RÉVÉLATIONS... ET LA VIE CONTINUE..

Ecrit par Chelso

Point de vue de Georges :

'' Apparemment, elle ne s'attendait pas a me voir, ma très chère tante... Apparemment. Je ne suis quand même pas venu a l'improviste, si ? Je rigole... Je sais très bien que je la prends par surprise, et qu'elle est encore plus choquée parce qu'il y'a quelques années, je suis venu chez elle ce même jour, a la même heure, pour qu'elle me donne des conseils avisés. Tellement avisés, d'ailleurs... J'ai quand même pu m'en sortir grave a elle. Même si son but, au départ, c'était de m'éloigner. Mais il faut qu'elle me dise. Qu'elle me dise pourquoi... Pourquoi elle m'en voulait, et m'en veut a ce point. Pourquoi elle a voulu me faire autant mal. Pourquoi elle a sapé ma vie, mon moral, mon avenir ici. Pourquoi tout ! Et aussi, comment elle y est arrivée ? Je sais que dans mon pays, atteindre les gens est très facile, mais tant que le concerné ne laisse pas une porte ouverte, le mal ne peut pas se faufiler... Alors j'aimerais savoir, qu'est-ce que j'avais laissé comme porte ouverte au mal, et qu'elle a pu utiliser pour m'avoir ? Je la suis dans le grand salon, mais je répugne a m'asseoir... Qui sait... Elle a bien pu placer quelque chose sous ses fauteuils... Je suis bien content d'être reparti de zéro, mais je vais éviter les situations qui vont m'amener a recommencer... Sentant que je ne voulais pas rester dans son salon, elle m'amena sur la terrasse. Parfait. Elle n'était pas si bête, en fait. Je m'adossai contre le balcon, la fixai, et lui enjoignis de parler. Ce qu'elle fit. Sans attendre...

<< Dans ma famille, nous étions juste trois, au départ. Père, mère, enfant. On avait ce qu'il fallait, quand il fallait, et j'étais sûre d'être aimée de mes parents. Pendant six ans, j'ai été très heureuse. Puis ma petite soeur est née. Ta mère. Elle était trop adorable, trop mignonne, généreuse et souriante, affectueuse, et tout ce qu'elle voulait, elle l'avait, en un clignement de cils. J'ai senti mes convictions vaciller. J'ai senti que ma petite vie paisible était sur le point de s'envoler. J'étais très jalouse d'elle. Depuis que j'avais six ans. Depuis sa naissance. Parce que j'ai commencé a ne plus avoir la même importance pour mes parents. Mais je ne le montrais pas. Je ne montrais pas a quel point j'étais atteinte de cette baisse d'attention. De ce manque d'amour. Puis elle a eu dix ans. Et papa a commencé a chercher une autre femme, dehors. Lorsqu'il l'a trouvée, et l'a ramenée a la maison, elle s'est attachée a cette femme et vice versa. Dès que papa s'en est rendu compte, ça a été le feu vert. Pour faire entrer une inconnue dans notre vie familiale. Sa petite chérie aimait bien sa dernière acquisition. C'était la permission de Dieu qui parlait a travers elle. Il n'a rien trouvé de mieux que de l'épouser puis de l'installer dans notre maison, de l'introduire dans notre cocon familial. J'étais sceptique quand a l'ambiance qui allait désormais régner dans la maison. Mais avais-je voix au chapitre ? Les premiers mois de cette...collaboration je dirais, je ne peux pas dire mariage, jusqu'à présent. Donc, les premiers mois de cette collaboration, tout allait bien. Les choses ont commencé a dégénérer quand ma très chère soeur a commencé a vouloir ci et ça. C'est de mon argent de poche que ses plaisirs étaient payés. Puis ensuite, je faisais tout a la maison, alors qu'elle se prélassait, ou léchait les bottes d'Angèle. Elle était tellement mignonne que madame ne pouvait se résoudre a la faoe travailler, elle. Mais moi non. Elle était si adorable qu'il était hors de question qu'elle ne reçoive pas des cadeaux de temps en temps. Et par là, j'entends bien '' tout le temps '' ! Je suppose que toi non plus tu ne connais pas cette sensation, lorsqu'on est mal-aimé, souffre-douleur, au profit de sa propre soeur... Bref. Nous avons grandi, je m'étais trouvé un beau parti, mais bien évidemment, il a fallu qu'il croise ma soeur. Il a annulé nos fiançailles. Pour la demander en mariage. Par pitié pour moi, ta mère a refusé. Mais l'humiliation était déjà bien là. D'autant plus que j'étais enceinte de lui. Et ma soeur le savait. Je suppose qu'elle était un peu dégoutée d'utiliser le sexe d'un homme qui avait foutu sa soeur enceinte... J'ai accouché d'une fille, Félicité. Tu la connaissais, d'ailleurs... >>

A ce moment de son récit, ma tante a vrillé ses yeux dans les miens, et la vérité que je refusais de voir en face m'explosa a la figure. C'était sa fille !? Sa F-I-L-L-E ?? Mais, pourquoi l'avait-elle chassée ? Espérait elle qu'on se rencontre ? Qu'on s'aime ? Avait-elle prévu sa mort ? Était-elle vraiment la meurtrière de sa propre fille ? Félicité était donc ma cousine...  Est-ce que Féli connaissait nos liens de parenté ? Les questions se bousculaient dans ma tête. Elle continua son histoire..

