RETOUR FORCÉ

Ecrit par princesse tia

Véronique s'était finalement résignée à vivre sur la terre ivoirienne. Cela faisait maintenant deux ans et plus qu'elle avait renoncé à rentrer chez elle retrouver sa Dada et ses petites sœurs. Elle n'avait pas encore eu le courage de le dire franchement à sa grand mère. À chaque fois qu'elle l'appelait sur le téléphone de leur voisin, elle la rassurait toujours qu'elle rentrerait dans les mois qui suivraient.


_Cherie tu as l'air ailleurs là que se passe t'il? 


C'était Joseph qui s'était rendu compte que Véronique ne suivait pas ce qu'il lui disait. Cette dernière venait de prendre sa douche et appliquait son lait de corps avant de se mettre au lit.


_Excuses moi Jo, tu disais quelque chose ? 


_Je disais que tu deviens de plus en plus belle maintenant que tu éclaircis, répondit Joseph en souriant jusqu'aux oreilles. 


Il aimait la femme qu'il avait façonné. Il avait acheté toute sortes de savons et laits éclaircissants pour Véronique et l'avait persuadé d'en faire usage afin de devenir aussi blanche que les filles qu'il rencontrait en ville. La jeune Véro, de peur que l'homme qu'elle aimait ne finisse par la quitter pour ces filles au teint métissé, avait alors commencé à s'adonner la dépigmentation. Chaque semaine Joseph rentrait avec des huiles plus blanchissantes les unes que les autres, pour mélanger les laits, déjà très éclaircissants, de Véronique. 


_Jo, tu vas envoyer de l'argent à ma grand mère ce mois ci n'est ce pas ? Demanda Véro en se mettant au lit à côté de son homme.


_Huuuum! Ouais ouais......, Marmonna Joseph.


_Tu sais chéri, si tu m'ouvrais mon atelier de couture comme tu me l'avais promis, je pourrai moi même lui envoyer de l'argent et je ne te dérangerai plus. 


_Ne t'inquiètes pas je vais te l'ouvrir ton atelier, ce sera un truc énorme, tu vas adorer.


_Huuum! C'est ce que tu racontes depuis bientôt trois ans qu'on est arrivé ici.


_C'est parce que je prends mon temps pour te préparer quelque chose de gigantesque ma chérie d'accord?


Ne lui laissant pas le temps de répondre il se mit à l'embrasser.


Le lendemain était un samedi, les enfants n'avaient pas école et Joseph n'étant pas de garde à la clinique, passait la journée à la maison avec sa petite famille. 


_Joseph s'il te plaît tu veux bien me prêter ton téléphone pour que j'appelle Dada ? Ça fait des semaines que je ne l'ai pas appelée, glissa doucement Véro, en scrutant la réaction de son homme, vu que ce dernier n'aimait pas vraiment qu'elle appelle sa grand mère. Voyant qu'il ne disait rien et continuait simplement de jouer avec Luc qui avait 4ans maintenant, elle insista.


_Chéri tu m'as entendue quand même ? 


_Oui oui j'ai entendu, tu veux appeler ta grand mère, daigna t-il enfin répondre, sans même lever les yeux vers elle. 


_Euh!.....je peux le faire là tout de suite?


_Je n'ai pas d'unités, si tu veux aller en acheter tu peux prendre l'argent et y aller ou alors tu peux attendre quand je vais me lever je le ferai. Mais pour le moment je n'ai pas envie de bouger. 


_Donnes moi l'argent, je vais y aller moi même, s'empressa de répondre Véro. 


Joseph lui donna donc l'argent et elle se hâta d'aller acheter les unités dans un kiosque non loin de leur maison. De retour, Joseph lui composa le numéro du voisin et lança l'appel. Ce dernier décrocha à la deuxième sonnerie.


_Allo, Véro c'est toi?


_Oui Koudjo c'est moi, répondit Véronique en s'éloignant dans la chambre à coucher pour mieux discuter. C'est comment, ça va là bas ? 


_Oui oui ça va et chez toi ?


_Ça va aussi. Ma grand mère est là ? Apportes lui le téléphone s'il te plaît. 


_Oui je suis déjà là bas, lui répondit son interlocuteur qui s'était déjà mis en route vers la chambre de Dada Joséphine lorsqu'il avait vu l'appel. Il lui passa le téléphone en lui signalant que c'était Véronique. 


