Se perdre

Ecrit par RIIMDAMOUR

Je ne vis plus qu'à moitié depuis une semaine, et pour cause, mon mari ne me parle plus, il ne mange plus ce que je cuisine, c'est à peine s'il reste à la maison, à part pour dormir.
La nuit, il vient se coucher très tard, après que je me sois endormi.
Et si jamais j'ai le malheur de le toucher pendant qu'il dort, il ne me prend plus dans ses bras. Pire, il se détache de moi, ou bien il me repousse.

Ce qui me fait le plus mal, c'est qu'on en soit là, après quelques heures de réconciliation seulement.

Il veut que j'aille m'excuser auprès de sa mère, mais je n'ai rien fait.
Je campe sur ma position.
C'est elle qui doit me présenter des excuses pour " satannerie " excessive, mais pas moi.
Je n'ai rien fait, rien dit.

J'en suis réduite à l'état de zombie, je me tue à la tâche pour ne pas y penser, j'imagine aussi que je rends la vie dure à mes employés/collègues.

Je suis devenue beaucoup plus pointilleuse qu'avant, je passe peu de temps dans mon bureau, j'ai repris mon poste à la cuisine.
J'exaspère tout le monde et je le sais. Ce matin, Djouma m'a lancé un regard de reproche quand j'ai crié sur mon commis aux viandes, c'est qu'il le méritait aussi.
Depuis que je l'ai engagé, il ne respecte jamais mes ordres, je pense que c'est parce qu'il est plus âgée que moi, et aussi parce que je suis une femme.
Je lui ai montré qui était le boss.
Maintenant que je suis monté en grade dans son estime, je pense qu'il me respectera.

Je suis tellement malheureuse.
Avant de le connaitre je l'étais bien sur, mais pas autant.
À l'époque mon seul soucis était de me tirer de chez ma belle-mère et de me venger, je n'avais pas d'attache particulière.
Maintenant j'en ai.ça
C'est lui.
C'est à lui que je suis tellement attachée.

Mes mains me brûlent quand je le vois, j'aimerais tellement toucher sa peau.
Je ne peux m'empêcher de me mordre les lèvres quand je l'aperçois, ses baisers me manquent.
Et j'ai l'impression de suffoquer quand on se trouve dans la même pièce, son odeur emplit mes narines sans que je ne puisse l'approcher.

Je souffre et je sais que lui aussi.
Avant hier, il n'a pas arrêté de me regarder du coin de l'œil. J'ai surpris son regard sur moi une bonne dizaine de fois.

Je sais que je lui manque, parce que je le connais.
Je sais qu'il aime bien nos petits tête à tête lors du déjeuner, je sais qu'il aime nos échanges parce qu'on s'intéresse au travail de l'autre.

Je sais qu'il aime quand je fais ma gamine capricieuse, il adore par dessus tout retourner la situation en sa faveur, faire semblant de bouder à son tour pour que je lui présente des excuses, que je lui fasse de petites gâteries coquines.

Et ce que je sais vraiment, ce dont je suis certaine, c'est qu'il aime ma cuisine, il en a tellement l'habitude qu'il ne mange que ça.

Il a une mine atroce, moi aussi.
Maintenant j'hésite, je me demande si je ne vais pas finalement lui faire le plaisir d'aller m'excuser auprès de Tata Aly.

Je ne peux pas vivre dans ces conditions là, et puis c'est mon mari. Je ne vis que pour son bonheur
Ça me tue de le voir dans un état pareil.

Mon oncle Beckaye me dit toujours qu'il faut faire des concessions dans le mariage.

Et puis, ne dit-on pas toujours qu'en amour et orgueil ne vont pas de paire?

J'ai pris ma décision, je vais lui dire que demain, j'irais présenter mes excuses à sa mère.

*******************

Josée Da Rosa

J'y réfléchis beaucoup ces temps-ci, je veux dire à Milou que je suis amoureuse de Kevin.
Je ne veux pas qu'elle l'apprenne par quelqu'un d'autre que moi.

Je ne sais plus très bien où elle en est avec lui, elle semble s'être épanoui dans son mariage. Elle s'est rapproché de Amine, évidemment, puisqu'elle a même porté son bébé.

