Semaine 16
Ecrit par Miss Nana
9 MOIS, 40 SEMAINES ET 1 BEBE
By Nana Técla
Semaine 16
_« La proportion entre la tête et le corps a changé. La tête est à présent plus petite que le reste du corps. Le fœtus bouge beaucoup plus. Il se peut que la maman perçoive de très légers mouvements ressemblant à de petites vagues. Les réseaux de neurones se consolident. La rétine et les yeux sont maintenant sensibles à la lumière. C’est le moment propice pour une échographie morphologique afin de s’assurer que les organes du bébé se développent bien et pour savoir le sexe. » source : naitreetgrandir.com_
On toqua à la porte de ma chambre. J’eus envie un moment de ne pas ouvrir, j’avais encore sommeil moi.
-Yaya ? appela Inès en passant la tête par l’entrebâillement de la porte.
-Humm ?
-Tu dors ? désolée, je ne savais pas que tu dormais encore, continua t-elle en entrant quand même.
-Mm mm
-Debout marmotte ! dit-elle en me secouant doucement.
-Humm. Les femmes enceintes ont besoin de repos. Sors d’ici, dis-je en enfouissant la tête dans les oreillers.
-Il est presque 07 heures hein. Tu ne vas pas au boulot ?
-Merde ! 07 heures ? fis-je en me levant brusquement. Je suis en retard pour l’hôpital.
-Ah ? tu as rendez-vous ?
Je hochai la tête en baillant et me dirigeai en hâte vers mon placard.
-Je t’ai mis de l’eau à chauffer, dis Inès pendant que je fouillais mes habits à la recherche d’une tenue. Maman dit qu’une femme enceinte ne doit pas se doucher avec de l’eau froide.
Plus rien ne m’allait, ma taille s’était épaissie et maintenant je commençais vraiment à ressembler à une femme enceinte. Il fallait que je commence à m’acheter des vêtements de grossesse. Même si mes relations avec mes parents s’étaient améliorées et que je me gardais bien de me disputer avec ma mère, il y avait encore certaines choses qui me tapaient sur le système. Depuis que j’étais enceinte on ne cessait de me dicter des interdictions. Basées sur quoi au juste, je ne savais pas. La règle de l’eau chaude en était une. Même par temps de canicule je devais me doucher avec de l’eau chaude. Je ne devais plus manger dehors dans un endroit public, je ne devais plus boire de l’eau dans un sachet de pure water en public, je ne devais plus manger de fruits ronds en public. Bref je devais me cacher pour tout faire. Soit disant que les sorciers allaient passer par ce moyen pour manger mon bébé. Eh Dieu ! bref, j’essayais de ne pas trop montrer l'agacement que tout ça m'inspirait.
-En fait je voulais te demander quelque chose, reprit Inès en me prenant le fer à repasser des mains.
-Oui, dis Chérie.
-Tu veux bien me déposer à l’église en partant ?
-Ce matin ? il y a quoi à l’église aujourd’hui ? Nous sommes jeudi.
-Oui, le Saint Sacrement est exposé aujourd’hui. Je vais passer là-bas prier un peu avant d’aller au cours.
-Ewui ! Sainte Inès priez pour nous pauvres pécheurs !
-C’est ça moque toi Yaya. Tu ne peux pas comprendre, tu as perdu la foi, me répond-t-elle calmement.
-Non ! bien sûr que non ! m’indignai-je. C’est juste que je n’ai plus beaucoup de temps. Tu comprendras quand tu commenceras par travailler.
-Oh tu sais, ce sont des excuses. Quand on dit qu’on n’a pas le temps, on n’en aura jamais. Bref, tu veux bien me déposer ?
-Bien sûr ma chérie. Surtout que tu me repasses ma tenue dis-je ne lui faisant un clin d’œil.
-Merci.
Une heure plus tard je la dépose devant l’église. En descendant de la moto elle me demande :
-Tu ne veux pas venir ?
-Non, une autre fois. Je suis très en retard.
-Justement, cinq minutes de plus n’y changeront rien. Tu es déjà là, ça ne coûte rien tu sais. Et Jésus sera content.
Là je me sentis coupable. Cela faisait des années que je n’étais plus venue au Saint sacrement. Ma fréquentation du culte se résumait d’ailleurs aux grandes fêtes de l’église catholique.
-Ok, dis-je en descendant. Allons-y.
Tout est calme dans la chapelle. Ceux qui s’y trouvent sont dans un attitude de silence et de profonde méditation. La lumière qui brille dans le tabernacle m’attire et je me sens comme scrutée, mise à nue en la regardant. Je laisse Inès s’avancer pendant que je me mets en retrait. J’essaie presque de me cacher mais c’est ridicule, peut-on se cacher de Dieu dans sa propre maison ? je ne sais même pas quoi dire, je me contente juste de regarder encore et encore cette lumière et je me sens apaisée. Oui apaisée. Toutes ces tensions de ces derniers temps, ces mauvais pressentiments, ce doute sur ma relation, tout a disparu. Tout cela paraît insignifiant. Au lieu des cinq minutes prévues j’y passe un bon quart d'heure avant de me décider à partir, avec la ferme résolution de venir à la messe le dimanche suivant.
Quand j’arrive à la clinique, il y a déjà une belle file d’attente. Les jours d’échographie, c’était toujours pareil. Je devais faire mon échographie morphologique aujourd’hui pour qu’on voit si le bébé n’avait aucune malformation. Beaucoup de femmes négligent les échographies en se disant que c’était un moyen de leur faire dépenser de l’argent, mais chaque échographie avait son importance. Il en fallait trois du début à la fin de la grossesse. La première pour déterminer l’âge de la grossesse, la deuxième pour voir si le bébé avait bien toutes ses parties en place et connaître le sexe si possible, et la troisième en fin de grossesse pour voir la position du bébé. J’écris un message à Sarah pour lui dire que je serai plus en retard que prévu. Elle m’informe que le Boss est rentré de voyage et qu’il est là. Aïe, je risque d’avoir droit à des réprimandes, mais je ne regrette pas. C’était pour la bonne cause. Une heure après je sortais du cabinet, rassurée. Le bébé allait très bien, aucune malformation mais on n’avait pas pu voir le sexe. Le petit coquin se cachait. Le docteur principal qui m’avait reçu aux premières consultations n’était pas là le jour-là, une de ses collaboratrices m’avait reçue. Elle m’a dit qu’elle s’inquiétait un peu pour ma tension, mais qu’à la prochaine consultation le docteur déciderait si c’était grave ou pas. Thierry m’avait appelée trois fois déjà, mais je n’avais pas encore fini à ce moment-là. Je le rappellerai une fois au bureau.
*****
Je relis le message pour la troisième fois et ma colère et mon irritation ne faisaient que s’accroître. Shit ! elle avait de la chance cette fille. Après ma petite scène au bureau de Sylvain la semaine dernière, j’avais attendu plusieurs jours avant qu’il ne me donne sa réponse. Je ne voulais pas le bousculer, car je savais que ce que je lui demandais était contraire à son éthique. For God sake ! les avortements se pratiquaient tous les jours, le monde n’en était pas détruit pour autant, pensais-je en levant les yeux au ciel.
« Désolé Nancy. J’ai attendu une bonne partie de la matinée je n’ai reçu aucune patiente du nom de Yabo ASSION. Pourtant c’était ce matin son rendez-vous. J’ai dû partir en urgence vers onze heures pour une intervention, on en reparlera plus tard. Bonne journée. »
La salade que je mangeais avait perdu son goût. Je repoussai le plat de côté et me mit à réfléchir à un autre moyen d’arriver à mes fins.