QUI A DIT QUE LES CHAÎNES NE POUVAIENT PAS TOMBER ?

Ecrit par Chelso

Point de vue de Georges : 

'' Pendant six jours, j'ai jeûné. Pendant six jours, je suis resté silencieux. Pendant six jours, je livrais mon combat contre ce qui me hantait. Je priais. Je jeûnais. Je me taisais. La peur m'avait déserté. Je savais que si je voulais me libérer, je ne devais pas lui montrer de failles. Aucune. Au soir du sixième jour, je ne pouvais m'endormir. Je savais que cette nuit, quelque chose se passerait. Alors j'ai allumé toutes les lumières, j'ai fermé la porte de ma chambre, et j'ai attendu. Si je m'endormais, c'était fichu. Il viendrait dans mon rêve. Et il me tuerait. Pour me punir d'avoir essayer de le supprimer. 

Une heure. Deux heures. Et trois heures passèrent. J'attendais toujours. Puis soudain, je me tordis de douleur. Je ressentis de violents maux de tête. Il était là. Il tentait de prendre possession de moi. Je ne m'étais pas empêché de manger tous ces bons repas pendant six jours pour finir par perdre si près du but.. Je résistai. 

Par contre.. Je venais de me rendre compte de quelque chose... Ces maux de tête, j'avais eu les mêmes au départ, quand Féli était venue chez moi. Alors c'est depuis ce jour là que tout avait sombré...

Les maux de tête ne s'en étaient pas allés, que je fus paralysé. Durement éprouvé, je serai les dents, me mordis les lèvres jusqu'au sang, usai de toute ma volonté pour essayée de me relever. Impossible, je ne pouvais pas bouger. Alors je restai calme. Stoïque. Il finirait bien par sortir. Il suffisait qu'il en ait marre et qu'il sente qui commandait. 

Quand j'y repense, je me demande si je n'ai pas imaginé cette scène. Si je ne suis pas devenu fou au point d'avoir des hallucinations. Si mon jeune ne me retombait pas dessus. Mais depuis ce jour, je suis tranquille, et plus rien ne se passe quand je rêve de quelqu'un, alors je suppose, avec raison, que ça a marché..

Je suis resté paralysé dans mon lit pendant six heures de temps. Avec des céphalées atroces. A fixer le plafond, et a faire preuve de détermination. Il sonnait cinq heures quand j'eus l'impression de sentir quelque chose sortir de moi en m'arrachant tous mes organes. J'avais mal, mal comme si j'enfantais. Mon être intérieur semblait vouloir sortir de moi, je me sentis déchiré. La moindre inspiration me provoquait des brûlures, partout en moi. Ma peau me démangeait. Me brûlait. On aurait dit que je me separais en deux, qu'une partie de moi sortait de moi. 

Cette douleur, je ne l'ai pas imaginée. Cela, j'en suis sûr. C'est a ce moment que je compris que mon pays avait vraiment une forte relation avec ses dieux. Sinon, comment expliquer ce qui m'arrivait ? 

Puis il sonna six heures. Pile. Septième et dernier jour. Et je ne vis plus rien. Mes yeux, pourtant grandement ouverts, ne laissaient plus filtrer la moindre lumière. Le pouvoir de ce truc augmentait dans le noir... C'est donc pour cela que quand je dormais dans le noir, mes rêves avaient ces conséquences... Quand je m'endormais devant les dessins animés, a mon arrivée en Espagne, rien ne se passait. La moindre lumière ne lui était donc pas favorable... Et il pensait qu'en me rendant aveugle, il pourrait de nouveau prendre possession de moi ? Oh, noon. Un sourire amusé incurva mes lèvres. 

Et dans la tête, j'imaginai un ciel, bleu, d'un bleu parfait, avec un soleil a son zénith. 

Tant qu'à faire de la lumière, autant qu'elle soit la plus puissante possible... N'est-ce pas ? 

Mais j'étais beaucoup trop apaisé par cette vision. Je risquais de m'endormir. Alors j'ouvris mes yeux. D'abord de manière floue, les objets de ma chambre m'apparurent ensuite distinctement. Je restai paralysé. Affaibli. Affamé. Tremblant. Mais déterminé. 

Et le jour se leva. Le soleil apparut timidement a a ma fenêtre, éclairant mon âme meurtrie mais gagnante, réchauffant mon corps affaibli mais libéré. Et les derniers zestes de ténèbres s'en allèrent lorsque je posai mon pied droit a terre. S'en allèrent en laissant dans ma tête l'image d'un visage. En gros plan. Un visage que j'avais vu depuis assez longtemps. Comme un dernier message du démon, avant sa mort.. Un message qui me laissa un goût amer dans la bouche.

En silence, je priai. Pendant longtemps. 

Et rassénéré, je me dirigeai vers ma douche. 

Lorsque je croisai mon regard dans le miroir, quelque chose avait changé. Je ne savais pas quoi, mais quelque chose avait changé.  

Sur le dos de ma main droite, une cicatrice. Ou plutôt, une marque. Comme celles qu'on a depuis la naissance. Représentant une couronne. 

Car oui, je suis un Afiō, ne l'oublions pas. 

Il a fallu que je me batte moi même. Et que je prie. Comme quoi...aide toi, le ciel t'aidera.

Cette dernière journée, je l'ai passée a prier et a jeûner. Mesure de précaution.

Et le lendemain, j'ai repris mon jet privé. Certaines affaires étaient restées trop longtemps en suspense.. ''






Depuis la veille, elle ne se sentait pas bien. Pas qu'elle tombait malade. Plutôt, son sixième sens l'avertissait. Et cela avait commencé depuis une semaine. Mais ce matin, elle sentit que quelque chose avait changé.

Aujourd'hui, elle allait rester a la maison. C'était peut-être la fatigue qui la rendait ainsi. Elle allait se reposer avant de retourner a la boutique demain. 

Se dirigeant vers le salon pour regarder la télé, la sonnette retentit. Son coeur chancela. De surpise. Son regard se dirigea vers la montre murale, et elle lut : 10h00. Il y a plusieurs années, son neveu s'était pointé exactement a l'heure là, pour prendre conseil chez elle. Sa ponctualité l'avait fait sourire, a l'époque. Personne ne l'avait même plus revu, celui là. 

Elle se dirigea vers l'entrée, un sourire affable et faux sur les lèvres, pour accueillir l'invité inopportun. Dix heures du matin ! Qui pouvait bien s'être déjà levé et lavé au point d'aller chez les autres ? 

Elle ouvrit le battant, et son bonjour mourut sur ses lèvres. De même que son sourire. 

Son visiteur, une main dans la poche, un regard indéchiffrable et une expression neutre, retira ses lunettes fumées hors de prix, et ouvrit la bouche. 

<< Bonjour, ma tante. Je suis de retour, juste pour vous. Je crois qu'on doit discuter... Vous ne pensez pas ? >> 



RÉDEMPTION