Ses lèvres et son regard
Ecrit par Sandra Williams
Gaëlle torqua à la porte de l’appartement de Louise et Max. Mon excitation à l’idée de le revoir encore et d’aller me coucher en ayant à l’esprit son visage me faisait trembler de partout. J’étais là debout derrière la porte de leur appartement, le corps tremblant, le cœur battant la chamade et le sang coulant à flot dans mes veines.
Une femme intelligente et très belle s’oublie difficilement, je l’ai appris à mes dépends. Sur ce, je me vêtis convenablement. Une belle robe cousue en pagne wax m’arrivant à mi cuisses, des talons couleur taupe hauts de dix centimètres, mes tresses à l’africaine et un maquillage ciblant les zones érotiques (les lèvres, les yeux, les cils, les sourcils et les joues) et un petit sac à main rouge. Je n’avais à l’idée que de le voir ouvrir cette porte avec cette lueur de satisfaction dans les yeux dès qu’il me verra. Gaëlle torqua une nouvelle fois à la porte puis réarrange pour la énième fois le bracelet en or que lui avait offert son petit copain que je ne connaissais pas jusqu’à présent. Au bout de quelques instants, on entendit la porte s’ouvrit laissant apparaitre la silhouette de Louise. Ses longs cheveux tissages bouclés étaient laissés pour compte, engloutissant son beau visage. Sa petite robe rose épousait parfaitement bien ses courbes et pouvait exciter n’importe quel homme. Je ressentis un petit peu de jalousie face à sa beauté et à son sourire qui ne saurait laisser aucun homme indifférent. Elle enlaça ma sœur qui était aussi très heureuse de la revoir. Elle lui tendit le petit sac de course qu’elle avait en main. Louise jeta un petit coup d’œil à l’intérieur.
Fallait pas ma chérie mais merci quand même. C’est le préféré de Max.
Oh géniale, j’ai bien fait alors d’écouter les conseils de la dame du supermarché, dit ma sœur avant d’entrer dans la pièce.
Salut Angéla ! comment tu vas ? dit-elle avant me prendre dans ses bras.
Bien Louise et toi ? dis-je en lui tendant la bouteille de vin que j’avais promis apporter.
Ça va bien ! merci beaucoup, prête pour passer une excellente soirée ?
Absolument ! répondons ma sœur et moi.
J’entrai à mon tour et jetai un coup d’œil à la pièce. Le salon était sympa, accueillant, chic, splendide et spacieuse. Je m’assis dans le canapé confortablement. J’espère voir Max apparaître d’un moment à l’autre dans la pièce. Pour ce faire, j’avais choisi le côté du canapé selon sa position vis-à-vis de l’entrée du couloir.
Alors les filles, comment ont été vos journées ? demanda Louise qui se dirigeait vers la cuisine située dans l’aile gauche de la pièce.
D’hier soir à ce soir, c’était assez cool. D’abord ma soirée avec mon chéri, le grand Jeff et cet aprèm mon rendez-vous avec Mme Suzanne QUENUM.
La Suzanne QUENUM ? demanda Louise soudainement curieuse en revenant de la cuisine avec deux verres d’eau qu’elle tendit à chacune d’entre nous.
Merci, lui dis-je.
Oh ! s’il te plait Angéla, dit-elle offensée par mon remerciement.
Tu connais Suzanne QUENUM, la femme de…
Albert QUENUM, le styliste designer le plus connu de tout le pays. Oui, je le connais. Sa réputation la précède ma chérie. J’ai écrit un petit article sur elle que je vais bientôt publier, dit-elle en allant chercher quelque chose dans sa chambre.
Louise est journaliste ?
Non ma grande, elle est bloggeuse et conseillère en mode. Elle publie beaucoup d’articles concernant le style vestimentaire et a aussi ses propres créations. C’est une star du blogging.
