Sortir de l'ornière
Ecrit par Farida IB
Khadija…
Après ma sortie de l’aéroport, j’ai été accueillie par les gardes de mon père qui ont d’abord neutralisé ceux du Cheikh avant de s’en prendre à moi. Je ne peux pas compter combien de fois, j’ai été frappé avec des matraques. J’ai le visage en feu, je me suis débattu et j’ai tellement crié que l’un des gardes a couvert ma bouche, et ses ongles m’ont profondément lacéré le visage. Ils n’ont même pas respecté mon hijab ces malades ! Nous sommes en ce moment en plein vol et ça fait le second avion que nous empruntons. Ils m’ont mis un chapeau d'hiver épais, entravée avec des sangles élastiques noires, bâillonnée et menottée. J'ai vomi à plusieurs reprises, ils ont dû enlever tout ce qu'ils avaient mis dans ma bouche. J’ai cessé de crier, je n’en ai même plus la force. Je ne pense qu’à Ussama, il doit être mal en point. J'espère qu'il a reçu mon message, je compte sur lui et son père pour m'en sortir vivante.
Je me remets à pleurer et à prier intérieurement et finis par m’endormir pour me réveiller par un coup sec tiré en l’air. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine lorsque j’entends la voix du bras droit de mon père.
Chef Abdoul : non mais vous êtes fou ? Arrêter de tirer n’importe comment. (criant) Où est-ce qu’elle est ?
Un garde : au niveau de la soute.
J’entends le bruit d’une claque.
Chef Abdoul : elle fait quoi dans la soute ? On vous a demandé de la ramener et vous n’avez rien trouvé à faire que de la mettre dans une soute. Amenez-la moi !!!
J'entends le bruit de la porte qui s'ouvre puis on me retire le chapeau. Je crache sur le visage du garde qui l’a fait.
Moi serrant mes dents : ne t’avise surtout pas de me toucher.
Il tend sa main et je lui recrache sur le visage.
Moi : TU NE ME TOUCHES PAS, J’AI DIT.
J’ai tellement crié fort, je pense que toute la ville m’a entendu. Chef Abdoul débarque à sur le champ.
Chef Abdoul : qu’est-ce qui se passe… (se précipitant sur moi) Ya Allah, Cheikha (me libérant les mains) mais que lui avez-vous fait ? Vous êtes malades ?
Je profite de son inattention pour lui envoyer un coup dans les burnes dès que mes mains sont libérées, les gardes braquent leurs armes sur moi.
Chef Abdoul grinchant de douleur : ne tirez pas (à moi) Cheikha, c'est sa majesté qui nous envoie, il aimerait vous voir.
Je lui lance un regard méchant.
Moi : il veut me voir ? Pour me tuer, n’est-ce pas ? (recommençant à crier) Vous ne vous en sortirez pas aussi facilement, le Cheikh Ben Zayid va vous exterminer.
Il se relève difficilement.
Chef Abdoul aux gardes : laissez-nous seuls.
Ils s’exécutent.
Chef Abdoul : par Allah, le Sultan est gravement malade.
Moi : c’est faux, il envoie des gens pour me kidnapper…
Chef Abdoul : c’est une regrettable erreur et je m’excuse auprès de vous, les gardes n’ont pas compris les ordres.
Moi criant : à moi ! À moi ! Ramenez-moi à Abu-Dhabi.
Chef Abdoul : calme-toi, nous sommes dans le désert ici de toute façon.
C’est ce que je constate en regardant par le hublot.
Chef Abdoul ton conciliant : calmez-vous s'il vous plaît, l’unité médicale militaire est en route pour te soigner. Ils vont nous conduire à Oman.
Moi ton rageur : je ne veux pas y aller, ramenez-moi à Abu-Dhabi, j’ai dit ! (fonçant dangereusement sur lui) Assassin, hypocrite…
Chef-Abdoul saisissant mes mains : du calme Cheikha, je ne vous veux aucun mal. Votre père…
On entend un hélicoptère atterrir.
