ami.

-          ….

Je ne répondis point, laissant mon interlocutrice se lever et se diriger vers la sortie. Elle portait une robe de couleur blanche, qui détache de sa peau, juste par sa couleur. Je regarde ce sablier se détacher du tableau de mon bureau. Je fis quelques pas de long en large avant d’aller m’asseoir derrière le vaste bureau qui surplombe à l’angle gauche de mon espace de travail. J’appuyai sur le bouton qui fit sortir l’écran de surveillance de son box. Les huit subdivisions me donnaient de voir les différents départements de mon entreprise, ainsi que le hall d’accueil et le parking. Entre les mails à lire et regarder le déhanché de mon assistante, je préférais me délecter les yeux.

J’étais tout ailleurs dans ma tête, la vérité est là, teigneuse comme pas permis. Jules n’est plus et ca c’est mon fardeau depuis hier. Je passe de flash-back en flash-back, les mages de nos grands moments de délires défilent sous mes yeux. Je le revois entrain de me sermonner parce que je n’ai pas appelé mes parents, ou parce que assis dans notre salon au CODE BAR, non loin de l’aéroport BERNADIN GANTIN, je flirtais avec la serveuse, ou même parfois avec la belle inconnue, assise à l’autre bout du bar. Je vis, le van du service de sécurité, s’arrêter devant le hall d’entrée et y déposer  trois autres gardes. J’avais dès mon arrivée le matin, demandé à Suzy de doubler la sécurité de nos immeubles, surtout ceux où nous avons des coffres forts. Les voir faire leur ronde me fit ressentir une forme d’assurance. Les responsabilités de mon poste exigent d’être alertes et je ne devais pas me laisser surprendre par une histoire de vol ou de braquage au sein de la holding Elnaser. Je me levai, saisit mes clés de voiture et sorti à mon tour.

Rayons de soleil