Ce qui m'a d'ailleurs assez surpris. La dernière fois que je les ai vu ensemble, avant qu'elle ne perde son bébé, c’était le jour du mariage de l'ainé des frères Aïdir. Le jour où elle a été droguée sous les yeux de son mari.

Il a été terrifié, apeuré, inquiet. Mais en aucun moment, je n'ai remarqué un quelconque rapprochement entre eux.

Mais je ne dois pas m'étonner qu'il se passe quelque chose entre eux.
Deux adultes qui passent tout leur temps ensemble...
En plus Amine n'est pas mal, et Milou est belle.

J'espère seulement qu'elle est heureuse dans son mariage.
J'aurais pu lui demander bien-sûr, mais je n'ai plus le droit de m'immiscer dans sa vie privée.
Je sais que je ne comptes plus pour elle, enfin...plus comme avant, et je ne peux que m'en blâmer.

Mais je voulais juste la protéger.
Si j'étais proche d'elle Safiètou m'aurait demandé de continuer de lui donner des informations sur elle, et je n'aurais pu qu'obéir.
J'ai beau être une garce. Une salope, et tout ce qu'on veut, je suis une amie fidèle, et il me reste un peu de dignité
J'ai prétendu que Milouda ne voulait plus me voir, qu'on s'est disputé, Safietou ne m'a pas cru dans un premier temps, peut-être qu'elle se doutait que je mentais. Milouda ne m'aurait jamais fait ça.
Puis elle m'a foutu la paix.

J'ai changé de puce téléphonique pour que Milou ne puisse pas me joindre; et je suis certaine qu'elle a essayé ; puis j'ai trouvé du travail.

Pendant plusieurs mois j'ai réussi à fuir la vieille sorcière.
Mais un jour elle m'a trouvé à l'hôpital, alors que j'accompagnais papa pour une visite, elle m'a demandé de reprendre contact avec Milouda.
J'ai refusé. Sous prétexte qu'on ne se parlait plus.

Même si je la connaissais depuis plusieurs années, même si j'ai longtemps été témoin de toute sa méchanceté. Je m'étonnais toujours qu'elle soit aussi motivée à faire du mal à Milouda.

Elle a été plus que ravie quand Milouda a perdu son bébé, elle avait tout fait pour trouvé ma nouvelle adresse.
Elle m'a trouvé chez moi avant hier me demander de continuer à espionner Milouda.
Elle m'a dit qu'elle savait qu'on était toujours amie puisque j'ai passé plusieurs jours chez elle pendant son rétablissement.

J'ai dit niet. Jamais je ne recommencerai.
Elle a menacé de ne plus payer le traitement de mon père, j'ai campé sur ma position.
Elle a menacé des s'en prendre à mon père...

Cette femme a un grain, wanté, je n'attends qu'une seule chose, qu'elle fasse du mal à mon père.
Wallay elle saura qu'elle n'est pas la seule méchante.
Dina xamni lëppaayy deuggga ( comme l'a dit la petite fille de la vidéo).

Je l'ai menacé , à mon tour, de dire à tout le monde, qu'elle était pour qu'elle que chose dans l'avortement de Milouda.
Là, elle a tiqué, elle s'est tout tout de suite et elle est partie.

Quand j'ai proféré cette menace, je n'ai pas réfléchi du tout, j'ai dit la première chose qui m'est venue à l'esprit, jamais au par avant je n'avais pensé qu'elle puisse être liée à cette histoire.

Mais quand elle est partie, j'ai eu un grand moment de trouble.

Ne dit-on pas que qui ne dit mot consent?
Or, la vielle sorcière n'a pas accepté être liée a cette histoire, elle n'a pas nié non plus.

Mais ça me semblait irréaliste, cette femme pourrait-elle aller jusqu'au meurtre pour rendre Milou malheureuse.
Car c'est de ça qu'il s'agissait, de meurtre, tuer un bébé...

J'ai réfléchi et j'en suis arrivée à la condition que je devrais en parler à Milouda.
Elle pourra prévenir Banina, la détective.
Je pense qu'il faut neutraliser Safiètou une bonne fois pour toute.
Surtout qu'elle traîne avec l'ex d'Amine et sa mère, je sais qu'elles préparent quelque choses.
Une fois Safiètou m'a donné rendez-vous dans un restaurant pour me donner l'agent du traitement de papa, je les ai trouvé toutes trois attablées.
Elles se sont tues dès mon arrivée.