Chef Abdoul toujours calmement : ils sont là, on doit y aller tout de suite. Son état est vraiment critique.
Moi méprisante : il peut bien mourir, ça m’est égal ! Je veux retourner à Abu-Dhabi, c’est là-bas que je veux être.
Il pousse un soupire dépité et me regarde passer devant pour descendre de l'avion. Dehors, je tombe sur la mère d’Alisha. On se précipite l’une vers l’autre.
Moi : maa Alisha !
Maa Alisha : ma fille au mon Dieu qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?
On se prend dans nos bras à mi-chemin.
Maa Alisha me palpant le visage : viens, il faut qu’on te soigne.
Elle se tourne vers Abdoul qui est arrivé derrière nous.
Maa Alisha : vous n’avez pas honte de lui faire ça ? Le Sultan ne peut pas la voir dans cet état.
Chef Abdoul : ne me regardez pas comme ça, ce n’est pas moi. (fixant les gardes sévèrement) Vous vous n’allez pas vous en sortir vivant.
Eux : on vous demande pardon chef, on pensait que…
Chef Abdoul vociférant : aller foutez-moi le camp d’ici, vous irez vous expliquer devant le capitaine.
Moi me tournant vers maa Alisha : c’est vrai que Poutine (surnom de mon père) demande à me voir ?
Maa Alisha : malheureusement oui ma fille, ton père a contracté une maladie grave et contagieuse. Mais peut-être que sa convalescence serait grâce à ta présence.
Moi : donc ce n’est pas lui qui demande à me voir.
Maa Alisha : peu importe, il a besoin de toi.
Je détourne mon visage.
Moi : il est malade ? Moi je suis malade de colère contre lui.
Maa Alisha ton suppliant : Khadija c’est ton père après tout, je sais qu’il t'a fait du mal, mais tu n'es pas comme lui. Tu as un cœur en or, pardonne.le.
Je baisse la tête.
Maa Alisha : je te demande simplement de venir le voir, tu es la seule famille qu’il a.
Chef Abdoul intervenant : excusez-moi mes dames, je ne voudrais pas vraiment me mêler de votre discussion, mais on perd du temps là.
Maa Alisha et moi lui lançons un regard réprobateur.
Il vient se mettre à genoux devant moi et prend un ton mélodramatique.
Chef Abdoul : il a besoin de vous mademoiselle, notre majesté a besoin de sa fifille.
Je roule des yeux.
Maa Alisha : Khadija si tu ne veux pas le faire pour ton père, fais-le au moins pour Allah.
Moi croisant la main sous la poitrine : hmmm (soupire) c’est bon allons-y.
Chef Abdoul : Macha Allah.
Je tchipe et suis maa Alisha en direction de l’hélico.
Moi au chef Abdoul : toi, tu restes loin de moi, très loin de moi.
Chef Abdoul : à vos ordres Son Altesse.
Je lui lance un dernier regard haineux avant de monter dans l’hélico. Pendant le vol, l’unité médicale s’occupe de mes blessures et lorsqu’on arrive à la résidence de mon père, je me change avant de suivre maa Alisha vers la chambre où est interné mon père. Un dispositif d'hygiène a été mis en place. Par précaution, je reste à la fenêtre pour le regarder. Mes yeux deviennent une fontaine dès que mon regard se pose sur sa personne et toute la haine que nourrissait pour lui disparue comme un éclair.
Moi regardant Maa Alisha : mon Dieu, c’est lui ?
Mon père ouvre ses yeux.
Père toussant : c'est Jedah ? Ma fille, c'est toi ?
Il est pris d'une quinte de toux, j'éclate en sanglots et mets ma main contre la vitre comme si je pouvais le toucher.
Moi : père (sanglots) père comment tu te sens ?
Père : ma fille pardonne-moi, pardonne-moi je t’en prie.
Moi : oui, je te pardonne père.