N’exagère pas non plus Gaëlle, je fais du mieux que je peux. On peut dire que les gens m’apprécient bien, dit-elle pour paraître modeste.
Vachement tu veux dire. Cent mille abonnés c’est énorme, rétorqua ma sœur.
Et beaucoup de travail tu veux dire.
Whao, ça doit beaucoup t’occuper.
Oui et c’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai décidé d’engager une assistante. Travailler depuis la maison ne sera plus possible. Ma boutique doit être ouverte d’ici là et j’ai besoin d’un bureau bien plus vaste avec un studio de shooting.
Parlant de ça, je crois que tu devrais appeler la fille que m’a conseillé mon amie. Elle s’appelle Daniela MINHO. Elle m’a l’air sérieuse et très dynamique. Elle te sera utile en tant qu’assistante.
Tu me donneras son numéro et je l’appellerai pour un premier essai.
Ok, pas de problème. Alors dis-moi, tu as un projet avec Mme QUENUM ?
Oui mais je ne lui ai pas encore présenté mon concept parce que toutes mes tentatives d’approches ont échoué. Sa secrétaire me dit tout le temps qu’elle est en voyage. On dirait qu’elle est difficile à attraper.
C’est vrai qu’elle est super surchargée mais si tu veux, je peux te l’introduire personnellement. J’ai gagné la campagne de pub pour son nouveau produit. Tu as devant toi le nouveau visage de sa prochaine campagne. En plus, elle m’a affecté un autre projet d’avec ses mannequins.
C’est génial comme nouvelle.
Oui c’est super mais je crains d’être encore plus occupée et Angéla va bientôt repartir. Elle et moi n’avions rien fait ensembles depuis son arrivé.
Et visiblement ça ne risque pas d’arriver, dis-je d’une voix dégoûtée
Tu devrais profiter du fait que rien n’est encore commencé pour que vous passiez du temps ensemble.
C’est une excellente idée Louise,
Je vais revoir mon agenda et planifier cela.
Ça me va, s’il te plait Louise où sont les toilettes ?
Au fond du couloir à ta gauche, à ta gauche.
Merci, dis-je avant de me diriger vers le couloir.
Le couloir ne m’était pas étranger et l’histoire des toilettes c’est juste une excuse pour entrer dans la chambre de Max. J’entre alors dans la chambre à coucher sans que personne ne s’en rende compte. La pièce était très bien rangée et le lit bien dressé. Le parfum à l’intérieur était sûrement celui de Max. c’est un peu comme ça que je m’imaginais son odeur. Un parfum doux et mélancolique. Mon esprit se laissa emporter par cette odeur et m’emprisonna dans une belle illusion. Je me vois dans les bras de Max, moi le regardant avec amour et lui avec désir. Je le vois me poser au sol, m’arrangeant la mèche rebelle qui s’arrachait de mon chignon. Je le vois me déshabiller du regard. Il me contemple sous tous les angles puis me plaque contre le mur, son sexe coller à mon abdomen. Une légère brise de plaisir me parcourut. Il me redresse la tête et me demande le regard plonger dans le mien de ne pas avoir peur. Ensuite, il me déshabille en plongeant ses mains sous ma robe et commence à remonter jusqu’à libérer mes cheveux. Je fais pareil en déboutonnant sa chemise qui lui glisse sur les épaules. Il s’en libéra et me laisse voir son torse pas mal bâti. J’avais peur de ce que je pourrais ressentir en posant mes mains sur son corps. Lui par contre se pencha davantage sur moi, puis je sentis alors ses lèvres appétissantes sur ma chair. Leur douceur me figea sur le coup. Mon corps s’immobilisa pendant quelques secondes. Il me rend fou, j’ai besoin de lui dans mon lit, en moi, dans mon esprit et dans mes pensées. Ce plaisir coupable enchainait mon existence à celle de Max. Je suis là, étendue sur le lit, à m’étouffer dans les draps et dans l’odeur de son corps encré dans l’une de ses chemises dont je me suis emparée dans sa penderie, à m’imaginer endormi avec lui. Je serre la chemise de Max très fort contre ma poitrine comme si elle pouvait m’entourer de ses bras à lui. L’attente est trop longue et le désir trop profond. Je me lève d’un bond parce que j’avais entendu des bruits de pas contre le carreau. Le bruit s’approchait. Louise peut-être. Je me réfugie alors derrière la porte d’entrée, espérant être très bien cachée. Le bruit s’éloigna. Je ressortis de ma cachette et de la chambre après un contrôle minutieux des lieux. Je reviens dans le salon, certaine que Max n’était pas là. Déception pour moi. J’avais pourtant planifier chaque actions que je devais poser ce soir. Louise et Gaëlle était dans la cuisine à bavarder. Je me décide alors à les rejoindre au risque de m’ennuyer. Elles se murmuraient des choses. Signe qu’elles complotaient. Je me cola alors à la porte d’entrée pour entendre leurs petits secrets. Surtout ceux de Louise qui pourraient m’être utile.