J'ai essayé de leur tirer les vers du nez, mais elles ne m'ont rien révélé.

Je dois mettre Milou en garde, de nouveau..

Pour en revenir à Kevin, j'espère vraiment que Milouda ne s'intéresse pas à lui, il me plaît vraiment trop et je sais que je lui plais.

**************

Milouda

Hier Josée a passé la journée avec moi, c'était mon jour de repos.
Elle m'a parlé de tout, de Safietou, de Kevin...
Je ne lui fais plus confiance, c'est un fait, mais je sais qu'elle s'en veut.

Son but n'était pas de me nuire après tout. Elle voulait juste soigner son père.

Elle a raison sur le fait qu'elle n'a pas pu me parler de leurs problèmes d'argent à l'époque, ça n'aurait fait que me rajouter d'autres soucis.
À l'époque, je ne recevais pas un seul petit centime de ma belle-mère, le peu d'argent que je réussissais à avoir, je le lui piquais.
Elle avait tendance à laisser trainer des billets partout, sans s'en soucier.
Moi, je gardais tout ce que je trouvais, c'était l'argent de mon père après tout.
Je lui piquais sa monnaie et je n'en ai jamais eu honte.

Le voleur volé.

Si je ne faisais pas ça, je n'avais nulle part où trouver de l'argent, et j'en avais besoin, pour manger notamment.
Safiètou m'affamait, elle me faisait servir de toutes petites portions de nourriture, pour me faire garder la ligne, disait-elle.

" Je ne voudrais pas que tu sois un boudin comme ta pauvre mère " Avait-elle dit un jour pour me faire enrager.

Je me servais se cet argent pour fait entrer de la nourriture clandestinement dans ma chambre.

Tout ce que cette histoire m'a fait réalisé, c' est que Safietou est déterminée à m'anéantir.
Elle essaie depuis plusieurs années, et si je ne fais pas quelque chose, elle va réussir.

Mais il y a une chose, je ne sais pas faire du mal.

Je ne suis pas méchante.

Alors comment faire ?

Et à propos de Kevin....

Évidemment que ça me saoule qu'elle tombe justement amoureuse du mec qui me plaisait.

Sérieusement quoi !

Heureusement, je sais maintenant que je ne suis pas amoureuse de lui.
Pour lui, je ne ressens pas le dixième de ce que je ressens pour Amine.

C'est vrai que Kevin est plus grand que mon chéri, et plus beau, c'est carrément un Dieu vivant.
Mais mon coeur a choisi.

Mohamed Al Amine Aïdir rekk.

Je crois bien que je n'ai jamais été "in love" de Kevin.
Il y a juste qu'il est arrivé dans ma vie comme une bouffée d'air fraîche.
Il m'a fait rire, il m'a rendue la gaité que j'avais perdu.

Il compte beaucoup à mes yeux, c'est une personne entière, je l'adore.

Je suis contente que Josée ait trouvé chaussure à son pied.
Enfin... Si seulement Kevin est intéressé, car d'après Josée, Kevin est indéchiffrable.

Les hommes...

Mais je pense si jamais ils se mettent en couple, je serai heureuse pour eux.

Amine mom... Je ne sais vraiment plus comment faire avec lui.

Si je ne fais rien, je sens que ça va finir mal.
Et si je fais quelque chose, c'est à dire, que j'aille m'excuser auprès de sa mère comme il le veut, je passerai pour celle qui avait tort depuis le début.

En tout cas dal, il faut que je trouve une solution et vite.
Mon mari me manque.

********************
Là j'ai bien réfléchi, je vais aller demander pardon à ma *** de belle-mère.
Je compte bien lui signifier que ce n'est pas de gaité de coeur que je le fais. Je veux juste me réconcilier avec Amine.

J'ai composé son numéro depuis bientôt deux minutes, elle ne répond pas.
Je suis sur le point de raccrocher mais un tiit me fait savoir qu'elle a finalement décroché.


- Allô ! Fait-elle.

- Allô tata Aly, c'est Milouda.


Silence...

Silence...

- Lane leu? Qu'est-ce qu'il y a? Fait-elle sèchement.