Il tousse du sang et les machines aux alentours commencent par résonner de manière fort différente.
Père entre deux quintes de toux : pardonne-moi.
Moi répétant : je te pardonne père, arrête de bouger.
Il tousse encore pendant plusieurs minutes, je regarde la scène désemparée.
Moi : maa Alisha qu'est-ce qu'il a ? Il va mourir ?
Maa Alisha : nous espérons que non, il a contracté la tuberculose pulmonaire. Ils ont du mal à lui trouver un traitement adéquat, les recherches sont en cours. Viens, ne restons pas ici. Il faut que tu te reposes également.
Moi remuant la tête : je ne pourrai pas en le sachant dans un tel état.
Maa Alisha : suis-moi tout de même, ce n’est pas prudent de rester ici.
Moi soupire : d’accord.
Nous sommes parties nous asseoir à la véranda et elle me raconte comment elle est revenue travailler pour lui. Elle me fait comprendre qu’il se sentait seul depuis un certain temps et qu’il recevait plusieurs menaces et intimidations venant de ses ennemis. Selon ses dires, mon père cherche depuis l’année dernière à rentrer en contact avec moi. Qu’il m’a écrit pas mal de fois et que je n’ai jamais répondu. C’est vrai que j’ai fait en sorte de ne jamais avoir à lire un courriel de lui, je ne pensais même pas qu’il m’en enverrait. Et aussi, le Cheikh a placé un protocole très strict pour l’empêcher de m’atteindre. En parlant de lui, j’ai comme l'impression d’entendre sa voix. Enfin, il y a un vacarme qui provient de l’entrée principale. On se regarde d’abord maa Alisha et moi avant de nous précipiter vers l’endroit. Plus on avance, plus je distingue la voix du Cheikh et celui d’Ussama. C’est le Chef Abdoul qui nous a devancé qui remet de l'ordre. Dès que la porte s’ouvre, Ussama se précipite pour me prendre dans ses bras. Ensuite, on se regarde dans les yeux. Mon pauvre chéri, il a le visage amaigri, de grosses cernes sous les yeux et porte la même tunique qu’il portait lorsqu’il m’a déposé à l’aéroport.
Ussama : tu es vivante mon amour, j’ai eu si peur.
Le Cheikh arrivant à son tour : où est-il ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
Ussama me lâche d’un coup, le regard du Cheikh passe d'Ussama à moi.
Le Cheikh : Khadija, tu vas bien ? Où est ton père ? Que s'est-il passé ?
Moi : je vais bien (regardant Ussama) mon père est gravement malade.
Ils plissent les yeux.
Le Cheikh fixant Ussama : tu as dit qu’elle a été séquestrée.
Moi : c’était le cas, mais…
Chef Abdoul intervenant : si vous me le permettez Son Altesse, c’était une erreur de la part des gardes que j'ai envoyé à sa suite.
Il leur explique la situation.
Le Cheikh lorsqu’il finit : qui sont ces espèces de gardes ?
Chef Abdoul : ils sont dans la chambre de torture.
Le Cheikh : veillez à ce qu’ils y restent, et Ibn qu’est-ce qu’il a ?
Chef Abdoul : il a attrapé une tuberculose pulmonaire. En réalité, nous sommes frappée par une violente épidémie de tuberculose. Nous avons dû l'isoler parce qu'il est contagieux, son état est vraiment alarmant. Actuellement, il fait 50 degrés de fièvre, nous risquons de le perdre s'il n'est pas traité dans les 24 h. Les Gouverneurs sont en train de décider de son évacuation.
Moi paniquée : oh mon Dieu mon père.
Ussama et son père parlent tous les deux à la fois.
Ussama me prenant dans ses bras : calme-toi, il n'aura rien.
Le Cheikh : vous ne pouvez pas trouver une solution sur place ? Que proposent les médecins comme solution ?
Chef Abdoul : les recherches sont en cours pour mettre au point un vaccin pouvant combattre la maladie. Les gouverneurs s'en occupent.