Non, t’es pas sérieuse Louise ! lança ma sœur surprise par je ne sais quoi.
Je te le jure ! Max n’a pas pu me faire l’amour cette nuit. En deux ans, c’est la première fois qu’il me fait un coup pareil. J’arrive pas à m’expliquer ce qui lui est arrivé.
Peut-être qu’il était épuisé, dit ma sœur
C’est ce que je me suis dite aussi. C’est bizarre quand même. Tout se passait bien et subitement plus rien. On aurait dit qu’il avait été pétrifié.
T’inquiète ça va passer. Suis sûre qu’il rattrapera le coup ma chérie. Mais dis-moi, tu m’as dit que tu allais me raconter ce qui s’est passé en boîte hier. Tu te souviens ?
J’ai cru voir Raphaël, dit-elle calmement
Raphaêlle ? le père de… ?
Oui Gaëlle, lui-même
T’en es sûre ?
Non j’ai cru le voir mais suis sûre que c’était pas lui. Tu t’imagines un peu si c’était lui. Je préfère ne pas y penser.
Oh ma chérie vient dans mes bras, dit Gaëlle en lui proposant un câlin
Je me demande si Max m’en veut pour quelque chose. Ce matin il est parti sans prendre son petit déjeuner et sans même me dire bonjour. Ça m’angoisse tellement. Ce soir, il nous pose un lapin sans aucune explication.
Désespère pas Louise, suis sûre qu’il a une très bonne explication pour tout ceci, dit-elle en la serrant davantage dans ses bras.
J’ose te croire Gaëlle ! surtout maintenant que les souvenirs de Raphaël surgissent,
Ce que je venais d’apprendre me fis plaisir. Max remet sans doute en question ses sentiments. Quoique je ne comprenais pas pourquoi il ferait un truc pareil s’il pensait avoir passer un bon moment avec elle par téléphone. Pour mieux digérer, je me convaincu qu’il était sans doute épuisé. Ce beau couple qu’il formait n’était qu’une farce comme je l’avais toujours imaginé. Il me fallait semer le doute maintenant dans le cœur de Max, réveiller ses pulsions les plus malsaines pour qu’il avoue que nous sommes faits l’un pour l’autre. Sauf qu’un détail m’échappait toujours. Qui était-ce ce fameux Raphaël ? et pourquoi redoute-t-elle leur rencontre ? de qui est-il le père ? ces informations me seront peut-être utiles si j’arrive à creuser le fond de l’histoire.
Je dessine un petit sourire malicieux sur mon visage. Il me vient alors à l’idée de me rendre à la boutique de Max. Pourquoi n’était-il pas là comme prévue ? je prends mon téléphone sur le canapé et me dirigeai vers la porte. Je l’ouvris pour sortir mais je tombe sur Max qui était sur le point de tourner le poignet.