- Je t'appelais pour m'excuser pour la dernière fois...

- Hunn... Et que s'est t-il passé la dernière fois?


- Ha? Xana dou c'est toi qui a dit que je t'ai manqué de respect? Tata Aly?


Elle me répond par un long tchip.

- Iow Milouda, tu sais très bien que tu n'as rien à te faire pardonner. Répond elle sèchement. Boulma diomal. Ne me fais pas peur.


- Je sais tout ça. Il y a juste que mon mari m'a demandé de te présenter des excuses, je l'ai fait.

Je l'entends qui marmonne tout bas.


- Tata Aly, tu m'excuses ou pas?

Elle ne prend pas la peine de me répondre.


- Tata Aly, qu'est ce que je t'ai fait nakk?

Elle éclate de rire.


- Tu ne m'as rien fait ma petite. Tu le sais très bien. Mais tu n'es pas faite pour mon fils.

- Qui te l'a dit?

Là je commence vraiment à m'énerver.

Elle me raccroche au nez.
Tchip.


Heureusement que j'ai enregistré l'appel.

****************

Je suis allée faire les courses pour préparer un bon yassa au poulet pour mon chéri.
J'imagine qu'il va se calmer puisque j'ai fait ce qu'il m'avait demandé.

Je remarque en rentrant que sa voiture est garée devant la maison.

J'ouvre avec ma clef et me dirige directement vers la cuisine pour poser mes courses.
Il m'a semblé avoir remarqué sa silhouette dans le salon.

Je m'y rends après avoir tout rangé.

Il est affalé paresseusement sur le canapé. Et il a encore foutu le bordel autour de lui.
Aujourd'hui monsieur ne porte pas de chemise, mais un Lacoste blanc et un pantalon en lin couleur champagne.
Son regard semble fatigué, limite...excédé.


- Bonsoir. Lui dis-je.

Il ne répond pas.
Il lève juste les yeux vers moi mais ne réponds pas.

Ya kham!

Quelque chose dans son attitude nonchalante me dit qu'il n'est pas de bonne humeur.

Thieuy!

Je m'apprête à retourner à la cuisine quand je l'entends dire:


- Reviens!

Je me retourne doucement et lui fais face.

J'ai très chaud sous son regard instigateur.
Ses prunelles vertes me font toujours autant d'effet.


- Tu n'as rien à me dire?

Hé!

Il parle de quoi, lui?

- Moi?


Il acquiesce, toujours aussi nonchalant.

Je m'assois à l'autre extrémité du canapé.


- Lou xew? Amine? Qu'est-ce qu'il y a?

Il lève les yeux au ciel et fronce les sourcils.


- Réponds moi, Milou.

Je hausse les sourcils.

- Tu as appelé ma mère ?

Enfin, il accouche.


- Oui!

Il se redresse et se masse les tempes avec les mains.
S'ensuit un silence de plusieurs minutes pendant lesquelles je cogite.

J'ai un très mauvais pressentiment.

- Quand je t'ai dit de présenter des excuses

à ma mère, je ne pensais pas que t'allais encore lui dire un truc déplacé...

Je suis genre ...bouche-bée

Ayy Tata Aly ? Qu'est-ce qu'elle est encore allée raconter?

- J'ai vraiment osé croire que tu... n'as pas fait ce qu'elle a dit. Je ne sais pas si je suis déçu où...

Non. C'est moi qui suis déçue.

Déçue de toi. Amine.

Je me tiens la bouche, tellement je suis choquée.

Il se tait et moi. Je cherche mes mots.


- En dehors du fait que tu ne respectes pas ma mère, c'est le faite que tu me mentes qui m'a le plus blessé. Poursuit-il. Je t'ai toujours fait confiance, mais là, je suis perdu.

Amine, j'attendais plus de toi... Tellement plus.

Je le coupe alors qu'il s'apprête à à parler.


- Je ne suis pas une menteuse. Je souffle doucement.

Il ne semble pas avoir bien entendu.


- J'ai dit, je ne suis pas une menteuse, Amine. Dis-je plus fort.

- Ta mère, je l'ai appelée, pour m'excuser. Elle m'a dit que je ne suis pas faite pour toi. Elle a même accepté que je ne lui ai jamais marqué de respect...