<< Comme pour me faire mal, me rappeler mon humiliation, Félicité n'avait aucun de mes traits. Elle ressemblait en tout point a son père. Son père qui m'avait laissée pour ma soeur et que j'essayais en vain d'oublier, étant mon seul amour jusqu'à présent. Je ne sais comment et a quel moment, mais j'ai reporté ma haine sur elle. Je le reconnais, je la maltraitais comme si elle n'était pas ma fille. Puis un jour, énervée, je l'ai virée. De ma maison. De sa maison. De notre maison. Juste après, le remords m'a saisie, et j'ai couru après elle pour m'excuser. Mais je l'ai vue te rencontrer, et rentrer dans ta voiture sans regarder derrière elle. Preuve qu'elle aussi me lâchait, sans remords. Arrêtait de m'aimer, comme mes parents auparavant. Ma haine m'a reprise. Plus forte, plus violente. D'abord ta mère, ensuite toi ! Pour m'arracher des personnes de ma vie ! Je n'allais pas le supporter. Dirigée par ma colère, mon ressentiment, je me suis rendue chez un charlatan dont j'avais entendu parler, et j'ai tenté de t'avoir par un sortilège. Qui ne devait se déclencher que lorsque tu aurais des sentiments pour ta propre cousine. Même les dieux du mal n'aiment pas l'inceste... C'est par là que le mal est rentré dans ta vie. Même si tu ne le savais pas, tu venais d'offenser les entités et la punition était convenue. Alors tout ce que tu sais a commencé a t'arriver. Quand tu es venu me voir, réclamant mon instinct maternel et mes conseils, je me suis sentie mal, mais pas pour longtemps. Je me suis rappelée que tu n'avais jamais daigné me rendre visite avant, et il a fallu que tu sois dans la merde, et que ta famille te renie, pour que tu te souviennes de moi. La suite, tu la connais. Je t'ai donné tes fichus conseils et éloigné de ma vie. Ta mère était partie, a ton tour.. J'allais pouvoir vivre en paix. Et aimée du peu de personnes qu'il me restait, et que ta mère et toi ne m'aviez pas encore arraché. Pendant des années, tu ne m'as pas fait signe, et a un moment, j'ai voulu tout arrêter. Pour te laisser vivre en paix si tu étais encore en vie. Mais celui que j'étais allée voir est mort il y a un moment. Je ne pouvais plus annuler le sort. Je n'ai plus jamais eu de nouvelles de toi, mon mari est décédé, mes enfants restants sont partis chacun de leur côté, et je me suis retrouvée seule. Alors si tu veux me tuer, vas y. Je n'ai plus rien a perdre. Je n'ai rien connu comme amour durable et fiable de ma vie, alors j'arrête d'essayer de forcer les gens a m'aimer. Je veux me reposer, ou aller en enfer. Si ça existe. Finissons en. >> 

J'ai été touché par sa confession. Même si j'en avais bavé, elle n'étais pas mauvaise, au fond... Je savais que j'avais bien fait de venir m'expliquer avec elle. Elle n'avait juste pas eu l'amour qu'elle devait avoir. Sinon le bien en elle aurait été plus vivant. Plus prononcé que le mal. Beaucoup plus. Je ne lui en veux pas...

Même si je n'ai toujours pas digéré pour Féli.

 Je savais que tout ça ne serait pas arrivé si je n'avais pas laissé une faille. J'ai mal, mais je ferai avec. J'évoluerai. Ma nouvelle vie avait commencé, les démons du passé étaient enterrés, et les coupables, pardonnés. Il me restait juste une chose a faire. Aller voir ma famille. Et leur dire que je ne leur en voulais pas. Mon père devait être vieux... Et mes frères... Ils m'ont manqué. 

Et après les avoir vus, embrassés et rassurés, j'irai prendre le numéro de cette jolie fille que j'avais croisée dans le prêt-à-porter d'à côté... Elle n'est pas mal... Pas mal du tout....

Sourire aux lèvres, je laissai ma tante sur la terrasse, et m'en allai. Derrière moi, les ombres de mon passé dansaient, puis s'évanouissaient, une a une. Dans le ciel, le soleil me souriait. L'astre de lumière, le seul témoin dans tous les pays où j'avais vécu, brillait comme pour me bénir. En tant que témoin. Témoin de ma RÉDEMPTION.

RÉDEMPTION