_Allô, allô Véro mon enfant, c'est toi? Comment vas-tu ? Et les enfants ? Tu rentres quand Véro ?


La vieille dame déballa tout ça d'une traite.


_Dada, Dada, calmes toi, l'arrêta Véro avec un petit rire. Je vais bien Dada, Luc et Angela se portent à merveille, ils poussent tellement vite si tu les voyais. Mais dis moi toi ça va ? Marguerite et Naomi elles vont bien ?


_Ah! On se porte bien. Dieu est là pour nous. C'est juste un peu compliqué de gérer les frais de scolarité de tes sœurs. Depuis des semaines elles ne vont plus à l'école et votre papa ne dit rien bien que je l'en ai informé. Moi avec ma santé de plus en plus défaillante, je n'arrive plus à ramener régulièrement de l'argent à la maison. 


Véronique ne sachant quoi dire garda le silence, les larmes plein les yeux.


_Allô? Allô ? Véro tu es là ? Eh! On dirait ça a coupé hein Koudjo..... allô ?


_Je suis là Dada, je suis là. 


_Tu ne veux plus rentrer Véro ? Au moins tu pourrais nous aider un peu si tu étais là. 


_Je......je vais rentrer Dada.


_Mais quand donc Véro ? Quand ? Pourquoi tu me mens Véronique ? Tu n'as plus envie de rentrer ça se voit. Tu veux rester là bas avec cet homme. Véro il n'a pas demandé ta main hein ! Véro il ne t'a pas épousée hein! Tu crois que là où tu es actuellement il a du respect pour toi?


Véronique ne disait toujours rien, le poids des paroles de sa grand mère était écrasant.


_Veronique il ne t'a pas épousée, tu lui as fait deux enfants, alors qu'il t'a menti plusieurs fois et il ne montre aucune volonté de t'epouser et comme si ça ne suffisait pas tu le suis jusque dans un pays étranger, loin des tiens. Quel respect penses tu qu'il va t'accorder Véro? Tu n'es pas sa femme comme tu le crois, tu es sa servante Véronique, c'est tout ce que tu es je te le dis moi. 


_Dada......., Gémit Véro. 


_Quoi Dada ? Je te dis la vérité. Rentres Véro s'il te plaît, rentres. Ne serait ce que pour nous, pour nous aider tes sœurs et moi. 


_Je ne peux juste pas rentrer maintenant Dada, dit simplement Véro en pleurant amèrement. Elle était peinée de ne pas pouvoir avouer à sa grand mère que Joseph menaçait de lui prendre les enfants si elle décidait de partir, elle devait garder cela pour elle et cela lui faisait si mal. 


_Il ya quelque chose que tu ne me dis pas ? Demanda sa grand mère. 


_Non dada il n'y a rien, je finirai par rentrer. 


_Tu te souviens quand tu as laissé tomber les études ? Tu voulais apprendre la couture pour m'aider à élever tes deux sœurs. Lorsqu'on devait te faire signer ton contrat d'apprentissage je me suis endettée Véronique, pour y arriver. Lorsque tu devrais recevoir ton diplôme également je me suis endettée pour faire tout ce qu'il faut. Je me disais qu'avec un métier dans les mains tu pouvais subvenir à tes propres besoins et aider tes sœurs même si moi je n'étais plus là. Tu te souviens de ça Véro ? Demanda la vieille en pleurant à son tour.


_Je m'en souviens dada.


_Alors pourquoi le moment venu de nous aider tes sœurs et moi, tu nous abandonnes ? Est ce que c'est ce qu'on s'était dit Véronique ? 


Elle était sur le point de répondre lorsque la communication s'interrompit parce que les unités étaient épuisées. 


Véronique continua de pleurer, assise sur le lit, les épaules voûtées, la tête basse. Joseph vint la trouver quelques minutes plus tard. 


_Chérie, il ya Bintou la voisine qui te cherche, tu n'as pas fini de téléphoner de......, Commença t il avant de se rendre compte qu'elle pleurait.


_Mais qu'est ce que tu as encore ? Demanda t il légèrement agacé. Tu vois pourquoi je n'aime pas que tu parles avec la vieille là ? À chaque fois que tu lui parles tu es dans un état pas possible pendant des jours, elle te met du n'importe quoi dans la tête. Que t'a t elle encore dit cette fois ci ? 