- Stop Milou!

J'allais continuer mais il m'a crié dessus.

- Arrêtes ! Milouda! Arrêtes PUTAIN! Je ne veux plus t'entendre accuser ma mère ! Ça suffit bon sang!

Il s'est levé, une expression furieuse sur le visage.

Je me lève à mon tour.
Qu'il ne me parle pas sur ce ton !


- Je n'ai dit que la vérité ! Je réponds.

- Tu mens Milou!

Quoi?


- Je ne permets pas!

Il ne m'écoute pas et continues de me traiter de menteuse.


- Amine, je ne suis pas une menteuse, je te préviens, reviens sur tes paroles.

Il a les yeux rouges de colère, ses gestes sont mécaniques, on dirait qu'il se retient pour ne pas me taper.


- Qu'est-ce qu'elle t'a fait pour mériter ça? Dis moi? Tu sais très bien qu'elle est fragile, tu le sais. Pourtant tu t'en fous, maintenant elle est à l'hôpital à cause de toi! Tu te rends comptes !

Hôpital ?

À cause de moi?

Tata Aly?

J'ai peur d'être dans un cauchemar !
Je suis sûre qu'elle n'a rien.

Je m'approches de lui, je ne me rends même pas compte de ce que je suis entrain de faire.

- Chéri, je t'en prie. Dis moi que tu n'y crois pas. Lui dis-je en lui prenant les mains. Dis moi que tu n'es pas tombé dans le piège ?

Mes larmes dévalent mes joues, sans que je n'y puisse rien.

Amine lui, se détache violemment de mon étreinte et s'éloigne de moi.


- Tu insinues maintenant que ma mère m'a tendu un piège. S'écrie t-il, l'air de ne pas croire ce qu'il entend.

C'est bien ce que j'insinue, ta mère est une sorcière.

Il me regarde comme s'il me voyait pour la première fois.

S'efface rageusement mes larmes de mes joues.
Il semble toujours douter de moi, et ça, c'est plus douloureux que du piment sur une plaie.

J'ai mal!
Mon dieu!

Il secoue la tête, les yeux rouges, et se dirige vers la porte.

Je suis ses pas et lui demande où il va.

Il ne me répond pas.
Je suis obligée de lui attraper le bras de force pour qu'il se retourne enfin vers moi.

- Je m'en vais, sinon je risque de te faire du mal. Tu es complètement folle.

Un dernier regard de lui me brise le coeur, j'y lis de la déception et ce qui me semble être de la haine.

Amine me hais.

J'ai l'impression d'avoir reçu un coup de massue sur la tête, dans le ventre, je suis sonnée.

Amine me déteste.

Voilà, elle a réussi, Tata Aly.

Elle a vraiment fait ce qu'il fallait pour me séparer de son fils: le faire douter de moi.

Pourquoi est-ce que ça s'est passé comme ça ?

Pourquoi il a fallu que ça nous arrive maintenant ?
On était bien.
On était tellement bien.

Je m'affale sur le sol dès que j'entends le vrombissement du moteur de sa Range, au loin.

Je ne saurait dire si je pleure ou si je cries ?

Amine tamit? Il manque de foi en moi à ce point?

Wallay je suis plus déçue que lui.

*************

Deux jours sont passés depuis notre dispute avec Amine et il est rentré qu'une seule fois, hier soir,pour prendre des vêtements.
Il ne m'a pas accordé un seul regard.

Il m'a trouvé la mine défaite, les yeux bouffis, les cheveux en pétard.
Il n'a rien dit, rien fait.

Je me suis terrée sous ma couette et une montagne d'oreilles.


Je ne suis sortie du lit que pour aller me prendre à manger et pour prier.

J'attends qu'il arrive pour qu'on ait une discussions d'adulte.
Puisqu'il ne répond pas a mes appels...

En parlant du loup.
J'entends des pas dans l'escalier, je devine aisément que ce sont les siens.

Il entre dans la chambre sans me saluer et ouvre son placard.
Je le vois y prendre des vêtements encore.
Et je sais qu'il ne va pas non plus passer la nuit ici.

Ça ne peux plus durer.

Je descends du lit pour lui parler mais il est trop tard.
Il est déjà sorti de la chambre.