Angéla ?
Salut Max, on croyait que tu ne viendrais plus,
Désolé j’ai été retardé par une vieille amie qui est passée me voir,
Non, t’en fais pas, c’est pas grave. Elles sont dans la cuisine a bavardé, dis-je avant de refermer la porte derrière moi. Il ôta son pull et s’approcha de moi pour me faire une bise. Son parfum ! Oh mon Dieu ! la douceur de ses lèvres, tout ça m’envahit d’une forte sensation.
Puisqu’elles sont occupées, viens avec moi. J’ai un truc à te montrer.
Moi ?
Oui, viens avec moi !
Il saisit ma main et m’entraine avec lui. Nous descendons les escaliers en un temps record. Une fois sortit de l’immeuble, il m’emmène vers sa voiture et me fis grimper à l’intérieur. Il fit de même et démarra. Il avait le regard rivé sur la voie. Je ne sais pas s’il était concentré sur la voie où s’il essayait juste de fuir mon regard. Cependant, le savoir là à côté de moi me faisait rayonner. J’avais l’assurance dont j’avais toujours eu besoin. Je me sentais forte et toute puissante. Une reine à côté de son roi. Tout pour moi se résumait à lui. Après une vingtaine de minutes de conduite et de silence radio, il se gara devant sa boutique et sort du véhicule. Je fais pareil. Jusque-là, je ne comprenais rien à ma présence sur les lieux. Il monta les marches et déverrouilla la porte puis me fais signe de la main de venir. Je m’exécute. La pièce baignait dans le noir. Impossible de voir quoique ce soit. J’entre d’un pas hésitant. Je ne le voyais pas vraiment. Quelques rayons de lumières volatiles provenant des autres voitures de la circulation me guidaient de temps à autres. Je sentis une main m’empoigner. Le contact était très apaisant vu la douceur de la main de mon bourreau. Je compris que celle de Max. je le suivis dans le noir sans crainte. On traversa la pièce. Il m’immobilisa en exerçant une petite pression sur ma main. Ce qui me fais freiner. Je le sentis s’éloigner et je pouvais le suivre par les oreilles grâce au bruit que faisait ses pas contre le sol carrelé.
Je restai sur place, sans poser de question, sans peur ni doute. J’entendis un petit bruit provenant de l’interrupteur. La pièce s’illumina. La lumière remplit la salle et je me retrouvai face à deux tableaux peints récemment parce que je ne les avais pas vu aujourd’hui en venant à la boutique. Ils étaient beaux. Un véritable chef-d’œuvre.
Ils sont à toi, murmura-t-il dans mon dos, son visage trop près de ma joue.
Com..com..comment ? demandai-je gêner par cet écart trop étroit entre nous deux.
Ils sont tous les deux à toi, je les ai terminés après ton départ en guise de remerciement. Je les réservais pour une future exposition. Je tenais vraiment à te remercier pour ce que tu as fait pour moi, ajoute-t-il
Oh mon dieu ! c’est trop beau ! on dirait les yeux d’une femme sur l’un et sur l’autre ses lèvres,
Tes yeux quand tu veux séduire et tes lèvres quand tu désires quelques choses. Tu aimes ?
Je les adore Max, dis-je en me retournant sans hésitai. Mes lèvres frôlèrent les siennes. Elles étaient nez à nez. Ses yeux brillaient et se perdaient dans les miens. Je pouvais lire en lui comme dans un livre ouvert. Je savais qu’il n’allait pas tarder à baisser sa garde devant moi. Il suffisait de réunir les conditions. Un lieu comme celui-ci, à une heure comme celle-là, devant des tableaux dégageant de tel adrénaline et dans cette position. L’extase rodait autour de nous. Fallait juste choisir quand s’emparer d’elle. Pas question que ce soit moi qui le fasse. Je ne suis qu’une pauvre petite adolescente ignorant tout de ces choses-là.