Véro secoua la tête et répondit en nettoyant ses larmes avec un coin de sa camisole :


_Rien, rien du tout ne t'en fais pas. Tu disais que Bintou me cherchait ? 


_Oui, je crois qu'elle va au marché elle voulait savoir si tu veux qu'elle achète quelque chose pour toi. 


_D'accord, je vais la voir. 


Elle sortit de la pièce sans laisser le temps à son homme d'en placer une. 


_Huuuum! Je ne te laisserai plus parler à cette vieille sorcière, ça tu peux me croire, murmura t il pour lui même dans le dos de Véro. 


Il fit en effet ce qu'il avait dit et ne permit plus à Véronique de parler directement à sa grand mère. À chaque fois qu'elle en faisait la requête, il lui disait qu'il l'avait appelé récemment et qu'elle se portait bien. Il lui assurait également envoyer de l'argent chaque mois. Cette situation dura toute une année. 


Un matin, Véronique se réveilla avec une forte envie de s'assurer que sa Dada allait bien, elle ne savait pas ce que signifiait ce sentiment mais elle sentait juste qu'elle devait absolument lui parler. Joseph était au boulot et elle devait attendre qu'il rentre le soir pour pouvoir utiliser son téléphone. Toute la journée elle se sentit très mal, comme si quelque chose lui pesait sur le cœur. Elle eut même plusieurs fois une forte envie de pleurer sans savoir pourquoi. 


_Ah! Dieu merci Joseph te voilà enfin, fit elle en guise d'accueil à Joseph lorsqu'il rentra ce soir là. 


_Qu'y a t-il ma chérie, il y a un problème, l'un des enfants est il malade ? 


_Non non pas du tout. Mais ma grand mère, toute la journée j'ai eu un mauvais pressentiment Jo, il faut qu'on sache si elle va bien, je veux lui parler.


_Oh! Véro je suis sûre qu'elle va bien, calmes toi, essaya t'il de la rassurer. 


Cependant Véronique le tarabusta toute la soirée avec cette histoire, tant et si bien que le lendemain matin il accepta enfin d'appeler Koudjo pour s'enquérir lui même des nouvelles de la vieille Joséphine. Véronique qui était près de lui, les oreilles dressées pour écouter la conversation, vit son visage se décomposer pendant une fraction de secondes, mais il se reprit aussitôt. 


_Koudjo a dit quoi ? Et dada ? Elle ne peut pas me parler ? Pourquoi tu raccroches sans me la passer ? 


_Calmes toi chérie, calmes toi. Dada va bien. Elle a été malade ces derniers jours, c'est peut être la cause de ton sentiment mais elle va mieux maintenant et ta maman est rentrée d'Accra pour quelques semaines donc elle prend soin d'elle. Marguerite m'a dit qu'elle dormait mais qu'elles allaient rappeler après quand elle sera éveillée d'accord ? Elle n'a rien de grave. Je leur enverrai d'ailleurs un peu d'argent au cours des prochains jours, promis.


_Ouf! Je me sens un peu soulagée maintenant, merci chéri. 


Les nuits qui suivirent, Véro rêva beaucoup de sa grand mère, elle rêva d'elle chaque nuit pendant un mois mais elle mit cela sur le compte du fait qu'elle lui manquait.


Trois mois après ces événements, Joseph commença à se comporter de façon étrange. Il se mettait en colère pour un rien et criait sur ses enfants et leur mère. À un tel point que les enfants finirent par avoir peur de lui. Véro se dit qu'il avait peut être des soucis au boulot mais lorsqu'elle essaya d'en discuter calmement avec lui, cela le mit encore plus en colère. 


Un soir qu'ils devaient se mettre au lit, il remarqua que Véronique n'avait pas appliqué son lait de corps comme à l'accoutumée.


_Où est ta pommade Véro ?


_Ah! C'est fini, j'allais justement t'en parler pour que tu m'en achètes. 


À peine avait elle finit de parler qu'il lui administra une violente gifle.


_Si je n'avais pas remarqué est ce que tu me l'aurais dit ? Tu veux arrêter d'éclaircir c'est cela ? Demanda t il avant de lui administrer une autre baffe sur la seconde joue. 


Véronique resta figée, les deux mains sur les joues, la bouche ouverte et les larmes qui coulaient. Elle ne sut quoi dire. Joseph lui avait fait beaucoup de choses durant toutes ces années de relation mais c'était la première fois qu'il levait la main sur elle. 