Ussama (à son père): on peut peut-être leur venir en aide (se tournant vers Chef Abdoul) en quoi, pouvons-nous vous être utile ?
Le Cheikh : avant de prendre certaines décisions, il faut l'accord du Sultan...
Chef Abdoul : je suis son premier vizir Son Altesse, je suis à même de prendre les décisions en son nom.
Le Cheikh : d'accord, suis-moi, où est votre salle de conférences ?
Je les regarde partir complètement angoissée. Ussama, qui me garde toujours dans ses mains, resserre l'étreinte et j'enfonce ma tête dans son cou pour pleurer. C'est la petite toux discrète de maa Alisha qui nous sépare.
Moi en pleurs : il va mourir, il...
Elle écarte ses bras et je me blottis contre elle.
Maa Alisha : ils vont trouver une solution, il ira bien.
Je pleure un bon coup avant qu'elle me conduise à la véranda. Je pose ma tête sur l'épaule d'Ussama et pleure en silence pendant qu'il me berce. Nous restons ainsi une vingtaine de minutes pour voir débarquer Khalil et Nahia. Ils arborent tous les deux des mines graves, Nahia se précipite pour me prendre dans ses bras.
Nahia : nous sommes venus aussi vite que possible, Dieu merci, ils t'ont retrouvé (me prenant dans ses bras) j’espère que tu n’as rien eu de grave.
Moi : non ça va.
Khalil : mais tu pleures pourquoi ? Que t'est-il arrivé ?
Ussama : le Sultan est mal en point, il y a une épidémie de tuberculose qui circule dans la ville.
Nahia se couvrant la bouche : oh !
Khalil fronçant les sourcils : comment ça ? Tu as été séquestrée par qui ?
Ussama : en fait, il s’agissait d’une erreur, ils voulaient l’emmener voir son père.
Khalil me regardant : je suis navré pour ton père, on s'occupe de lui, j'espère.
Ussama : ils peinent à trouver les remèdes.
Nahia s'adressant à Khalil : Liam et son équipe viennent d'achever une campagne de vaccination pour certaines maladies infectieuses dont la tuberculose. Je pense qu'ils en restent encore des remèdes et vaccins contre la tuberculose. (sortant son téléphone) Je vais lui demander pour en être sûre.
Khalil : je vais contacter mes gars aussi pour voir.
Ussama : et moi, je vais avertir papa.
Moi : ok, viens avec moi.
Nous revenons avec le Cheikh, chef Abdoul et l'un des médecins de la garde royale et attendons qu'ils finissent leur coup de fil pour nous donner les suites. Ils se saluent brièvement et Khalil prend la parole pour leur briefer sur les solutions qu'ils envisagent Nahia et lui.
Le Cheikh intervenant en parlant à Nahia : ton beau-frère est certain de pouvoir nous en procurer ?
Nahia : il me revient toute à l'heure pour confirmer.
Khalil : idem chez moi.
Le Cheikh : ok
Chef Abdoul : nous n'avons plus qu'à espérer vos coups de fil.
On acquiesce tous et attend dix minutes avant que le beau-frère de Nahia ne rappelle. C'est le Chef Abdoul qui discute avec lui. Il finit et se tourne vers nous.
Chef Abdoul : c'est bon, nous pouvons les obtenir d'ici 4 h. Ils ont une Division de leur équipe qui sont actuellement au Soudan.
Moi : mâcha Allah !
Le Cheikh : bien !
Docteur : en attendant qu'ils arrivent, il faut penser à prendre des mesures au niveau de la population, j'ai appris qu'il y a déjà deux cas de décès.
Chef Abdoul : les Gouverneurs font tout ce qui est en leur pouvoir, celui qui importe en ce moment, c'est le Sultan.