Je sors rapidement pour la rejoindre. Dans le vestibule, je l'entends parler au téléphone

.

- ... Non, j'arrive. T'inquiète je passe la nuit avec toi . D'accord.... Prévois moi à dîner. On se voit après. Bisous.Dit-il.

Il ne m'a pas vu, il ne sait pas que je l'ai entendu.

Il va où ?
Il va rejoindre qui?

Je pensais, qu'il se terrait dans un hôtel ou je ne sais pas...
Mais je ne savais pas qu'il était chez quelqu'un d'autre alors que moi je me fais un sang d'encre pour lui.

Je mets rapidement un pull et un foulard et sort.

Il a déjà démarré, je vois les phares de sa voiture au coin de la rue.

Je monte rapidement dans la mienne et décline avec empressement l'offre du chauffeur, de me conduire.

Je le suis discrètement, avec un peu de difficulté quand même, de loin.

Je continues ma filature pendant environs dix minutes.
Nous arrivons dans un quartier résidentiel et il se gare devant une petite maison rose.

Je me poste un peu plus loin et éteins mes phares.

J'observe.

Deux minutes plus tard.

Qui est-ce que je vois ouvrir la porte ?

Une grande femme, claire, qui lui fais la bise.
Sur la bouche ou sur la joue?

Je ne sais pas...

Mais je suis certaine que c'est Taloula

Je suis tellement choquée que j'allume mes phares sans le faire exprès.

Ce qui attire leur attention.

Mais avant qu'ils ne puissent me reconnaître, je redémarre et m'enfuis rapidement.

Pendant tout le trajet du retour, j'essaie de calmer les battements effrénés de mon coeur.

Amine et Taloula...

Amine et Taloula...

Amine et Taloula.

C'est donc avec elle qu'il va passer la nuit.
C'est donc avec elle qu'il va dîner, alors que moi, je souffre dans mon coin

Je serre le volant tellement fort que la jointure de mes doigts me fait mal.
Ma respiration est saccadée. J'étouffe.

Qu'est-ce que j'ai vu au juste?

Quoi que ça puisse être ça fait mal.
Ça me fait très mal.

Un degré de douleur en plus, d'abord il me traite de menteuse, maintenant ça !

Il faudrait qu'il apprenne à me respecter celui-là.

Non mais il fout quoi avec cette femme?
Il sait bien qu'elle essaie de lui remettre le grappin dessus.

À quoi il joue ?

J'ai l'impression que mon coeur va sortir de la poitrine.

Je manque de renverser un soulard, à un croisement.

Rien ne me fait réagir, ni les insultes des autres passants, ni la pierre que le rescapé m'a lancé dessus, rayant sans doute ma peinture.

Je franchis la porte d'entrée avec empressement sous les regard inquiets de Xavier le gardien et Salif, son collègue faisant office de chauffeur.

Je manque de tomber un fois au niveau des escaliers.

J'éclate de nouveau en sanglots sans grande surprise.

Je n'en peux plus.

Je peux tout supporter, tout.
Sauf qu'il me manque de respect à ce point.
Je suis convaincue qu'il me trompe avec elle.

Sa mère a réussi.

Mais moi je sais que j'ai déjà pris ma décision.

Je me dépêche de fourrer quelques affaires dans une valise, je manque de tomber à plusieurs reprises, aveuglée par mes larmes.

Je prends aussi tous mes papiers que je jette dans mon sac à main.
À la hâte.

Cinq minutes plus tard, je suis prêtes.
Je mets rapidement le tout dans la voiture et hop.

Je m'en vais.

Xavier et Salif n'ont rien compris tellement j'ai été rapide.

Je tourne à l'angle de la rue quand je vois sa voiture, de l'autre côté de la route.

Qu'il m'ait vue ou pas, j'ai pris ma décision.

Je m'en vais.
Je pars.

Je m'étais promis il y a quelques années que je ne resterai plus avec quelqu'un qui me fait souffrir.

Je tiens ma promesse.

Je ne sais pas quelle surprise je vais encore avoir en restant avec lui.

Je ne supporterai pas plus.
Pas plus longtemps.


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Coucou la famille!
Cette très longue partie pour me faire pardonner.

Allez bisous.


Pardon mais...je t'a...