_Demain je te rapporterai une boîte de pommade et tu as intérêt à l'appliquer, menaça t-il.


Elle s'empressa de hocher la tête craignant un autre coup. Elle pleura toute la nuit. Le lendemain Joseph s'excusa en disant qu'il ne savait pas ce qui lui était arrivé. Elle accepta ses excuses mais depuis ce jour là elle vécu dans la crainte pour elle et ses enfants.


Deux semaines après un autre incident survint. Véronique causait devant sa porte avec tanti Nafissa lorsque Joseph rentra du boulot. Dès qu'il les vit il s'écria :


_Qui c'est ça? Je ne veux pas la voir chez moi.


Véro ouvrit grand les yeux, tellement elle était étonnée.


_Ah mais chéri c'est tanti Nafi, qu'est ce que tu racontes? 


_Mais voisin ça va ? C'est moi tanti Nafi, renchérit la dame ne comprenant rien elle non plus.


_Je me fiche de qui tu es, dégage de chez moi, gronda t-il d'une voix forte. 


La dame prit peur et s'empressa de rejoindre sa chambre en marmonna :


_Safroulaye mais c'est quelle histoire ça ?


Véronique commença sérieusement à paniquer, elle sut que quelque chose n'allait plus avec son homme.  Elle commença dès lors à passer des nuits blanches, elle n'arrivait plus à fermer l'oeil longtemps craignant qu'il ne se lève pour la frapper elle ou les enfants pendant la nuit.


Une nuit justement, elle était éveillée lorsque Joseph se leva brusquement et se mit à arpenter la pièce comme à la recherche de quelque chose.


_Joseph? Qu'est ce que tu cherches ? Demanda Véro en se levant à son tour. 


_Je cherche mon passeport, il faut qu'on parte, répondit il en continuant de fouiller de part et d'autre de la pièce. 


_Passeport? Mais Jo tu n'as pas de passeport. 


Il se retourna et cria:


_Si j'en ai, j'en ai et je dois le retrouver, nous devons partir. 


Véronique recula apeurée. Ce qu'il vit dans ses yeux ne lui plu pas du tout, il y avait une lueur qui brillait dans ses yeux, comme s'il était possédé. Elle se dit qu'elle ne pouvait pas rester dans cette chambre avec lui et les enfants, elle se dit que ce pourrait être dangereux. Mais comment faire pour sortir de là elle ne le savait pas. En attendant, sachant qu'elle ne devait pas le contrarier, elle fit semblant de chercher son passeport imaginaire avec lui. Il n'arrêtait pas de répéter :


_Nous devons retrouver ce passeport, nous devons partir. 


_Oui chéri nous allons le retrouver, nous allons partir ne t'inquiètes pas. Nous allons retrouver ton passeport. 


Ils cherchaient le passeport invisible depuis une demi heure lorsque Véro eût une idée. 


_Ah! Chéri, je vais aller chercher le passeport dehors, peut être que nous l'avons laissé tomber tu sais, lui dit il le cœur battant la chamade en se demandant si le stratagème marcherait. 


_Tu crois ? Bon d'accord vas chercher alors. Mais fais vite nous devons partir.


_D'accord, j'ai compris chéri, s'écria t elle soulagée. 


Elle alla ouvrir la porte et couru jusqu'à la porte de Nafissa. Elle toqua en priant pour qu'on lui ouvre. Il devait être dans les 2h du matin.


_C'est qui? Demanda le mari de Nafissa depuis la chambre. 


_Tonton Abou c'est moi Véronique, ouvrez moi je vous en supplie, j'ai besoin d'aide. 


Il s'empressa d'ouvrir la porte et sortît torse nu, un drap noué autour de la taille. Derrière lui sa femme était en robe de nuit. 


_Il se passe quoi ma fille ? Demanda Abou à Véronique. 


_Tonton c'est Joseph, je ne le comprends pas, il n'est plus normal il raconte des choses que je ne comprends pas. Il parle d'un passeport qu'il cherche pour que nous partions je ne sais où. Alors qu'il n'a jamais eu de passeport et nous n'avions aucun voyage de prévu. 


_Voila, je me doutais bien qu'il n'était plus lui même ces derniers temps, s'écria Nafissa. 