Nahia : anh anh je ne suis pas d'accord, vous ne pouvez pas mettre en péril la vie de tout le monde comme ça. Cherchez au moins à protéger ceux qui ne sont pas encore atteint. À priori les femmes enceintes et les nourrissons de moins de deux ans. Je ne sais pas moi, isoler les personnes malades comme vous l'avez fait avec le Sultan. La responsabilité de la population vous incombe après tout.
Elle finit de parler et baisse la tête penaude, un blanc s'installe d'un coup.
Le Cheikh : elle a raison, tu dois décider quelque chose dans l'immédiat, mettre en place une zone de quarantaine par exemple. Il faut éviter davantage de décès.
Docteur : tout à fait.
Khalil au chef Abdoul : on fait quoi alors dans ce cas ?
Chef Abdoul : je vais convoquer une réunion urgente ensuite nous aviserons.
Il s'en va aussitôt, le Cheikh décide d'attendre que la situation se stabilise du coup maa Alisha et moi leur avons fait aménagé des chambres pour qu'ils se reposent. Une heure plus tard, nous déjeunons et prions ensemble ensuite, je fais un tour pour voir mon père qui dort profondément. Je reste un moment à l'observer, c'est comme ça que Khalil vient me trouver.
Khalil : ça va, tu tiens le coup ?
Moi : oui merci.
Khalil : ok, je suis avec les autres.
Moi : d'accord... Euh, vous n'êtes pas obligé de rester, Jemal doit avoir besoin de toi.
En fait, ils étaient venus à Abu-Dhabi pour assister au mariage de Jemal qui est prévu pour ce week-end et ont dû réembarquer dès qu'ils ont appris la nouvelle.
Khalil : tu fais partie de la famille, Jemal comprendra.
Moi : ok.
Il me laisse après m'avoir fait un sourire rassurant. Vous ne le savez peut-être pas, mais notre relation s’est tempérée depuis le temps. Il a boudé un peu le fait que Ussama se soit mis avec moi, mais il a été obligé de faire avec lorsqu’il a compris que c’était vraiment du sérieux.
Khalil…
Ça fait quelques heures que nous avons reçu une importante quantité de vaccins, remedes et produits. Les remèdes ont rapidement été acheminés vers la zone de quarantaine (qui finalement été mise en place pour contenir la propagation) afin de traiter ceux qui sont déjà infectés, et bien évidemment Ibn Bastou a été priorisé. Actuellement, une grande partie des hôpitaux a été approvisionnée en vaccins et médicaments ainsi qu’en eau, vivres et fournitures pour les foyers également. Selon les estimations, 10 % de la population est porteuse du virus. Une campagne de prévention a été lancée à cet effet. Le seul problème qui subsiste, c'est trouver un abri à la couche la plus vulnérable. Ça se discute entre le vizir de Ibn et papa pendant que nous sommes tous assis à la véranda.
Nahia intervenant : je peux bien humblement vous suggérer quelques pistes.
Papa : vas-y.
Nahia : voilà, je propose qu’on les loges ici jusqu’à ce que la situation s’apaise, il y a assez de chambres pour les accueillir. Sinon on peut aussi leur construire des salles de fortune (me fixant) comme lorsque Abu-Dhabi a été pris d’assaut par la tempête il y a deux ans.
Papa la regarde surpris avant de se tourner vers moi.
Moi : c'est elle qui en avait eu l'idée.
Papa : je vois (se tournant vers le vizir) êtes vous d'accord sur sa proposition ?
Le Vizir : parfaitement, d'accord, bon, je pense que je vais vous laisser gérer la situation. Vous le faites mieux que moi.
Le Cheikh indexant Nahia : non, c'est elle.
......
