Semaine 11
Ecrit par Miss Nana
9 MOIS, 40 SEMAINES ET 1 BEBE
By Nana Técla
Semaine 11
_« Les tissus osseux commencent à se modeler. La colonne vertébrale se développe aussi peu à peu. Parallèlement, les bourgeons des dents de lait apparaissent. Le sang du fœtus se constitue : la moelle osseuse produit ses premiers globules rouges. La peau du fœtus se couvre de petits poils très fins : c’est le lanugo._
_Source : naitreetgrandir.com »_
Je regardai autour de moi, les murs blancs immaculés de la salle d’attente semblaient vouloir se refermer sur moi. Je ne savais pas pourquoi j’étais si angoissée. Ce n’était pas la première fois que je venais voir un gynécologue, mais c’était la première fois que je venais en consultation prénatale (CPN) sans Thierry. Entre la dispute avec lui au téléphone et la discussion avec ma mère, j’avais passé la semaine sur des montagnes russes. Thierry et moi c’était le statu quo. Il m’appelait chaque matin et chaque soir pour savoir comment j’allais. Je ne décrochais pas et lui répondais par texto. Je ne demandais plus à passer chez lui vu que de toute façon Monsieur n’avait plus mon temps. S’il voulait vraiment me voir il savait où me trouver. Après la discussion avec Maman je me suis rendu compte que mon père avait raison. Si Thierry n’était pas prêt à faire le nécessaire pour faire de moi sa femme maintenant, il ne le serait jamais. Comme le dit Josey dans sa chanson je ne vais pas attendre dix ans après qu’on vienne me dire qu’on m’étudie encore.
Je n’étais pas seule dans la salle d’attente de la clinique. Je regardai autour de moi pour voir les visages de ces femmes qui pour la plupart étaient enceintes. Certaines étaient enceintes jusqu'au cou tellement leurs ventres étaient proéminant. Je baissai le regard sur mon petit ventre et me demandai s’il allait évoluer en un truc aussi gigantesque. Rien que pour ça je flippais. Je me demandais comment elles faisaient, elles avaient l’air tellement essoufflées. Certaines semblaient au bord du malaise pendant que d’autres semblaient rayonnantes, pleines d’énergies. La grossesse est un drôle d’état, certains jours tu te réveilles belle et rayonnante, et d’autres jours tu es à ramasser à la petite cuillère. La clinique « le Berceau » était située dans un des nouveaux quartiers qui se développaient en périphérie de la ville. Construite sur deux étages, elle était spécialisée en gynécologie et pédiatrie et attirait une clientèle assez privilégiée. C’était Sarah qui me l’avait recommandée et ma première consultation avait été assez plaisante. Je sortis de ma rêverie quand j’entendis une infirmière m'appeler.
-Madame ASSION, Madame ASSION Yabo !
-Oui ! je suis là, dis-je en me levant pour la suivre dans le bureau du gynécologue.
Une heure après je sortais de la clinique et prenais ma moto pour rentrer chez moi. Le docteur m’avait expliqué que ma tension était trop élevée et que dans mon état ce n’était pas une bonne chose. Il m’avait donné des conseils et prescrit des médicaments ainsi que du repos. J’avais appelé le bureau dès ma sortie pour leur demander un petit congé de deux jours. A mon arrivée à la maison, surprise ! l’objet de mes angoisses était là.
Malgré le fait que j’étais fâchée contre lui, mon cœur ne put s’empêcher de gonfler de joie à sa vue.
-Bonjour chérie, dit-il en me faisant la bise.
-Bonjour, dis-je.
-Je vous laisse, dit ma mère qui lui tenais compagnie au salon en attendant mon arrivée.
-Allons dans ma chambre s’il te plaît dis-je dès que ma mère fut sortie.
Je refermai la porte de ma chambre derrière nous pendant que Thierry prenait la chaise à côté de la coiffeuse. Je le regardai du coin de l’œil. Depuis quand prenait-il une chaise dans ma chambre ? Je me retins de tout commentaire et m’installai confortablement sur le lit.
-Comment va le bébé ? demanda-t-il.
-Il va bien. Le docteur a dit que tout était normal.
-Et toi ? comment tu te sens ?
Je le regardai un instant sans rien dire.
-Tu veux la réponse à la togolaise ou bien tu veux la vérité ? lui répliquai-je
* * *
Je regardais Yabo couchée sur le lit avec cet air de lassitude et de fatigue sur le visage et je me sentais coupable. Je me sentais tellement coupable que j’avais peur de la toucher. Cette femme était la mienne, elle portait mon enfant et elle m’aimait. Et moi je faisais le con. Je la négligeais à une période où elle avait besoin de moi. En effet j’étais passé au bureau ce matin pour prendre des documents et j’avais été surpris de ne pas la voir. Je l’avais appelée mais elle était indisponible, j’ai alors demandé à Sarah où elle était. Sarah m’a dit qu’elle avait demandé une permission pour aller à l’hôpital. Merde ! j’avais complètement oublié, alors que j’étais présent la dernière fois quand ce rendez-vous avait été fixé. Le fait qu’elle ne me l’ait pas rappelé était assez significatif de ce qu’elle ressentait pour moi ces derniers temps. Yabo était une femme indépendante, elle détestait supplier et elle m’avait assez supplié de passer du temps avec elle ces derniers temps. Merde me suis-je dit. Je me suis comporté comme un idiot, complètement obnubilé par Cecilia et les moments que nous passions ensemble ces derniers temps. J’avais quitté le bureau pour venir l’attendre chez elle en espérant qu’elle y repasserait avant de retourner au bureau. J’étais prêt à faire mon mea culpa. Ma belle-mère ne m’avait pas ménagé en me recevant. Elle n’y était pas allée de main morte pour me signifier qu’à son avis je négligeais sa fille. Elle n’avait pas tort. J’en avais profité pour lui annoncer la décision que j’avais prise sur le moment : dans deux semaines mes parents allaient venir pour demander pardon et demander la liste de la dot, ainsi que cela se faisait chez nous quand on enceintait une fille qu’on n’avait pas encore doté. Oui, j’étais prêt à faire de Yabo ma femme. J’étais prêt depuis longtemps et j’allais faire le nécessaire pour prendre mes responsabilités vis-à-vis d’elle.
-Je suis désolé chérie, lui répondis-je. Je me suis mal comporté et je m’en excuse.