_Tanti s'il vous plaît aidez moi, je ne veux pas rester seule avec lui et les enfants dans la chambre. Je ne sais pas quoi faire. 


_Attends ma fille, nous allons nous habiller et on vient, ça va aller on va trouver une solution, lui dit Abou. 


Il retourna dans la chambre avec son épouse et ils ressortirent quelques minutes plus tard. Lorsqu'ils arrivèrent dans la chambre, ils trouvèrent Joseph entrain de mettre un désordre sans nom dans la pièce et les enfants qui étaient réveillés, sans doute à cause du bruit que faisait leur père. Ils étaient arrêtés devant leur chambre mais Joseph ne semblait pas se rendre compte de leur présence. 


_Maman, qu'est ce qu'il cherche papa? Demanda Angela lorsqu'elle vit sa mère. 


_Rien ma chérie, nous faisons juste le ménage, ne t'inquiètes pas. 


Nafissa lui murmura à l'oreille :


_Laisses moi aller les coucher chez moi en attendant qu'il fasse jour. Je vais les coucher dans mon lit, Mariam et Adja sont là, elles vont veiller sur eux ne t'inquiètes pas.


_D'accord, merci. Mes chéris, vous allez être gentils et aller avec tanti Nafissa d'accord ? Vous allez faire dodo là bas et après je viendrai vous chercher d'accord? 


Les enfants qui étaient encore un peu ensommeillés, n'opposerent aucune résistance et suivirent docilement Nafissa. 


Pendant ce temps, Abou essayait d'arrêter Joseph dans sa recherche frénétique du passeport. 


_Ecoutes voisin, nous avons retrouvé le passeport tu peux arrêter de chercher, lui dit il. 


_C'est vrai ? Où est il? Donnez le moi, nous devons partir. 


_Je le garde pour qu'il ne se perde plus ne t'inquiètes pas, je l'ai avec moi, là dans ma poche. Viens t'asseoir, viens. 


Il essaya de le prendre par le bras pour le faire asseoir mais Joseph résistait. 


_Non non nous n'avons pas de temps, Véro ranges nos affaires nous devons partir. 


_Oui Véro ira ranger les affaires, Nafi va l'aider pour que ça aille plus vite. Mais pour le moment viens on va s'asseoir. 


Ce disant, Abou fit signe discrètement à Véro et Nafissa, qui était revenue, d'aller dans la chambre à coucher. 


Ces dernières s'en allèrent donc pendant que Joseph s'assit à côté de Abou, qui s'occupa de le distraire. 


Vers 4h du matin, il s'assoupit enfin dans son siège et de temps en temps disait dans son sommeil :


_Nous devons partir, nous devons partir. 


Abou profita de cette accalmie pour discuter avec Véro. 


_Ma fille, il faut que tu le ramènes au pays et le plus tôt sera le mieux. Tu ne peux pas gérer ça toute seule ici, tu es trop jeune pour ça, tu dois le ramener à sa famille. 


_Il a raison Véro, tu dois le ramener chez vous. Tu ne peux pas gérer ça seule. Et ce que je vois là, c'est plus spirituel que physique, renchérit Nafissa.


 Aussitôt dit aussitôt fait, tous les voisins se mobilisèrent pour aider Véronique à tout organiser.  Ils se relayerent à tour de rôle pour garder constamment les yeux sur Joseph. Certains allèrent informer ses employeurs et réglèrent toutes les formalités à son boulot. D'autres allèrent prendre les tickets de bus à la gare avec l'argent qu'ils avaient tous cotisé, d'autres encore aidèrent Véronique à emballer rapidement quelques affaires. Tout se passa tellement vite que deux jours plus tard Véro était dans un bus avec Joseph qui délirait plus que jamais, en direction de Lomé. Elle avait été obligée de laisser ses enfants sous la garde de tanti Nafissa. Cette dernière lui avait dit qu'elle ne pouvait pas effectuer ce long voyage qui durerait environ 24h, avec eux et Joseph qui avait constamment besoin qu'on garde les yeux sur lui. Elle l'avait donc convaincue de les lui laisser et de revenir les chercher lorsque tout serait arrangé. Cela lui avait déchiré le cœur de les laisser, mais elle savait que tanti Nafissa et les autres en prendrait bien soin et puis elle serait bientôt de retour. Du moins, l'espérait t elle......

Véronique ou une vie...