Nous sommes finalement restés à Oman toute la semaine, le Cheikh a été isolé à son tour il y a quelques jours parce qu'il présentait des signes de la maladie. Heureusement, c'était juste une crise de fatigue. Maman a fait un grand débarquement à Oman malgré le fait que Nahia s’est occupée de lui comme il faut. Laissez le mari de l’autre ! Il va mieux, il a été immédiatement pris en charge et j’ai eu vent que l’état du Sultan s’améliore peu à peu. Donc c’est le grand départ pour Abu-Dhabi dès mon retour toute à l’heure. Je viens de terminer mes visites dans les cités reculées avec l’équipe médicale. Ussama a dû rentrer, ils l'ont urgemment appelé pour un problème sur son site. Je finis de me désinfecter et me rends à bord d’une ambulance pour rentrer à la résidence du sultan. Là-bas je me dirige tout droit vers la chambre où mon père a été admis. Je le surprends en train de mettre une couverture sur Nahia qui dort profondément sur sa chaise. Il se redresse et se retourne lorsque je referme la porte.
Moi : salam papa.
Papa parlant tout bas : fiston, c’est toi ?
Je le suis vers le lit sur lequel nous prenons place tous les deux.
Moi : oui, comment te portes-tu ? Et maman ?
Papa : je vais mieux, ta mère se repose. Quelles sont les nouvelles ?
Moi : je crois que nous sommes sortis de l’ornière.
Papa me souriant : bonne nouvelle alors, nous pouvons partir sans crainte. Nous avons assez squatté.
Je souris et me tourne pour regarder Nahia qui vient de soupirer profondément avant de me tourner vers papa qui lui jette un coup d’œil.
Papa : amène-la dans votre chambre, elle a besoin de se reposer.
Moi : d’accord.
Je me lève dans l’intention de la porter lorsqu’il me stoppe.
Papa : Ibn Bastou a organisé une réception en notre honneur, le départ a été reporté.
Moi : ok.
J’amène Nahia dans la chambre qu’on nous a aménagée (suivant les instructions de Khadija) avec grand espoir. Je pense que toutes les chances sont de notre côté, cette fois, le Cheikh n’aura rien à redire ou bien ?
Nous passons à table trois heures plus tard, le festin est vraiment en notre honneur. La gastronomie d’Abu-Dhabi a été mise à l’honneur en plus de quelques plats africains. C’est papa et Ibn Bastou qui animent la galerie. Enfin, depuis qu'Ibn a fini son discours de remerciement, ils se taquinent entre eux. Maman commente de temps en temps, elle intervient pour appuyer les dires de son mari. Je les écoute distraitement tout ce que je veux, c’est qu’on rentre pour que je puisse réintroduire le sujet qui fâche. Quant à Khadija elle répond aux regards affectifs que lui lance son père et Nahia reste tout le temps silencieuse. Le sommeil a pris le dessus sur elle krkrkr. Ibn attend la fin du repas pour demander notre attention.
Ibn Bastou : je voudrais profiter de votre présence pour demander pardon à ma fille pour tout le mal que je lui ai fait. (la fixant) Jedah, je t’ai déçue au point de te perdre, et je le sais. Malgré cela je me réjouies de te savoir heureuse et je remercie encore mon homologue d’avoir pris soin de toi toutes ces années.
Khadija : je te pardonne.
Papa : c’était un plaisir en plus, j’ai une dette envers vous.
Ibn Bastou lui souriant : vous venez de tout rembourser et à mon tour, je vous dois sa main en guise de reconnaissance pour votre assistance. (se tournant vers moi) C’est toi qui désires l’épouse n’est-ce pas ?
Moi secouant vigoureusement la tête : non mon frère.
Ibn Bastou : ah cette histoire !! Mais bon, la vie ne finira jamais de nous surprendre, n’est-ce pas Al-Amine ?
Papa : tout à fait.
Ibn Bastou à Khadija : bien, si tu le désires toujours, je suis prêt à célébrer votre union.
Khadija sourit avant de répondre.
Khadija : oui père, mais il faut d’abord que j’en discute avec Ussama.
Ibn Bastou : c’est comme cela qu’il s’appelle ? (elle oui de la tête) Bien, je veux le voir dans le plus bref délai.
Khadija tout sourire : d'accord merci.